SAMPIERO CORSO n° 399 46e BCC 2e compagnie
Ex NOYON
Perçu par le 46e BCC à Gien le 12 mars 1940.
Equipage :
Chef de char : Sous-Lieutenant Pierre Vinciguerra
Pilote : Sergent Chaigneau
Radio : Chasseur André Richard
Aide-pilote : Caporal Marcel Durand
17 mai 1940 Attaque vers Montcornet
Equipage :
Chef de char : Sous-Lieutenant Maurice Henrion
Pilote : Sergent Mousset
Radio : Chasseur André Richard
Aide-pilote : Chasseur Lauxeur
Le 17 mai à l'aube, deux compagnies seulement sont parvenues à la base de départ, peu de temps avant le débouché ; elles doivent être encagées dans des conditions difficiles, car on n’a pu pousser de reconnaissance avancées sur un terrain marécageux, on ignore la position de l'ennemi, qui s'infiltre partout, ainsi que celle des unités amies. Comme le fit le Commandant Bossut le 16 avril 1917, le Commandant Bescond décide alors de partir à l'attaque, à la tête de ses équipages, sur le char le BERRY AU BAC, piloté par le Sergent Marcel Signol. Après le ravitaillement, effectué au début de l'après-midi, malgré l'insistance de ses officiers, il refuse de rejoindre son P.C. et reprend le combat en char. Vers 10 heures 30, après avoir atteint le plateau couvert de champs situé au Sud de Montcornet, où ils subissent un violent bombardement de Stuka en piqué, les chars rallient Bucy ; le BERRY AU BAC tombe en panne sur une crête en vue de l'ennemi, sur appel du radio le Sergent Vaille, ancien du 2e B.C.C., deux chars s'approchent sur l'ordre du Cdt Bescond, auprès du BERRY AU BAC devenu inutilisable, qui est évacué, puis détruit à coups de canon par le SAMPIERO CORSO, (S-Lt Henrion, ancien de la 3e Cie du 19e B.C.C.). Le Cdt Bescond y a pris place avec son radio et un chasseur, son pilote et un aide mécanicien montent sur l'autre char, le DUGUESCLIN (Lt Schmidt), qui rejoint Bucy. Une contre-attaque allemande se produit alors, le SAMPIERO CORSO (8 personnes à bord) et le VAUBAN (Lt Demonet et un équipage de 4 hommes) engagent le combat ; des chars dissimulés aux lisières de La Ville-aux-Bois et l'artillerie camouflée tirent sur le SAMPIERO CORSO tourné vers Clermont : vers 18h15, il est atteint au barbotin qui est traversé, un second coup mortel tiré au 88 ou au 105, pénètre en avant de la porte, à la hauteur des obus de 75, et le char flambe : Il ne reste plus rien de l'équipage que des débris informes. Il semble que la porte du char se soit ouverte et qu'une tentative désespérée de sortie ait été faite en vain. Le Cdt Bescond trouve ainsi une mort glorieuse, avec l'équipage du SAMPIERO CORSO, le soir du premier engagement du 46e B.C.C. qui jusqu'à l'armistice, devait combattre magnifiquement.
L'équipage du VAUBAN neutralisé est fait prisonnier. A Bucy le Lt-Colonel Sudre, commandant la 6e Demi-Brigade ordonne des reconnaissances ; le Lieutenant Gougelot, officier de renseignement du bataillon, part sur un side-car Terrot, piloté par le Sergent Signol, navré d'avoir perdu son char et angoissé sur le sort de son chef de char et commandant. Ils ne reviendront jamais. A 1 kilomètre au N.-E. de Clermont, après la voie ferrée, Ils se heurtent, dans un virage, à un barrage allemand, s'échappent à pied, rampant 800 mètres à travers champs et sont finalement fait prisonniers, par 3 hommes des panzer, vers 19 heures, alors que le 46e B.C.C. à nouveau sert de cible aux Stukas.
Le 12 août 1941 des anciens du 46e B.C.C., avec le Capitaine Menez (3e Cie), assistent, à 9 heures, à La Ville-aux-Bois à côté des familles des membres disparus du SAMPIERO CORSO, à la douloureuse cérémonie de l'exhumation des pauvres restes de l'équipage du char, sur la route entre les champs, où ils ont été unis dans la mort ; l'équipage est enterré sous un tertre, qui s'élève à côté de la carcasse du B1 bis. Deux croix de bois marquent la place où ils reposent : l'une allemande avec une inscription incisée indiquant : Hier resten Fr. Soldaten des Französichen Panzerwagen n° 399 Sampiero-Corso, l'autre croix Française, coiffée d'un casque de char intact, traduit : Ici restes de Soldats Français du char Français n° 399 Sampiero-Corso. Toute la population de La Ville-aux-Bois, qui avait été évacuée le 15 mai 1940 est là à l'église, avec son Maire et celui de Montcornet, qui assistent à l'office des morts. le prêtre rappelle le sacrifice de ceux qui ont été symboliquement réunis dans un cercueil unique et conduits là pour une dernière bénédiction avant de les inhumer un cimetière voisin.
Aujourd’hui une stèle couronnée par le tourelleau du SAMPIERO CORSO, où des abeilles bourdonnantes se sont abritées, rappelle au milieu des mêmes moissons qu'autrefois, inclinées par la brise, le souvenir d'un équipage, mort pour la France, que nous n’avons pas oublié :
Chef de Bataillon BESCOND Sous‑Lieutenant HENRION
Sergent VAILLE Sergent MOUSSET
Caporal DURAND Chasseur LAUXEUR
Chasseur ROBELLET Chasseur RICHARD