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 9e REGIMENT DE

 CHASSEURS D'AFRIQUE

 

 

ETAT-MAJOR - 1er ESCADRON - ESCADRON HORS RANGS
 
Le 9e R.C.A., après un séjour passé aux Aréas à ASSI-BEN-OKBA, où dans une même attente sont groupés tous les Escadrons, ne sera à nouveau réuni que pour des périodes de repos et de réorganisation très courtes.
En effet, la 1ère D.B., formant pendant toute la durée des opérations 3 Groupements tactiques, les 2e, 3e, 4e Escadrons de Tank-destroyers du 9e R.C.A. détachés aux G.T. 1, G.T. 2, G.T. 3, auront dès leur embarquement, 11 Août 1944, pour les premiers éléments, une vie, une histoire propre, que l'on trouvera relatées dans leurs historiques respectifs.
L'E.M., le 1er Escadron et l'E.H.R. resteront groupés sous les ordres du Colonel commandant le 9e R.C.A. Ces éléments seront à plusieurs reprises renforcés d'unités venues des régiments de chars, du 3e R.C.A. et du 68e Rgt. d'Artillerie, pour former sous les ordres du Colonel de LABARTHE un groupement qui trouvera son emploi dans les Vosges, en Alsace et en Allemagne.
On ne trouvera donc relatée dans ces pages que l'histoire de la "portion centrale" du 9e R.C.A. et celle du "Groupement de LABARTHE".

1° EMBARQUEMENT et DEBARQUEMENT
L'embarquement du matériel et du personnel du 1er Escadron a lieu les 1er et 2 Septembre à ORAN sur L.S.T.
Le Commandant en second, le Lieutenant?Colonel GUIBERT, le Capitaine de LIGONNES et le Lieutenant SAUZAY de l'E.M. embarquent avec cet Escadron.
Le 4 Septembre, à 13 heures, au port d'ORAN, personnel et matériel de l'E.M. et de l'E.H.R. embarquent également sur L.S.T.
Le convoi se forme en large du port d'Oran et le départ a lieu le 5 Septembre vers 13 heures.
Enfin, le 9 Septembre, après une traversée sans incident, le convoi arrive en vue des Côtes de France.
Le 1er Escadron débarque à 20 heures devant la plage de la NARTELLE à un kilomètre à l'Est de SAINTE-MAXIME.
L'E.M. et l'E.H.R. ne débarqueront que le 10 Septembre dans la nuit.
Ces éléments du 9e R.C.A. sont regroupés dans une zone d'attente aux environs de COGOLIN.

2° SUR LES ROUTES DE FRANCE
Le Colonel CALDAIROU, Commandant le G.T. 3 et les éléments débarqués de la 1ère D.B., donne au Régiment l'ordre de se porter dans la région de MACON en quatre étapes : AIX - BOLLENE - SAINT-RAMBERT D'ALBON - MACON.
Le 10 Septembre, le Régiment fait mouvement à 14 heures par l'itinéraire COGOLIN - SAINT-LUC et se porte à AIX-EN-PROVENCE où il arrive vers 18 heures et bivouaque dans une prairie à 4 kilomètres au Sud-Est de cette ville. L'étape a été de 107 kilomètres et s'est effectuée sans incident dans la joie de reprendre contact avec la France.
Le 11 Septembre, le Régiment se porte à BOLLENE par l'itinéraire : AIX - SENAS - ORGON - ORANGE - BOLLENE. L'E.M. et l'E.H.R. cantonnent à MONDRAGON, le 1er Escadron dans un hameau plus au Nord.
Distance parcourue : 143 kilomètres.
Le 12 Septembre, le Régiment fait mouvement à 7h30 par MONTELIMAR VALENCE - SAINT-VALLIER et arrive à SAINT-RAMBERT à midi où cantonnent le 1er Escadron et l'E.H.R., l'E.M. est dans le charmant petit village de CHANAS. L'étape parcourue était de 130 kilomètres.
Le 13 Septembre, empruntant le pont de PEYRAN, sur le Rhône, le Régiment se porte à CRECHES (q. kilomètres au Sud de MACON). L'E.M. et l'E.H.R. cantonnent au Château de CHAINTREY, où le Commandant SONNERY les reçoit avec une charmante et admirable hospitalité. Le 1er Escadron est au Château de VINZELLES.
Pendant ces quatre jours de repos, consacrés à l'entretien du matériel, tous retrouvent avec joie une FRANCE souriante et moins meurtrie qu'ils ne craignaient.
Le 18 Septembre, le Régiment quitte cette région privilégiée pour se porter à GENLIS par CHALON-SUR-SAONE, BEAUNE, NUITS-SAINT-GEORGES et DIJON. Une étape de 150 km qui remet en mémoire à tous les crus célèbres de la Bourgogne.
Le 19 Septembre, passant par AUXONNE - DOLE - BESANCON et RIOZ, l'E.M. et l'E.H.R. cantonnent à ANDELARRE près de VESOUL, tandis que le 1er Escadron s'installe tant bien que mal à VELLEGUINDRY.

3° VERS LE THEATRE DES OPERATIONS
Après s'être présenté au Général du VIGIER, à NOROY-LE-BOURG, le Colonel donne l'ordre à l'E.M., 1er Escadron et E.H.R. de faire mouvement sur LURE où ils cantonnent.
Le 26 Septembre, à 9h15, le 1er Escadron et le 3e Escadron, commandé par le Capitaine GIRAUD, sont mis à la disposition du Colonel pour agir à l'intérieur du G.T. 2 en direction de RECOLOGNE. Le P.C. quitte LURE à 11 heures pour se porter à LA COTE, l'E.H.R. restant à LURE.
A 15 heures, le 1er Escadron envoie trois reconnaissances à pied dans les bois de LABROSSE, des éléments de F.F.I. l'accompagnent. Après avoir parcouru 3 à 400 mètres dans un bois très dense, elles se heurtent à des armes automatiques et à des tirs de minen qui les obligent à se replier.
Les chasseurs DELPRADO et MATHIAS sont portés manquants. Le chasseur HADJADJ est blessé à la cuisse, il sera cité à l'ordre de l'Armée pour son courage et son audace.
Le Colonel décide de reporter son P.C. et le 1er Escadron à ROYE où ils passeront la nuit.
Le lendemain, 27 Septembre, le 1er Escadron reçoit pour mission de nettoyer la partie du bois de la NOIE-JEANNIN située au Sud de la route MAGNY - LA COTE. Il est renforcé par une section de zouaves, bénéficie des tirs à vue exécutés par un peloton du 5e R.C.A. et de l'appui d'une batterie du 68e R.A.
L'action commencée à 10h30 se termine à 13 heures.
Le chasseur MALHOMME est tué, le Brigadier GUTTIN et le chasseur ROUABLIA sont blessés.
A 16 heures, l'E.M. et le 1er Escadron sont mis en réserve de D.B. à LURE.
Ce court engagement a été pour beaucoup le baptême du feu, à quelque échelon que ce soit, tous ont fait preuve de calme et de courage, qualités qui ne seront pas démenties par les combats suivants.
Le 1er Escadron, dans des conditions très pénibles, combats de bois, a fait son apprentissage du rude métier de fantassin. Il l'a si bien fait qu'à maintes reprises, c'est encore à lui qu'on fera appel pour des besognes plus ingrates, mais hélas, plus coûteuses aussi en vies humaines.
Le Brigadier GUTTIN, les chasseurs MATHIAS et MALHOMME sont cités à l'ordre de la Division. Le Brigadier REDO et le chasseur DELPRADO sont cités à l'ordre du Régiment.
Le lendemain, des F.F.I. retrouveront dans les bois les corps des chasseurs DELPRADO et MATHIAS.

4° LES VOSGES - LA MOSELLE
Après une semaine de repos à LURE, tous aspiraient à retourner au feu. Aussi est-ce avec joie qu'après une reconnaissance faite le 9 Octobre par le Colonel dans le secteur de RAMONCHAMP, le Régiment reçut la mission d'assurer la défense de la Vallée de RAMONCHAMP au Nord de la Moselle, le Colonel ROUGIE ayant reçu la même mission.
Le Colonel dispose du 1er Escadron, du peloton FELLER, venu du 2e Escadron, d'un groupe de F.F.I. du Bataillon CHAROLLAIS.
Le 9 Octobre, vers 15 heures, le P.C. s'installe entre REMANVILLERS et LETRAYE dans une villa au Nord de la route. A 17 heures, le 1er Escadron commence la relève de la 3e Compagnie du 4e Zouaves. Les zouaves quittent LETRAYE à minuit. Les 150 F.F.I., arrivés à partir de 22 heures, sont mis en place au fur et à mesure de leur venue.
Le Commandant JALENQUES prend le commandement des éléments qui occupent LETRAYE, le Capitaine de LIGONNES lui est adjoint.
Le 1er Escadron, dans une situation difficile, manquant d'air et de vue, essaie de mettre la main sur la Côte 601 au N.E. de LETRAYE. Il ne peut y parvenir. Le chasseur MAJIDI EL HADJ est tué.
Le 11 Octobre, réorganisation de la Vallée de la Moselle. Le Colonel de LABARTHE prend le commandement de la Vallée de RAMONCHAMP (secteurs Nord et Sud) avec tous les éléments qui s'y trouvent.
Le Commandant JALENQUES prend le commandement de la zone Nord du fleuve, il dispose du 1/9 R.C.A., d'un peloton de chars du 2e Cuir. et de 100 F.F.I. de la Compagnie du CHAROLLAIS (Capitaine CLAUDE).
Le Capitaine de LIGONNES prend le commandement de la zone Sud où il dispose de l'Escadron ANDRE, du 3e R.C.A., de 140 F.F.I. du Groupement "ALSACE-LORRAINE", non encore en place. Un peloton de chars du 2e Cuir. est mis en réserve au Carrefour de REMANVILLERS ainsi que des éléments du 88e Génie. Une batterie du 68e R.A. est mise à la disposition du Groupement LABARTHE.
Le Capitaine JULLIEN fait une liaison avec le Régiment de parachutistes qui occupe la tête du GELANT, le P.C. des parachutistes se trouvant au COL de DRUMONT.
A 17h30, l'Aspirant CHAVEROU est tué par une balle en nettoyant les maisons à LETRAYE.
Les F.F.I. "ALSACE-LORRAINE" (Capitaine GOSSOT) sont en place au Mont des BREUCHEUX. Ils prennent la liaison avec les gardes mobiles qui forment la gauche du G.T. 2.
Le Groupement F.F.I. du Lt-Colonel de ROUGEMONT est mis à la disposition du Groupement LABARTHE ; il est destiné à assurer la relève du Régiment de parachutistes.
Le 4/9 R.C.A. (Capitaine DÉCHETS), qui était au repos avec le G.T. 3, est mis à la disposition du Groupement LABARTHE qu'il rejoint dans la nuit du 13 au 14 Octobre.
Le peloton HAU est affecté au point d'appui Nord, le peloton FOLLIN au point d'appui sud, le peloton PLATEAU est en réserve à FERDRUPT.
Le 14 dans la nuit, les F.F.I. ROUGEMONT ont relevé les parachutistes, ils installent un élément à la tête du GEHEN (Bataillon CERONI), un autre au Mont des ROCHOTTES (Bataillon FRANCOT).
Le contact entre nos éléments occupant l'ETRAYE et l'ennemi étant extrêmement serré, le Colonel décide pour donner de l'air à ses éléments :
a) de faire nettoyer le ravin situé entre le Mont des ROCHOTTES et la tête du GEHEN ; dans ce ravin, de nombreuses fermes sont en effet occupées par l'ennemi ;
b) de conquérir la crête Nord-Est qui domine le village de l'ETRAYE.
L'opération déclenchée à 15 heures est appuyée par des tirs d'artillerie sur les crêtes du CHAILLON et la tête MOSIQUE par des tirs de M.8 de l'Escadron ANDRE. Les 3 canons de 75 du 1/9 R.C.A., aux ordres du Lieutenant de BOUILLAS, exécutent des tirs très meurtriers sur les lisières du THILLOT où un auto-moteur est touché ainsi que sur des résistances se révélant dans les fermes du ravin. Les M.8.du Capitaine ANDRE détruisent une mitrailleuse de 20.
Malgré ces appuis de feu, le Bataillon FRANCOT ne peut atteindre la crête, le terrain insuffisamment nettoyé abritant encore de nombreuses mitrailleuses ennemies. Le Bataillon est obligé de se reporter sur ses positions de départ à la tombée de la nuit. Il a eu 8 tués, 2 disparus et 17 blessés.
A 20h45, le Colonel de LABARTHE reçoit l'ordre d'opérations n° 7 lui prescrivant d'adopter une attitude défensive.
Du 15 au 18 Octobre, plusieurs relèves des éléments F.F.I., venus en renfort du Groupement LABARTHE, par des éléments moins instruits, moins bien équipés, moins nombreux, permettent à l'ennemi de sonder notre dispositif par des patrouilles d'une audace remarquable.
Pendant ce temps, le P.C. s'est installé au Château de FERDRUPT et l'Escadron BRISSON, du 3e R.C.A., est venu relever le 1er Escadron du 9e R.C.A.
Le Chasseur COUREUIL est tué, le brigadier chef VENTANT est blessé ; ils appartenaient tous deux au 1/9 R.C.A.
Le 18, une patrouille allemande passe vers 9h30 à 100 mètres de l'observatoire du Mont des BREUCHEUX qu'elle ne voit pas. Un peu plus tard, le Capitaine de LIGONNES se heurte à une patrouille ennemie qu'il met en fuite.
Devant cette infiltration due aux faibles effectifs du point d'appui de LIGONNES, le Colonel décide de lui envoyer le 1er Escadron. La situation reste confuse jusqu'au 20 Octobre 17 heures, heure à laquelle un dispositif plus homogène peut être mis en place.
Groupement SUD
- L'Escadron BOUCHIER tient le bois des BREUCHEUX, en liaison, à sa droite, avec les gardes mobiles du G.T. 1
- L'Escadron ANDRE tient les lisières Est de RAMONCHAMP. Il sera relevé dans la nuit par l'Escadron DESMOUTIS.
- Un peloton de l'Escadron DUMENIL (Lt. MOINE) dans RAMONCHAMP.
- Le peloton FOLLIN en position aux lisières Est du village.
Groupement NORD
- L'Escadron BRISSON tient les lisières Est de l'ETRAYE.
- Le Capitaine KOPF commande le "Sous-secteur de la Montagne" depuis le Col de DRUMONT jusqu'au Mont des ROCHOTTES inclus.
Il dispose de 2 pelotons de l'Escadron JURY.
La liaison entre KOPF et BRISSON est assurée par deux pelotons de l'Escadron JURY.
- 1 peloton de l'Escadron DUMENIL dans l'ETRAYE.
- 1 peloton de l'Escadron GIRAUD dans REMANVILLERS.
- L'Escadron de chars légers DUMONT est en réserve à FERDRUPT.
Ce remaniement du dispositif n'est pas sans entraîner de nombreux mouvements de véhicules qui déclenchent une violente réaction de tirs ennemis ; le chasseur BEDU du 4e Escadron et le Maréchal des Logis GEVA du même Escadron sont grièvement blessés.
Le 22 Octobre, un obus de gros calibre sur le P.C. du Capitaine de LIGONNES, les chasseurs VARO et MOHAA sont blessés. Le Maréchal des Logis LEBOURDAIS du 4e Escadron est blessé dans FERDRUPT.
Le Général BROSSET, Commandant la 1ère D.M.I., vient au P.C. du Colonel LABARTHE, un bataillon de sa division devait relever le Groupement LABARTHE dans la nuit du 25 au 26 Octobre.
En relevant des mines anti-personnel avant de quitter le secteur, le Maréchal des Logis ROSSEL et le brigadier REDO sont tués accidentellement, tandis que l'Adjudant GENSOUS et le Maréchal des Logis DUPUIS sont blessés.
La relève s'effectue sans incident, les éléments en renfort du Groupement LABARTHE rejoignent leurs unités respectives et le 27 Octobre, l'E.M. et l'E.H.R. sont en cantonnement de repos à FLAGY près de VESOUL, le 1er Escadron étant à VELLEFRIT.
Le 8 Novembre, pour la première fois depuis l'embarquement, le Colonel retrouvera, pour bien peu de temps d'ailleurs, ses trois Escadrons de T.D. qui, sur ordre du Général, ont été remis à sa disposition.

5° VERS L'ATLANTIQUE
Le 19 Novembre, le Régiment de nouveau réduit à l'E.M., le 1er Escadron et l'E.H.R. prépare son départ pour ANGOULEME, il doit être employé à réduire les résistances allemandes de la Côte Atlantique. Il est prêt à faire mouvement quand une autre mission, plus conforme à ses aspirations, lui est assignée.

