HISTORIQUE DU
12ème REGIMENT DE CHASSEURS D'AFRIQUE
LES ORIGINES - LE SENEGAL
Le 22 février 1941, le 1er Régiment de Chasseurs d'Afrique recevait l'ordre de constituer un Groupe d'Escadrons autonome destiné à l'Afrique Occidentale Française. Ce Groupe devait être composé d'un Escadron hors rang et de deux Escadrons de combat, l'un, le premier, sur side-cars, l'autre, le deuxième, sur chars Somua. Ces vingt-trois chars étaient tout ce qu'il restait de nos belles divisions légères mécaniques, sacrifiées en Belgique au mois de mai 1940. Il s'agissait de mettre nos derniers engins blindés modernes à l'abri des investigations des Commissions d'Armistice allemandes. Ainsi, dès le premier jour de son existence, la raison d'être du 12e Chasseurs d'Afrique était le refus d'admettre la défaite et l'espoir de la revanche.
Le "Groupe autonome du 1er Régiment de Chasseurs d'Afrique", aux ordres du Chef d'Escadrons de Langlade, s'embarque à Casablanca le 8 juin 1941, et débarque le 16 à Dakar. Le 19 juillet, il s'installe dans sa garnison, Thiès. Le 1er septembre, il prend la dénomination de "12e Groupe Autonome de Chasseurs d'Afrique" (12e G.A.C.A.) ; son insigne rappelle ses origines : sur une carte d'Afrique, le cheval stylisé, insigne du 1er Chasseurs, ayant quitté son socle, se cabre ; autour, sur une roue dentée, on lit la fière devise que lui donne son premier chef : "Audace n'est pas déraison".
A 80 kilomètres de Dakar, perdue en pleine brousse, Thiès est une bourgade ingrate. Quelques huttes où vivent des indigènes, quelques colons méfiants, pas très hospitaliers, tel est l'endroit où vint se réfugier ce Régiment qui, par la suite, devait se couvrir de gloire, tant en Tunisie que dans la campagne de France.
"Il y vécut une existence très dure. Tout était a faire, à bâtir, à construire. Pendant deux années, dans le travail et la patience, cette troupe attendit l'heure de la Libération, formant inlassablement dans les sables arides du désert et dans la brousse torride du Sénégal, des équipages de chars pour les combats à venir. Pendant deux années, deux longues années, au prix de peines et de souffrances sans nom, elle réussit à y subsister, luttant contre la nature ennemie, contre le climat meurtrier, contre l'ennui, et, malgré les morts nombreuses, malgré les tombes qui là-bas jalonnent cette route d'endurance, l'espoir la soutenait, cet espoir qu'un jour le combat reprendrait."
Le 23 novembre 1942, l'A.O.F. se ralliait au bloc nord-africain.
L'espoir devenait réalité, anciens équipages des D.L.M. de 1940, vieux chasseurs d'Afrique des 1er et 5e R.C.A., jeunes formés par le Groupe polissaient avec amour la mise au point de leurs chars, ces chars maintenus en parfait état de marche au milieu de difficultés incroyables, sous un climat pour lequel ils n'étaient pas faits.
La conservation de ce matériel au delà des limites d'endurance admises, donnait une première preuve de la valeur technique du Groupe. Ce souci du matériel devait rester une des plus belles "caïdats" du 12e R.C.A. et allait, en bien des occasions, lui donner la possibilité d'employer ses qualités d'audace et d'esprit cavalier, contre un ennemi presque toujours armé de matériels plus puissants que le sien.
Le 7 janvier 1943, l'ordre de départ est enfin transmis au 12e G.A.C.A., destiné au théâtre d'opérations d'Afrique du Nord. Les plus hautes autorités civiles et militaires d'A.O.F. lui envoient d'émouvants messages d'adieu. Celui du Général commandant la Place de Thiès résumait en des termes heureux le séjour colonial du Groupe.
"Au nom de tous les Officiers, Sous-Officiers et hommes de Troupe de la Garnison de Thiès, le général Perretier, commandant d'armes, souhaite bonne chance et heureuse réussite aux Officiers, Sous-Officiers et Hommes de Troupe du 12e G.A.C.A. dans l'accomplissement de leurs taches futures en Afrique du Nord, et sur le continent européen ensuite.
Interprète autorisé de la pensée de chacun, il peut affirmer que les cavaliers laisseront d'unanimes regrets à Thiès, mais le vide creusé par leur départ sera compensé en partie par les organisations durables qu'ils ont réalisées, telles que celles du camp de la Cour Saint-Ygest, du camp Faidherbe, et de la station d'estivage de N'Gaparou. Les coloniaux qui prendront ces organisations en charge n'oublieront pas ceux qui les ont édifiées. Ils n'oublieront pas surtout l'âme de ces œuvres, portant la marque du plus pur esprit militaire et cavalier.
Le nom du lieutenant-colonel de Langlade, ceux de ses distingués collaborateurs, leurs chars et leurs motos ne sont pas près d'être oubliés à Thiès."
Embarqué le 13 janvier sur les s/s "Fomalhaut" "Céphée" et "Champollion", faisant partie d'un convoi escorté, le Groupe quitte Dakar et débarque le 21 à Casablanca. Le 25, il embarque à nouveau sur les s/s "Jamaïque" et "Médie II", fait escale à Gibraltar, puis,
joint à un convoi de navires américains et anglais, vogue vers Alger où il débarque le 7 février. Tandis que le 2e Escadron va cantonner à Boufarik, le gros du Groupe embarque par chemin de fer à destination de Rio-Salado, où il arrive le 14 février.
Le 15, le 12e G.A.C.A. est transformé en Régiment de Chars, sous l'appellation de 12e Régiment de Chasseurs d'Afrique.
L'Escadron de chars, Somua, mis à la disposition du D.A.F. (Front Tunisien) continuait, à faire partie du nouveau Régiment. Et, tandis que le 12e R.C.A., enrichi de renforts successifs, se mettait sur un pied de douze Escadrons de combat, le 2e Escadron, aux ordres du capitaine Gribius, son premier chef, embarquait par voie ferrée à destination
de la Tunisie, salué à son départ par le général d'Armée Giraud. Pour la première fois de son histoire, le 12e Chasseurs d'Afrique allait combattre. Avec lui, les derniers chars français de 1940 partaient se mesurer avec les blindés allemands les plus modernes.
LA CAMPAGNE DE TUNISIE
Débarqué dans la région de Chéria le 25 février, le 2e Escadron se porte par étapes sur Metlaoui où il arrive le 16 mars. Le 17, il participe à l'attaque de Gafsa et occupe sans pertes les crêtes au sud de cette localité. Du 20 mars au 6 avril, il est employé à de duresmissions de détail dans la région de M'Dilla-Bordj Mathala, et essuie de nombreux tirs d'artillerie allemande. L'ennemi ayant décroché, il est engagé le 7 avril en exploitation et fonce malgré les champs de mines.
Ramené à Gafsa, il se porte sur Tebessa, sur Le Kef, puis sur Siliana. Là, il entre dans la composition du Groupement blindé français, aux ordres du général Le Couteulx, et est engagé en direction de Pont-du-Fahs. Les Somua et leurs vaillants équipages appuient, contre-attaquent, exploitent, sautent sur des mines, reçoivent les tirs ajustés de l'artillerie ennemie. Mais c'est la journée du 8 mai qui va lui apporter la vraie revanche, l'ivresse de la victoire.
