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                                                 47ème Bataillon de CHARS DE COMBAT
      
                                                     3ème Compagnie 



COMPTE RENDU DES OPERATIONS
de la 3ème Compagnie du 47e B.C.C. du 8 Juin au 26 Juin 1940
 

COMPTE RENDU DE FIN D'OPERATIONS AU NORD OUEST DE BEAUVAIS

Milly sur Thérain, le 8 Juin et de Vauroux, le 9 Juin 1940
Composition de l'unité : 1 Section du 46e B.C.C.
2 Sections de la 3e Cie du 47e B.C.C.
Ordres reçus pour la mise en place à MILLY sur THERAIN :
Le 8 Juin à 17 heures, se poster dans la Région Nord de MILLY jusqu'à l'arrivée de la Compagnie du 2e B.C.C. qui doit prendre position au Sud de St-Omer-en-Chaussée.
Le 8 Juin à 19 heures prendre position dans la Région Nord Ouest de MILLY face à l'Ouest avec mission d'interdire le débouché de l'ennemi de Villars sur Bonnières et de Grillon.
Le 8 Juin à 24 heures exécuter une reconnaissance vers les hauteurs au Nord de BONNIERES de façon à permettre aux Unités postées à St-Omer de se dégager à la faveur de la nuit.
Relation de l'Opération.
A 3 heures les chars débouchent, la section du 46e B.C.C. en 1er échelon, la 1ère section du 47e B.C.C. en 2e échelon. Quelques tirs d'artillerie ennemie aux lisières Nord du bois de MOIMONT, à 3 heures 30, les unités de cavalerie et des chars de St-OMER ont dégagé, les chars B rentrent à leur position de départ.
Rien à signaler autre que les tirs d'artillerie au Sud de ST-OMER et aux lisières Nord de MOIMONT.
Déplacement de MILLY vers VAUROUX.
Le 9 Juin à 5 heures, la compagnie reçoit l'ordre de se porter dans le petit bois carré à 1 km au Sud de MILLY puis de gagner VAUROUX par l'itinéraire PIERREFITE – LE MONT ST-ADRIEN – LE BECQUET - VILLERS – ST-BARTHELEMY - LE VAUROUX.
Arrivée à VAUROUX, le 9 Juin vers 11 heures.
Ordres reçus : Poster la Compagnie aux fermes de QUEIREVER et Ferme NEUVE à 1,5 km à l'ouest de VAUROUX pour interdire le débouché de l'ennemi et protéger le déplacement de la Division vars le Sud.
Relation de l'action :
Vers 12h30 l'aviation ennemie survole et reconnaît la position des chars. Les mitrailleuses de D.C.A. ouvrent le feu ; à 13 h des Éléments ennemis sont signalés au Nord Ouest de la position des Chars.
Vers 13h30 la position est soumise à un tir précis de l'artillerie en particulier 2 obus de 105 tombent près des chars du lieutenant PAUL et de l'Aspirant DEPIGNY. L'embranchement de la route de VAUROUX et du chemin du TROU MAROT est particulièrement visé.
A 14 heures la Compagnie reçoit l'ordre de quitter la position en formant l'arrière gauche de la Division.
La Compagnie a effectué dans la journée du 9 Juin et la matinée du 10 une marche de 93 kilomètres, de MILLY sur THERAIN à BEYNES au Sud de la Seine.

 