6° L'ALSACE
Cette mission se résume en un mot : "L'ALSACE".
Le Régiment reçoit donc l'ordre de se porter dans la Région Ouest de MONTBELIARD.
Parti le 20 à 8 heures, le Régiment, passant par l'ISLE-SUR-LE-DOUBS, malgré l'embouteillage invraisemblable de MONTBELIARD et d'AUDINCOURT, arrive à BISEL le 21 après minuit.
Le Colonel prend le commandement d'un groupement ainsi composé :
              ( E.M. du Régiment
3e R.C.A. ( Escadron DUMONT (Chars légers)
              ( Escadron ARGOUX (Reconnaissance)
              ( E. M.
9e R.C.A. ( Escadron JULLIEN (Reconnaissance)
              ( E. H. R.
Ce groupement reçoit l'ordre de lier son action, à droite avec le G.T. 1, à gauche avec le R.C.C.C. dont le but est la prise d'ALTKIRCH. Le Groupement VALIN du G.T. 2 progresse du Sud au Nord par BISEL - HIRSINGUE - ALTKIRCH.
Le R.C.C.C. se dirige sur HIRTZBACH par SEPPOIS et LARGITZEN.
Le Colonel de LABARTHE décide de pousser sur ALTKIRCH par HEIMERSDORF, HIRTZBACH, CARSPACH.
Le 21 à 8 heures, l'Escadron ARGOUX occupe HIRSINGUE ; à la même heure, le P.C. du Groupement se transporte à HEIMERSDORF.
Des reconnaissances poussées de HIRSINGUE en direction de HIRTZBACH rencontrent une sérieuse résistance au Château de REINACH.
Le peloton qui avait atteint REINACH est pris à partie par des 88 et des bazookas, les pertes sont sérieuses : 1 tué, 11 blessés dont 1 aspirant, 2 A.M. détruites, 2 jeeps détruites, 1 char M.8 endommagé.
Le Groupement VALIN, qui lui aussi débouche difficilement vers le Nord, subit quelques pertes, tandis que le peloton qui avait atteint Château REINACH doit se replier légèrement sur HIRSINGUE.
Le 1er Escadron, qui était arrivé péniblement la veille à EXINCOURT, peut enfin se porter en avant et arrive à DELLE, mais la route de SEPPOIS a été coupée par l'ennemi qui pousse vers le Sud, mais il est réquisitionné par la 5e D.B. pour la défense de FAVEROIS. Relevé par des éléments du 1er Cuir., le Capitaine JULLIEN, utilisant le seul itinéraire alors libre par RECHESSY - PFETTERHOUSE - MOOS, rejoint HIRSINGUE à 23 heures.
L'E.H.R., pris aussi dans les embouteillages de MONTBELIARD, n'a toujours pas rejoint, il a passé la nuit du 20 au 21 sur la route et n'a pu ensuite passer par la route DELLE - SEPPOIS coupée par l'ennemi.
Le 22 Novembre, l'Escadron ARGOUX du 3e R.C.A., appuyé par les chars légers de l'Escadron DUMONT (3e R.C.A.), se porte à CARSPACH par la route de l'ILL et l'atteint vers 9 heures.
L'Escadron JULLIEN, avec les pionniers, prend l'itinéraire au Nord de la rivière. Pour éviter des infiltrations ennemies provenant des éléments refoulés par l'opération de dégagement de la route SEPPOIS - DELLE, il reçoit l'ordre de se porter à HIRTZBACH pour relever des éléments du 6e R.T.M.
En fin de journée, le Groupement LABARTHE, réduit aux seuls éléments du 9e R.C.A., est mis à la disposition du Colonel CALDAIROU commandant le G.T. 3 dont le P.C. est à MULHOUSE. Le Colonel de LABARTHE porte aussi son P.C.
Le 1er Escadron et l'E.H.R., qui a enfin pu rejoindre malgré une seconde coupure de la route de DELLE, sont aux ordres du Commandant JALENQUES. Ordre est donné à l'E.H.R. de s'installer à LANDSER en prenant mesures défensives nécessaires pour parer à des infiltrations possibles d'éléments légers ennemis.
Le 23 au matin, le 1er Escadron reçoit l'ordre de s'installer défensivement à RIXHEIM, face à la forêt de la HARDT. Le P.C. quitte MULHOUSE pour RIXHEIM. Dans l'après-midi, le Colonel reçoit l'ordre de se porter sur FLAXLANDEN et ZILLISHEIM ; le 1er Escadron et L'E.M. font mouvement par BRUEBACH.
Le 1er Escadron s'installe défensivement le long du Canal du RHONE AU RHIN, face à l'Ouest, l'ennemi est de l'autre côté du Canal. L'Escadron JULLIEN est soumis à un tir intermittent de mortiers.
L'E.H.R. est toujours à LANDSER.

ORSCHWILLER - HEIMSBRUNN
Le 24 Novembre, le Colonel reçoit le commandement d'un groupement ayant pour mission de couper les communications ennemies à PONT D'ASPACH.
Composition du Groupement LABARTHE
1) Les éléments du 9e R.C.A.
Escadron de reconnaissance
Un peloton de T.D. du 4e Escadron (Aspt PERRUCHE)
E. H. R.
2) 3e R.C.A.
Un peloton de reconnaissance de l'Escadron ARGOUX (peloton BLASELLE)
Escadron de chars légers (Cne DUMONT)
3) 2e R.C.A.
Escadron de chars moyens (Cne de LAMBILLY)
4) 1 Section du Génie
5) 2e Régiment de Zouaves
E.M. du 2e Bataillon
1 Compagnie de fusiliers-voltigeurs
La Compagnie d'appui.
Ce groupement est ainsi articulé
Détachement JALENQUES
Escadron de chars moyens LAMBILLY
Escadron de reconnaissance JULLIEN (moins le peloton de pionniers)
Bataillon ARGOUX 1ère Cie de F.V., 1ère Cie d'appui
1 peloton de chars légers (Esc. DUMONT Lt. PICHOU)
1 peloton T.D. (Aspt. PERRUCHE)
en place à 10 h, à MORSCHWILLER.
Détachement de réserve
Escadron DUMONT Chars légers (2 pelotons ) aux ordres du Cne DUMONT
1 peloton d'A.M. du 2e R.C.A. Lt. BLASELLE) 2 pelotons
1 section de Génie
1 peloton de pionniers (Esc. JULLIEN) aux ordres du Capitaine DECHERY
P.C. du Cne DECHERY
1 peloton de chars moyens
en place à 10 h, à DORNACH.
Le P.C. du Commandant JALENQUES et celui du Groupement se trouvent à DORNACH. La mission du Groupement est :
1) de s'emparer d'HEIMSBRUNN
2) de pousser aussitôt vigoureusement sur PONT D'ASPACH
Le Commandant JALENQUES transporte son P.C. à MORSCHWILLER. Le P.C. du Groupement se transporte à 11 heures dans une maison à l'entrée Est de MORSCHWILLER. A peine installé, il est violemment pris à partie par des pièces de 88 ; la maison est atteinte par 4 obus, 5 hommes sont blessés, une moto hors d'usage, l'Officier de liaison d'artillerie et son radio sont blessés, leur half-track est endommagé. Le tir a duré environ 3 minutes. Le Colonel décide alors de porter son P.C. au Château de MORSCHWILLER, plus camouflé aux vues de l'ennemi ; au cours du déplacement, 2 chasseurs sont à nouveau blessés.
A 14 heures, l'attaque débouche du village. Le 1er Escadron attaque à pied par la route et ses abords, suivi des auto-canons commandés par le Lieutenant REGLADE.
Le Bataillon du 2e Zouaves est au Nord de la route.
A 15h30, les hauteurs dominant HEIMSBRUNN sont atteintes, les unités essaient alors un violent tir de minen. En outre, des feux nourris de mitrailleuses en interdisent le débouché. Le Capitaine ARNOUX est tué en tentant d'entraîner ses hommes à l'assaut du village ; le Capitaine STEINEMAN prend le commandement du Bataillon du 2e Zouaves. Un peloton de chars moyens (Sous-lieutenant COQUARD), un T.D. du peloton PERRUCHE et les auto-canons du Lieutenant REGLADE sont liés à la route.
A 16 heures, au débouché de la crête où les éléments à pied ont dû s'arrêter, un char moyen est atteint par le 88 d'un JAGDPANTHER et flambe ; un peu plus tard, le T.D., voulant prendre à partie le char ennemi, est atteint à son tour.
A 15h15, le Capitaine DUMONT avait reçu l'ordre de se porter en flanc-garde à la droite du détachement JALENQUES et de se diriger sur BRUCKENNUHL - FABRIQUE pour interdire, face au Nord, la route REININGUE - HEIMSBRUNN.
A 16 heures, un peloton de chars légers atteint la FABRIQUE ainsi qu'un peloton de chars moyens (Lieutenant COSEVIN - 2e R.C.A.). Un des chars saute sur une mine, l'équipage est sauf. Un char léger de l'Escadron DUMONT est atteint vers 16h30 par un coup de 88 dans les moteurs. Il flambe à son tour, l'équipage est sauf. Les T.D. de l'Aspirant PERRUCHE ouvrent le feu sur cet auto-moteur qui parait atteint aux chenilles.
A 17 heures, l'accès de la FABRIQUE est battu par une arme automatique ennemie. Une section du 6e R.T.M., mise à la disposition du Colonel de LABARTHE, va renforcer les défenses de la FABRIQUE. Elle reçoit en outre pour mission d'envoyer de nuit une patrouille reconnaître les ponts entre la FABRIQUE et la DOLLER. Dès le début de la nuit, une patrouille ennemie incendie un des chars qui n'a pu être récupéré. Toutes les troupes restent sur place pour la nuit ; des mines anti-chars sont posées, notamment sur la route principale à 150 mètres des mitrailleuses allemandes, par le Maréchal des Logis VOLATTE, du 1er Escadron. La patrouille du 6e R.T.M. rend compte que les ponts, au nombre de 4 entre la FABRIQUE et REININGUE, sont intacts.
A 15 heures, les premiers éléments de l'Escadron JULLIEN abordent le village par la gauche de l'axe, pendant que le peloton BOUILLÉ déborde par la droite, suivi du peloton BOUILLAS. Les zouaves suivent de près. On entend des bruits de chars ennemis qui s'éloignent puis, à 15h30, une formidable explosion : les Allemands viennent de faire sauter, au carrefour principal du village, un blockhaus et plusieurs maisons. La résistance faiblit enfin, le village est rapidement traversé, malgré quelques tireurs isolés ; plusieurs prisonniers sont faits, dont un lieutenant. Ils appartiennent à l'arme du Génie et déclarent que le village était défendu par deux Compagnies de 100 hommes, d'une soixantaine de travailleurs et huit chars lourds. L'ordre était de résister coûte que coûte.
Le Capitaine JULLIEN prend liaison à gauche avec le Bataillon DIEBOLD qui est arrêté à la côte 310, puis aux lisières Sud, et n'a pu déboucher qu'une fois le village atteint par le 1/9 R.C.A.
A 16h30, le village est entièrement occupé et nettoyé, le pont sur l'axe à la sortie Ouest du village a été détruit.
Le Commandant DIEBOLD est chargé d'assurer la défense du village et d'autres unités aux ordres du Cdt. JALENQUES rentrant à MORSCHWILLER.
Le Bataillon du 2e Zouaves quitte le Groupement.
La nuit est calme.
Le 27, reprise du mouvement en avant, le P.C. du Colonel LABARTHE est maintenant à HEIMSBRUNN, le détachement DIEBOLD établit une tête de pont à l'Est d'HEIMSBRUNN sur la route du PONT D'ASPACH. Le Génie rétablit la circulation, grâce à un pont dit "Chemin de roulement de D.B.". Le détachement JALENQUES assure la défense du village et fait des patrouilles.
A 17 heures, les éléments du détachement DIEBOLD atteignent LA CHAPELLE. Le ponceau a été détruit par l'ennemi.
Le 26, le Groupement LABARTHE reçoit un renfort, 3 Compagnies du Bataillon DIEBOLD du 6e R.T.M. Les ordres pour la journée du 26 sont toujours de prendre HEIMSBRUNN et d'occuper PONT D'ASPACH en liant les mouvements du Groupement LABARTHE avec ceux du Groupement LEPINAY qui attaque du N.-E. au S.-O. par BERNWILLER et LES BURNHAUPT.
L'attaque doit être menée par le Bataillon DIEBOLD, appuyé par le détachement JALENQUES. Celui-ci, resté sur la route, et le Bataillon DIEBOLD, au Nord, devront s'emparer de la côte 310 et déborder le village par le Sud.
Le Commandant DIEBOLD dispose, en plus de son Bataillon, de la Section de Génie du Lieutenant PON, du peloton de pionniers du 9e R.C.A.
L'attaque débouche à 9h40 et rencontre aussitôt une très vive résistance. On signale des chars lourds allemands embossés à l'entrée du village. MORSCHWILLER est bombardé par l'ennemi, le Capitaine DECHERY reçoit un obus de mortier sur son scout-car, le conducteur et un sous-officier sont blessés.
A 13 heures, la Compagnie de tirailleurs, qui a pour objectif la côte 310 à 900 mètres au S.-E. d'HEIMSBRUNN, est stoppée. Un peloton de chars légers vient appuyer sa progression. Un peloton de chars moyens du 2e R.C.A. est envoyé avec le Capitaine DUMONT pour contourner la côte 310 par le Sud, un char léger saute sur une mine, l'équipage est sauf.
Le 1er Escadron demande un tir d'artillerie sur les vergers à l'entrée du village ; c'est là, en effet, que se situe le gros de la résistance : chars embossés et mitrailleuses lourdes. Le tir extrêmement précis permet au Capitaine JULLIEN de pousser son Escadron en avant, le peloton LAPORTE dans les fossés, tandis que les chars moyens de l'Escadron LAMBILLY suivent au plus près, ainsi que les auto-canons du Lt. REGLADE. Les Zouaves (Bataillon KLEINMANN) lient leurs mouvements au 1er Escadron.
A 14h30, les auto-canons du Lt. REGLADE passent devant les chars et appuient très efficacement la progression très lente qui s'effectue sous un feu nourri de mines et d'armes automatiques.
Le 28, la mission reprend sans changement ; l'infanterie débouche passant la rivière sur les planches, un gué est établi pour les blindés par le Génie.
L'infanterie progresse encore d'environ 1 kilomètre, mais est arrêtée par des feux violents venant du MOULIN de la HARDT. Les troupes restent en place pour la nuit, de petits groupements mixtes, infanterie, chars, et parfois T.D., sont constitués et se cerclent dans les bois.
Le P.C. du Colonel à HEIMSBRUNN a été sévèrement bombardé : 2 tués, 4 blessés, le scout-car du Colonel et une moto sont endommagés.
Le 29, malgré une progression très ralentie par les mines et les résistances ennemies, une patrouille chars T.D. atteint à 10h15 le triangle Sud de PONT D'ASPACH.
A 14 heures, le P.C. à HEIMSBRUNN est à nouveau violemment bombardé : 1 blessé, 1 half-track et 1 moto endommagée.
Le Groupement LEPINAY prend à son compte la défense de PONT D'ASPACH.
Le Groupement GENTIEN, nouvellement constitué, s'installe à HEIMSBRUNN, assurant la défense de cette localité et la sécurité des communications.
Le Groupement LABARTHE est réduit aux éléments du 9e R.C.A. et à l'Escadron LAMBILLY du 2e R.C.A. ; il va cantonner à SPECHBACH-LE-BAS.
Etat des pertes durant cette période d'opérations, du 25 au 29
TUES : 24 sous-officiers et troupe
BLESSES : 5 officiers, 107 sous-officiers et hommes de troupe
DISPARUS : 4 troupes dont, pour le Régiment (E.M. - E.H.R. - 1er et 4e Escadrons)
TUES : 10 sous-officiers et troupe
BLESSES : 40 sous-officiers et troupe
DISPARUS : 1 troupe
ainsi répartis :
le 25 - TUES
1er Escadron : Chasseur LASNIER
4e Escadron : Chasseur GALVEZ
Blessés évacués
E.M. : Brig. Chef WINDELS
Brig. VIGNAUD
Chasseur ORS
Chasseur COINDARD
1er Escadron : M. des L. CIANFARINI, DUPUIS
Chasseurs BEN SOUSSAN, YAMANI, GRAOUI, SLIMANI
4e Escadron : M. des L. HECRE
Chasseurs FOURTON, MARLIN
Blessés non évacués
E.M. : M. des L. KRIEF
Chasseurs ESCHEMANN, GRIAUX
le 26 - TUES
1er Escadron : Chasseur MAURY, IBANES
Brig. QUEINNEO, LINGENFELD
Blessés évacués
1er Escadron : M. des L. LE GOFF, ISARD, GOMBARD
Chasseurs TOUBART, PONTHIEUX, BERNARD, LE HELLEC, CREVON, MASTAIN
4e Escadron : Adjt. LIMELETTE
Brig. CUQ
le 27 - Blessés évacués
1er Escadron : M. des L. MATHIEU
Chasseurs BELVOIRE, MUSTAPHA
Blessés non évacués
1er Escadron : M. des L. EL AOUFI
le 28 - TUES
E.M. : Chasseur CHALLIER
E.H.R. : Brig. OLIVIER
4e Escadron : Br. Chef HANRIOT
Blessés évacués
E.M. : Chasseurs ZAIDI, KERFOUT
1er Escadron : Chasseurs DULONG, LE BLANCHE
Blessés non évacués
E.M.: Brig. GRIAUX, MORAGUES
Disparus
4e Escadron : Chasseur SNOUSSAONI
le 29 - TUE
4e Escadron : Brig. GOULUT
Blessés évacués
E.M. : M. des L. KRIEF
1er Escadron : Chasseur GRIMAULT
4e Escadron : Chasseur DUMONT, LAMBERT
Pendant la première semaine de Décembre, le Régiment s'installe à TAGSDORF, le 6, le Colonel de LABARTHE reçoit le commandement d'un Groupement qui comprend les éléments du 9e R.C.A. laissés à sa disposition (E.M. - E.H.R. - 1er Escadron) et des éléments du 3e R.C.A. (E.M. - Escadron de reconnaissance Escadron de chars légers).
Ce groupement, qui doit relever le 2e Bataillon du 1er R.T.A., a pour mission d'interdire toute infiltration au Sud de la DOLLER entre MORSCHWILLER et HEIMSBRUNN, tandis que se déroule une opération menée sur THANN par la 2e D.I.M. Il est créé deux quartiers : quartier de MORSCHWILLER aux ordres du Commandant GENTIEN du 3e R.C.A. ; quartier de HEIMSBRUNN aux ordres du Capitaine DUMONT.
Du 7 au 12, avec quelques modifications peu importantes, le dispositif restera le même. Les unités en ligne subiront de légères pertes dues à des tirs de minen. Des patrouilles ennemies effectuées par des S.S. venus du camp de LUTTERBACH se montreront d'une incroyable audace.
Par suite d'un remaniement complet du dispositif de la D.B., les éléments du 9e Chasseurs quittent le secteur pour prendre quelques jours de repos à UBERSTRASS.
Le 23, l'E.M., le 1er Escadron et l'E.H.R. sont mis à la disposition du Colonel CALDAIROU commandant le G.T. 3. La mission de la D.B. est de tenir le secteur limité à l'Ouest : par ASPACH-LE-HAUT, MICHELBACH, GUEWENHEIM, SOPPE-LE-HAUT (exclus)
à l'Est : par COUVENT D'OELENBERG - N.D. DU CHENE (exclus).
Le Colonel de LABARTHE reçoit le commandement du sous-secteur Est, avec pour mission de tenir les bois du HAUSERWALD, de surveiller les gués de la DOLLER, et en cas d'attaque générale, de tenir sans esprit de recul les débouchés de la DOLLER.
Il dispose en plus des éléments du 9e R.C.A. du 2e Bataillon de Chasseurs à pied, formation issue des F.F.I. de BRESSE, déjà sérieusement "militarisés" et commandés par le Chef de Bataillon DAUMONT et de quelques canons de 57 mm.
Le Commandant JALENQUES est chargé d'assurer la défense de BURNHAUPT-LE-BAS où est l'E.M. et qui doit former un point d'appui ferme en cas de franchissement de la DOLLER par l'ennemi.
Jusqu'au 7 Janvier 1945, ces éléments resteront en place, le dispositif ne subissant que de légères modifications. De nombreuses patrouilles seront effectuées et le peloton de pionniers posera un nombre considérable de mines en même temps qu'il neutralisera un nombre encore plus considérable de schumines. Malgré le froid et la neige, NOEL et le JOUR de L'AN seront fêtés dans un calme presque complet, seulement troublé par instants par quelques minen perdus.
Le 3e Chasseurs relève le 8 les éléments du 9e R.C.A.
De ce jour au 17 Février, E.M., E.H.R. et 1er Escadron feront plusieurs cantonnements sans toutefois s'éloigner de la Région de MULHOUSE. Ce sera le repos pour l'E.M. et l'E.H.R., alors que le 1er Escadron connaîtra, du 1er au 9 Février, des journées très dures. Il sera employé à pied dans l'affaire de SCHOENENSTEINBACH par un froid effrayant et des conditions singulièrement démoralisantes.
Le 2 Février, le village est malgré tout conquis.
Le 3, le 1er Escadron, inclus dans le Groupement du Commandant DEWATRE, stationne à la CITE ANNA, prêt à exploiter en direction du NORD lorsque nos éléments auront réussi à franchir la THUR.
Le 5 seulement, le Capitaine JULLIEN reçoit l'ordre de s'emparer du village de REGUISHEIM, ce qui est fait malgré des tirs nourris du côté ennemi et un terrain extrêmement boueux où s'enlisent scout-cars et half-tracks. 125 prisonniers environ ont été faits, dont 4 officiers, un important matériel a été pris. Mais, le Chef BONZON a été mortellement blessé, le chasseur RAHMANI tué, le Mal. des Logis ADAMI et le chasseur SALAH blessés.
Le 7, l'Escadron est mis aux ordres du Colonel de LEPINAY, sa mission est de s'emparer de RUMERSHEIM en débordant le village par la forêt de la HARDT ; le Capitaine JULLIEN reçoit en renfort un peloton de chars du 2e R.C.A. Une manœuvre hâtivement montée en fin d'après-midi échoue. Tous les ponts sur le canal sont sautés, une seule passerelle battue par les armes automatiques ennemies est infranchissable ; ce n'est que le lendemain à 8h30 que la passerelle peut être utilisée et le village investi et nettoyé. L'Escadron pousse alors vers CHALAMPE qui est atteint à 10h30 et complètement nettoyé.
Ces dernières journées auront permis au 1er Escadron d'exécuter une manœuvre très cavalière, hélas l'Escadron aura à porter le deuil du M. des Logis Chef BONZON et de plusieurs chasseurs. Le Sous-Lieutenant BARRAS sera grièvement blessé par une schumine. Cette opération terminée, le 1er Escadron rejoindra l'E.M. et l'E.H.R. alors stationnés à MULHOUSE.
Après une période de repos, coupée par des opérations très brèves effectuées par des Escadrons de T.D. qui, entre-temps ont été remis sous les ordres de leur Colonel, opérations qui ont pour but la destruction de casemates situées de l'autre côté du RHIN.
Afin de permettre à la division destinée à passer le RHIN de remplir toutes les missions qui pourraient lui être confiées, le Général commandant la 1ère D.B. décide de constituer un nouveau groupement tactique indépendant des G.T. Ce Groupement est placé sous les ordres du Colonel LABARTHE, il quittera CHATENOIS près de SELESTAT le 19 Avril pour l'ALLEMAGNE.