L'Escadron reçoit l'ordre de pousser vers Zaghouan afin de reprendre le contact avec l'ennemi. Dans un élan magnifique, en dépit du tir des canons de 88 allemands, toujours hors de portée de ses 47, il fait un bond en avant de 30 kilomètres, capturant de nombreux prisonniers. Stoppé brutalement à la fin de la matinée devant la position de résistance allemande, il tient tête presque seul, et harcèle l'ennemi par ses contre-attaques incessantes, malgré de lourdes pertes.
Ce rush blindé, brutal et audacieux avait fortement impressionné les Allemands. Le 11 mai, la Division Boisseau fait tomber le bastion du Zaghouan. Lancé en exploitation dans la soirée, l'Escadron Gribius ne se laisse pas arrêter par la nuit, et jetant la panique dans les rangs ennemis, atteint Sainte-Marie du Ziz vers minuit.
Dès le lendemain, la poursuite reprend, la liaison est prise avec l'Armée anglaise. Vers midi, le Peloton Douboster voit arriver le général Von Arnim, qui vient se constituer prisonnier avec son Etat-major. La déroute allemande est complète. Le 17 mai, l'Escadronarrive à Tunis, où il participe le 20 à la revue des troupes alliées.
Le 22, il embarque sur voie ferrée dans la région de Medjez-el-Bab.
Le 14 juin, il rejoint le Régiment à Rio-Salado, où il reçoit les récompenses de sa brillante conduite sur le front tunisien. "Fidèle aux traditions de la Cavalerie, fidèle aux traditions centenaires de l'Armée d'Afrique, l'Escadron Gribius venait de faire entrer le 12e Chasseurs dans l'Histoire."
LE MAROC - L'ANGLETERRE
Le 1er septembre 1943, le 12e R.C.A. est formé en Régiment de Chars type léger, à quatre escadrons de combat. Le lieutenant-colonel de Langlade en conserve le commandement. Il donne naissance par dédoublement au 12e Cuirassiers. Le 19 septembre, les deux Régiments sont désignés pour faire partie de la 2e Division Blindée. Ainsi le 12e Chasseurs passe sous les ordres du prestigieux général Leclerc, qui le conduira de victoire en victoire.
Peu après, il fait mouvement sur le Maroc, laissant son dépôt à Oran. Stationnement en forêt de Témara, il continue son entraînement sur matériel américain, chars légers et moyens. Mais un fossé le sépare des éléments FFL de la Division, fossé bien difficile à combler devant les préjugés de toutes sortes. Le général Leclerc le sait bien, mais il veut partir au combat avec une Division qui ait une seule âme.
Son rayonnement personnel y suffira.
Le 19 mars 1944, il crée l'insigne de la 2e D.B., qui va matérialiser cette âme commune : "La préparation de la guerre en commun, dit-il, fait disparaître chaque jour davantage les barrières qui nous divisaient, en attendant que le combat côte à côte les supprime une fois pour toutes". Le colonel de Langlade met toute son autorité au service de la pensée du Général "… chacun de nous, qu'il provienne du Groupe Autonome d'A.O.F., des F.F.L. ou bien des Régiments d'A.F.N., que ce soit un évadé de France ou un patriote corse, chacun de nous n'a qu'une pensée, un but, une volonté : participer à la bataille qui demain libèrera la France... Cette fusion, nous continuerons à la réaliser dans la Division. Ardemment convaincu de sa nécessite vitale pour le présent et pour l'avenir, c'est la raison pour laquelle je vous y ai conduit en toute sérénité....."
A ce moment, le 12e Chasseurs, instrument de combat parfaitement au point, confiant dans sa valeur et dans ses chefs, est prêt à participer à la plus belle des campagnes, celle de la Libération.
Depuis décembre 1943, la 2e D.B. est articulée en trois groupements tactiques. L'un d'eux, le G.T.L,, est commandé par le colonel de Langlade qui, conservant le commandement officiel du Régiment, est remplacé à sa tête par le Chef d'Escadrons Minjonnet. Le 6 avril 1944, les permissions sont suspendues. Le général Leclerc convoque les Chefs de Corps et leur annonce que la Division doit embarquer à partir du 10. Le 12e R.C.A. fait mouvement sur Casablanca, embarque sur L.S.T. américains et, après une traversée sans histoire, débarque à Swansea le 22 avril. Il a laissé au Maroc un élément sur roues qui embarquera à Oran et rejoindra le Régiment stationné à Fimber-Station.
Le 1er juin, le Chef d'Escadrons Minjonnet prend officiellement le commandement du Régiment. Le 3 juillet, au cours d'une cérémonie qui se déroule dans le parc de Dalton Hall, en présence de délégations d'officiers des Armées alliées, le général Kœnig, commandant les Forces Françaises de Grande-Bretagne, remet son étendard au 12e Chasseurs d'Afrique. Cet étendard lui est offert par l'association des Français de Grande-Bretagne. Pour la première fois, le Régiment porte le calot de tradition bleu ciel à fond jonquille, qui vient de lui être attribué. Cet étendard, fabriqué en Angleterre, est bien un emblème de guerre avec ses franges de soie, sa lance britannique, sa cravate très simple. Mais il porte déjà sur sa soie son premier titre de gloire, "Tunisie", auquel bien d'autres vont venir s'ajouter.
Dès le débarquement allié en Normandie, Officiers, Sous-Officiers et Chasseurs piétinent d'impatience. Le 4 juillet, un télégramme du général Kœnig au général Leclerc vient leur donner un immense espoir : "Votre Division aura sans doute le privilège d'être la première grande unité française à fouler en vainqueur le sol libéré de notre Patrie".
Le 29 juillet, le Régiment est à Dorchester. Les 30 et 31 il embarque à Weymouth sur L.S.T. et L.C.T. Le 31, vers 14 heures, les premiers éléments sont en vue des côtes de France. Tous, émus aux larmes de revoir le sol national, savent quelle dure partie les attend.
Mais qui aurait pu imaginer la magnifique épopée qui allait être la leur ? Même dans leurs rêves les plus aventureux de cavaliers, ils ne pouvaient espérer la chevauchée qu'ils allaient vivre.
LA CAMPAGNE DE NORMANDIE
Le Régiment commence à débarquer le 1er août à minuit trente, se regroupe près de Saint-Germain-de-Vereville, puis va bivouaquer près de Vesly. Le G.T.L. est articulé en deux sous-groupements : le commandant Minjonnet conserve les 3e et 4e Escadrons de chars moyens, soutenus par la 7e Compagnie du 2e Bataillon du Régiment de Marche du Tchad et la 2e Batterie du 40e Régiment d'Artillerie nord-africaine. Le 1er Escadron de Chars légers et le 2e Escadron de Chars moyens vont au sous-groupement du commandant Massu, commandant le 11e R.M.T.
Au moment où la 2e D.B. entre dans la bataille. la IIIe Armée U.S. vient de gagner la bataille d'Avranches. Les Allemands ont contre-attaqué a Mortain. L'incident est réglé le 8 août avec la participation d'un peloton du 12e R.C.A. Le 9, le général Patton découple hardiment ses divisions blindées. La 2e D.B. se porte, dans la nuit du 8 au 9, sur Château-Gontier. Le Régiment, parti de Sablé, bivouaque dans la région Le Chatelet - Saint-Favare.
Le 10 août, Patton lance la 2e D.B. dans une attaque sud-nord en direction d'Alençon. Il s'agit de refermer la nasse où sont pris les Allemands, en marchant a la rencontre de l'Armée britannique. Le Groupement Langlade est en tête, Massu à l'ouest, Minjonnet à l'est. Le premier accrochage a lieu avec la 9e Panzer-Division aux Sablons. Les deux Sherman de tête sont détruits. Deux Chefs de peloton sont tués.