Compte rendu de fin d'opérations aux environs de CHARTRES
LUISANT au Sud de Chartres les 15 et 16 Juin 1940
Composition de l'Unité.
Char du Capitaine Ghislain : B1bis 477 AQUITAINE
Char du Lieutenant ROBINET : B1bis 423 TURENNE
Section complète du Lieutenant PAUL (509 FRIEDLAND, 479 ULM, 383 KEMMEL)
Ordres reçus.
Le 15 Juin dans la matinée se poster face à l'Ouest, au Sud de LUISANT le long de la Route nationale n° 10.
Le 15 juin dans la soirée, préparer des contre attaques dans le direction de MAINDEVILLE et de OUERRAY.
Relation du Stationnement en position d'attente.
Dans l'après midi au 15 Juin, la position occupée par la Compagnie en lisière d'un petit bois situé à l'Ouest de la Route Nationale n° 10 est survolée par une escadrille de bombardement qui lance des bombes sur la route nationale bondée de réfugiés et de militaires et la position occupée par la Compagnie. Les feux de la D.C.A. de la Compagnie ouvrent le feu, une bombe tombe près du char AQUITAINE.
Dans la nuit du 15 au 16 Juin, les tirs de mitrailleuses sont effectués aux lisières Nord Ouest de CHARTRES. Un dépôt d'essence brûle dans Chartres.
Les reconnaissances poussées jusqu'aux lisières du village de OUERRAY et de MAINDEVILLE, par les Chefs de Section permettent de constater que le terrain est favorable pour une action rapide des chars dans ces situations.
Dans la nuit du 16 la compagnie reçoit l'ordre de se tenir prête à faire mouvement vers le Sud. Le Départ a lieu vers 7 heures pour gagner MORSANS sur la route Nationale 835.
La compagnie gagne JUVRAINVILLE où le plein des chars est entrepris.
Vers 16 heures un tir d'artillerie ennemie est déclenché sur VILLAMPUY.
La Compagnie se trouve de nouveau isolée, les ordres demandés par radio sont dictés par un radio non qualifié pour exprimer la pensée du Chef de Bataillon.
Les éléments sur roues laissés à VILLAMPUY sont poussés sur MARCHENOIR.
Vers 16h30 la Division fait mouvement vers BINAS par MEMBROLLES et VERDES. La compagnie est laissée en arrière garde de la Division. En cours de déplacement des autos mitrailleuses ennemies sont vues sur les routes PRENOU – VILLON - OUZOUER.
En arrivant à BINAS vers 18 heures, le Chef de Bataillon est renseigné sur la présence des éléments ennemis au voisinage de BINAS.
A 18 heures 30 des prisonniers sont faits dans BINAS. La Compagnie laisse deux chars à BINAS pour renforcer la Compagnie du 37 et se dirige avec deux chars vers ST-LAURENT des BOIS avec mission de protéger le P.C. de la 1/2 Brigade.
Situation de la Compagnie pendant le Combat de BINAS.
Un violent tir d'infanterie s'est déclenché au moment où les chars AQUITAINE et TURENNE s'engageaient sur la route BINAS - VALIERE, pour gagner ST-LAURENT-DES-BOIS.
Le tir ennemi à balles traceuses est nettement dirigé sur la route BINAS ST-FLORENT-DES-BOIS.
Le Char TURENNE arrêté à la sortie de BINAS, prit une part directe à l'action (voir compte rendu du Lieutenant ROBINET).
Le char AQUITAINE arrêté à 500 m de la sortie de BINAS dirigea ses armes vers le Nord pour interdire la route OUZOUER – ST-FLORENT-DES-BOIS.
Le Commandant de compagnie se dirigea en side-car vers ST-FLORENT-DES-BOIS pour rendre compte de la situation au Colonel Commandant la demi-Brigade.
Vers 21h30 la Compagnie reçoit l'ordre de faire mouvement vers MER et CHAMBORD. La Cie est rassemblée dans la forêt de MARCHENOIR : les chars venant de BINAS, les chenillettes venant d’AUTAINVILLE, les véhicules venant de Le PLESSIS L'ECHELLE. La Cie traversa la Loire entre 4 et 6 h le 18 juin 1940.
Du 16 Juin 6 heures au 18 Juin 8 heures, la Compagnie a effectué 135 km.

Compte rendu des opérations dans les environs de BLOIS

Dans la nuit du 17 au 18 Juin 1940 la compagnie se déplace de BINAS à BRACIEUX au Sud de la Loire sur des routes encombrées par les réfugiés.
Dans la matinée du 18 Juin, le commandant de Compagnie se rend à MER et à MUIDES pour prendre les ordres du Chef de Bataillon et pour se renseigner sur la situation du char TURENNE en panne au Nord de la Loire. Le Chef de bataillon donne l'ordre de s'installer à BRACIEUX.
Le char TURENNE non réparable est abandonné au Nord d'AUNAY.
Vers 16 heures la Compagnie reçoit l'ordre de former un bouchon au village de MONT à MONT, la compagnie trouve le reste d’un Bataillon de Zouaves venant de BLOIS.
Installation de la Compagnie à MONT­
Rien à signaler pendant la nuit du 18 au 19 Juin. BLOIS est bombardé et en feu.
Le 19 Juin vers 8 heures, le Commandant de Compagnie reçoit l'ordre de barrer la route de Blois - Cour-Cheverny à 5 kilomètre en avant de Cour-Cheverny et de se garder vers l'Est.
Installation de la Compagnie au Nord de COUR-CHEVERNY
La liaison est assurée à l'Est avec le 4e B.C.C. installé le long de la voie ferrée.
Survol par l'aviation ennemie.
A 14 heures, la compagnie reçoit l'ordre d'envoyer le char du capitaine AQUITAINE accidenté dans le déplacement précédent vers la base arrière.
Le compagnie n'a plus que deux chars, et 4 side-cars armés de mitrailleuses.
A 15 heures, le Commandant de Compagnie reçoit l'ordre de se déplacer vers CHAUSSY en constituant l'arrière garde de la Division.