7° L'ALLEMAGNE
Le 19 Avril, entre 1 heure et 2h30, le Groupement franchit le RHIN sur le pont de bateaux de BENHEIM. Ce Groupement a alors la composition suivante :
l'E.M. du 9e R.C.A.
le 1er Escadron du 9e R.C.A. (Cne JULLIEN) l'E.H.R.
l'Escadron mixte chars et T.D. composé de 2 pelotons de chars moyens venus du 2e R.C.A. et du 2e Cuir. et d'un peloton de T.D. Cet Escadron est sous les ordres du Capitaine DU CREST.
Arrivé à 7 heures à KUPPENHEIM, le Groupement reçoit l'ordre de se porter dans la Région de FREUDENSTADT en réserve de division, il y arrive sans incident à 18h30 après une étape de plus de 200 kilomètres.
La mission de la 1ère D.B. qui comprend outre le G.T. 1 et le G.T. 2 le Groupement LABARTHE et le Groupement LEBEL est de couper la retraite des forces allemandes de la FORET NOIRE en progressant rapidement jusqu'à la frontière suisse.
Le Groupement LABARTHE est mis aux ordres du Colonel commandant le G.T. 2 qui lui donne l'ordre d'occuper le 20 Avril OBERNDORF et de mettre la main sur les fameuses Usines MAUSER.
A 16 heures, OBERNDORF est occupé, l'opération confiée au Commandant JALENQUES a été rondement menée par l'Escadron JULLIEN et l'Escadron DU CREST. Les Usines MAUSER tombées entre nos mains sont confiées à un détachement de sécurité de la 1ère D.B. Un camp de travailleurs français et polonais est délivré.
Nos pertes ont été les suivantes : 1 sous-officier tué, 1 autre blessé, ainsi que quelques chasseurs.
Tard dans la soirée, ordre est donné au Colonel LABARTHE de franchir le NECKAR le 21 au matin et de gagner rapidement TUTTLINGEN ; pour cette opération, son Groupement est renforcé des unités suivantes :
3/9e R.C.A. (Escadron GOUBET)
1/5e R.C.A. (Escadron BERTHET) (chars légers)
3/5e R.C.A. (Escadron CHERY) (chars moyens)
1/3e R.C.A. (Escadron BLASELLE) (A.M.)
1 Cie du 1er R.T.A.
1 batterie du 3/6e R.A.
1 section du Génie
Le Régiment cantonne à ZIMMER OBER ROTTWEIL où il arrive à 22 heures ; le village a été pris quelques heures auparavant, plusieurs maisons brûlent encore, un certain nombre de prisonniers sont faits.
A 5h30, le 21 Avril, les ordres suivants sont donnés par le Colonel LABARTHE le Détachement de LIGONES s'emparera du Pont de TUTTLINGEN sur le DANUBE.
Le Détachement BERTHET reconnaîtra la vallée de la PRIM.
L'Escadron BLASELLE couvre le Groupement vers l'Est, assurant la liaison avec le Groupement LEBEL.
Le gros aux ordres du Commandant JALENQUES progresse sur l'axe de marche.
Vers midi, le Détachement de LIGONES tombe sur une assez forte résistance avant d'entrer à TUTTLINGEN : 2 tués, 2 blessés, 2 jeeps détruites.
Fournissant un gros effort, le 1er Escadron, bousculant les résistances ennemies, s'empare des ponts de TUTTLINGEN qu'il réussit à garder intacts ; le nettoyage de la ville commence.
Ordre est donné à toutes les unités de se regrouper à TUTTLINGEN, en vue de couper la retraite des forces ennemies qui se dirigent de la FORET NOIRE vers l'EST et d'être en mesure de pousser en direction générale d'ULM.
Bousculant de nombreuses résistances allemandes, faisant un grand nombre de prisonniers, le Détachement atteint STOCKACH à 20h15.
Le Groupement LABARTHE, parti de CHATENOIS le 19 Avril à 2 heures, arrive au Lac de CONSTANCE à l'extrême pointe de la 1ère ARMEE FRANCAISE, le 21 Avril à 20h15, après avoir parcouru 300 km en 66 heures, pris la ville d'OBERNDORF, les Usines MAUSER, s'être emparé de la ville de TUTTLINGEN et des 2 ponts intacts sur le DANUBE, faisant 500 prisonniers, anéantissant plusieurs convois ennemis, s'emparant d'un très grand nombre d'armes et de matériels divers.
Le 22 Avril, après une nuit agitée, les postes aux issues de STOCKACH ayant à intervenir constamment contre des groupes ennemis qui cherchent à s'infiltrer dans la ville, et notamment contre une unité ennemie bien encadrée et très mordante qui réussit à anéantir au bazooka 2 A.M.
Le Groupement LABARTHE ne disposant plus que de L'E.M. du 9e R.C.A. et d'une section du Génie a pour mission de couvrir face au SUD le Groupement BEAUFORT chargé de l'effort principal sur ULM.
Réduisant de nombreuses résistances, anéantissant plusieurs convois ennemis, et malgré de nombreuses barricades, le Groupement atteint ALTSHAUSEN où il cantonne dans le Château du Grand-Duc de WURTEMBERG qui reçoit le Colonel en l'assurant de ses sentiments anti-nazis.
Le bilan de la journée est de 1 tué et 11 blessés.
Nous avons fait 200 prisonniers et détruit une trentaine de véhicules.
Le 23 Avril, après une nuit très calme, le Groupement continue sa mission de flanc-garde, et après une marche que n'arrêtent ni les snippers, ni les panzerfausts, ni les convois ennemis qui embouteillent les routes, le Groupement arrive à GUTTENZELL vers 18h30, mais les pertes de la journée ont été sévères : le Lieutenant DES PORTES a été tué, 2 autres officiers ont été blessés ; 1 homme tué, 5 autres blessés.
Si les pertes ont été sévères, le bilan est intéressant :
9 officiers prisonniers
800 hommes de troupe prisonniers
85 véhicules auto-détruits
30 véhicules hippo-détruits
plus de 500 armes collectives et individuelles mises hors d'usage.
Dans la nuit, un canon de 105 ennemi, qui cherchait en vain à regagner son unité dispersée, est capturé ainsi qu'une centaine d'hommes.
La mission du Groupement est toujours de couvrir vers le Sud l'attaque sur ULM en atteignant PILLER.
Le 24, des patrouilles reconnaissent l'itinéraire et à 10 heures, DIETENHEIM est atteint, mais les ponts sautent à l'arrivée de l'avant-garde ; seule une patrouille à pied franchira PILLER sur les débris du pont. La liaison est prise avec des éléments de la 10e D.B. américaine qui se dirige sur ILLEREIGHEN. Un pont est construit par le Génie américain, des reconnaissances ayant appris au commandement que les autres ponts de PILLER étaient sautés ou rendus infranchissables par de très fortes résistances.
Cette étape effectuée sans aucune perte nous rapporte 500 prisonniers, dont 10 officiers, la capture d'un convoi de vivres et d'un important dépôt de matériel de transmission.
Le 25, afin de libérer la zone américaine, le Groupement reçoit l'ordre de faire mouvement sur OCHSENHAUSEN pour couvrir le G.T. 2 sur sa gauche.
Ce n'est que le 26 que OCHSENHAUSEN est atteint et nettoyé, de nombreux prisonniers sont faits.
Le 28, continuant sa mission, AICHSTETTEN est atteint, la progression très facile, sans un coup de feu, retardée uniquement par le grand nombre de prisonniers et l'effondrement de plusieurs ponceaux : 150 prisonniers ont été faits dont 1 colonel, 1 lieutenant-colonel, 3 commandants, 7 capitaines.
Le 29 Avril, le Groupement LABARTHE, faisant 100 prisonniers, détruisant un nombre considérable de panzerfaust et d'explosifs, atteint MUTHMANNSHOFEN.
Le 30, le Groupement, toujours en réserve, arrive à KEMPTEN et cantonne à OTTACKER et ROTTACK dans sa marche, il a fait 80 prisonniers, dont 5 officiers.
Du 1er au 3 Mai, le Groupement, réduit aux seuls éléments du 9e Chasseurs, stationne sous la neige et remet en état son matériel. Il partira de cette région pour gagner en plusieurs étapes la région de LANDAU.

CONCLUSION

Du 10 Avril au 2 Mai, le Groupement parcourant 578 kilomètres, après s'être emparé d'OBERNDORF, des Usines MAUSER, de la ville de STOCKACH, de TUTTLINGEN, des ponts sur le DANUBE, atteint le Lac de CONSTANCE, puis est arrivé le premier sur PILLER, devançant de quelques heures les Américains, faisant 2 500 prisonniers, ramassant un immense butin, délivrant de nombreux déportés, mais perdant 8 tués, dont 1 officier et 1 sous-officier, 30 blessés dont q. officiers et 23 hommes.

S'ils n'ont pu participer à la délivrance de la plus grande partie de la FRANCE, l'E.M., le 1er Escadron, l'E.H.R. auront cependant connu en ALSACE et en ALLEMAGNE des heures glorieuses.

 
Le 2e ESCADRON du 9e REGIMENT DE CHASSEURS D'AFRIQUE
pendant la Campagne "RHIN & DANUBE"

Depuis le débarquement allié en AFRIQUE DU NORD, le 2e Escadron du 9e Régiment de Chasseurs d'Afrique suit dans la région de MASCARA, sous les ordres du Capitaine LORETTE, puis du Capitaine RIGAUD, une instruction intensive qui a pour but de former, avec les éléments récemment incorporés, une Unité susceptible de recevoir rapidement l'équipement américain.
Le 17 Avril 1943, il reçoit à TIZI ses T.D. et son armement, et se transforme en Escadron de Chasseurs de Chars en poursuivant l'instruction individuelle de son personnel.
Lorsque le 18 Octobre 1943, le Capitaine LAPORTE prend le commandement de l'Escadron, il pourra entreprendre l'instruction d'ensemble qui se poursuivra sans relâche au cours d'un stage d'invasion dans la région de la MACTA (du 27 Octobre au 17 Novembre) et au cours de nombreux exercices et tirs dans les régions de RELIZANE et SAINT-DENIS du SIG.
C'est au cours d'un de ces exercices, le 6 Juin 1944, qu'il apprend la nouvelle du débarquement en NORMANDIE. A l'explosion d'enthousiasme succède l'impatience ; quand pourrons-nous à notre tour nous mesurer avec l'Allemand sur lequel nous voulons prendre notre revanche ?
LES AREAS
Le 8 Juin, autre bonne nouvelle, reçue avec une joie délirante. La Division va stationner dans une zone de regroupement, véritable lieu de passage, d'où sont parties toutes les Unités lancées dans les combats d'ITALIE. Le Régiment coupe l'AREA 55, au confluent des pistes poussiéreuses qui sillonnent l'immense camp.
Mais alors que les Unités qui nous ont précédés n'ont effectué qu'un séjour de courte durée dans ce délice de poussière, la Division y passera une longue partie de l'été. La poussière, le manque d'eau, la chaleur torride ne peuvent cependant abattre le moral qui se maintient d'autant plus haut que l'Escadron vient d'avoir l'assurance d'embarquer avec le C.C. 1 qui, sous les ordres du Général SUDRE, est mis à la disposition de l'Armée Américaine et doit prendre pied le premier sur la terre de FRANCE.
Cet honneur fait battre tous les cœurs et chacun achève sa mise au point ; tous perfectionnent les moindres détails. Et si l'impatience se fait jour, l'assurance de prendre part au combat empêche le découragement.
Le 22 Juillet, l'Escadron quitte, enfin, le paysage désolé des AREAS pour se livrer à proximité d'ORAN aux opérations qui ont pour but de permettre l'emploi du matériel dans un débarquement de vive force.
L'EMBARQUEMENT
Le 8 Août 1944, l'Escadron est embarqué en deux fractions :
1) la plus importante comportant tous les véhicules de combat et de commandement prend place sur le L.S.T. 33 (navire américain, équipage grec) où se trouvent également les véhicules de commandement de l'Etat-Major du C.C.1. et ceux de l'Etat-Major du 2e Cuirassiers (Régiment de Chars du C.C.1) ;
2) la deuxième comprenant la majorité des véhicules de service embarque sur le MT "John C. BRINKINRIDGE".
Les opérations d'embarquement s'effectuent sans incident. Le 8 Août au soir, tout l'Escadron a trouvé place dans les bateaux qui ne quitteront le port que le 10 Août à 15h15, iront se former en convoi dans la rade d'où ils partiront à 19h30 vers l'avenir tellement attendu.
Composition de l'Escadron :
L'Escadron aux ordres du Capitaine LAPORTE a la composition suivante :
Un peloton hors-rang commandé par l'Adjudant-Chef MOLIERE et comprenant :
- un groupe de commandement
- un groupe des Services.
Trois pelotons de combat
de composition identique, comprenant chacun :
- un groupe de commandement
- deux groupes anti-chars (2 T.D. par groupe)
- un groupe de protection.
Ces pelotons sont commandés :
- le premier, par le Lieutenant JORDAN
- le second, par l'Aspirant de COURTIVRON
- le troisième, par le Sous-Lieutenant FELLER, auquel est adjoint l'Aspirant CORDONNIER.
Des éléments détachés de l'E.H.R. du Régiment, et comprenant :
- 2 camions et remorques pour le transport du carburant
- 1 camion et remorque pour le transport des munitions.
Ces éléments sont englobés par le groupe des Services du peloton hors-rang.
Le tableau suivant donne la répartition du personnel dans les différents pelotons.