Ils meurent dans l'ivresse de la victoire car, soutenu par l'aviation américaine, le Régiment reprend sa progression et atteint Dangeul où il capture de nombreux prisonniers. Le lendemain, l'avance vers le nord continue. Combattant dans un terrain coupé, favorable aux embuscades, les Chasseurs d'Afrique foncent en négligeant le danger et, battant les détachements ennemis partout où ils les rencontrent, infligeant de lourdes pertes à leur infanterie, détruisant chars, canons, véhicules, arrivent le soir à hauteur d'Alencon, où vient d'entrer le général Leclerc.
Le 12, la 2e D.B. entreprend le nettoyage de la forêt d'Ecouves.
Là encore, la prudence voudrait une progression lente, l'infanterie protégeant les chars. Mais, il est bien question de prudence alors !
Le Groupement Langlade contourne la forêt par l'ouest. Le 13 août, le Régiment atteint Chahains, détruisant trois automoteurs, huit chars, capturant 150 prisonniers. Le 14, il repousse une contre-attaque, et le 15 se porte en combattant sur Montmergel, écrasant les débris des troupes d'élite allemandes qui errent dans la forêt. Le 19, après la remise en état du matériel, le G.T.L. appuie la 90e D.I.U.S, qui a pour mission de fermer la poche en prenant Argentan et Ecouché. A Ommeil, le Sous-Groupement Minjonnet se heurte à une vive résistance qu'il détruit. Le lendemain, il prend liaison le premier avec des éléments polonais de la 11e Armée britannique, mettant la marque du 12e R.C.A. dans le succès de la bataille d'anéantissement de Normandie.
Engagé sans arrêt pendant deux semaines dans un terrain peu perméable aux chars, contre un ennemi agressif et aguerri, qui n'admettait pas sa défaite, le Régiment avait rempli toutes les missions à lui confiées avec l'allant que lui donnaient la conscience de sa qualité technique et la volonté de venger 1940, en montrant à nos alliés ce dont était capable un Régiment français. L'accueil émouvant des villages libérés avait été sa meilleure récompense.
LA LIBERATION DE PARIS
Le 21 août, le général Leclerc arrache au Commandement américain l'ordre de pousser la 2e D.B. sur Paris. Il faut que ce soient des Français qui y entrent en vainqueurs, et le plus tôt possible.
Le 23, le Régiment, toujours stationné dans la région d'Argentan, reçoit l'ordre de se porter sur Rambouillet où il arrive à la nuit tombée, sous la pluie. Les quelques jours de repos précédents ayant été mis à profit pour remettre le matériel en état, cette dure étape de 200 kilomètres s'effectue sans incident Dès son arrivée, le commandant Minjonnet reçoit les ordres pour le lendemain. Disposant des 1er, 3e et 4e Escadrons, de la 7e Compagnie du II R.M.T., d'un Peloton de T.D. et d'une Batterie d'artillerie, il a comme objectif le pont de Sèvres. Le Sous-Groupement Massu, qui compte dans ses rangs le 2e Escadron, est en tête. L'affaire s'annonce dure, car les Allemands disposent, pour défendre les abords de la capitale, de leurs très nombreuses pièces de 88 et de 20 de D.C.A., qui feront de l'excellent travail antichar.
Le 24, à 10 heures 30, le Sous-Groupement Massu, qui a pris Toussus-le-Noble, est arrêté face au ravin de la Bièvre par des armes antichars. Deux chars du 2e Escadron brûlent. A 11 heures, le colonel de Langlade donne au commandant Minjonnet l'ordre de déborder la résistance ennemie en attaquant en direction de Villacoublay, et d'occuper le passage du ravin de la Bièvre. Avec le 4e Escadron et la Compagnie d'infanterie, progressant à travers terrain, il enlève de haute lutte Jouy-en-Josas, puis prend pied sur le plateau de l'autre côté du ravin, non sans des pertes sévères. A 16 heures, le passage étant libre, le Sous-Groupement Massu repasse en tête et va prendre Villacoublay et le Petit-Clamart. A la tombée de la nuit, il est aux premières maisons de Paris, coiffant le pont de Sèvres. Le Sous-Groupement Minjonnet reste en place toute la nuit pour assurer la sécurité de la colonne des T.C.
Le lendemain 25 août, il se met en route a 6 heures 30. Il a reçu dans la nuit l'ordre de se porter dans la matinée au pont de Sèvres, puis d'attaquer en direction de l'Etoile et de la Concorde. Le pont de Sèvres est atteint à 11 heures 30. Le 3e Escadron et la 7e Compagnie passent aux ordres du lieutenant-colonel Massu. Leur progression est assez facile jusqu'aux abords de l'Etoile, défendue par trois chars allemands. Deux chars ennemis sont détruits, des centaines de prisonniers capturés. Le 3e Escadron descend alors les Champs-Elysées.
Un Panther tire de la Concorde vers l'Etoile, et manque de très peu le char du capitaine de Bort. Le Peloton de tête détruit ce Panther près de la grille du jardin des Tuileries. Sur le pont de la Concorde, la liaison est prise avec le 501e R.C.C.
A 15 heures 30, le reste du Sous-Groupement Minjonnet vient stationner dans les avenues débouchant sur la place Victor-Hugo. De nombreux prisonniers sont faits. Les unités, provisoirement passées aux ordres du lieutenant-colonel Massu, rejoignent en fin d'après-midi. Dans Paris en fête, au milieu de la foule enthousiaste, les Chasseurs d'Afrique reçoivent leur récompense.
Le 27 août, la 2e DB. se porte dans la banlieue nord, afin de dégager complétement la capitale et d'écarter la menace des contre-attaques allemandes. Le 12e RCA., qui a profité de sa victoire pendant deux jours, repart au combat. Le G.T.L., progressent sur deux axes, se heurte à l'ennemi à Villetaneuse et à Montmagny. Ces résistances sont détruites grâce aux tirs du 40e R.A.N.A. Les jours suivants sont employés en patrouilles, capturant les derniers éléments allemands qui errent au nord de Paris.
Le 1er septembre, le Chef d'Escadrons Minjonnet crée un Peloton d'éclaireurs sur jeeps. Sa mission est de précéder les chars, afin de déceler les armes anti-chars avant qu'elles n'aient pu ouvrir le feu sur nos Sherman. Une fois le contact pris, il doit appuyer les chars au même titre qu'une section d'infanterie. Souple, silencieux, rapide, ce Peloton sera désormais chaque fois en tête. Vrai Régiment de Cavalerie, le 12e Chasseurs d'Afrique ne veut pas laisser à d'autres l'honneur de la reconnaissance.
Mais, depuis le 15 août, la 1ère Armée Française poursuit sa marche victorieuse, des plages du midi de la France au plateau de Langres, et va faire sa jonction avec la IIIe Armée Américaine. La 2e D.B. ne peut rester à l'écart de ces nouveaux combats. Dès le 5 septembre, le Régiment est alerté.
DOMPAIRE
Les pertes en personnel ont été facilement comblées par l'afflux des jeunes Français qui veulent se battre, et qu'attire le prestige des libérateurs de Paris. La 2e D.B. est remise à la disposition du XVe Corps américain, avec lequel elle avait déjà combattu en Normandie.
Le général Leclerc lance le G.T.L. en tête. Le 8 septembre, le 12e R.C.A. quitte Villetaneuse. Le 9, il est à Nogent, le 10 au delà de Bar-sur-Aube. Le 11, à 13 heures 30, le 4e Escadron se heurte à l'ennemi à Prez-sous-Laffauche. Sous les yeux du Général, le Sous-Groupement Minjonnet enlève et nettoie le village, faisant 200 prisonniers. A 14 heures 30, tout est terminé, et la marche en avant reprend. A 18 heures 30. le 1er Escadron, qui a pris la tête, est arrêté par une vive résistance ennemie devant Saint-Rémimont. Il est trop tard : l'attaque est remise au lendemain.
