12e RÉGIMENT DE CUIRASSIERS

              JOURNAL DE MARCHES ET OPÉRATIONS

 

 

 

L’AFRIQUE du NORD

1er Septembre 1943.
Le 12ème Régiment Bis de Chasseurs d’Afrique est créé en exécution des prescriptions de la Note 1343 EMG/I de l’E.M.G.A.T.. Le nouveau régiment, commandé provisoirement par le Chef d’Escadrons De GONFREVILLE, est formé par le 12ème Chasseurs d’Afrique du Lt-Colonel De LANGLADE. Le P.C. du 12ème R.C.A. demeure à RIO-SALADO ; le P.C. du 12ème Bis s’installe à HAMMAM-BOU-HADJAR, où se trouve déjà le 3e Escadron, tandis que les 1er et 2e Escadrons sont installés à TURGO PLAGE. Toutes ces localités sont situées en ALGERIE, dans le Département d’ORAN.
Pour l’instant, le régiment compte, entre autres, les officiers suivants : Chefs d’Escadrons De GONFREVILLE et ROUVILLOIS ; Capitaines JOUITOU - De TARRAGON - GAUDET - De la JONQUIÈRE - THOMAS – LETELLIER ; Lieutenants BRIOT et BRACHET; Sous-Lieutenants PITY - PÉRIER - BUREAU - MUCCHIELLI - BONTOUX ; Aspirants BONIFACE - PESCH et PLUSQUELLEC.

7 Septembre 1943.
Le Lt-Colonel WARABIOT, prend le commandement du Régiment. Le Régiment est un magma informe en pleine création.

16 Septembre 1943.
Le 12ème Bis R.C.A. devient 12ème Régiment de Cuirassiers par note de service N° 2125 EMG/1 du Général Commandant en Chef. L’ensemble du Régiment est formé d’éléments disparates. Il y a les laissés pour compte du 12ème Chasseurs, les gens en provenance du 4ème Chasseurs d’Afrique. Un escadron de chars légers arrive au grand complet, du 2ème Chasseurs d’Afrique. Il va former le 1er Escadron du Régiment, il est commandé par le Capitaine DELAITRE et est stationné à HAMMAM-BOU-HADJAR. Le 2ème Escadron du Capitaine d’ORGEIX demeure à TURGO PLAGE, avec le 4ème Escadron du Capitaine GAUDET. Le 3ème Escadron demeure à HAMMAM-BOU-HADJAR sous les ordres du Capitaine LETELLIER. L’E.H.R. se trouve dans la même localité. Il est commandé par le Lieutenant LAZON, tandis que le Capitaine THOMAS prend en charge le Service Auto. Le Service de Santé est aux ordres du Sous-Lieutenant CHOVRAQUI. Les Transmissions sont créées par le Sous-Lieutenant BONTOUX. Les Détails incombent au Sous-Lieutenant MARENGHI. L’ Aspirant PESCH prend en charge le Ravitaillement Essence. Le Lieutenant ITIÉ occupe l’emploi d’Officier d’Approvisionnement.
Le Régiment offre le spectacle de morceaux disparates qui essaient de s’assembler. Il est très mal habillé, il a un armement hétéroclite et ne possède aucun matériel. La guerre est à peine commencée, personne ne doute que des jours meilleurs vont arriver.

25 Septembre 1943.
Le Régiment apprend qu’il va quitter le farniente de l’ALGERIE, pour le MAROC où il doit percevoir du matériel et de l’habillement Américain. C’est comme une résurrection pour tout le monde.
Cette nouvelle confirme celle par laquelle on nous avait informé que nous allions être intégrés aux Forces Françaises Libres du Général LECLERC.
Nous ressentons au plus profond de nous-mêmes, l’honneur qui nous échoit. Demain, nous allons participer à la gloire acquise par les héros du Tchad. Chacun se demande avec inquiétude si nous en sommes dignes, et quels seront les premiers contacts.

29 Septembre 1943.
Par la route, quelques rares privilégiés, par le train pour tout le monde, le 12ème Cuirassiers quitte l’ORANIE pour la forêt de TEMARA, à 8 km de RABAT.

1er Octobre 1943.
Arrivée à RABAT à minuit. Le Régiment est accueilli par le 501e R.C.C. qui a fait préparer à son intention, une grande quantité de thé chaud.