  Désignation           des pelotons

Officiers Sous-Officiers Brigadiers Chas. Français Chas. Indig. TOTAL
  P. H. R. 1  9  10  13  12  45
1er Peloton 1 5 5 26 9 46
2e Peloton 1 5 6 25 10 47
3e Peloton 2 5 6 24 10 47
TOTAL 5 24 27 88 41 185

Dans l'ensemble, ce personnel n'a pas l'expérience de la guerre. Seuls 2 Officiers ont déjà connu l'épreuve du feu.
Pour les Sous-Officiers, ils proviennent en majorité de l'Armée d'Afrique qui est restée en place en 1939-1940. Seuls 3 Sous-Officiers ont combattu en FRANCE.
La troupe, composée en grande majorité de mobilisés d'AFRIQUE DU NORD, n'a jamais connu les combats, ni la joie de la victoire, ni la rage de la défaite. Elle brûle du désir de se battre et son élan est irrésistible. Si les premiers engagements ne tournent pas en catastrophe, on pourra lui demander beaucoup. Elle accomplira son devoir avec un cœur admirable et une conscience professionnelle qui rempliront d'admiration les populations peu habituées à trouver chez le soldat une telle tenue et un tel sérieux.
DEBARQUEMENT
Du 10 au 15 Août 1944, le calme n'a cessé de régner dans le convoi.
Plongés sur nos cartes, nos plans de la Côte, nous préparons activement le débarquement. La baie de FREJUS n'a plus de secret pour nous, nous en connaissons tous les petits chemins qui nous conduiront à nos zones de regroupement.
Le 15 Août vers 16 heures, nous arrivons en vue des Côtes françaises, mais l'ennemi ne veut pas se laisser faire et notre débarquement si bien préparé est décommandé. Nous reprenons le large après avoir assisté à de splendides écoles à feu de la Marine Française qui, pour l'occasion, a hissé le grand pavois.
Une alerte aérienne nous plonge dans un épais brouillard, percé seulement par le chapelet des projectiles traceurs qui déroulent de bas en haut leurs trajectoires matérialisées.
Mais nous nous éloignons toujours de la Côte que nous retrouverons plus au Sud, au Golfe de la NARTELLE où nous débarquons "en touristes", sans la moindre réaction ennemie, le 16 Août à 2h15, foulant à nouveau cette terre de FRANCE que nous venons délivrer.
Nous n'avons pas le temps de nous attendrir ; le débarquement se poursuit à son rythme accéléré et, dans la nuit noire, au milieu de véhicules de toutes provenances, nous gagnons SAINTE-MAXIME où nous devons débarrasser nos véhicules de leurs équipements amphibies qui donnent à nos chars des allures cocasses.
L'aube commence à poindre lorsque nous atteignons SAINTE-MAXIME. Nous apercevons des visages anxieux, les habitants un peu secoués par les bombardements des jours précédents sont inquiets de nous voir démolir avec une superbe ardeur les splendides cheminées d'air qui ornent nos chars. Ils ne sont pas loin de croire que nous détruisons notre matériel, il faut calmer leurs inquiétudes, et comme nous le faisons en français, leur étonnement fait place à la joie, une joie fébrile et émue... à laquelle nous nous arrachons pour commencer la poursuite qui nous conduira en un premier bond aux portes de MARSEILLE, objectif de choix, premier jalon d'une série de victoires.
OPÉRATIONS AYANT AMENÉ LA CHUTE DE MARSEILLE
Le C.C.1 est articulé en 3 groupements : les groupements DUROSOY, LETANG, de LAPRADE.
Chacun de ces groupements comprend en particulier un peloton de T.D.
Du 16 au 20 Août, les axes de progression de ces pelotons se confondent. Ces axes sont parfois de petits chemins de montagne, et sans coup, Gonfaron - Flasseus - Le Luc - Tourves et la Roquebrussanne tombent, sans que l'Escadron ait à s'employer, sauf toutefois le peloton FELLER qui reçoit le baptême du feu à LE LUC le 17 Août, puis détruit un convoi ennemi le 19 Août à hauteur de SAINT-ESTEVE.
Mais nous sommes à présent au contact de la ligne de résistance qui barre l'accès de MARSEILLE, cette ligne jalonnée dans le secteur du C.C.1 par Aubagne, le Carrefour de la Pomme, l'Auberge Neuve, nécessite l'entrée en oeuvre des T.D.
Tandis que les pelotons JORDAN et COURTIVRON sont engagés dans les combats pour la prise d'Aubagne, du 20 au 21 Août, le peloton FELLER détruit une casemate au Carrefour de la Pomme le 21 Août, puis deux canons de 88 à l'Auberge Neuve.
Tandis que la progression reprendra sur MARSEILLE, le peloton FELLER, avec le groupement de LAPRADE, s'engagera dans une poursuite effrénée qui le conduira bien loin de l'Escadron. Nous retracerons ultérieurement son équipée.
INVESTISSEMENT ET NETTOYAGE DE MARSEILLE
Le 22 Août, le bouchon d'Aubagne a été enfoncé, dans l'après-midi le mouvement reprend, et l'Escadron parvient à la tombée de la nuit à la VALENTINE - Les Trois Lucs. Le 23 au matin, le mouvement reprend sur MARSEILLE. Le peloton JORDAN est alerté, car des autos mitrailleuses allemandes se promènent, parait-il, dans MARSEILLE... Les T.D. bondissent et, brûlant le pavé, parviennent d'un seul élan au Palais de Longchamp et sur la Cannebière. Il n'y a pas d'autos-mitrailleuses, mais par contre, des tirs d'artillerie de gros calibre, et surtout des coups de feu d'armes légères. Il faut livrer, au milieu d'une population enthousiaste, parfois gênante, des combats de rues pour lesquels les T.D. sont relevés par les chars du 2e Cuirassiers.
Du 23 Août au 27 Août... quelques coups de canon à bout de portée sur les batteries ennemies de l'Estaque, nettoyage des régions Sud et Nord-Ouest de Notre-Dame de la Garde par le peloton JORDAN.
COMBAT DE LA TANTE ROSE
Le 27 Août, le peloton de COURTIVRON, un peloton de chars du 2e Cuirassiers (peloton MOUSNIER) sont mis aux ordres du Capitaine LAPORTE pour appuyer les Tabors dans l'attaque des positions qui défendent MARSEILLE au Nord.
Le terrain rocailleux est bourré d'organisations défensives : blockhaus, tranchées, abris cimentés, observatoires, murs anti-chars.
Les tabors ont attaqué le 26 au soir, ils ont été stoppés au contact de l'ennemi, et ils sont pris en écharpe par les tirs d'artillerie venant de l'Estaque.
Aucun char ennemi n'est signalé.
La décision suivante est prise :
- dans un premier temps
Le peloton de chars entraînera les Tabors jusqu'aux lisières du village, il sera appuyé dès le débouché par le peloton de T.D. qui établira par ses tirs une brèche dans le mur anti-chars.
- dans un deuxième temps le peloton de T.D. se portera sur une position qui lui permettra de détruire les canons qui gênent la progression. Le peloton de chars aidera la progression de l'Infanterie dans le village.
EXÉCUTION
La première partie se passe sans incident notable, les Allemands surpris par les chars et délogés par les Tabors abandonnent leur position, le mur anti-chars vole en pièces. Tout semble devoir être rapidement réglé.
Mais le Chef de peloton de chars, entraîné par sa fougue, pénètre seul avec son char dans le village, un tireur au Panzerfaust le tue dans sa tourelle.
Une contre-attaque allemande se déclenche, elle est stoppée par le tir des chars qui, au canon et à la mitrailleuse, arrêtent l'ennemi qui est presque parvenu au corps à corps.
Le peloton de T.D. mène à bien sa mission de destruction des canons ennemis, non sans quelques ennuis... un T.D. s'est engagé sur un sentier dont un côté s'éboule sous le poids, le T.D. se retourne sur la tourelle. Par bonheur, l'équipage s'en tire sans une égratignure ; les obus pleuvent autour de lui, mais le canon qui se montre si généreux est détruit à son tour.
Tout le secteur entre la Mer et notre position redevient calme et nous pouvons concentrer notre effort sur le village où se poursuivent les combats à la grenade, où les mortiers et les rafales de mitrailleuses donnent bien l'ambiance du combat d'infanterie.
Les Tabors dominent la situation... le soir tombe, les Allemands se rendent. Mission terminée et avec elle une bien lourde journée.
Le 28 Août, la Garnison Allemande de MARSEILLE se rend ; le 29 Août, le peloton JORDAN représente l'Escadron à la prise d'armes qui soulève l'enthousiasme d'une population vibrante et toute à la joie, parfois égoïste, de sa libération.
BILAN DES OPÉRATIONS
L'ensemble des opérations depuis le débarquement permet d'établir le bilan suivant :
- l'Escadron a détruit : une casemate, deux canons de 88, une batterie d'artillerie, un convoi ennemi.
Il a participé aux opérations de Le Luc, Aubagne, l'Auberge Neuve, la Tante Rose, infligeant de sévères pertes à l'ennemi.
- Ses pertes sont :
- le Brigadier-Chef PITOU tué le 22 Août au cours d'une liaison motocycliste ;
- trois Chasseurs blessés dans un accident de Jeep le 23 Août en se portant rapidement à un point menacé.
REMONTÉE DE LA VALLÉE DU RHONE
Profitant de l'arrêt que nous avons dû consentir pour nous emparer de MARSEILLE, l'ennemi a décroché ses troupes. Une poursuite échevelée va en résulter.
Cette poursuite va, dès le début, se montrer difficile, car le secteur donné à la 1ère D.B. se situe sur la rive droite du Rhône, dont tous les ponts ont sauté.
D'autre part, le carburant n'étant pas poussé assez en avant, il faudra venir le chercher jusque sur les plages de débarquement. La longueur des lignes de communication, les embouteillages aux points sensibles (passages du Rhône) feront peser une lourde menace sur toutes les Unités. Grâce à l'admirable entrain des conducteurs du groupe des Services, aux efforts du M.D.L. Chef HOFFMANN, chargé du ravitaillement en carburant, l'Escadron n'a jamais été réduit à stopper, et a eu au minimum une avance lui permettant de parcourir deux cents kilomètres. Nous verrons qu'il n'en a pas été de même pour le peloton FELLER qui, détaché de l'Escadron, est resté plusieurs jours en panne sèche.
Le 29 Août, après la prise d'armes de Marseille, le P.H.R., les pelotons JORDAN et COURTIVRON se retrouvent à PALISSANNE (9 km E de Salon).
Le 30 Août, étape à FONTVIEILLE, le Moulin de Daudet qui avait déjà vu beaucoup de choses s'étonne de tout ce déploiement guerrier.
Le 31 Août, tandis que le Lieutenant JORDAN se porte sur VALLABREGUE avec les T.D. pour y passer le Rhône, les véhicules légers font route sur AVIGNON où le fleuve est franchi sur pont de bateaux.
La circulation s'avère difficile, et un embouteillage monstre caractérise les journées du 31 Août et du 1er Septembre.
Le 1er Septembre à 9 heures, le Rhône n'est plus un obstacle pour les T.D. Le 2 Septembre, nous les retrouvons à SAINT-GALMIER, après avoir remonté la vallée du Rhône jusqu'à TOURNON, grimpé jusqu'à ANNENAY, franchi le col de la République par des petites routes où la conduite des chars est voisine de l'acrobatie, traversé en trombe Saint-Etienne, en un mot parcouru 180 km sur des routes encombrées ou dangereuses.
Le 3 Septembre, nous débordons largement LYON par le Nord et venons couper la Nationale 6 à LISSIEU (18 km de LYON).
Le 4 Septembre, longeant la Saône, nous parvenons en fin de soirée à SENNECEY-LE-GRAND (10 km N de TOURNUS).
Le 5 Septembre, CHALON-SUR-SAONE est libéré, le contact est repris avec l'ennemi qui semble vouloir défendre le seuil de BOURGOGNE.
Depuis le 1er Septembre, nous avons parcouru 350 km, nous retrouvons enfin l'ennemi. Nous allons pouvoir reprendre la lutte.
L'Escadron est toujours amputé du peloton FELLER dont il est temps de s'occuper.
LES PERIGRINATIONS DU PELOTON FELLER
Nous avons laissé le peloton FELLER avec le groupement de LAPRADE, en train de lutter victorieusement contre des canons de 88, à l'Auberge Neuve, le 22 Août.
Débordant largement MARSEILLE par le Nord, il assure la garde des sources qui alimentent MARSEILLE, puis Radio P.T.T. et atteint SALON le 24 Août, TARASCON le 25.
Les 26 et 27 Août à VALABREGUE, il assure le passage du Rhône au groupement LAPRADE.
Le 28, il est à UZÈS.
Le 3, nous le retrouvons à VALLON, où il participe au nettoyage de la ville, faisant 30 prisonniers.
Ses réservoirs sonnent creux, avec beaucoup de patience, le Chef de Peloton entreprend une série de démarches, allant même réveiller le Général cdt la D.B.
Ses démarches sont couronnées d'un succès partiel, et le ravitaillement qu'il reçoit lui permet d'atteindre le sommet du Col de MEZILHAC (23 km N de VALS-LES-BAINS) à 120 mètres d'altitude.
Mais là, c'est vraiment la panne sèche ; la neige fait son apparition, va-t-il se résoudre à un hivernage prématuré ? Les démarches recommencent, elles lui valent beaucoup de bonnes paroles, mais quelques milliers de litres de carburant feraient bien mieux son affaire.
Après avoir vainement tiré les sonnettes chez le Général de MONTSABERT, chez le Général BROSSETTE, à l'Etat-Major du Corps d'Armée à SAINT-GALMIER, le Sous-Lieutenant FELLER rencontre son Capitaine à l'ARBRESLE près de LYON, le 3 Septembre.
Encore un effort supplémentaire à demander au groupe de ravitaillement, mais le 4 au matin, le peloton FELLER a son carburant, et le 6 à 4 heures, il rejoint l'Escadron au Nord de CHALON, après avoir parcouru 306 km en moins de 48 heures, sur des routes de montagne pendant le tiers du parcours.
Après une telle étape, les ressources de carburant de l'Escadron sont évidemment épuisées... Encore une fois les camions devront rouler, les conducteurs ne pourront pas se reposer.
Qu'importe... L'ennemi est tout proche, il faut le saisir à la gorge, le bousculer sans lui laisser de répit.
C'est dans un travail fiévreux que va s'écouler la nuit du 5 Septembre. Les équipages préparent et graissent leur matériel, les servants des armes en vérifient le bon fonctionnement, les dépanneurs réparent les avaries légères causées par les dernières étapes, les ravitailleurs perçoivent et distribuent les munitions. C'est une veillée d'armes au sens rigoureux du mot.
Demain s'engagera la bataille sur le seuil de BOURGOGNE. Demain nous vaincrons.
OPERATIONS EN BOURGOGNE
Tandis que l'Armée Française se porte à marches forcées sur BELFORT, les débris de l'Armée Allemande tentent de retarder notre avance au Nord de LYON, dans l'intention de défendre DIJON, dernier grand centre ferroviaire et routier sur la route de BELFORT.
Le 5 Septembre, les défenses de CHALON sont enfoncées.
Le 6 Septembre, la progression reprend en direction de BEAUNE par DEMIGNY - BLEGNY.
C'est à coups de canons que l'on force le passage à DEMIGNY, et à BLEGNY où un peloton de chars est anéanti par une arme anti-chars.
Les T.D., placés trop en arrière dans la colonne, ne peuvent intervenir immédiatement, ils prennent néanmoins position à l'Est du village. L'arme anti-chars se manifeste à nouveau, elle est immédiatement prise à partie ; les quatre T.D. du peloton JORDAN lui assurent une réplique instantanée, une salve de 3 obus par appareil... et nous pouvons aller "au résultat", l'axe est débloqué.
Le 8 Septembre, l'Escadron fait son entrée à BEAUNE et effectue des patrouilles dans la région.
PRISE DE DIJON
La libération de BEAUNE n'est pas le terme de notre effort ; il faut pousser sans désemparer sur DIJON. Malgré la pénurie de carburant, il faut maintenir la pression sur l'ennemi qui cherche à se ressaisir.