Le 12 septembre, le dispositif d'attaque est mis en place à 8 heures du matin. Mais, à 9 heures 30, arrive, un contre-ordre ; tandis que le Sous-Groupement Massu va attaquer Vittel, le Sous-Groupement Minjonnet doit le déborder afin de surprendre les éléments ennemis qui tenteraient de s'échapper. Dès le départ, le 4e Escadron, en tête, détruit plusieurs chars ennemis et fait des prisonniers. A 15 heures 30, Vittel est pris, et tout le G.T.L. fonce sur Damas et Dompaire. Vers 19 heures, les premiers éléments du 12e R.C.A. sont en vue de ces deux localités, occupées par l'Infanterie ennemie. Il est trop tard pour attaquer, on bivouaque sur le plateau. Dans la nuit, des bruits de chars : la 112e Panzer-Brigade, avec ses 45 Panther et ses 45 Panzer IV commence à arriver.
Le 13 septembre, tandis que Massu attaque Dompaire avec le 2e Escadron, Minjonnet se charge de Damas avec les 3e et 4e Escadrons.
Quatre T.D. du R.B.F.M. l'appuient. Dès 9 heures 30, les Panther apparaissent, tout de suite pris à partie par les Sherman et les T.D.
Grâce à la valeur de nos équipages, plusieurs sont détruits, quoique mieux armés et plus protégés. Mais il en arrive de plus en plus, et L'Air-Support est alerté. Les Thunderbolt font de l'excellente besogne, traquant et détruisant les chars ennemis entre Dompaire et Damas.
A plusieurs reprises dans la matinée, ils appuient de leurs feux très efficaces la progression de nos chars qui, eux aussi, réalisent un beau tableau de chasse. Vers midi, la bataille est gagnée.
Des 45 Panther de la 112e Panzer-Brigade, 35 brûlent sur le terrain ! Plusieurs ont été abandonnés intacts par leurs équipages.
Mais, à 12 heures 15, le chef d'escadrons Minjonnet apprend que le P.C. du colonel De Langlade est attaqué à Ville-sur-Illon par le bataillon de Panzer IV. Tandis que l'artillerie règle rapidement son tir d'arrêt, le 3e Escadron se porte au plus vite à la rencontre de cet adversaire à la taille de ses Sherman. Le peloton de tête pénètre dans Ville-sur-Illon et détruit les chars ennemis qui s'y sont engagés. L'Air-Support intervient et bientôt le village est dégagé. C'est le dernier combat de cette journée de victoire, où le 12e Chasseurs, soutenu par son infanterie, a été engagé en entier et a porté le poids principal de la bataille. Dompaire, Damas, deux noms qui appartiennent à l'histoire du 12e R.C.A.
Le 14 septembre, vers 16 heures, une compagnie de Panzer IV contre-attaque sur Damas. Les artilleurs du 40e R.A.N.A. immobilisent deux chars. Les marins du R.B.F.M. en détruisent deux. Les chasseurs du 12e s'en adjugent trois. Le combat dure à peine plus d'une heure. Les Allemands se retirent et se contentent d'effectuer des tirs de harcèlement à grande distance. Le soir, il est enfin possible de dénombrer les chars ennemis détruits : des 90 chars de la 112e Panzer-Brigade, 59 sont restés sur le terrain.
La position de Dompaire-Damas est organisée en points d'appui.
Le 18 septembre, le général Leclerc vient féliciter les équipages qui se sont distingués pendant la bataille. Du 15 septembre au 31 octobre, le régiment reste en position défensive, mission difficile et épuisante pour une unité blindée. L'artillerie ennemie, très active, lui occasionne des pertes sérieuses. Des accrochages de patrouilles ont lieu chaque jour.
Le 1er novembre, le sous-groupement Minjonnet participe à l'opération montée par la 2e D.B. sur Baccarat. Il enlève d'assaut Herbeviller donnant ainsi de l'air à la division vers le nord. La encore, il faut s'installer définitivement sur le terrain conquis, et y subir des tirs d'artillerie meurtriers. Le 11 novembre, le chef d'escadron Minjonnet est promu au grade de lieutenant-colonel.
Le 12 novembre enfin, les chefs de corps sont convoqués au P.C. du G.T.L. où ils reçoivent les ordres du général Leclerc. Après avoir piétiné pendant près de deux mois, la 2e D.B. va de nouveau foncer, avec le plus beau des objectifs... Strasbourg !
STRASBOURG – L'ALSACE
L'intention du général est la suivante, après la rupture du front (Vorvogesen-Stellung) par les 44e et 79e D.I.U.S., pousser un premier échelon en direction de la trouée de Saverne, en évitant les centres et les agglomérations. Puis faire suivre le reste de la division en utilisant l'axe le plus favorable.
La mission du G.T.L. est d'atteindre au plus tôt les sorties Est de la trouée de Saverne, en suivant des itinéraires secondaires, dans la partie Sud de la zone d'action de la division. Caractéristiques de la mission : vitesse. Le 3e escadron est au sous-groupement Minjonnet, le 2e au sous-groupement Massu, le 1er et le 4e en réserve de groupement.
Le 13 novembre, la préparation d'artillerie débute. Tous les canons y participent. Le 15, l'infanterie américaine attaque. La bataille des Vosges est commencée. Le 19, le général de Langlade apporte personnellement au P.C. des sous-groupements l'ordre de départ. A midi, le peloton d'éclaireurs traverse Cirey. A 12h30 le 3e escadron attaque Bertrambois qui est pris à 13 heures 30. A 17 heures, les éléments de tête sont arrêtés par une solide résistance devant Niederhoff. La nuit va tomber. L'attaque de cette localite est remise au lendemain.
Le 20, après une préparation d'artillerie, Niederhoff est enlevé et nettoyé. De nombreuses armes antichars sont détruites et 60 prisonniers sont capturés. La progression reprend à 10 heures 15. A midi et demi, de violents tirs d'artillerie et d'automoteurs arrêtent le sous-groupement Minjonnet devant Voyer. L'Air-Support ne peut être utilisé en raison du mauvais temps. A 17 heures 30 Voyer est pris, avec 48 prisonniers. Un important matériel a été détruit. Pendant ce temps, le sous-groupement Massu, moins gêné, a pu atteindre Sitifort, quelques kilomètres plus à l'Est, en bousculant les colonnes motorisées et hippomobiles allemandes en retraite, Leurs débris jonchent l'axe.
Le 21, tandis que Massu fonce sur le col de Dabo, qu'il atteint à 13 heures, Minjonnet tient le carrefour de Rethal. Dans la soirée, il se porte à son tour au Dabo. Le 22, le général De Langlade donne pour mission au lieutenant-colonel Minjonnet d'atteindre Saverne, de traverser la partie Ouest de la ville sans la nettoyer, et d'attaquer au plus tôt le col de Saverne. Le nettoyage de la ville est à la charge du sous-groupement Massu, qui doit l'attaquer par l'Est. A 13 heures 30, le 3e escadron aborde Saverne. A 16 heures, il est en vue du col, fortement défendu. A la tombée de la nuit, l'infanterie l'enlève à la grenade. Le bilan de la journée se chiffre par 300 prisonniers et 11 armes antichars détruites.