COMPTE RENDU D'OPERATIONS AU SUD DU CHER ET AU SUD DE L'INDRE

MONTRESOR du 20 Juin à 3 heures au 21 Juin 18 heures.
La Compagnie prend position face au Nord. Calme parfait durant le stationnement.
ST-FLOVIER du 23 Juin 6 h au 23 Juin 21 heures.
La Compagnie reçoit l'ordre de prendre position au Sud et à l'Ouest de ST-FLOVIER et de surveiller la direction du Sud.
Rien à signaler pour la journée du 22 et la nuit du 22 au 23 Juin.
Dans la matinée du 23 Juin ST-FLOVIER est survolé par l'aviation ennemie. La D.C.A. de l'Unité ouvre le feu.
Vers 17h les Commandants d'unité sont appelés au P.C. du Bataillon situé au Centre du Village. L'ordre est donné de préparer le déplacement des éléments sur roues et les chenillettes sont mis en route d'urgence sur PREUILLY sur CLAISE.
Vers 18 heures un tir d’armes d'infanterie éclate au Nord de ST-FLOVIER, il est suivi d'un tir d'artillerie sur les ­lisières Nord et Est.
Dans l'ordre donné par le Chef de Bataillon, la Compagnie doit fermer la marche de la Division et attendre le passage des colonnes d'artillerie, chasseurs, chars, avant de quitter la position.
Des dispositions sont prises pour se garder vers le Nord. Vers 21 heures la Compagnie quitte ST-FLOVIER, le char du Lt Becquet est immobilisé par suite de rupture de l'arbre du barbotin.
Le char irréparable étant donné la situation est abandonné après l'avoir incendié.
La Compagnie gagne PREUILLY sur CLAISE où elle stationne la nuit du 23 au 24 Juin.

COMPTE RENDU D'OPERATIONS DU LIEUTENANT PAUL
B1bis 509 FRIEDLAND

9.6.1940 - DECROCHAGE DU VAUROUX (Ouest d'AUNEUIL)
Arrivée au VAUROUX entre 9h10 du matin - Les chars sont mis en surveillance vers l'Ouest et le Nord du village. Je surveille personnellement la route vers ST-OERMER, les autres chars groupés vers la Ferme Neuve, à droite de la route.
Quelques obus tombent vers la ferme Neuve. On entend des coups de feu vers VILLERS - ST-BARTHELEMY qui semblent se rapprocher.
A 12h30 arrive l'ordre de repli. Je pars le dernier après m'être assuré que tout le monde avait décroché sans difficulté.
17.6.1940 - FONTENAY-sur-CONIE - BINAS
Départ à 6 heures du matin de FAINS-la-FOLIE pour AUFFAINS FONTENAY-sur-CONIE (La Compagnie du 46e va à ORGERES). Je suis en surveillance au Sud du village sur la route d’ORGERES-en-BEAUCE. On entend la fusillade qui se rapproche. Les tirailleurs se replient dans le village qui est bombardé par l'artillerie allemande. Entendant des coups de feu vers le Sud, je me porte avec mon Char au delà de la Conie, le long de la voie ferrée, en surveillance vers la gare de FONTENAY et sur la route d’ORGERES.
L'ordre de repli arrive vers 12 heures, on se retire sur ORMOI et CORMAINVILLE au ralenti, derrière les tirailleurs qui se replient à pied.
On arrive à BINAS vers 19 h par la route de VERDES. Juste avant d'entrer à BINAS je vois dans mes jumelles une colonne blindée allemande (5 chars dont un plus gros, 2 touristes torpédo, 4 motos) qui se déplace sur une route venant vers BINAS (route de MENAINVILLE ou I.C. 25). Je rends compte immédiatement au Capitaine GHISLAIN et suis mis avec le Lieutenant BECQUET (B1 bis 443 Maréchal des Logis DUMONTIER) à la disposition du Lieutenant GAUDET qui nous poste à la sortie Nord de BINAS, direction ALLAINVILLE – MENAINVILLE.
Des éléments isolés allemands sont déjà dans BINAS et tirent à la mitraillette. Je fais avec BECQUET quelques patrouilles le long de la route et ne vois rien. On décroche en vitesse à 22 h, toujours sous des coups de mitraillette. Direction LA GALAUDIERE - MARCHENOIR.
21.6.1940 - ST-FLOVIER
Le Bataillon venant de VERNEUIL sur INDRE arrive à ST-FLOVIER le 21.6 à 1 h du matin ; à 21h fusillade aux entrées Nord et Est (direction VERNEUIL et CHATILLON). Tout le monde file en vitesse. J'étais en surveillance sur la route de PREUILLY sur CLAISE et pars le dernier après avoir embarqué une partie de l’équipage du char Maréchal des Logis DUMOUTIER tombé en panne dès le départ.

Sources :  Jacques Guérout,  Archives du SHAT Vincennes.