Le peloton JORDAN est mis à la disposition du Colonel DESAZAR qui, avec un groupement comprenant des Unités du Bataillon de choc, est chargé de déborder les défenses de DIJON par l'Ouest.
Ce peloton rencontre des colonnes ennemies le 10 Septembre entre TALANT et PLOMBIERE et lui inflige de lourdes pertes. Mais la nuit tombe et, sous la pression de l'Infanterie ennemie, l'élément de Bataillon de choc qui avait réussi à s'emparer du pont de PLOMBIERE doit se replier. Cependant, le 11 au matin, nous sommes maîtres de la situation et l'entrée à DIJON s'effectue sans incident.
L'accueil délirant de la population nous récompense de nos peines ; après 3 jours de combat, la manœuvre pour DIJON est terminée. Celle pour LANGRES commence.
LE PELOTON FELLER DANS LA PRISE DE LANGRES
Les charmes et l'accueil chaleureux de DIJON ne sauront nous retenir longtemps.
Dès le 12 Septembre, nous reprenons la progression sur LANGRES, par l'axe TILCHATEL, PRAUTHEY, LONJEAU.
Le 13 Septembre au matin, nous sommes en vue de LANGRES. Le peloton JORDAN fait partie du groupement chargé de l'action frontale sur la Citadelle. Cette action présente peu d'intérêt pour le peloton de T.D. qui ne sera pas employé.
Par contre, le peloton FELLER est chargé de déborder par l'Ouest et le Nord la résistance de LANGRES. Au passage, il effectue des tirs sur la Citadelle ; l'effet des projectiles est nul sur ces fortifications et il cesse vite le tir.
En arrivant à HUMES (6,5 km Nord-Ouest de LANGRES), il aperçoit, filant vers le Nord, une importante colonne ennemie longue d'environ deux kilomètres et qui essaie d'échapper à l'investissement.
Le peloton, très richement doté en obus explosifs et qui dispose d'un magnifique champ de tir, ouvre le feu sur cet objectif. Il ne s'arrêta qu'après avoir vidé ses soutes.
La route sur laquelle circulait la colonne allemande n'est plus qu'un charnier.
Revanche des Unités Blindées Françaises !!! Ce ne sera pas la seule.
OPÉRATIONS DANS LES VOSGES
La liaison a été effectuée avec la 2e D.B. Toute la ligne de retraite de la Wehrmacht est coupée.
Les Unités de la D.B., par une marche vers l'Est, vont se mettre en place pour l'assaut des VOSGES.
Les mouvements sont lents, car le manque de carburant paralyse les Unités, les étapes se font plus courtes et les réservoirs sonnent creux. Mettant à profit les heures de haltes forcées, les pelotons participent au nettoyage de la région de JUSSEY et réparent le matériel.
Le 19 Septembre, l'Escadron se trouve à AMBLANS dans la région de LURE, prêt pour l'attaque qui par MELISEY - SERVANCE - le Haut du THEM CHATEAULAMBERT doit nous amener au THILLOT.
Le peloton COURTIVRON est chargé d'appuyer la reconnaissance qui parvient à MELISEY, d'où elle ne peut déboucher. Le terrain détrempé est impraticable en dehors des axes soigneusement minés par l'ennemi, qui prend de flanc notre progression grâce à son excellente position dans le bois du Mont de VANNE. COURTIVRON effectuera de nombreux tirs sur les observatoires et les organisations ennemies, mais son action ne le portera pas en avant de MELISEY.
Le peloton JORDAN est prêté à l'Escadron de chars légers du 3e Régiment de Chasseurs d'Afrique qui doit tenter le débordement de la résistance par l'Ouest. Les routes détrempées, le terrain défavorable, empêchent le déroulement normal des opérations.
La progression sur CHATEAU-LAMBERT et le THILLOT s'avère difficile en direction Sud-Nord ; une tentative Ouest-Est va être effectuée par l'Axe CORRAVILLIERS, Col du Mont des FOURCHES, BOIS-LE-PRINCE.
Après une période de lente progression, le front se stabilise à hauteur de BOIS-LEPRINCE. Le peloton COURTIVRON est détaché pour appuyer les éléments en ligne. Son action sera pratiquement sans importance, l'expérience prouvant une fois encore que l'accumulation des moyens sur un seul axe en pays de montagne ne donne guère l'avantage, car seuls les éléments de tête peuvent se déployer et agir efficacement. Pendant toute cette période, les pelotons JORDAN et FELLER se livrent à des tirs d'artillerie, tirs de harcèlement sur les axes routiers hors de portée de l'Artillerie organique de la D.B.
Du 27 Septembre au 10 Octobre, nos Chasseurs se transforment en Artilleurs, déchirant le silence de la nuit de leurs salves rageuses répercutées par les échos des montagnes.
Les tirs sont généralement préparés sur buts auxiliaires et reportés sur les objectifs à battre sous le contrôle de l'avion d'observation.
Ils s'avèrent précis, nous pourrons en citer deux exemples : celui de l'Officier de liaison d'Artillerie qui, se trompant de route, est soumis toute la nuit aux tirs de harcèlement d'un groupe de T.D. ; au retour de sa mission, il confirme la mise en place correcte du tir. L'autre exemple nous sera fourni quelques jours plus tard par les habitants de la LONGENE. Le pont sur la MOSELOTTE, objectif d'un T.D., a été touché au moment où les Allemands amenaient des explosifs pour en effectuer la destruction. Un très beau feu d'artifices a coïncidé avec l'arrivée de l'obus.
Dans cette morne période, il y eut cependant des moments agréables dus à la parfaite compréhension qui n'a cessé d'exister entre les Artilleurs et les Chasseurs.
Un important dépôt de munitions est constitué ; il ne sera pas inutile, car bientôt nous le passerons comme matériel de secteur au 3e Escadron du Régiment qui vient nous relever de notre mission trop sédentaire, tandis que nous nous engouffrons dans la vallée de la MOSELLE où, travaillant de part et d'autre de la rivière, le peloton JORDAN au Sud, le peloton FELLER au Nord, atteignent RAMONCHAMP en fin de soirée du 8 Octobre. La contre attaque ennemie se prononce à la tombée de la nuit. Fortement appuyée par des tirs d'artillerie et de mortiers, et par des auto-moteurs, elle jette un instant de désarroi sur nos troupes en cours d'installation au Nord de la Moselle. Il faut tout le sang-froid d'un groupe de T.D. du peloton FELLER commandé par l'Aspirant CORDONNIER pour rétablir une situation flottante. Le Maréchal-des-Logis ASCIATH, dans le crépuscule de cette soirée, est tiré presque à bout portant dans son T.D. par un auto-moteur qui lui décroche un obus explosif sur sa tourelle, en même temps qu'il encaisse un obus perforant tiré par le T.D.
Résultat : la lunette du canon du T.D. est cassée.
Le M.D.L. ASCIATH est assourdi... Il prétend avoir touché le Boche qui n'a pas flambé, et n'est pas resté sur le terrain. Ca ne compte pas.
Les journées qui vont suivre n'apportent aucune amélioration au sort des T.D., le paysage tourmenté ne s'accorde que très peu avec la trajectoire tendue de leurs obus, aussi du 8 au 16 Octobre, nous recevons stoïquement des tirs de mortiers sans pouvoir y répondre.
Le 16 Octobre, les pelotons JORDAN et FELLER changent de secteur, passent dans la vallée de la MOSELLOTE où ils continueront à recevoir des tirs d'artillerie avec le même calme, et sans l'espoir de rendre les coups.
LE PELOTON DE COURTIVRON DANS LES VOSGES
Nous avons laissé le peloton de COURTIVRON en appui des éléments en ligne, au BOIS-LE-PRINCE le 1er Octobre. Son campement sylvestre pourrait avoir quelques charmes si le paysage n'était absolument noyé dans la pluie ou la brume... Les arbres serrés ne laissent filtrer qu'un jour parcimonieux, et dans le sous-bois très sombre, la nuit tombe vite. Quelques patrouilles de son groupe de protection marquent une activité très réduite.
Mais le 12 Octobre, le peloton est mis à la disposition du Commandant de MAISON-ROUGE (2e Cuirassiers) pour effectuer, une ascension au Col de MORBIEUX, puis redescendre pour constituer un point d'appui à TRAVEXIN.
Utilisant des chemins forestiers, le peloton arrive non sans peine à destination... Deux T.D. sont à TRAVEXIN mais derrière eux le chemin est éboulé, le deuxième groupe ne peut le suivre et domine la situation. Ces deux groupes sont très mal lotis ; celui de la montagne recommence un campement dans la forêt, agrémenté par les arrivées d'obus de tous calibres. Celui de TRAVEXIN a retrouvé un cantonnement sec, mais le moindre mouvement est impitoyablement sanctionné par des rafales d'artillerie.
Le 16 Octobre, un canon anti-chars vient imprudemment s'installer devant TRAVEXIN. Il ouvre le feu, touche un char du 2e Cuirassiers, mais le T.D. Amiens (Chef de char M.D.L. DESHAIS) riposte magistralement et détruit le canon ennemi.
Le séjour continue sous les arbres, agrémenté par une pluie torrentielle qui emporte le sentier de montagne déjà fortement malmené par nos engins.
Les travaux de terrassement occupent une partie des longs jours et l'acrobatie reprend lorsque, relevés par le 4e Escadron du Régiment, nous nous regroupons pour gagner des cantonnements de repos.
PERIODE DE REPOS
En effet, le 22 Octobre, après 67 jours de combat, l'Escadron va goûter les délices d'un repos bien gagné.
Les pertes subies par l'Escadron au cours de cette longue période sont minimes : 2 tués, 8 blessés, celles qu'il a infligées à l'ennemi sont considérables.
Les gradés et chasseurs sont pleins de confiance en eux-mêmes et dans leur matériel.
Ils savent qu'ils devront effectuer encore de durs efforts, mais que la victoire leur appartient.
Aussi, dans le petit village de la Haute-Saône qui est choisi comme stationnement, ils travaillent avec cœur à la remise en état de leur matériel. Les bruits les plus divers ne cessent de circuler, il est question d'un grand déplacement vers les poches de l'Atlantique, les plans d'embarquement sont faits lorsque le 16 Novembre parvient un ordre d'opérations qui nous entraîne vers de nouvelles destinées.
CAMPAGNE D'ALSACE
De nuit, l'Escadron fait mouvement vers VESOUL, pique sur BESANCON, se redresse sur BAUMES-LES-DAMES et vient stationner dans la région de VERCEL, où il se tient prêt à exploiter la brèche ouverte dans les défenses allemandes le long de la frontière suisse.
Tous suivent avec passion la partie engagée, et le 19 Novembre au soir, lorsque l'ordre de mouvement arrive, tous pensent aux futurs combats qui les amèneront en vainqueurs sur la terre d'ALSACE.
C'est encore une étape de nuit, 100 kilomètres sur les petits chemins tortueux, au relief accusé, qui nous amène à 2 heures, le 20 Novembre, à BEAUCOURT où nous sommes à pied d'œuvre pour une action imminente qui ne se fera pas attendre. A 4 heures, le peloton JORDAN, appuyant la reconnaissance du C.C. 1, s'engage dans l'étroit couloir ménagé le long de la frontière suisse et, par DELLE, SEPPOIS, atteint l'ALSACE et occupe WALDIGHOFFEN.
Quelques heures après, tout l'Escadron foule la terre d'ALSACE. L'émotion est intense, faite de mélange de respect pour ce pays si particulièrement cher à nos cœurs de Français, et de joie orgueilleuse après notre chevauchée victorieuse.
Les pelotons de T.D. sont découplés dans les groupements tactiques.
Le peloton JORDAN rentre dans la composition du groupement VALIN.
Le peloton FELLER va au groupement DUROSOY.
Le peloton de COURTIVRON au groupement LETANG.
Ces groupements reçoivent la mission de s'emparer par une manœuvre combinée de la ville d'ALTKIRCH.
MANOEUVRE POUR LA PRISE D'ALTKIRCH
Tandis que le peloton COURTIVRON déborde largement vers le Nord et vient atteindre L'ILL à ILLFURTH, où il aide l'Infanterie à s'installer, le peloton JORDAN contourne ALTKIRCH par le Sud et par HIRSINGUE, utilisant un chemin forestier que l'ennemi n'a pas songé à garder, il prend à revers toutes les défenses d'ALTKIRCH orientées vers l'Est où le peloton FELLER fait sentir son action. D'autre part, une forte colonne ennemie, comprenant des autos-mitrailleuses, des pièces d'artillerie, des éléments à pied qui cherchent à se replier sur DANNEMARIE, est découverte. Le peloton JORDAN vide ses soutes sur cette colonne, rééditant avec le même succès le coup heureux du peloton FELLER devant LANGRES.
Pendant ce temps, le peloton FELLER est aux prises avec un char "Panther" qui, livrant un combat retardateur, vient de toucher une auto-mitrailleuse et d'incendier deux chars. Remarquablement posté, il est difficile à repérer, seul un rayon de soleil sur sa tourelle plate nous permet de le découvrir.
La manœuvre pour le détruire s'avère difficile, car le terrain détrempé nous empêche de quitter la route surveillée et battue par cet ennemi de qualité. Cependant, une position de tir acceptable est trouvée sur la route même. Gêné par des tirs d'artillerie amie, le T.D. ouvre le feu sans autre résultat que de s'attirer une réponse immédiate qui démolit, les branches au-dessus de lui.
Il faut cependant en finir... avec des précautions infinies, une douceur inattendue, le T.D. Nancy (Chef de Char M.D.L. CUIN) vient reprendre position et, au signal précis, ouvre rapidement le feu.
Cette fois-ci, le char boche ne riposte plus ; doublant nos chars qui flambent encore, le T.D. s'approche plus près de son ennemi et achève le char qui, à présent, est entouré de flammes et secoué d'explosions internes.
Cette journée du 21 Novembre est particulièrement glorieuse pour l'Escadron qui a anéanti une colonne allemande et détruit un char lourd allemand sans subir la moindre perte.
Stoppé sur ordre à ALTKIRCH, l'Escadron y restera jusqu'au 25 Novembre, participant à une opération limitée en vue d'aider la progression de la 5e D.B.
Le couloir de DELLE a été coupé par une contre-attaque allemande, le M.D.L. PROU retardé par suite d'une panne de son T.D. a dû se frayer un passage à travers les résistances ennemies pour pouvoir rejoindre l'Escadron. Mais tout rentre dans l'ordre.
Le 26 Novembre, l'Escadron fait son entrée à MULHOUSE et, tandis que les pelotons FELLER et COURTIVRON tiennent des points d'appuis à MORSCHWILLER et à l'Est de MULHOUSE, le peloton JORDAN repart le 27 en direction du Pont d'ASPACH pour couper la route de retraite à l'ennemi et refermer la nasse. L'opération est terminée le 29 et tout l'Escadron se retrouve à MULHOUSE, où il participe à la défense de la ville.
Le 3 Décembre, les pelotons JORDAN et FELLER sont mis à la disposition du C.C.2, tandis que le peloton COURTIVRON est prêté à la 4e D.M.M. Il restera détaché auprès de cette Division jusqu'au 22 Décembre, se livrant méthodiquement et sur ordre à la destruction des cheminées qui, sur l'autre rive de la DOLLER, peuvent servir d'observatoires à l'ennemi.
Ce passe-temps peu discret est parfois suivi d'une verte riposte, mais en général tout se passe bien.
Les pelotons détachés auprès du C.C. 2 étudient des contre-attaques éventuelles sur les débouchés de la forêt de la HARDT. Le 14 Décembre, ils sont de retour au C.C. 1 où ils continuent leurs missions à RIXHEIM et RIEDISHEIM.
