MARENGO   n° 456      47e BCC   3e compagnie

 

Perçu par le 47e BCC à Gien le 10 mai 1940.
 
Chef de char : Lieutenant Dubois.
 
Endommagé près de Huppy le 28 mai.
Evacué au PEB 7 de Rosny sur Seine le 9 juin.


 
COMPTE RENDU DE FIN DE COMBAT DU CHEF DE SECTION
I - COMBAT DU 28 MAI 1940 - Réduction de la poche Ouest d'Abbeville -
Attaques d’Huppy - Huchenneville - cote 104 - le mont Caubert
II – COMPOSITION DE LA SECTION AVANT L’ENGAGEMENT -
a) Chef de section (char MARENGO N° 456)  Lt DUBOIS - Pilote : Cap. chef GALLET – Radio : Cap. Chef GUICHARD - Aide-pilote : Caporaux CONRAD et CARON
b) Char LODI N° 509 - Chef de Char : Lt BECQUET – Pilote : Cap. Chef LEROY - Radio : Sergent BADIE – aide-pilote : Caporal ROUSSAIS - Chasseur VIRLOUVET
c) Char VALMY N° 447 - Chef de Char : S/Lieut. ANDRE - Pilote : Caporal HANOTEAUX – Radio : Chasseur ROTURIER – aide-pilote : Caporal BLANDAIN – Chasseur PEIFFER
III – SITUATION AVANT L'ENGAGEMENT -
a) zone de stationnement : Bois de bierflos (1 km Ouest de Vergies)
b) déplacement avant le combat : Fontaine le Sec - Oisemont - Presse - Tilloloy - Doudelainville.
c) déplacements occupés avant l'attaque : Thallweg - Nord de Doudelainville derrière de bois de Poultière.
IV – ORDRES RECUS -
1) Dans le bois de Bierlos à 14h20 : ordre de former la colonne chars de la Cie de tête en direction de Fontaine le Sec et de venir au P.C. du bataillon à Fontaine le Sec avec  les deux autres chefs de section de combat : Lieutenants PAUL et  ROBINET pour 14h30.
2) au P.C. du Bataillon nous apprenons que le bataillon doit attaquer en direction d'Abbeville à 17 h et que le Capitaine GHISLAIN est parti en reconnaissance avec le Chef de bataillon. Le Lieutenant DRAPIED nous expose la mission verbalement.
Le bataillon attaquera avec une mission de chars de manœuvre d'ensemble.
base de départ Thalweg - Nord de Doudelainville, bois de Poultière.
Objectifs :
01 : les pentes BOENCOURT - cote 104, lisière Nord d'Hucherneville
02 : Le mont de Caubert (route de bienfais à Caubert).
Limite gauche du bataillon, la route Doudelainville - Huppy - cote 110 puis la N. 28 entre côte 110 et côte 104, enfin une ligne cote 104 – Mont de Caubert.
Limite droite : une ligne parallèle à la limite gauche à 2 km environ de celle-ci.
Formation du bataillon : 1ère  Compagnie à gauche - 3e Compagnie à droite
Heure H : 17 h - reprise de l'attaque de 01 sur 02 : sur ordre par radio
Position de ralliement : les bois de Poultière.
Je retourne transmettre ces ordres aux Chefs de Char et leur montre rapidement le plan de l'attaque sur ma carte, car ils n'en ont pas été muni .Le capitaine rentre de sa reconnaissance et nous confirme les ordres donnes par le bataillon. Il les complète par : formation au débouché en colonne pour contourner le bois de Poultière, puis formation en V – 1ère Section à gauche, 2e à droite et 3e en arrière.
Formation dans les sections : en A - Chef de section en tête.
V – RELATION DE L’ACTION DE LA SECTION -
Arrivée à la base de départ : 16h50 - personne n'a reconnu le terrain, sauf le Capitaine, et très rapidement. Débouché à 17 h en formation prévue. La configuration du terrain nous oblige à serrer sur Poultière ce qui crée une confusion entre la 1ère et la 3e Cie. Le Capitaine et les Chefs de section reprennent la bonne direction et la Compagnie s'engage sur les pentes conduisant au plateau à l'Est d'Huppy entre Huppy, les bois du Mont Blanc et Caumont. Aussitôt un violent tir d'arme anti-chars se concentre sur les premiers chars, venant particulièrement d'une position organisée le long de la route d’Huppy - Frondelle (camouflage dans des meules de foin et à 400 m Nord du bois du Mont blanc). Les chars ripostent avec succès mais le MARENGO (char du Chef de section) est arrêté par un obus reçu dans le barbotin à 100 m N.O. du bois du Mt. Blanc. Le VALMY s'arrête à son tour 100 m plus loin au beau milieu d'une position ennemie : un obus arrivé de plein fouet sur le poste de pilotage cisaille les boulons de la plaque de blindage qui blessent le pilote caporal HANOTEAU et coupe la canalisation d'huile Naeder près du tableau de bord. L'huile compressée jaillit dans la chambre et le char s'arrête, privé de direction. De la section, il ne reste que le LODI. Le MARENGO appuie la progression de notre infanterie par des feux de mitrailleuse sur les lisières du bois de Tronquoi pendant que l'équipage du VALMY descendu à terre fait prisonniers deux soldats allemands. L'Infanterie ayant occupé Huppy et les bois de Tronquoi, l'équipage du MARENGO descend à terre et rentre à pied avec l'équipage du VALMY, emmenant le caporal HANOTEAU blessé au pied gauche, qui sera confié au poste de secours du 44e Bataillon de Chars.
VI - PERTES SUBIES EN PERSONNEL -
Caporal HANOTEAU blessé au pied gauche évacué sur le poste de secours du 44e Bataillon de Chars.
VII - PERTES SUBIES EN MATERIEL -
Char MARENGO Immobilisé par obus dans le barbotin droit. A également reçu un obus dans une glissière droite et un obus sur le masque de mitrailleuse de tourelle - Un patin coupe.
Char VALMY - radiateur percé - deux réservoirs à essence percés - tubulures des manomètres du Naeder coupées - tourelle coincée - deux patins coupés - un obus dans la poulie de tension.
VIII - CONSOMMATI0NS -