2 Octobre 1943.
Le Régiment arrive en forêt de TEMARA. Il a la joie de constater que le matériel qu’on lui a tant promis, et dont on lui a tant parlé, est là, à portée de sa main, sous les arbres de la forêt. Des détachements précurseurs aux ordres du Lieutenant BESNIER, évadé de France par l’ESPAGNE, sont allés le percevoir à CASABLANCA. La joie est très grande, nous devenons des enfants mis en présence de jouets désirés - 3 escadrons sont dotés de chars médium de 32 tonnes M 4 A2 à 2 moteurs Diesel. Le 1er Escadron du Régiment perçoit des chars légers neufs.

7 Octobre 1943.
Le Général LECLERC passe l’inspection du bivouac. Chacun a travaillé avec ardeur. Le Capitaine JOUITOU a réveillé toutes les énergies. Il y a une émulation très grande entre les escadrons.

11 Octobre 1943.
Tout le Régiment vit sous la toile de tente individuelle. Chacun améliore les conditions d’existence qui sont d’ailleurs très bonnes. On commence à construire en briques. Le nettoyage des chars et le déballage des accessoires est une œuvre de patience ; chacun s’attelle avec joie à ce travail. Les équipages sont formés et c’est à qui fera mieux que le voisin. L’ambiance, le moral sont excellents.

14 Octobre 1943.
Le Général LECLERC, pour la première fois, réunit tous les officiers de la Division. Il commence à nous insuffler les premiers principes d’une âme commune, peu à peu se formera l’esprit de la D.B.

15 Octobre 1943.
Le Régiment, équipé à l’américaine, est présenté au Colonel MALAGUTTI, commandant la brigade de chars, par le Lt-Colonel WARABIOT. À cet officier, grand, aux mains gantées de couleurs criardes, à la démarche élastique, au foulard de soie qu’il porte autour du cou, nous préférons - ô combien ! - le Général LECLERC.

17 Octobre 1943.
1ère journée de pluie. Nous éprouvons avec satisfaction l’imperméabilité de notre agglomération de tentes.

21 Octobre 1943.
Depuis le début, et il en sera toujours ainsi, jusqu’au jour des combats, le Régiment travaille avec cœur à parfaire son instruction ; chaque jour nous améliore dans la connaissance du matériel et chaque jour, nous avons de nouveaux spécialistes. Joie de l’effort - Joie de la création - Joie du travail bien fait et “qui rend !”.

22 Octobre 1943.
Certains escadrons commencent leurs premiers tirs au canon de 75. Les tirs sont bons.

27 Octobre 1943.
Les escadrons ont déjà manœuvré aux ordres du Colonel ou de leurs Capitaines. Aujourd’hui, le Régiment manœuvre en présence du Général LECLERC. Celui-ci pousse tant qu’il peut l’instruction. Il ne procède pas par note de service ou thèmes : le Général est toujours présent. Il est d’une activité débordante. Un exemple - LECLERC -.

28 Octobre 1943.
Le Régiment “se fait“ de nombreux évadés de France par l’Espagne qui arrivent. On a la possibilité de trier le bon pain de l’ivraie, on opère une sélection.

29 Octobre 1943.
Chaque escadron a son fanion et sa devise. Le Capitaine DELAITRE a le sien frappé au Sacré-Cœur ; le Capitaine d’ORGEIX adore le calembour (sous-thonel d’Orgeix) ; le Capitaine De la JONQUIÈRE cherche encore ; le Capitaine GAUDET fait barrir l’éléphant blanc.

30 Octobre 1943.
L’instruction des conducteurs de chars peut être considérée comme terminée. Au tir, chaque jour voit une amélioration des résultats.

5 Novembre 1943.
Les chars sont baptisés. Le 1er Escadron prend des noms de villes du Midi ; le 2ème Escadron a des noms de Normandie, d’Île-de-France et de Bretagne ; le 3ème Escadron prend des villes de la Loire, de la Garonne et du Limousin ; le 4ème a le choix avec toutes les régions du Nord et de l’Est.
L’E.H.R. et l’E.M. se partagent les restes : Afrique du Nord, Corse et noms de villes inutilisés par les premiers.

11 Novembre 1943.
Le 12ème Cuirassiers défile dans RABAT, dans le cadre de la 2ème D.B.. La 5ème D.B. défile ce jour-là aussi. Impression profonde de puissance et de force, que la vue de tous ces blindés. On songe à l’Armée de Métier du Général De GAULLE, prophétique.

25 Décembre 1943.
Noël sous les chênes-lièges. Dans chaque escadron : feux de camp, scènettes ; chacun s’amuse.

7 Janvier 1944.
Le Général LECLERC inspecte le Régiment.

26 - 27 - 28 - 29 Janvier 1944.
Le 12ème Cuirassiers manœuvre à SIDI YAYA-DES-AERS. Tirs effectifs.