Le 23 novembre, le sous-groupement Minjonnet prend Phalsbourg et vient s'installer à Saverne. Pendant ce temps, le reste de la division, 12e cuirassiers en tête, fonce sur Strasbourg, où le colonel Rouvillois entre à 10 heures 30. Peu après, il est en vue du pont de Kehl, Le 24, le sous-groupement Minjonnet se porte sur Strasbourg et participe au nettoyage de la ville. Le 25, il est chargé d'enlever le fort Ney qui, canonné, capitule en nous livrant 45 officiers et 400 hommes.
Mais le 12e R.C.A. ne profitera pas plus longtemps qu'à Paris de la victoire. Dès le 27, à 16 heures, il quitte Strasbourg en direction du sud-ouest et va stationner à Duppigheim. L'ennemi tient toujours en Alsace, et il faut le contenir pour l'empêcher de reprendre pied dans Strasbourg. Le 28, le sous-groupement Minjonnet se heurte à une faible résistance devant Walff qui est pris vers 10 heures. Zellviller, fortement tenu, est enlevé et nettoyé à 17 heures. Le régiment a détruit 4 antichars et fait 150 prisonniers. Le 30, il enlève le village de Stotzheim. Le 1er décembre Semersheim est occupé. Le sous-groupement y stationne jusqu'au 8, en butte à de violents tirs d'artillerie lourde. Le 9 il prend Goxwiller et Meistratsheim. Il reste en situation défensive dans cette région, aux abords de Sélestat occupé par les Américains jusqu'au 19. Le 20, la 2e D.B. passe au IIe corps d'armée française, et le général de Montsabert, accompagné du général Leclerc, vient visiter les avant-postes. Le 29, le sous-groupement Minjonnet, relevé par le sous-groupement Massu passe en réserve de division. Depuis la prise de Strasbourg, il n'a pas cessé d'être engagé quotidiennement.
Ces combats en Haute-Alsace, dans le froid et la neige, contre un adversaire aguerri et résolu, qui épuisait ses dernières chances, avaient été très durs. Une fois de plus, il avait fallu utiliser les chars à des missions de détail pour lesquelles ils n'étaient pas faits. Le 12e R.C.A. avait donné là une nouvelle preuve de sa qualité.
Mais après l'échec de l'offensive des Ardennes, les Allemands ne renoncent pas à prolonger la guerre par un nouvel effort. Les renseignements reçus prouvent qu'ils préparent une nouvelle attaque menaçant, du Nord vers le Sud, le versant Lorrain des Vosges, pour prendre à revers les vainqueurs de la bataille d'Alsace. Le 30 décembre le G.T.L. remis à la disposition du XVe Corps américain, se porte par Saverne dans la région de Fenestange-Postroff. Le 2 février, il relève un C.C. de la 14e D.B.U.S. dans la région de Sarre-Union, Jusqu'au 17 janvier, il mène des actions quotidiennes d'appui de feu et de contre-attaque au profit de l'infanterie américaine, non sans subir de dures pertes du fait de l'artillerie et des automoteurs ennemis.
Le 18, la 2e D.B. revient dans la plaine d'Alsace. Le G.T.L. stationne dans la région de Furdenheim-Audratzheim prêt à intervenir en Basse-Alsace. Le 22, le sous-groupement Gribius (Le Chef d'Escadrons Gribius remplace le lieutenant-colonel Minjonnet absent) est alerté au milieu de la nuit et reçoit pour mission de dégager Kilstett, où un Bataillon de tirailleurs est encerclé par l'ennemi. Rapidement montée, la manœuvre est menée par les 3e et 4e Escadrons en liaison étroite avec les fantassins du R.M.T. Elle réussit parfaitement et coûte aux allemands 300 prisonniers, 100 tués; 4 Panther et 3 Panzer III. Le Sous-Groupement Massu n'a pas eu à intervenir.
Mais c'est maintenant qu'une attaque combinée de la 1ère Armée Française et du XVe Corps américain va libérer entièrement la Haute-Alsace et nous permettre de border partout le Rhin. Le G.T.L. y prend une part prédominante. Le 5 février, le 1er Escadron de Chars légers, flanc gardant une attaque américaine, enlève seul, sans accompagnement le village de Loggelsheim, faisant plus de 100 prisonniers.
Dans le même temps, le Sous-Groupement Gribius se tient prêt, dans la région de Marckolsheim, à exploiter le succès des opérations menées par la 3e D.I.U.S. sur l'axe Neuf-brisach-Chalampé.
Le 6, à 4 heures, le mouvement est déclenché. Mais il apparaît tout de suite qu'il ne s'agit pas d'une poursuite, mais d'un dur combat, l'ennemi se défend pied à pied. Non sans subir des pertes importantes, le Sous-Groupement s'empare de "l'ouvrage 197", y faisant 150 prisonniers, puis d'Obersaasheim où 2 Panther sont détruits et 250 Allemands capturés. Le lendemain, l'opération est reprise, et débute par la prise de Heiteren puis de Balgau, malgré une résistance ennemie de plus en plus forte. Devant Fessenheim notre attaque échoue sur des feux puissants, des armes intactes, une artillerie importante ; Mais liaison est prise avec les éléments de la 1ère D.B. Française qui arrivent.
Le 8 février, Fessenheim est enlevé, et le Sous-Groupement pousse jusqu'à Blodelsheim qu'il prend, toujours en liaison avec la 1ère D.B.
C'est le dernier combat du Régiment dans cette Alsace où il laisse beaucoup des siens.
ROYAN - LA VICTOIRE
Le 16 février, le Régiment est envoyé dans la région de Metz, d'où partie par la route, partie par voie ferrée, il se transporte dans les environs de Châteauroux. Le 15 mars, à l'occasion de la fête du Régiment, le général Leclerc vient remettre sa première palme à l'Etendard du 12e R.C.A. Figés au garde-à-vous, Officiers, Sous-Officiers et Chasseurs entendent avec fierté la lecture de leur Citation à l'ordre de l'armée :
"Régiment de chars qui, sous les ordres du Chef d'Escadrons Minjonnet, n'a cessé de battre l'ennemi partout où il a été engagé. Après avoir, dans de nombreux combats, brisé sa résistance en Normandie et dans Paris, a conquis les 13 et 14 septembre la position de Damas, résistant à deux violentes contre-attaques ennemies et détruisant 21 chars Panther au cours de trente heures d'une lutte ininterrompue. A ainsi réalisé un des plus beaux faits d'armes depuis le débarquement allié du 6 juin. Depuis le 9 août, a détruit un total de 60 véhicules ou matériels de combat dont 40 chars, 4 obusiers de 150 et 14 canons antichars, mettant hors de combat ou capturant un nombre très élevé d'ennemis."
Le 8 avril, le Régiment est mis à la disposition du Détachement d'Armée de l'Atlantique. Il va apporter aux Forces Françaises de l'Ouest, luttant pour Royan, l'appui de ses chars et de leurs canons.
Il embarque par voie ferrée, débarque le 10 dans la région de La Villedieu, reprend la route et se met en place le 13, veille de l'attaque sur Royan.
Le 14, les Escadrons appuient de leurs feux la progression de l'infanterie. Le 15, devant Fontbedeau et Saint-Georges-de-Didonne, des champs de mines très denses ralentissent l'avance et occasionnent des pertes. Ces deux villages ne sont pris que le lendemain, après un dur combat, au cours duquel le Chef d'Escadrons Gribius est grièvement blessé et doit être remplacé à la tête du Sous-Groupement par le capitaine d'Alançon.
Le 22 avril, des éléments du 12e R.C.A. participent à la prise d'armes qui marque la fin des opérations sur le Front de l'Atlantique. Le 24, le Régiment quitte la région de Royan. Ses chars sont embarqués sur voie ferrée, ses véhicules à roues font mouvement par la route. Le 1er mai, il est regroupé à l'ouest d'Augsbourg, ayant franchi le Rhin et pénétré en Allemagne. Il y arrive trop tard pour prendre part aux derniers combats de la guerre, et y apprend l'Armistice.