Le 22 Décembre, le C.C. 1 passe en réserve de Corps d'Armée et, regroupé dans la région Est et Nord-Est d'ALTKIRCH, doit se tenir prêt à effectuer diverses contre-attaques en cas de retour offensif de l'ennemi. Les délais très courts qui lui sont fixés imposent le maintien des groupements tactiques. Cette mesure présente l'inconvénient de dissocier l'Escadron, de rendre difficiles les opérations de dépannage et d'entretien et illusoires les réparations. Cette mesure s'est avérée néfaste pour le matériel qui n'a pas pu recevoir les soins indispensables.
Pendant cette période, quelques remaniements dans l'encadrement de l'Escadron.
L'Adjudant-Chef MOLIERE, nommé Sous-Lieutenant, quitte l'Escadron, il est remplacé au Commandement du P.H.R. par l'Adjudant HOFFMANN qui vient d'être nommé à ce grade.
Le peloton JORDAN reçoit comme Adjoint le Sous-Lieutenant BAYLE qui, évadé par l'Espagne et s'ennuyant dans un dépôt, a réussi à se faire détacher comme "stagiaire" dans une Unité combattante.
L'Aspirant GELT, sorti tout neuf de CHERCHELL, est placé en doublure du Sous-Lieutenant de COURTIVRON.
Le peloton FELLER est sans changement.
Le rude hiver alsacien fait sentir ses attaques, neige et gel nous obligent à nous défendre et à protéger notre matériel contre les atteintes du froid.
De plus, l'ordre de nous retrancher dans nos cantonnements est arrivé : fils de fers barbelés, pose de mines, préparation de destructions sont en bonne voie. Mais le 20 Janvier 1945, une préparation d'artillerie de trente minutes donne le signal d'une nouvelle période offensive, celle qui aboutira à la libération totale du sol de France.
La bataille pour la réduction de la poche de COLMAR est donc engagée.
L'ennemi n'a pas abandonné l'espoir de se cramponner en ALSACE. Ses attaques incessantes menacent STRASBOURG. Accroché aux VOSGES, il semble vouloir continuer sur ces positions une lutte épuisante.
Par une attaque de tous les éléments, le Général cdt l'Armée Française veut en finir avec l'ennemi. C'est le secteur Sud qui commencera l'attaque.
Le C.C. 1 est mis à la disposition de la 9e Division d'Infanterie Coloniale qui, débouchant de MULHOUSE, attaque en direction d'ENSISHEIM ; sa limite droite (Est) borde l'ILL, sa gauche passe par la lisière Est de la forêt de Nonnenbruch.
La base de départ est la DOLLER qu'il faut franchir de vive force pour prendre pied dans la banlieue ouvrière de MULHOUSE.
L'opération se déclenche le 20 Janvier au matin ; la surprise est complète. La DOLLER est franchie, le Génie travaille pour assurer la construction de ponts ; LUTTERBACH - BOURTZWILLER - ILLZACH tombent entre nos mains. Le C.C. 1 passe sur la rive Nord de la DOLLER, le peloton JORDAN avec le groupement DUROSOY s'établit à BOURTZWILLER. Le 22 Janvier, au cours d'une reconnaissance, le Sous-Lieutenant BAYLE est tué par un tireur isolé, le peloton perd en lui un chef de valeur.
Le peloton de COURTIVRON avec le groupement DORE (2e Cuirassiers) est poussé sur ILLZACH.
Le peloton FELLER, avec le groupement VALIN, est le 23 au soir à RICHWILLER.
COMBATS DE MEYERSHOF (23/24 Janvier 1945)
Dans l'après-midi du 23 Janvier, une Compagnie d'Infanterie, un peloton de chars, un peloton de T.D. reçoivent l'ordre de s'emparer de MEYERSHOF : usine et dépôt de munitions importants situés à 1 500 mètres Nord de RICHWILLER.
C'est le peloton JORDAN qui participe à cette action qui, déclenchée vers 15 heures, donne des résultats partiels, car la nuit tombe avant que le nettoyage de cette agglomération puisse être achevé.
La Compagnie d'Infanterie étroitement au contact s'installe défensivement pour la nuit. Les pelotons de T.D. et de chars reçoivent l'ordre de se maintenir dans le point d'appui, car la situation est loin d'être claire ; au cours de la nuit du 23 au 24, une patrouille capture un prisonnier et annonce, pour les premières heures de la matinée, une violente contre-attaque avec l'appui de chars sur le point d'appui de MEYERSHOF et sur la cité RICHWILLER, et la contre-attaque prévue se déclenche simultanément sur les deux points.
Celle qui a pour objectif MEYERSHOF est appuyée par 3 Jagdpanthers, de nombreuses A.M. et une Infanterie portée sur engins tous terrains accompagne les chars.
Le T.D. du M.D.L. RUIZ va se trouver seul pour recevoir cette avalanche, il appelle à l'aide ; le Lieutenant JORDAN prend place à bord du "Mulhouse" et se porte au-devant de l'ennemi. Son T.D. pris à partie est touché dans sa soute à munitions, il saute et tout l'équipage, sauf le conducteur est tué à son poste.
Mais de RICHWILLER, le peloton FELLER a vu la menace, il se livre à un tir précis sur les engins ennemis. Ce tir trop lointain ne peut arriver à perforer l'énorme carapace des chars ennemis, mais il agace considérablement ces monstrueux engins qui, pour faire face à cette menace, changent leur direction de marche et se présentent de flanc devant le T.D. "Strasbourg" arrivé à la rescousse. Ouvrant le feu à moins de 150 mètres, il surprend et décime l'ennemi qui se retire en abandonnant sur le terrain son matériel en flammes. Le point d'appui de MEYERSHOF est sauvé. Au cours des opérations de nettoyage, le Commandant allemand qui dirigeait la contre-attaque est fait prisonnier ; au cours de l'interrogatoire, il donne comme raison de son échec le tir meurtrier et précis de nos armes anti-chars.
Avec le Lieutenant JORDAN disparaît une des figures les plus marquantes de l'Escadron, auquel depuis 1942 il avait donné le meilleur de lui-même. Après avoir vaillamment combattu pendant les opérations de 39/40, il s'était à nouveau couvert de gloire pendant les opérations qui aboutirent à la prise de BEAUNE, de DIJON et d'ALTKIRCH. Son dernier combat est encore une victoire qui couronne un acte splendide de camaraderie de combat.
Son peloton, très éprouvé par la perte de son Chef, est immédiatement pris en main par l'Adjudant-Chef BRILLAULT, il termine le combat sous ses ordres et tient le point d'appui jusqu'à l'arrivée de l'ordre de relève.
COMBATS POUR CITE ANNA (25 Janvier 1945)
Le répit sera de brève durée, car le 24 Janvier à 23 heures, l'Escadron reçoit l'ordre d'appuyer avec deux pelotons l'action du 23e R.I.C. sur Cité ANNA, Cité FERNAND, Puits ANNA.
Le début de l'attaque a lieu à 6 heures, dans une tempête de neige et sur un terrain miné où les reconnaissances d'objectifs n'ont pu être effectuées à cause de l'obscurité.
Les chars et T.D. ne peuvent déboucher qu'au jour, leur apparition déchaîne un déluge de feu. Le tir d'artillerie se poursuit impitoyablement toute la journée causant des graves avaries au matériel et faisant de nombreux blessés. Le Sous-Lieutenant de COURTIVRON est atteint dès le début de l'opération, le commandement du peloton est assuré par l'Aspirant GELI. En fin de soirée, nous avons cependant pris l'ascendant sur l'ennemi, Cité ANNA est entre nos mains, mais l'ennemi tout proche continue à tenir ferme.
Après cette journée bien remplie, les pelotons GELI et BRILLAULT sont relevés et viennent se reconstituer à PFASTATT.
Le peloton FELLER, poussé sur Cité AMELIE II, est contre-attaqué mais réussit à maintenir les positions acquises.
REMANIEMENT DE L'ESCADRON
Par suite des pertes en personnel et des indisponibilités du matériel maltraité par les tirs d'artillerie, il n'est plus possible de mettre en ligne 3 pelotons.
Les dispositions suivantes sont prises :
- l'Aspirant GELI et l'Adjudant-Chef BRILLAULT passent en réserve de commandement.
- l'Aspirant CORDONNIER prend le commandement d'un peloton constitué par le personnel et le matériel des anciens pelotons JORDAN et COURTIVRON.
Le Sous-Lieutenant FELLER conserve le commandement de son peloton.
Le personnel et le matériel en excédent est groupé à MULHOUSE sous les ordres de l'Adjudant HOFFMANN et servira de réserve.
Sous cette forme, l'Escadron va aborder une nouvelle période d'opérations.
OPÉRATIONS du 27 Janvier au 8 Février
Dans le cadre des opérations de la 9e D.I.C., le peloton CORDONNIER attaque Cité KUHLMANN le 27 Janvier ; dure journée car l'ennemi se cramponne dans toutes les Usines et les Cités ouvrières.
Le 30 Janvier, nouveau départ sur l'axe : Cité ANNA - SCHOENENSTEINBACH - PULVERSHEIM, puis ENSISHEIM
Le peloton FELLER arrive en fin de soirée au Château de HOHROENDECHUBEL et s'y installe en point d'appui. Il tiendra ce point d'appui jusqu'au 2 Février au soir.
Le 3 Février, l'attaque du C.C. 1 se déclenche en partant de Cité SAINTE-BARBE en vue de mettre la main sur Cité SAINTE-THERESE et le passage de l'ILL à ENSISHEIM.
La Cité SAINTE-THERESE est occupée après un combat de nuit. Jusqu'au 5 Février, le peloton CORDONNIER fournira des feux sur ENSISHEIM qui, attaqué dans la nuit du 5 au 6, tombe entre nos mains. Les moyens de franchissement de l'ILL en crue sont longs à mettre en place, ce retard ralentit la poursuite, les destructions des passages sur le Canal du RHONE au RHIN y ajoutent leurs difficultés.
Le 9 Février, la campagne d'ALSACE est terminée, l'ennemi est chassé de FRANCE. Une première partie de l'épopée prend fin.
Le bilan des pertes est lourd pour l'Unité :
- 2 Officiers et 9 Chasseurs ont trouvé la mort sur cette terre doublement chérie.
- 18 blessés (dont 1 Officier) sont dans les hôpitaux, beaucoup reprendront leur place à l'Escadron avant le rush final.
- 1 T.D. a été détruit au combat, un autre a dû être évacué vers l'arrière.
Le matériel se ressent des efforts accomplis dans des conditions difficiles.
Mais les pertes infligées à l'ennemi, tant à ALTKIRCH qu'à MEYERSHOF, nous consolent de nos peines.
Une période de repos va s'ouvrir, nous en profiterons pour remettre de l'ordre dans tous les domaines.
PERIODE DE REPOS EN ALSACE
Du 11 Février au 18 Avril, l'Escadron est au repos en ALSACE, il cantonne successivement à FELDBACH, HIRSINGUE, puis EBERSHEIM.
Les pelotons remaniés sont commandés respectivement :
- le premier peloton par le Lt BOURGEOT, auquel est adjoint l'Aspirant CAZALIS,
- le deuxième peloton par l'Aspirant GELI,
- le troisième peloton par le S/Lieutenant CORDONNIER.
Seul le premier peloton est à quatre T.D., les deux autres sont, par suite d'indisponibilités du matériel, réduits à trois appareils.
Les tirs sur les casemates de la ligne Siegfried, en bordure du RHIN, maintiennent l'esprit guerrier que l'accueil charmant de la population alsacienne risquerait d'émousser.
Déjà, des éléments de la Division sont lancés dans la bagarre en ALLEMAGNE. Le Régiment a déjà deux Escadrons engagés avec les C.C.2 et C.C.3 ; nous sommes impatients de traverser le RHIN et de marquer sur les routes allemandes l'empreinte de nos chars.
OPERATIONS EN ALLEMAGNE
PASSAGE DU RHIN
Le 18 Avril, l'ordre tant attendu est arrivé.
Partant d'EBERSHEIM (10 km N. de SELESTAT), tout l'Escadron traverse STRASBOURG ensommeillé et, par HAGUENAU, gagne ROPPENHEIM (5 km Sud de SELTZ) où s'effectue la traversée du RHIN.
Le pont de bateaux est de faible débit, notre impatience est grande, il en résulte un embouteillage qu'une aviation allemande eût pu transformer en catastrophe.
Mais tout se passe bien et, à peine de l'autre côté du RHIN, les pelotons de T.D. éclatent dans les trois groupements
- le peloton BOURGEOT avec le groupement VALIN
- le peloton GELI avec le groupement DUROSOY
- le peloton CORDONNIER avec le groupement DORE
partageront leur sort pendant toutes les opérations.
Sans s'épuiser dans des luttes fatigantes, le C.C. 1 a la chance d'entreprendre d'entrée l'exploitation.
FRANCHISSEMENT DU NECKAR
Dès le 19 Avril, le peloton BOURGEOT intervient par ses tirs et permet au groupement VALIN de prendre pied sur l'autre rive du NECKAR, à HORB.
Il ouvre ainsi la brèche par où s'engouffre le C.C. 1 tandis que le peloton GELI manœuvre pour mettre la main sur les passages du NECKAR à DETTINGEN.
LE DANUBE
La progression continue malgré les obstacles opposés par l'ennemi, car rien ne peut arrêter l'élan de nos troupes déchaînées.
Progressant de jour et de nuit, le peloton BOURGEOT, avec le groupement VALIN, atteint le DANUBE à MULHEIM le 21 Avril à 11 heures et établit une solide tête de pont.
Le lendemain à 11 heures, le même peloton entrait à SIGMARINGEN.
LA MARCHE SUR ULM
Le nom seul de ULM suffit à donner à la marche des divers éléments lancés dans la poursuite une allure d'épopée.
C'est le peloton CORDONNIER qui, avec le groupement DORE, aura l'honneur de représenter l'Escadron dans ce fait d'armes auquel il apporte sa part personnelle en
surprenant le 23, vers 10 heures, dans la région d'UNLINGEN, une forte colonne ennemie dont il incendiait les chars et un canon de 88 et décimait le personnel.
A 20h30 ce même jour, il atteignait les premières maisons de ULM.
Dans cette avance rapide, nous nous sommes enfoncés en pays ennemi, laissant derrière nous un village vite refermé, car nos Unités blindées ne sont pas suivies d'assez près par des Unités d'infanterie. Cela vaut à nos ravitailleurs des heures pénibles.
En effet, l'Escadron est parti avec un lourd handicap ; les camions qui lui ont été prêtés depuis l'embarquement lui ont été retirés la veille du départ pour l'ALLEMAGNE, il ne lui reste pour assurer son ravitaillement en carburant qu'un camion capable de transporter tout au plus le carburant nécessaire pour permettre un déplacement de 80 km. Mais le rythme de la poursuite est tellement ardent que les étapes moyennes sont de l'ordre de 100 km.
Les véhicules pris à l'ennemi nous assurent le tonnage nécessaire, mais ce carburant, il faut aller le chercher très loin, traverser une zone où l'ennemi s'est refermé, et chaque convoi de ravitaillement court le risque d'être intercepté.
Tenant les passages sur le DANUBE, il faut nettoyer la région comprise entre le Fleuve au Nord et la route UNLINGEN - SAUGGART - UNTERSTADEIM - ROTTENACKER.
Le 26 Avril, les opérations de nettoyage permettent au peloton BOURGEOT de capturer un groupe d'artillerie hippomobile qui se rend au complet le 26 Avril, tandis que le groupe de commandement fait deux cents prisonniers.
MARCHE VERS L'AUTRICHE
Le 27 Avril, la nouvelle direction d'efforts est assignée au C.C. 1 qui, vers le Sud en direction de WALDSEE - ISNY - IMMENSTADT. ISNY est occupé le 28.
OBERSTAUFEN - IMMENSTADT et AACH le 30.
La frontière autrichienne est atteinte.
Des opérations de nettoyage se poursuivent sans arrêt jusqu'au 2 Mai, date à laquelle le C.C. 1 est relevé de sa mission et se regroupe dans la région de OBERSTADEIM.
CONCLUSION
L'épopée commencée au Golfe de la NARTELLE prend fin aux contreforts du TYROL. La FRANCE est libérée, l'ALSACE retrouvée. Un élan vainqueur nous a conduit sur le NECKAR et le DANUBE.
ULM a vu reparaître des Régiments français.
La défaite de 1940 est vengée.
La victoire n'a pas été acquise sans lutte ; de durs combats ont dû être livrés et le courage et l'abnégation de tous ont été nécessaires. Beaucoup d'entre nous sont tombés en route ; par leur sacrifice total, ils ont soutenu nos cœurs jusqu'à la victoire finale. Rendons-leur l'hommage dû à leur courage.
 