30 Janvier 1944.
Retour du Régiment pour le bivouac en forêt de TEMARA.

13 Février 1944.
Inspection KINGMANN par une commission franco-américaine qui décidera si la Division est apte à combattre. Il y a un mois que le Régiment prépare cette épreuve. Notre avenir en dépend : si l’impression est mauvaise nous serons dissous et irons combler les vides ailleurs.
Ces inspecteurs sont Américains pour les 2/3, le reste se compose de Français.
Le matériel est examiné très en détail, le personnel est interrogé sur toute sorte de sujet. Tout le monde a travaillé ; il y a eu des éditions massives de bréviaires : du tireur, du conducteur, du radio, rédigés par des officiers et diffusés dans la troupe.

15 Février 1944.
Les conclusions de la Commission nous sont très favorables. L’idée s’ancre en nous, que le Régiment est un très bel outil de guerre.

19 Février 1944.
Les officiers du Régiment remettent au Colonel : un fanion qu’ils ont fait confectionner ; il est de drap bleu à Dauphin et franges d’argent, avec l’inscription “12e Régiment de Cuirassiers“ et la devise “Au danger mon plaisir“.

22 Février 1944.
Fête du Régiment. Cette fête a beaucoup fait parler d’elle. Il y a deux mois qu’on la prépare ; elle devait avoir lieu en Décembre, mais tout n’étant pas au point, elle a été remise de jour en jour. Cette fois-ci, c’est la bonne. Le Régiment a fait des prouesses. Sur l’esplanade où se trouve le P.C. du Colonel, une piste a été aménagée - ceinturée de cailloux peints en blanc -.
De beaux braseros ont été allumés. Les 3 groupes de charge de l’E.H.R. donnent le courant indispensable à la centaine d’ampoules qui nous éclaire. Contre un grand chêne, une tribune de troncs d’arbres, avec un micro et des haut-parleurs.
Le Sous-Lieutenant DESFORGES sera le speaker, tour à tour spirituel et mordant, de cette soirée. Beaucoup de beau monde. Les chars du 12ème Cuirassiers sont rangés autour de l’arène.
Le cérémonie débute par quelques coups de 75 qui créent l’ambiance. Puis le Commandant ROUVILLOIS, d’une voix forte, fait le passé lyrique du 12ème Cuirassiers, et lit les citations conférées au Régiment. Ensuite, ce sont les numéros longuement préparés : carrousel de Jeeps, prise de la smala d’ Abdel Kader, tour de chant, boxe, etc.......
Ce soir là, le Régiment a pris conscience de son unité morale et de sa valeur. Tout le monde est persuadé que le 12ème Cuirassiers est capable de grandes choses.

26 Mars 1944.
Toute la période écoulée a vu des manœuvres d’escadrons ou de régiment. De nombreux évadés sont encore arrivés ainsi que des Corses venus de la petite île. L’entraînement se poursuit, méthodique. Au 3ème Escadron, le Lieutenant NOËL a pris le commandement que lui a abandonné le Capitaine De la JONQUIÈRE, promis à une autre unité.
Le Lieutenant LAZON, nommé capitaine, a laissé l’E.H.R. pour les parachutistes ; C’est le Capitaine THOMAS qui le remplacera tandis que le Lieutenant LENOIR a pris en main l’Atelier Régimentaire. Le Lieutenant LEROY-THIÉBAULT est à l’Essence et aux Munitions. Le Lieutenant BONNAFOUS et le Commandant NOIRET, venus d’Espagne, sont à l’État-Major.
La composition du Régiment, en tant que cadres d’officiers, ne varie guère à partir de cette date.
Nous partons en manœuvre pour SIDI YAYA-DES-AERS dans le cadre du Groupement Tactique DIO dont nous faisons partie. La brigade de chars a cessé d’exister ; les groupements tactiques, au nombre de trois, sont commandés par les Colonels DIO - MALAGUTTI - De LANGLADE.

10 Mars 1944.
Les véhicules chenillés ne bougent plus, du moins ceux qui parmi eux ont dépassé les 600 miles ; ils sont assez nombreux. L’instruction se poursuit sur les autres et les véhicules à roues.
À tour de rôle, les escadrons détachent du personnel sur G.M.C. pour des randonnées touristiques à travers le MAROC. On profite de ces occasions pour faire des essais de portée avec les S.C.R.193. Les essais s’avèrent satisfaisants. Le matériel radio n’a rien à envier au reste.