Le 19 mai, à Klosterlhufeld, au cours d'une grandiose cérémonie militaire, la 2e D.B., avec tout son matériel, défile devant le général de Gaulle, qui l'assure de sa sollicitude toute particulière. Le 25 mai, le Régiment quitte l'Allemagne pour gagner la région parisienne. Le P.C. est à Nemours.
Le 11 juin, le général de Langlade, premier Colonel du 12e R.C.A., lui fait ses adieux :
"...Destin vraiment providentiel que cet itinéraire conduisant les premiers compagnons du général Leclerc du Tchad au nid d'aigle de Berchtesgaden à travers cinq années jalonnées d'épreuves et de souffrances inouïes, mais aussi de succès encore plus inouïs. Les compagnons de la deuxième heure, aux côtés de leurs frères aînés, ont participé à ce prodigieux destin...
Le cycle de l'Epopée est clos, celui des temps nouveaux commence.
A vous tous, mes compagnons, au moment où nos pas hésitent au seuil incertain des jours sans gloire, je dis aujourd'hui mon admiration et ma reconnaissance.
Je n'ai connu auprès de vous que des heures pures et belles. Au Chef illustre qui nous a conduits et qui incarnait la volonté de vivre de la France, vous avez tout donné : votre confiance, votre amour, votre foi, votre espoir, votre vie. A moi qui fremirai de fierté jusqu'à mon dernier jour de vous avoir eus sous mes ordres et d'avoir servi sous les siens, vous êtes, je vous l'assure, attachés à jamais par les liens du cœur et de l'esprit... "
Le 18 juin, c'est l'apothéose. Le Régiment participe, avec toute la 2e D.B., à la magnifique prise d'armes qui se déroule dans Paris en fête et montre aux Français les bons artisans de la France. Précédé de son Etendard, le 12e Chasseurs d'Afrique défile avec ses chars du pont de Neuilly à la place de la Concorde, salué par les acclamations de la foule reconnaissante et enthousiaste.
Le 22 juin, à Fontainebleau, le général Leclerc fait ses adieux à la Division et lui laisse ses consignes pour le temps de paix.
"Il y a quelques jours, nous nous recueillions ensemble en pensant à nos morts, et le 18 juin, j'avais l'honneur de défiler une dernière fois à votre tête dans ce Paris que nous avons libéré.
Aujourd'hui appelé par le général de Gaulle, ainsi que le général de Langlade, à d'autres fonctions, je quitte cette Division et je viens vous faire mes adieux.
J'en quitte le commandement, mais rassurez-vous, je n'en quitte pas l'esprit.
Cet esprit qui anima nos actions et nous permit de vaincre, je tiens à vous le rappeler, et à vous le préciser avant de m'éloigner.
En toutes circonstances, ce fut certes la recherche du travail et du combat le plus utile aux intérêts français, sans nous laisser arrêter par aucune difficulté.
Oui, ce n'est pas seulement la passion du combat, le désir de gloire à tout prix qui ont animé cette Division, mais c'est aussi et surtout la recherche au maximum de l'intérêt français, quelles que soient les difficultés.
Nous avons vaincu ensemble, c'est bien, mais si nous avons réussi à nous donner ce patriotisme agissant, c'est encore beaucoup mieux.
Car ce patriotisme n'est pas aujourd'hui un sentiment chauvin et étroit dépassé par l'Histoire, c'est une nécessité vitale, les événements de chaque jour le prouvent.
Demain comme hier. conservez un patriotisme agissant.. Le commandement de cette Division fut facile parce que tous, poursuivant le même but, faisaient preuve d'une camaraderie de combat efficace...
Je vous quitte. mais je ne vous oublierai pas. Vous-même, quand vous sentirez votre énergie fléchir, rappelez-vous Koufra, Alençon, Paris, Strasbourg."
Au cours de la prise d'armes, le général Leclerc remet à l'étendard du 12e R.C.A. sa deuxième palme : "Régiment de Cavalerie d'élite qui, sous les ordres du lieutenant-colonel Minjonnet et du chef d'escadron Gribius, n'a cessé depuis le début de la Campagne de donner les preuves de sa magnifique tenue au feu. A pris une large part à la libération de Strasbourg par ses chars qui, en tête de la 2e D.B., ont traversé les Vosges, pris Saverne et son col, ouvrant la route aux Divisions Alliées. Pendant la période du 18 novembre 1944 au 16 février 1945, libère de nombreux villages de Lorraine et d'Alsace, battant, malgré de dures pertes, l'ennemi partout où il résistait, lui faisant 2.580 prisonniers, dont 2 généraux, lui détruisant 24 chars, 39 canons de différents calibres, de nombreuses mitrailleuses et plus de 200 véhicules automobiles ou hippomobiles. "
RAMBOUILLET – MEKNES
En novembre, le 12e R.C.A. vient tenir garnison à Rambouillet.
C'est l'époque où les Régiments perdent le meilleur d'eux-mêmes. Avec une énergie farouche, le lieutenant-colonel Minjonnet tient à maintenir le 12e Chasseurs d'Afrique à la hauteur de sa jeune tradition. Le 1er mars 1946, admis à la retraite, il fait ses adieux à son beau Régiment :
"L'heure de la retraite vient de sonner pour moi, je quitte aujourd'hui le commandement du 12e Régiment de Chasseurs d'Afrique.
Je ne vous parlerai pas de l'émotion qui m'étreint en arrivant au terme d'une carrière de plus de trente ans et en quittant le commandement de ce Régiment.
Je vous parlerai seulement de la fierté que j'éprouve d'avoir, pendant près de trois ans, exercé ce Commandement qui restera l'honneur de ma vie de Soldat.
Il m'a apporté, ce Commandement, la plus belle satisfaction que puisse ambitionner un Officier : celle de commander au feu la troupe qu'il a formée et de constater que cette troupe se montrait, partout où elle était engagée, égale aux meilleures, digne de ses glorieuses ainées de l'Armée d'Afrique, fidèle aux plus belles traditions qui ont fait la réputation de notre Armée...
Je veux adresser mon souvenir affectueux et reconnaissant à tous ceux qui, déjà rentrés dans leurs foyers de France ou d'Afrique, furent nos camarades de combat, et les bons artisans de nos succès.
Quant à vous, mes vieux compagnons restés auprès de moi, vous savez trop la place que vous occupez dans mon cœur pour que j'aie besoin d'insister.
Je veux encore exprimer notre gratitude et notre souvenir ému à tous ceux qui ont été blessés dans nos rangs, dont beaucoup souffrent encore dans leur chair, et dont beaucoup resteront, hélas, infirmes pour la vie.
Je veux enfin et surtout rendre un dernier hommage à la mémoire de nos morts. Ils étaient les meilleurs parmi nous, et ils l'ont prouvé en consentant sans hésiter le sacrifice suprême. Leurs noms doivent rester gravés dans nos mémoires, et leur exemple doit vivre dans notre souvenir.
Ce souvenir, je vous le lègue, avec l'histoire encore courte, mais déjà glorieuse de notre Régiment, à vous qui continuez le 12e Régiment de Chasseurs d'Afrique. A vous les anciens du Régiment, à vous qui, rentrant de captivité, n'avez pu vivre les belles heures de la revanche, à vous les jeunes qui êtes nos espoirs dans l'avenir.