3e ESCADRON DU 9e REGIMENT DE CHASSEURS D'AFRIQUE

Généralités
Le 3/9 R.C.A., après avoir participé brillamment à la campagne de Tunisie, regagne MASCARA au début de Mars 1943. Il est aussitôt recomplété en personnel et perçoit matériel, équipements, armement américains. Le Régiment fait partie de la 1ère Division Blindée et va parfaire son instruction et son entraînement au camp américain de SEBDOU, T.D. Training Center of the Vth Army. Le Général JUIN, au cours d'une inspection, laisse entrevoir pour la 1ère D.B. une participation active aux opérations d'Italie. Cadres et troupe sont "gonflés à bloc".
L'attente
Les jours, les semaines, les mois passent, rien ne survient pour confirmer la promesse du Commandant en Chef. L'Armée B, sous les ordres du Général de LATTRE de TASSIGNY, est créée, les opérations d'Italie se déroulent sans nous. L'instruction et l'entraînement sont poussés à fond ; le débarquement du 6 Juin 1944 nous surprend en pleine manœuvre, la nouvelle nous arrache des larmes de joie. Tous espèrent une intervention prochaine sur le sol de FRANCE, aux côtés de nos alliés.
Les "Stagins Aréas" (Juin 1944 - 7 Août 1944)
Toute la Division va s'entasser à ASSI-BEN-OKBA, près d'ORAN. Le séjour aux Aréas, qui ressemblent à s'y méprendre à un camp de travaux forcés, eau rare, puces légion, va durer plus de deux mois. Le moral est très mauvais, le désespoir gagne les mieux trempés. Début Août, le Général du VIGIER nous annonce la fin de notre inhumain séjour. Les CC 1 et 2, l'E.M. de la 1ère D.B. reçoivent l'ordre préparatoire à l'embarquement.
Les véhicules sont waterproofés, les T.D. prennent l'aspect de monstres préhistoriques, la joie est intense.
L'embarquement.
Le 7 Août, nous disons adieu, sans le moindre regret, à ces Aréas maudites et nous embarquons. Le P.C. et le 1er Peloton sont à bord du "CROSSY NOYES", le 2e
Peloton sur le "JAMES PARKER", le 3e Peloton sur le "KINGS WOOSLEY". Nous reprenons contact avec la vie civilisée, douches bienfaisantes, consommations et nourritures de choix, cigarettes, bonbons à profusion, une vie de coq en pâte.
Le 11 Août, l'immense convoi s'élance vers le large, salué par les hourras des parents et amis qui accompagnent de leurs vœux l'Armée de la libération.
La traversée est particulièrement calme. La mer est d'huile.
Le 14 Août, les côtes de CORSE sont en vue et le 15 au matin, la terre de FRANCE s'offre à nos yeux ravis. Minute inoubliable qui efface toutes les peines, toutes les angoisses, la voie est droite ; chasser l'Allemand exécré du sol de la Mère Patrie.
La Campagne de France
Le CC 1 débarque rapidement de ses LST ; il est aussitôt en pleine mêlée victorieuse. Le CC 2, auquel l'Escadron appartient, débarque trop lentement à notre gré. Ses véhicules chargés sur des Liberty Ship nécessitent des manœuvres nombreuses et habiles. Le 22 Août, l'Escadron est rassemblé après avoir salué les bateaux familiers, il s'ébranle dans le grondement de ses puissants moteurs.
a) en Provence
Une marche triomphale nous conduit à AVIGNON par GARDANNE et SALON. La population est délirante. L'ennemi n'engage pas ses chars, les T.D. reçoivent des missions de sécurité.
Le 26 Août, l'Escadron assiste à l'arrivée du Général de LATTRE à AVIGNON ; il est accompagné de notre Chef, le Général du VIGIER.
Le 27 Août, le franchissement du Rhône est entrepris, cette opération délicate va durer 48 heures. De nombreuses difficultés sont surmontées à force d'ingéniosité, de patience et de bonne humeur.
b) La remontée du couloir Saône-Rhône
Après une pointe rapide sur ALES, l'Escadron se porte rapidement dans la région lyonnaise, il traverse PREVENCHERES, PLANFOY, SAINT-ETIENNE sans rencontrer d'ennemis. L'accueil reçu de nos compatriotes est inoubliable.
c) La libération de VILLEFRANCHE
Dans la nuit du 2 au 3 Septembre, le Capitaine GIRAUD reçoit la mission de s'emparer du pont de VILLEFRANCHE-sur-SAONE. Il dispose :
- de son P.C.
- du Peloton A.M. SAUVEBOEUF 2e RSAR
- du Peloton TD JURION 9e RCA
- d'une section de Génie
Le détachement fait irruption dans la ville et met la main sur le pont. L'ennemi est abasourdi. Cependant, il regroupe ses forces au Lycée et une lutte impitoyable s'engage. Un T.D. est incendié. Surestimant nos forces, l'ennemi capitule dans l'après-midi. Une colonne de secours est bloquée au Sud de la ville, son chef se voyant coupé de ses arrières se rend après de nombreux atermoiements.
Le bilan est le suivant :
ENNEMI : 1 Colonel, soixante officiers, trois mille hommes prisonniers
1 douzaine de canons, une trentaine de véhicules capturés
AMI : 4 morts, 5 blessés
1 T.D. incendié
Le même jour, le Peloton LEGER qui participait à une action similaire sur le pont ANSE - ST-BRIGNAND a eu deux T.D. détruits par 88 P. A. K.
d) Capture d'un train blindé à SAINT-BERAIN
L'Escadron quitte VILLEFRANCHE le 4, il gagne CLUNY, CHAGNY BULLY où le 3e Peloton donne vainement la chasse à un char Tiger.
Le 7 Septembre, le 3e Peloton est en flanc garde à SAINT-BERAIN ; il aperçoit sur la voie ferrée un train blindé. (T.D. BOURGOGNE, T.D. BRETAGNE)
"Le feu est aussitôt ouvert sur la locomotive, vite endommagée, et sur les tourelles de 105 Les occupants se ressaisissent rapidement et attaquent le village en force à dix contre un. Heureusement, le 1er Peloton arrive en renfort, et l'ennemi se replie en désordre. Cinq trains de marchandises, chargés de denrées pillées par l'ennemi, viennent se faire capturer dans la soirée.
BILAN ENNEMI : un train blindé
cinq trains de marchandises capturés
AMI : un mort (Chef de char du T.D. ARDENNES)
e) La course aux Vosges
La marche libératrice se poursuit par COHREAUX, FOUCHANGE.
Le 13 Septembre, l'Escadron défile à DIJON, libéré par le C.C. 1. Le 15, il est à POINCON où, en collaboration avec une Compagnie de Zouaves portés du 1er Zouaves, il capture un Général et trois cents Allemands.
Le Capitaine GIRAUD reçoit la croix à DIJON, honneur partagé par tout l'Escadron. Le 15 Septembre, il cantonne à COMBEAUFONTAINE. L'essence et le fuel n'arrivent plus, les unités se déplacent trop vite. Le manque de carburant va permettre à l'ennemi de se rameuter, de s'installer dans les Vosges. Il sera aidé par des pluies abondantes qui condamneront les blindés à se déplacer sur les routes, leur interdisant toute manœuvre.
f) Campagne des Vosges (20 Septembre - 25 Octobre)
L'Escadron va participer à une série d'actions peu spectaculaires au cours desquelles l'ennemi résistera avec opiniâtreté.
g) Combats de la Région de Lure (20 Septembre - 30 Septembre)
L'Escadron détache, un petit élément à la VERRERIE pour y appuyer les portes. L'ennemi résiste farouchement et son artillerie effectue de nombreux harcèlements. La pluie persiste, la boue fait chaque jour des progrès marqués.
L'Escadron est regroupé le 25 à la VERRERIE dans le but de parer à une contre-attaque blindée qui viserait à dégager MAGNY D'ANIGON et CLAIREGOUTTE.
Le 27, l'Escadron demeure en soutien des forces qui attaquent le magnifique observatoire constitué par la Chapelle de RONCHAMP. Les blindés ennemis ne réagissent pas dans le secteur, ils sont occupés plus au Sud.
Le 28, l'Escadron gagne la NEUVELLE, ce village, dégagé par nos progrès dans les bois de MT-VANES, devient cantonnement de repos lorsque le 3e Peloton quitte ses positions de MONNIERE.
h) Période de repos (1 au 8 Octobre)
Le personnel prend un repos bien gagné. Les cheveux sont coupés, les effets nettoyés. Le Colonel de LABARTHE rend visite à l'Escadron et admire les trophées conquis à VILLEFRANCHE et à SAINT-BERAIN.
Activement, on poursuit la remise en état du matériel littéralement enrobé d'une boue tenace. Le moral est excellent.
i) Château-Lambert (9 Octobre - 21 Octobre)
Le 9 Octobre, à 6 heures, l'Escadron se porte au Col du Mt de FOURCHE. La route recouverte de boue est très glissante. Arrivé au point de destination, l'Escadron s'installe sur des positions d'où il effectuera des tirs indirects. Tous pestent contre ce travail d'artilleurs.
Le 11 Octobre, le 2e Peloton est poussé sur la route de CHATEAU-LAMBERT pour prendre à partie des automoteurs qui gênent notre infanterie. Le terrain condamne ce Peloton à combattre à pied. Impossibilité pour les véhicules de quitter les routes, vues insuffisantes.
Les autres groupes de protection viennent renforcer le Peloton. L'ennemi exécute sans répit des tirs de minens. Du 19 au 20 Octobre, le 2e Peloton aura deux tués, cinq blessés.
Le 20, le 1er Peloton relève le 2e Peloton qui gagne LA ROCHE où il s'installe en position de tir indirect avec le 3e Peloton qui bataille pendant trente six heures pour arracher son matériel à la boue. Le TD "BERRY" ne pourra rejoindre, car un de ses embrayages lâche dans la lutte contre la boue.
j) Vallée de la Moselle (22 Octobre - 28 Octobre)
Le 3e Peloton va s'établir en anti-char dans le village de l'Etraye ; il y subit de nombreux tirs de minens et de gros mortiers. Il appuie de ses feux une attaque amie, visant à donner de l'air au village.
Les groupes de protection des 2e et 3e Pelotons relèvent un peloton du 4/9 à RAMONCHAMP. Ils connaissent également de nombreux tirs de minens.
Cette situation prend fin le 25 Octobre ; l'Escadron est relevé par l'Escadron FRAPPA du 8e R.C.A.
k) Cantonnement de repos
L'Escadron séjourne successivement à FRANOULD, DOMMARTIN, où il demeure alertable sur préavis de quelques heures. Il descend au repos avec le C.C. 2 dans la région de VESOUL ; il cantonne à VEZET, COMBERJON, PUSEY où a lieu la prise d'armes du 11 Novembre. Le Colonel de LABARTHE, commandant le 9e R.C.A., remet plusieurs décorations. A l'issue de la prise d'armes et du défilé, un vin d'honneur est offert par la Municipalité aux Officiers présents. Le 12 Novembre, l'Escadron reprend sa place au C.C. 2 ; il rejoint VEZET, l'ordre de se tenir en état d'alerte le touche dans la nuit et, le 14, il part pour LANDRESSE, la neige tombe à gros flocons. Il demeure alerté jusqu'au 17 et il se porte sur HERIMONCOURT où il s'installe en halte gardée.
l) La marche sur Mulhouse et le Rhin (18 Novembre - 12 Décembre)
L'attaque lancée par la 1ère Armée a complètement surpris l'ennemi, les blindés vont foncer à toute vitesse sur les routes du SUNDGAU et porter nos couleurs sur le Rhin.
L'Escadron va encore être écartelé dans plusieurs groupements blindés formés par le C.C. 2.
Le 18, à BEAUCOURT, les 1er et 2e Pelotons effectuent des tirs indirects sur les axes utilisés par l'ennemi. Le 2e Peloton participe à la prise de GRANDVILLARS sur le Canal du Rhône au Rhin. L'armée est soulevée d'enthousiasme au grand détriment de la circulation. Tous les véhicules semblent s'être donnés rendez-vous sur le Rhin, aucune règle n'est respectée, il en résulte des embouteillages effroyables.
Si l'ennemi disposait de quelques bombardiers, il en résulterait une catastrophe sans précédent.
Péniblement, l'Escadron se regroupe à GRANDVILLARS pour éclater aussitôt. Des chars et des automoteurs ennemis sont signalés, les T.D. vont avoir du travail. La marche en avant reprend sur WALDIGHOFFEN, DURMENACH, ROPPENTZWILLER.
Le 23 Novembre, le 3e Peloton est à la disposition des postes à l'lle Napoléon, les autres éléments de l'Escadron sont à BRUEBACH.
Le 24, l'Ile de France du 2e Peloton détruit un char ennemi auquel il met le feu.
Les pelotons vont de point d'appui en point d'appui, partout où la menace blindée se manifeste. En forêt de la Hardt, les éclats d'obus nous mettent quelques chasseurs hors de combat.
Fin Novembre, la résistance ennemie se raidit, il n'a pas réussi à couper la D.B.de ses arrières, il veut néanmoins la stopper, il lance constamment des contre-attaques menées par une Infanterie animée d'un mordant exceptionnel, soutenue par des blindés agressifs et puissants.
Le 1er Décembre, un groupe du 1er Peloton est à GRÜNHUTTE en forêt de la Hardt, le 2e groupe est en position au Nord du Pont du Bouc, le 3e Peloton est à RIEDISHEIM.
Des heures angoissantes se préparent.
a) GRÜNHUTTE
Les éléments d'infanterie sont insuffisants, les blindés occupent le terrain avec tout ce que cela peut comporter d'aléas.
Dans la journée du 2, le point d'appui de GRÜNHUTTE est encerclé par des troupes nombreuses et actives. Les tentatives menées pour rompre l'étreinte demeurent toutes infructueuses.
Un peu avant la nuit, l'artillerie amie déclenche un tir massue tout autour du point d'appui. Dès la fin du tir, le détachement s'élance pour regagner la ligne amie. Les axes sont tenus par l'ennemi, il faut se frayer un chemin dans les sapins avec les chars et les T.D. Les jeeps bientôt doivent être mises hors d'usage après avoir brisé les postes radios. Derrière les chars, les arbres se redressent et forment une barrière impraticable aux véhicules à roues. L'ennemi harcèle le détachement de toutes parts. Une volonté farouche anime les gars des blindés. Un des T.D. du Peloton, l'ARDENNES, qui a ses réservoirs crevés, doit être remorqué. Sur les plates-formes des T.D., de nombreux fantassins portés, dont certains sont grièvement blessés. Le détachement très éprouvé est enfin recueilli à la nuit par des éléments amis.
Le peloton a eu : quatre blessés
cinq jeeps détruites
un T.D. indisponible pour 8 jours
b) PONT DU BOUC
Le Peloton JURION est en position au Nord du Pont du Bouc, il est à la disposition d'une Compagnie de Tirailleurs de la 4e D.M.M.
En raison du harcèlement incessant de l'artillerie ennemie, il a renvoyé ses véhicules à roues vers l'arrière, à l'exception de la jeep de commandement de l'officier de peloton.
La mission est d'interdire les layons aux chars ennemis. C'est une mission anti-char de jour. Le 2 au soir, une patrouille ennemie vient au contact et se replie rapidement. Redoutant un coup de main nocturne contre ses T.D., le Lieutenant JURION demande l'autorisation de faire repasser le canal à ses T.D. pour la nuit. Il essuie un refus. En conséquence, il place sa protection sur le terrain de telle sorte qu'elle puisse alerter en cas d'arrivée de patrouilles ennemies. La nuit se passe calmement lorsque, à cinq heures, un violent tir d'artillerie tombe sur la position. Le tir est à peine levé que l'infanterie se précipite à l'assaut des engins blindés. Les fantassins ennemis surgissent de partout, on n'y voit goutte, la mêlée est confuse. Le Lieutenant JURION s'efforce de rameuter son peloton au pont qu'il importe de défendre coûte que coûte. Il dispose tous les éléments disponibles appuyés par un T.D. l'ALSACE en demi-cercle en avant du pont. Le Peloton des BRUNES arrive en renfort avec ses quatre T.D. et sa protection. Le jour se lève sur cette tragédie douloureuse.
Les deux officiers s'emploient à réorganiser leur position. Au cours d'une reconnaissance, le Lieutenant JURION est mortellement blessé par un sniper ; il rend sa belle âme de chef et de héros dans les bras de son ami, le Lieutenant des BRUNES. Le 2e Peloton a perdu :
- son chef
- cinq chasseurs
Il a en outre :
- onze prisonniers
- huit blessés
Au point de vue matériel, il a eu :
- trois T.D. détruits ou capturés
- un half track capturé
- une jeep capturée
Tout l'Escadron est atterré, la mort du Lieutenant en premier, les pertes du 1er et du 2e Pelotons sont cruellement ressenties à tous les échelons. Le 6 Décembre ont lieu au cimetière militaire de MULHOUSE les funérailles du Lieutenant JURION. Le meilleur d'entre nous n'est plus.
A tour de rôle, le 1er et le 3e Pelotons tiennent des positions à RIXHEIM où ils subissent des tirs de minens et d'artillerie sans éprouver de pertes.
Le 13 Décembre, l'Escadron est regroupé à MULHOUSE. Il y reçoit le Lieutenant BERTON qui est affecté au 2e Peloton. L'Escadron cantonne successivement à HIRSINGUE, STRUETH, UBERSTRASS, fournissant souvent des patrouilles qui recherchent des parachutistes ennemis.
Le 27 Décembre, au cours d'une prise d'armes, le Colonel LEHR, qui a remplacé le Colonel KIENTS à la tête du C.C. 2, remet des décorations.
Le 30 Décembre, l'Aspirant NICOL est affecté à l'Escadron, il remplira les fonctions d'adjoint au peloton des BRUNES.
L'Escadron se remet en état, il reçoit un renfort en personnel, entre autres l'Aspirant VITALI du 4e Cuirassiers, il touche également un peu de matériel, ce qui permet de remettre sur pied deux pelotons de T.D.
La liquidation de la poche d'Alsace (19 Janvier 1945 - 8 Février)
L'attaque RUNDSTEDT a fait long feu, les armées alliées pénètrent en Allemagne. L'hiver est très dur, neige, verglas, température polaire, néanmoins, la 1ère Armée Française va de nouveau se lancer dans la mêlée. L'alerte est donnée le 19 Janvier.
Le 20, l'ennemi, complètement surpris, laisse de nombreux prisonniers dans nos mains, des officiers sont capturés en pyjama.
Dans la journée du 20, les pelotons sont mis à la disposition du groupement MENDITTE et le 21, l'Escadron est regroupé à l'asile de CERNAY (ex-quartier SS). Un tirailleur demande des T.D. pour aller secourir des éléments amis encerclés par des chars allemands à la CROISIERE. Le peloton LÉGER s'y porte rapidement, fausse alerte.
Le 22, au lever du jour, l'ennemi sonne l'asile avec ses minens et ses 88, plusieurs véhicules à roues subissent des dommages. Le peloton LÉGER reçoit comme mission de détruire l'observatoire ennemi. Il fait tirer 10 obus sur le clocher de CERNAY, les résultats observés sont excellents. L'ennemi nous expédie un tir de représailles d'une demi-heure, sans résultats.
Vers 16 heures, l'ennemi "remet ça" sans succès. Le 1er peloton se porte sur SCHWEIGHOUSE à la nuit.
Le 23, ce peloton et le P.C. gagnent REININGUE, il reste des mines enrobées dans la neige, l'ANJOU saute, dégâts insignifiants ; par contre, le camion essence a deux roues arrière volatilisées. Les dépanneurs le remettent en état, il rejoint dans la soirée. Les manutentionnaires n'ont pas réalisé.
Le 24, le 1er peloton prend part à l'attaque de CITE ELSE avec un escadron de chars moyens (Cne DUMESNIL). Un automoteur réussit à toucher le T.D.ALSACE, les dégâts sont insignifiants, mais le Sous-Lieutenant PARA D'ANGERT à pied, en avant du T.D., est très grièvement blessé.
Le 26, le 1er et le 3e pelotons participent à la conquête de la CITE AMELIE II. L'ennemi se bat magnifiquement. Les équipages souffrent du froid toujours très vif.
Les 28, 29, 30, les pelotons appuient l'infanterie amie, métier ingrat, l'ANJOU et l'ALSACE sont touchés par des obus et rendus momentanément indisponibles. Le dépannage est sans cesse sur les dents ; il accomplit dans des conditions d'inconfort inimaginables un travail de romain.
Le 1er Février, le 1er Peloton, très éprouvé physiquement, est relevé par le 2e Peloton dont le personnel est frais.
La résistance ennemie va s'affaiblir chaque jour, l'Escadron participe à la chute de CITE ROSALMEND, de BOLLWILLER et, avec l'occupation de GUNDOLSHEIM et de MUNVILLER, la 2e campagne d'Alsace se termine victorieusement.
Prélude à la campagne d'ALLEMAGNE (8 Février - 21 Mars)
L'Escadron cantonne à UBERSTRASS, MOERNACH, HIRTZBACH, il touche un peu de matériel, remet en état l'ancien, participe à des prises d'armes, poursuit son instruction.
Le 6 Mars, le Lieutenant GOUBET succède au Capitaine GIRAUD désigné comme instructeur à SAUMUR. Le départ de son Capitaine est un coup sans précédent pour l'escadron. Depuis 4 ans, le Capitaine GIRAUD commande cette unité. Beaucoup d'yeux laissent échapper des larmes ; tous les cœurs sont lourds.
La trêve est terminée, les T.D. vont effectuer des tirs sur les casemates ennemies de la rive droite du Rhin ; au retour d'une de ces missions, l'Escadron se porte vers STRASBOURG avec le C.C. 2, il doit travailler avec une D.I. en ALLEMAGNE.
La Campagne d'ALLEMAGNE (7 Avril - 3 Mai)
Le 5 Avril, à 10h30, l'Escadron franchit la frontière allemande à BERGZABERN et, le 6 au matin, il traverse le Rhin à MANNHEIM dans un décor dantesque. Alerté le 7, il se porte sur DURLACH, 4 kilomètres Est de KARLSRUHE et le 8, les blindés s'enfoncent en FORET NOIRE.
De durs combats se déroulent du 8 au 12 qui amènent l'occupation de BADEN-BADEN. Prise de SPIELBERG, ITTERSBACH, de MOOSBRONN, de PFAFFENROT, de GAGENAU, les T.D. font un travail excellent avec des pertes minimes : nombreux prisonniers, canons capturés, 88 détruits, un panzerjager capturé. Le moral est extraordinairement élevé, la joie générale. Les équipages magnifiquement dotés en accordéons et harmonicas se déplacent dans des flots de musique où l'harmonie est remplacée par la vigueur de l'exécution. Il règne un temps idéal, le printemps fleuri salue les vainqueurs. Avec une émotion rétrospective, nous évoquons souvent le printemps de 40 et la joie de la revanche vient effacer les mauvais souvenirs.
Du 12 au 17, le C.C. est souvent ralenti par des abattis nombreux et des destructions, il fait des centaines de prisonniers. L'Escadron coopère au nettoyage de la forêt, entre MURG et Plaine de BADE.
Les pelotons vont de la MURG à la Route des Crêtes, appuyant goumiers ou fantassins, de nombreux prisonniers sont encore capturés.
Le 18, traversée de FREUDENSTADT, la moitié de la ville est dévastée par de récents bombings, la marche sur le NECKAR et le DANUBE commence aussitôt. Les T.D., en réserve le 19 et le 20, sont mis à la disposition du groupement LABARTHE le 21, dans la journée TROSSINGEN, TUTTLINGEN, STOCKACH tombent, nous passons la nuit à 8 kilomètres du Lac de CONSTANCE.
Nous entrons dans la phase enivrante pour des cavaliers : l'exploitation. Le 22, la marche sur ULM est entreprise sans désemparer malgré des arrières peu sûrs, carburant, munitions, vivres suivent. Très souvent, les pleins sont faits en voltige.
Le 23, les T.D. mettent à mal un détachement ennemi, lui incendiant 5 camions et lui détruisant un canon de 20. Ils prennent à partie une colonne mixte auto-hippo, dans laquelle ils sèment la mort et la panique. Le 24, un détachement mixte AM-TD, après avoir ramassé une centaine de prisonniers, atteint PILLER à DITENHEIM, les trois ponts sautent. L'officier ennemi chargé de cette destruction est capturé, il était demeuré sur la rive gauche pour donner l'ordre de mise de feu dès notre arrivée.
Le 27, l'Escadron participe à la reprise d'OCHSENHAUSEN, réoccupé après notre rapide passage du 23. Il détruit un jumelage de 20 et rend les observatoires ennemis intenables. Le 28, la marche sur le "réduit" est éclairée par un détachement mixte scout-car-TD, l'ennemi n'en veut plus, partout il se rend.
Les villages de AITRACH, AICHSTETTEN, MUTMANSHOFEN sont occupés. Le 30, le groupement atteint OTTACKER, il stoppe au pied des pics tyroliens recouverts de neige. Des patrouilles ramassent encore des prisonniers dans les bois où ils se terrent. La neige se met de la partie.
La guerre européenne est terminée. Toutes les Armées nazies capitulent. Le suicide d'HITLER est diffusé sous toutes réserves par la radio. Les Allemands réagissent peu. Ils se montrent hospitaliers, courtois, et parfois d'une platitude révoltante.
 