en essence :        
MARENGO : 130 litres      
LODI : 250  litres      
VALMY :  300  litres ( 2 réservoirs crevés)    
en munitions       75 explosif : 47 explosif 47 rupture Chargeur Mitrailleuse
MARENGO   3 6 3
LODI   2   2
VALMY 28 15   5


IX - PERSONNEL –

Au dessus de tout éloge - tous les gradés et chasseurs ont fait preuve de courage de sang-froid et de dévouement.
X - CONSTATATIONS FAITES AU SUJET  -
a) de l'action des chars :
Beaucoup trop précipitée - aucun chef de char ni de section n'avait pu reconnaître le terrain, les chefs de char n'avaient pas de cartes du terrain, le manque de temps et de reconnaissance n'a pas permis de monter l’attaque minutieusement et de la faire connaître en détail aux chefs de char et aux pilotes.
Le plateau de Huppy solidement organisé par l’ennemi, particulièrement en armes anti-chars aurait dû constituer au moins un objectif intermédiaire dont il fallait détruire les organisations avant de s'engager plus loin. Des tirs d'artillerie plus fournis auraient ébranlé ces organisations.
b) au sujet du matériel :
Les boulons fixés sur les plaques de blindages en avant du pilote ne tiennent pas, ils sont cisaillés par les obus et pénétrant à l'intérieur du char, blessant le pilote - l'emploi de la radio est très aléatoire : brouillage et faux ordres transmis par l'ennemi.
c) des moyens ennemis :
Il était assez bien doté en armes anti-chars très judicieusement placées à défilement de crête et avec des champs de tir très vastes et dégagés.
Conclusion à en tirer : ne progresser que de compartiment de terrain en compartiment de terrain, même pour des chars de manœuvre d'ensemble, après avoir nettoyé par le feu les bords de chaque compartiment .
le 31 MAI 1940
Destinataire : Capitaine Cdt la 3e Cie 

 

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