Tous ensemble, vous garderez fidèlement les traditions d'honneur, de discipline, de belle tenue et de valeur technique qui ont fait la force de notre Arme à travers l'Histoire. Tous ensemble, vous travaillerez pour être prêts, comme l'ont été vos aînés, à l'heure peut-être prochaine où le Pays devra de nouveau faire appel à ses enfants, à l'heure où la France aura besoin de vous. "
Le chef d'escadrons Marion prend le commandement du Régiment et obtient pour lui de retourner en Afrique. C'est le vœu de tous ses cadres, qui tiennent à retrouver, sous le dur soleil, l'ambiance dans laquelle leur Régiment s'est formé et où sont nées ses traditions.
Au mois d'août 1946, réduit à quatre Escadrons de combat, il vient tenir garnison à Meknes.
Le lieutenant-colonel Marion, prenant le commandement du 1er Régiment Etranger de Cavalerie, est remplacé à sa tête par le lieutenant-colonel Barrou. Transformé en Régiment de Reconnaissance, le 12e R.C.A. reçoit dans ses rangs la majeure partie des cadres et de la troupe du 6e R.S.M., qui vient d'être dissous.
Le 6 novembre 1946, le général Leclerc, de passage au Maroc, remet au 12e Chasseurs la fourragère que lui valent ses deux citations à l'ordre de l'Armée. La prise d'armes se déroule sur l'aérodrome de Salé.
Les anciens qui ont fait campagne avec la 2e D.B. auront deux fois encore l'occasion de revoir le Chef prestigieux qui les a conduits à la victoire : le 22 avril 1947, le Régiment défile devant lui. En octobre de la même année, il manœuvre sous ses yeux. Un mois plus tard, le Colonel et l'Etendard escortent d'Oujda à Alger la dépouille mortelle du grand Chef.
Et maintenant, dans son beau quartier, jalousement entretenu, où les bâtiments portent les noms de ses morts, le 12e Chasseurs d'Afrique voit passer dans ses rangs les jeunes de France appelés à servir quelques mois sous les plis de son Etendard. Ses cadres se donnent à l'instruction, tache primordiale, mais bien lourde parfois devant les difficultés de l'après-guerre. Si leur enthousiasme reste entier, c'est qu'ils ont la volonté de maintenir leur Régiment à la hauteur de ses traditions et de sa réputation. Vrai Régiment d'Afrique, le 12e R.C.A. a ses "Caïdats" : discipline, élégance, entretien jaloux du matériel, et tient à les conserver. L'attachement que lui gardent les jeunes instruits dans ses rangs fait la preuve de sa réussite.
Mais sur les chemins de cette belle chevauchée, se dressent les nombreuses croix qui témoignent du sacrifice suprême des meilleurs, de tous ceux qui ont signé de leur sang les lignes glorieuses de l'épopée du 12e Chasseurs d'Afrique.
SITE HISTORIQUE DU 12e R.C.A.
12ème REGIMENT
DE CHASSEURS D'AFRIQUE
ORDRE DE BATAILLE
|
ESCADRON D'ETAT-MAJOR :
|
|
M 3 A3
|
06
|
|
BRETAGNE
|
|
M 3 A3
|
07
|
420376
|
ALSACE
|
|
M 4 A3
|
|
|
ALSACE II Ch MONCEL
|
|
M 3 A3
|
08
|
421066
|
ESKUARIE
|
|
M 4 A2
|
|
420940
|
18 JUIN 1940
|
|
M 4 A2
|
|
|
ARDENNES
|
|
M 4 A2
|
|
|
BRETAGNE
|
|
M 4 A3
|
|
|
BRETAGNE II MdL BUSTOS
|
|
M 4 A2
|
|
|
CYRANO DE BERGERAC
|
|
1er ESCADRON DE COMBAT :
|
|
M 3 A3
|
16
|
|
POITOU
|
|
M 5 A1
|
16
|
|
POITOU II Lt BOUCHER
|
|
M 3 A3
|
17
|
|
ARTOIS Cne de PARCEVAUX
|
|
1er PELOTON :
|
|
M 3 A3
|
1
|
|
MAINE Asp de la PONTAIS
|
|
M 3 A3
|
2
|
|
BEAUCE
|
|
M 4 A1
|
2
|
L1001023
|
BEAUCE II MdLC CARTIER
|
|
M 3 A3
|
3
|
|
SOLOGNE
|
|
M 5 A1
|
3
|
|
SOLOGNE II
|
|
M 4 A2
|
3
|
|
SOLOGNE III
|
|
M 3 A3
|
4
|
|
BERRY
|
|
M 5 A1
|
4
|
|
BERRY II
|
|
M 4 A1
|
4
|
|
BERRY III MdLC SAUVY
|
|
M 3 A3
|
5
|
|
ANJOU
|
|
M 4 A1
|
5
|
|
ANJOU II MdL CALVET
|
|
2ème PELOTON :
|
|
M 3 A3
|
6
|
|
NORMANDIE
|
|
M 5 A1
|
6
|
|
NORMANDIE II Lt TRUCHI de VARENNES
|
|
M 3 A3
|
7
|
|
BEAUVAISIS
|
|
M 5 A1
|
7
|
|
BEAUVAISIS II
|
|
M 4 A1
|
7
|
|
BEAUVAISIS III MdLC DUIZABEAU
|
|
M 3 A3
|
8
|
420247
|
VEXIN
|
|
M 5 A1
|
8
|
|
VEXIN II
|
|
M 3 A3
|
9
|
|
COTENTIN
|
|
M 4 A3
|
9
|
|
COTENTIN II MdLC VIGOUROUX
|
|
M 3 A3
|
10
|
|
PERCHE
|
|
M 4 A1
|
10
|
|
PERCHE II MdLC BASTIDE
|
|
3ème PELOTON :
|
|
M 3 A3
|
11
|
420460
|
SAUMUROIS
|
|
M 5 A1
|
11
|
95669
|
SAUMUROIS II
|
|
M 3 A3
|
12
|
|
BLESOIS
|
|
M 5 A1
|
12
|
|
BLESOIS II S/Lt BASTOLET
|
|
M 3 A3
|
13
|
|
VENDOMOIS
|
|
M 5 A1
|
13
|
|
VENDOMOIS II
|
|
M 3 A3
|
14
|
421059
|
TOURAINE
|
|
M 5 A1
|
14
|
|
TOURAINE II
|
|
M 4 A.
|
14
|
|
TOURAINE III MdL BODET
|
|
M 3 A3
|
15
|
|
VAL DE LOIRE
|
|
M 5 A1
|
15
|
|
VAL DE LOIRE II
|
|
M 4 A1
|
15
|
|
VAL DE LOIRE III MdL CERUTTI
|
|
2ème ESCADRON DE COMBAT :
|
|
M 4 A2
|
20
|
|
LE PERTHUS
|
|
M 4 A2
|
36
|
|
DAUPHINE
|
|
M 4 A3
|
36
|
|
DAUPHINE II Cne TOURNADRE
|
|
M 4 105mm
|
|
|
MOGHRANE
|
Muté à la 4ème batterie du 40e RANA le 16 août 1944
|
M 4 105mm
|
|
|
MEKTOUB
|
Muté à la 4ème batterie du 40e RANA le 16 août 1944
|
1er PELOTON :
|
-
|
M 4 A2
|
21
|
|
VELAY MdL PERIGNON
|
|
M 4 A2
|
22
|
|
VIVARAIS MdL GUILLOT
|
|
M 4 A2
|
23
|
|
ROUSSILLON Cne de VANDIERES
|
|
M 4 A2
|
24
|
|
CEVENNES MdL MILLECAMPS
|
|
M 4 A2
|
25
|
420051
|
MORVAN
|
|
M 4 A3
|
25
|
|
MORVAN II S/Lt LUNARDINI
|
|
2ème PELOTON :
|
|
M 4 A2
|
26
|
420769
|
ISERAN
|
|
M 4
|
|
|
ISERAN II MdL MARTIN
|
|
M 4 A2
|
27
|
|
VALSERINE MdLC BIZARD
|
|
M 4 A2
|
28
|
420706
|
TARENTAISE
|
|
M 4 A1
|
38
|
|
TARENTAISE II
|
|
M 4 A2
|
29
|
|
MAURIENNE
|
|
M 4 A1
|
|
|
MAURIENNE II
|
|
M 4 A3
|
|
|
ANCINNES
|
|
M 4 A1
|
29
|
L1001038
|
ANCINNES II
|
|
M 4 A2
|
30
|
|
SAVOIE
|
|
M 4 A3
|
30
|
|
SAVOIE II |
|
M 4 A?