4e ESCADRON du 9e REGIMENT DE CHASSEURS D'AFRIQUE
Pendant la campagne 1944-45

Le 4e Escadron du 9e Régiment de Chasseurs d'Afrique, après trois mois passés à l'Aréa 55 à Assi-Ben-Okba, s'embarque le 3 Septembre 1944 à ORAN, sur le L.S.T. 141.
Le convoi quitte MERS-EL-KEBIR le 5 Septembre et l'Escadron prend pied sur la terre française à ST-TROPEZ, le 9 Septembre, après une traversée tranquille.
Dès le lendemain, commencent les étapes qui, par la vallée du RHONE et de la SAONE, l'amènent d'abord à CRECHES S/SAONE.
Après un repos de 7 jours, pendant lesquels le matériel est revu, le 4e Escadron est mis à la disposition du C.C. 3 commandé par le Colonel CALDAIROU.
Le 24, cantonnement d'alerte à AMBLANS, pendant que le C.C. 3 monte une attaque pour prendre pied sur le plateau de VANNES au N.-E. de LURE.
Le 26, les 3 pelotons sont placés en D.C.B. à LA NEUVELLE aux Granges Guénins et à Montesseaux. Aucune réaction de l'ennemi.
Pendant ce temps, le C.C. 3 prend le Col de la CHEVESTRAIE, le 28, pour le perdre le lendemain à la suite d'une contre-attaque de blindés.
L'Escadron accourt et le 3e Peloton fait bouchon anti-chars à la sortie du Col. La mise en place a été agitée du fait de l'Artillerie allemande qui sonne à vue directe, la route de FRESSE à la CHEVESTRAIE.
Deux morts (GINGEMBRE et NEHAL), un blessé (le M. des L. BELGHIT).
Le lendemain 30, les Allemands essaient de percer avec des chars moyens, sur la route unique. Le char Pz IV de tête est immobilisé et détruit par le tir des T.D., malgré le brouillard. Les fantassins allemands qui s'infiltrent sont stoppés par les armes automatiques du Groupe de Protection commandé par le M.d.L. THOMAS. Mais le Sous-Lieutenant FORQUERAY, gravement blessé, est évacué ainsi que deux chefs de T.D. Un indigène est tué. L'adjudant FOURCHE prend le Cdt du 3e peloton.
Pendant ce temps, les deux autres pelotons font du tir indirect, puis le 2e peloton passe en D.C.B. au 3e R.C.A. à SERVANCE.
Le 3 Octobre, en vue d'une attaque sur le ballon de SERVANCE, l'Escadron se porte à l'ENCLOSE à 1 km de SERVANCE. Le 1er peloton est mis en D.C.B. sur la route de MIELLIN, et le 3e en réserve.
L'attaque échoue et les Unités restent sur leurs positions, l'Escadron étant à la disposition du Colonel GUIBERT (3e R.C.A.) commandant un groupement.
Le 13 Octobre, la 1ère D.I.M. vient nous relever et le C.C. 3 va au repos dans la région de QUERS (au Nord de LURE).
A CHAMPORY, deux heures après son arrivée, l'Escadron est mis à la disposition du Lt-Colonel de LABARTHE (9e R.C.A.) commandant un groupement à FERDRUPT, face au THILLOT. Le 1er Peloton et le 2e Peloton sont mis à la disposition des commandants des deux points d'appui (Nord et Sud de RAMONCHAMP). Le 3e peloton exécutera des tirs indirects. Deux pelotons sont donc employés en défense fixe et ne participent pas à l'attaque du 16, qui d'ailleurs échoue. Par contre, très bons résultats au tir indirect sur des rassemblements ennemis. Le 19, l'Escadron est rappelé par le C.C. 3 qui relève le C.C. 1 dans la région de CORNIMONT.
La relève s'effectue le 21. Le 1er Peloton est aux BARANGES, sortie Ouest de CORNIMONT, et le 3e peloton, commandé par l'Aspirant PLATEAU, est à TRAVEXIN. Le 2e peloton est mis à la disposition de l'Artillerie pour exécuter des tirs indirects. Le secteur est calme, jusqu'au 24, date à laquelle l'Escadron va au repos à ORMOICHE jusqu'au 14 Novembre et à VAROGNE jusqu'au 15 Novembre.
Le repos est employé à revoir le matériel et à l'entraînement des tireurs.
Le 15 Novembre, le C.C. 3 devant participer au nettoyage de la boucle du DOUBS, l'Escadron part pour VELLEVANS. Le 1er peloton et le 2e peloton sont mis à la disposition du Commandant ARFOUILLOUX (Zouave) et GARDY (2e R.C.A.) pour attaquer sur VOUGEAUCOURT et ESTOUVANS. L'attaque se poursuit les 16 et 17 Novembre. Les Allemands se sont repliés.
A 22h30, ordre de mouvement pour BLAMONT, à l'Est de PONT DE ROIDE.
Le 19, l'Escadron au complet passe à DELLE à 11h30 pour arriver à FELDBACH à la nuit. Un groupement de C.C. 3 ayant atteint le RHIN, à minuit, l'Escadron reçoit l'ordre d'aller occuper KEMBS (2e Peloton), BARTENHEIM (1er Peloton), SIERENTZ (3e Peloton).
A 4h30, le 20, après une marche (plein phares), ces points sont occupés, après quelques accrochages avec des retardataires allemands. Au jour, la population est émerveillée de voir des Français.
Relève par le R.I.C.M. dans la matinée. Le 2e Peloton, avec une Compagnie d'Infanterie, pousse jusqu'aux lisières de OTTMARSHEIM, au Nord de KEMBS. Mais, pris à partie par l'artillerie allemande en batterie à l'Est du RHIN, le 2e Peloton revient à PETIT-LANDAU.
Pendant ce temps, le C.C. 3 a pris MULHOUSE, où le 1er Peloton se distingue surtout au cours de l'attaque des casernes. Le Lieutenant HAU est blessé, c'est l'Aspirant PERRUCHE qui le remplace comme Chef du 1er Peloton. Le Chef BICHENDARITZ fait 483 prisonniers dans une caserne.
Le 3e peloton, contournant MULHOUSE par l'EST, s'installe au Nord de cette ville, à MODENHEIM, après avoir poussé une pointe jusqu'à BALDERSHEIM et aidé à repousser une contre-attaque allemande.
Le 22 Novembre, le train de combat réussit à venir de DELLE en longeant la frontière suisse, la route principale étant coupée par les Allemands.
Le lendemain, l'objectif du C.C. 3 est le Pont d'ASPACH et BURNHAUPT. Mais le 24, les Allemands ayant contre-attaqué de la HARDT en direction de RIXHEIM, le 4e Escadron se porte sur les hauteurs de RIEDISHEIM (au Sud de MULHOUSE). Les Allemands sont repoussés et le 25, la progression reprend de MORSCHWILLER vers HEIMSBRUNN. C'est le 1er peloton qui appuie l'attaque des Sherman, engagés sur une route unique. Le groupement est commandé par le Lt-Colonel de LABARTHE. Echec total devant les Jagpanther qui mettent en flammes 3 Sherman, 1 T.D. et un char léger. Les pertes de l'infanterie attaquant en terrain découvert sont lourdes. Le 1er peloton perd un char, 2 tués, 1 blessé. Le P.C. a deux blessés.
Le 2e Peloton, avec le Groupement du Colonel de LEPINAY, attaque sur GALFINGUE 1 T.D. casse une chaîne sur une mine. 1 blessé.
Le 3e Peloton flanc-garde, au Sud, le groupement LABARTHE et fait la liaison avec le groupement de LEPINAY.
Le 26, le dispositif est remanié, l'Adjudant LIMELETTE est tué au P.C., 1 conducteur blessé. HEIMSBRUNN tombe à midi grâce aux tirailleurs et au 1er Escadron du 9e R.C.A. Le 2e peloton qui a essuyé une grosse contre-attaque de nuit à GALFINGUE est relevé par le 3e. Il vient faire bouchon à HEIMSBRUNN, le 27, puis est mis en appui d'infanterie le 28 et, le 29, atteint Pont d'Aspach en même temps que le C.C.6 (Groupement DUROSOY). Un T.D. immobilise un char allemand que ceux-ci récupèrent la nuit. Le 1er Peloton était resté à HEIMSBRUNN pour assurer les arrières.
L'affaire de Pont d'Aspach a coûté 2 tués, 3 blessés et une jeep à l'Escadron. Le 29, l'Escadron est regroupé à SPECHBACH-LE-BAS où un gros travail de remise en état du matériel est nécessaire.
Le 8 Décembre, l'Escadron est en état d'alerte. La 2e D.I.M. attaque en direction de CERNAY et le C.C.3 doit exploiter la percée. Le 3e Peloton va à BURNHAUPT-LE-HAUT.
Le 11, l'Escadron est réparti en 3 points d'appui :
2e Peloton à ASPACH-LE-BAS
3e Peloton à SCHWEIGHOUSE
1er Peloton et P.C. au Pont d'Aspach
Situation inchangée jusqu'au 24. L'Escadron est relevé et prend cantonnement à AMMERTZWILLER. Il entre dans le système défensif de la DOLLER. Le Lt de BOUILLAS prend le commandement du 1er Peloton.
Jusqu'au 22, exécution de tirs indirects et de tirs matraques.
Le 22, articulation en profondeur en vue d'une action sur CERNAY. Le P.C. est à ALTENACH.
Le 2e Peloton se rend à l'asile d'aliénés de CERNAY et à FERME LUTZELHOF en D.C.B. Tir sur un dépôt de munitions qui saute. Le 26, le 1er Peloton relève le 2e. Le 31, le C.C. 3 se groupe au S.-O. de MULHOUSE pour une action avec la 9e D.I.C. en direction de la Cité ANNA.
Le Groupement ARFOUILLOUX (3e Peloton - S/Lt FORQUERAY) n'a pu entrer dans la cité ANNA. Le reste de l'Escadron est à BOURTZWILLER. Le 1er Février, attaque par le Groupement ARFOUILLOUX des bois de JUNGHOLTZ et de MORSGRABEN.
Les T.D. du 3e Peloton démolissent de nombreuses armes automatiques. Le lendemain, attaque sur SCHOENENSTEINBACH, les T.D. sont en appui direct. Le village est pris, mais le S/Lt FORQUERAY est gravement blessé. Le reste de l'Escadron est à KINGERSHEIM sur la défensive.
Le 3, attaque sur PULVERSHEIM. Le 3e peloton appuie l'attaque, tandis que le 2e fait verrou après la prise de ce village. Le P.C. et le 1er peloton sont en réserve à la Cité ANNA.
Le 4 et le 5 Février, le Groupement DEWATTRE, avec le 3e Peloton, exploite en direction de UNGERSHEIM et le groupement LEPINAY, avec le reste de l'Escadron, en direction de STE-CROIX-EN-PLAINE. Les T.D. détruisent de nombreux véhicules en retraite.
Enfin, le 8 Février, l'Escadron est regroupé au complet à UNGERSHEIM et la poche de COLMAR étant réduite, va au repos à MOERNACH, puis à HIRTZBACH.
Repos jusqu'au 28 Mars, avec seulement quelques tirs de destruction sur les casemates, de l'autre côté du RHIN. Le 28, l'Escadron se porte à EBERSHEIM où il est mis à la disposition du C.C. 3 qui lui donne comme cantonnement BISCHOFFSHEIM.
Le 12 Avril, à 0 heure, l'Escadron reçoit l'ordre de se porter à WISSEMBOURG, où il est à 5 heures, et reçoit les ordres pour le franchissement du RHIN.
La colonne légère le franchit à MAXIMILIANAU et la colonne lourde à GEMERSHEIM.
Le regroupement de l'Escadron se fait à KARLSRUHE, dans la matinée, pour être à nouveau scindé dès que le C.C. 3 a reçu sa mission, qui consiste à pousser sur OFFENBOURG.
2e Peloton (Aspt. CADOUX) avec le groupement PETIT à KUPPENHEIM.
3e Peloton (Aspt. PLATEAU) groupement LEPINAY à RANENTHAL et BISCHWEIER.
Le 1er Peloton et P.C. en réserve à MUGGENSTURNS.
Le 13, le 3e Peloton gagne WIMBUCH, en passant par STEINBACH où le remplace le 1er Peloton. Pendant ce temps, le 2e Peloton, qui a démoli un 75 PAK, tue une vingtaine d'ennemis et fait 100 prisonniers, perd son chef de peloton (jambe coupée). Le lendemain, aux ordres de l'Aspt PERRUCHE, il participe à l'attaque de ZINOLSHOFFEN, tandis que le 3e Peloton est à URLOFFEN. Le 15, l'Escadron est regroupé à WILSTATT et franchit la KENZIG pour aller à OTTENHEIM où il passe aux ordres du Cdt PETIT pour l'attaque de NUNNEMWEIR. Le 1er Peloton est mis à la disposition du Colonel LEPINAY à OFFENBOURG et ne rejoint l'Escadron qu'à FRIBOURG.
Dans la nuit du 18 au 19, l'Escadron est mis à la disposition du Groupement LAURENT devant nettoyer la région KIPPENHERMWEIER - GROF - HAUSEN KAPPEL - NIEDERHAUSEN, et atteindre RIEGEL par KINZINGEN.
Départ de LAHR à 9 heures jusqu'à KOUDRIGEN, atteint le 20 à 16 heures, beaucoup de prisonniers sont faits et de nombreuses armes anti-chars sont détruites. l'Aspt PERRUCHE est blessé, le Chef SEGURA commande le 2e Peloton.
Le 21, le 3e Peloton, avec le Groupement LAURENT, progresse vers DENZINGEN ; le 2e Peloton et le P.C. sont en réserve, car il n'y a qu'un seul axe de progression. Nuit passée à BUCHEIM.
Le lendemain, arrivée à FRIBOURG, peu défendu, où le 1er Peloton rejoint après sa courte incursion en Forêt Noire.
Le 24, direction LORRACH (près de BALE) par un itinéraire de montagne, qui cause de grosses difficultés au matériel sur roues.
Le 25, WHER et ALBRUCK sont atteints après réduction de nids de mitrailleuses.
Le 26 Avril, le 1er peloton passe du Groupement PETIT et arrive à FUTZEN, très sérieusement défendu par des S.S. qui mènent la vie dure aux T.D. (1 mort - 5 blessés).
Le 2e peloton, avec le Groupement LAURENT, essaie de tourner FUTZEN par le Nord, mais est durement contre-attaqué par des Panzer-grenadiers à UBERACHEN, où il résiste sur place pour permettre aux fantassins de se dégager (5 morts - 4 blessés). 2 T.D. détruits. Les pertes ont été limitées par l'intervention du Groupe de protection qui refoule l'attaquant, et permet au 3e T.D. de se dégager.
60 Allemands sont comptés morts sur le terrain et de nombreux véhicules ont été détruits. Cette journée désastreuse pour l'Escadron termine son activité au cours de la Campagne d'Allemagne. Du 27 au 3 Mai, il participe seulement à des opérations de nettoyage et au ramassage des prisonniers (environ 300). Le 7 Mai, l'Escadron cantonne à SEBRANZ, après être passé à TENGEN - STOCKACH - INGOLDINGEN - REICHENBACH.
Le 8 Mai, l'Escadron repasse le RHIN à KEHL et commence l'occupation à RHODT jusqu'au 8 Juillet, puis à SIMMERN-unter-DHAUM jusqu'au 16 Octobre, date à laquelle il rentre en FRANCE dans le cadre du Régiment.

 

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