|
30
|
|
SAVOIE III Asp FLANDRIN
|
|
M 4 A2
|
34
|
420049
|
LANGUEDOC
|
|
3ème PELOTON :
|
|
M 4 A2
|
31
|
|
ESTEREL MdL BARRIGAULT
|
|
M 4 A2
|
32
|
420644
|
PROVENCE MdLC GAUTHIER
|
|
M 4 A2
|
33
|
420774
|
CAMARGUE MdL RAISSAC
|
|
M 4 A2
|
34
|
420049
|
LANGUEDOC
|
|
M 4 A2
|
35
|
420050
|
CORSE AdjC TITEUX
|
|
3ème ESCADRON DE COMBAT :
|
|
M 4 A2
|
56
|
|
PICARDIE
|
|
M 4 A3
|
56
|
96557
|
PICARDIE II Cne de BORT
|
|
M 4 A2
|
57
|
|
VERMANDOIS
|
|
M 4 105mm
|
|
|
MONTAGNE-DE-REIMS
|
Muté à la 4ème batterie du 40e RANA le 16 août 1944
|
M 4 105mm
|
|
|
HAUTS-DE-MEUSE
|
Muté à la 4ème batterie du 40e RANA le 16 août 1944
|
1er PELOTON
|
|
M 4 A2
|
46 |
|
HAINAUT MdL CAR
|
|
M 4 A2
|
47
|
|
CAMBRESIS
|
|
M 4 A3
|
|
|
CAMBRESIS II
|
|
M 4 A2
|
48
|
|
PONTHIEU MdL WEBER
|
|
M 4 A2
|
49
|
|
PAS-DE-CALAIS
|
|
M 4 A2
|
50
|
|
FLANDRES
|
|
M 4 A3
|
50
|
95218
|
FLANDRES II S/Lt GUICHARD
|
|
2ème PELOTON
|
-
|
M 4 A2
|
41
|
420-657
|
ILE DE FRANCE Lt CHEYSSON
|
|
M 4 A3
|
41
|
|
ILE DE FRANCE II
|
|
M 4 A2
|
37
|
420-850
|
LORRAINE
|
|
M 4 A2
|
43
|
|
TARDENOIS
|
|
M 4 A3
|
45
|
|
TARDENOIS II
|
|
M 4 A2
|
|
|
HUREPOIX
|
|
M 4 A2
|
40
|
|
THIERACHE MdL BLOCHET
|
|
M 4 A3
|
40
|
|
THIERACHE II
|
|
M 4 A2
|
42
|
420-655
|
VALOIS
|
|
M 4 A3
|
42
|
|
VALOIS II
|
|
3ème PELOTON
|
|
M 4 A2
|
51
|
|
FRANCHE-COMTE
|
|
M 4 A1
|
51
|
96574
|
FRANCHE-COMTE II Adj CLERC
|
|
M 4 A2
|
52
|
|
BARROIS MdL GEZE
|
|
M 4 A2
|
|
|
BOURGOGNE MdLC FRANCOIS
|
|
M 4 A2
|
54
|
|
DUNOIS MdLC DEMONNERET
|
|
M 4 A2
|
55
|
|
CHAMPAGNE
|
|
M 4 A3
|
55
|
|
CHAMPAGNE II Asp NOUVEAU
|
|
M 4 A?
|
53 |
|
PERTHOIS Bier SOLE
|
|
4ème ESCADRON DE COMBAT :
|
|
M 4 A2
|
58
|
|
GASCOGNE
|
|
M 4 A2
|
74
|
|
BIGORRE
|
|
M 4 A3
|
|
|
NAVARRE II Cne CANEPA
|
|
M 4 A2
|
59
|
|
BEARN
|
|
M 4 A3
|
|
|
ZAGRODZKI II Cne BAILLOU
|
|
M 4 105mm
|
|
|
LA RHUME
|
|
M 4 105mm
|
|
|
PIC-D'ANIE
|
|
1er PELOTON
|
|
M 4 A2
|
65
|
|
BORDELAIS
|
|
M 4 A3
|
58
|
|
GASCOGNE II
|
|
M 4 A3
|
58
|
|
GASCOGNE III
|
|
M 4 A3
|
|
|
BEARN II MdL FAURE
|
|
M 4 A2
|
66
|
420658
|
MEDOC
|
|
M 4 A3
|
|
|
25 AOUT 1944
|
|
M 4 A3
|
|
|
LABOURD II MdL MOSER
|
|
M 4 A2
|
67
|
420670
|
ARMAGNAC
|
|
M 4 A2
|
68
|
240651
|
AQUITAINE
|
|
M 4 A2
|
69
|
420660
|
ENTRE-DEUX-MERS
|
|
M 4 A2
|
69
|
|
SANCERROIS MdL SAVIGNON
|
|
M 4 A3
|
70
|
|
Lt ZAGRODZKI
|
|
M 4 A3 76mm
|
72
|
95219
|
BORDELAIS II Lt de MISCAULT
|
|
M 4 A2
|
74
|
|
BIGORRE MdL JOUET
|
|
2ème PELOTON
|
|
M 4 A2
|
65
|
|
VENDEE MdL LONGUEPEE
|
|
M 4 A3
|
66
|
|
MEDOC II MdL MATRON
|
|
M 4 A3
|
67
|
|
ARMAGNAC II S/Lt DUFOUR
|
|
M 4 A2
|
68
|
|
AUNIS
|
|
M 4 A?
|
|
|
AUNIS II
|
|
M 4 A1
|
68
|
|
AUNIS III
|
|
M 4 A2
|
70
|
|
NAVARRE
|
|
M 4 A2
|
71
|
|
GUYENNE
|
|
M 4 A3
|
71
|
|
GUYENNE II MdLC BRISSET
|
|
M 4 A3
|
71
|
|
GUYENNE III
|
|
M 4 A2
|
72
|
|
LABOURD
|
|
M 4 A2
|
73
|
|
LA SOULE MdL BALAU
|
|
M 4 A2
|
|
|
TOULOUSE
|
|
3ème PELOTON
|
|
M 4 A3 76mm
|
34
|
|
S-Lt D'ARCANGUES MdL VELUT
|
|
M 4 A2
|
58
|
|
GASCOGNE
|
|
M 4 A?
|
|
|
GASCOGNE III S/Lt CATALA
|
|
M 4 A2
|
61
|
|
SAINTONGE MdL RANCIAT
|
|
M 4 A2
|
62
|
|
AUNIS
|
|
M 4 A3
|
|
|
AUNIS II
|
|
M 4 A3
|
63
|
|
ANGOUMOIS MdL LETURMY
|
|
M 4 A2
|
64
|
|
PERIGORD MdLC FOREST
|
|