21 - 22 - 23 Mars 1944.
Séance de tir au champ de tir de circonstance - tir semi-masqué - sur cible mobile - tir de combat.

24 Mars 1944.
Depuis le 21, le Groupement Tactique DIO bivouaque à SIDI-YAYA pour y manœuvrer. Aujourd’hui, manœuvre d’ensemble en présence d’un général et d’officiers Russes. Tout se déroule à la perfection. La D.B. est une machine de guerre bien au point.

25 Mars 1944.
Retour au bivouac où les chars sont définitivement stockés à 600 miles.

1er - 2 - 3 - 4 - 5 Avril 1944.
Les escadrons effectuent à tour de rôle des stages de mines. Les moniteurs sont des officiers du Génie de la Division.

6 Avril 1944.
Toutes les permissions sont supprimées. Le Régiment doit se tenir prêt à faire mouvement à partir de Vendredi soir.

7 Avril 1944.
Consécration de notre entrée aux F.F.L. du Général LECLERC. Le Général De GAULLE, venu spécialement d’ALGER, passe notre Division en revue, aux lisières de la forêt de TEMARA. Il réunit les officiers de la 2ème D.B. et, pour la première fois, leur parle longuement de leur rôle et de la situation de la FRANCE. L’heure est venue d’agir.

8 Avril 1944.
Le Régiment partira en 2 échelons.

9 Avril 1944.
Dimanche de Pâques. Le 1er échelon, qui se compose des engins chenillés, part par la route en direction de CASABLANCA. Il est aux ordres du Commandant NOIRET, qui a pour adjoint le Capitaine De TARRAGON. Les Capitaines GAUDET, DELAITRE, les Lieutenants NOËL, LENOIR et KREBS, les Sous-Lieutenants BONTOUX, LEVY, MUCCHIELLI, etc..., font partie de ce détachement.
Le Chef d’Escadrons ROUVILLOIS est du nombre de ceux-ci.
Le 2ème échelon quittera, quelques jours plus tard, RABAT pour SIDI-BEN-OKBA.

L'ANGLETERRE 

Lorsque le Régiment part pour une destination inconnue, la composition de ses escadrons, est, à peu de choses près, la suivante :

ÉTAT-MAJOR :
- Lt-Colonel WARABIOT, commandant le 12ème Cuirassiers,
- Commandant NOIRET, commandant en second,
- Commandant ROUVILLOIS, en réserve de commandement,
- Capitaine LETELLIER, commandant le Service Auto,
- Capitaine BRES, commandant le Service de Santé,
- Capitaine De TARRAGON, Officier de Renseignements,
- Capitaine JOUITOU, Officier Adjoint,
- Lieutenant BONNAFOUS, commandant les Mortiers,
- S/Lieutenant MERCIER, commandant les Orienteurs,
- S/Lieutenant BONTOUX, commandant les Transmissions,
- S/Lieutenant LEVY, adjoint au Médecin-Chef,
- Adjt-Chef PAQUIN, commandant les chars moyens de Cdt,
- Adjt-Chef DENOCQ, commandant les chars légers de Cdt.
E.H.R.:- Capitaine THOMAS, commandant l’E.H.R.,
- Lieutenant FANTOU, Adjoint,
- Lieutenant LENOIR, commandant l’Atelier,
- Lieutenant LEROY-THIÉBAULT, commandant l’Essence,
- Lieutenant ITIÉ, commandant l’Approvisionnement,
- Lieutenant MARENGHI, Officier des Détails,
- Adjt-Chef DEMARBRE, commandant les Munitions.
1er ESCADRON :
- Capitaine DELAITRE, commandant l’Escadron,
- Lieutenant SCHLECHT, Adjoint,
- Lieutenant BOUTHÉON, commandant l’Échelon,
- Lieutenant PELLISSIER,
- Aspirant BECKER,
- Aspirant DELÈGUE,

- Aspirant HERLAUT.
2ème ESCADRON :
- Capitaine De THONEL d’ORGEIX, commandant l’Escadron,
- Lieutenant BRIOT de la CROCHAIS, Adjoint,
- Lieutenant BRACHET, commandant l’Échelon,
- S/Lieutenant PERIER,
- S/Lieutenant CORAP,
- Aspirant PESCHE,
- Aspirant BONIFACI,
- Aspirant PLUSQUELLEC.
3ème ESCADRON :
- Lieutenant NOËL, commandant l’Escadron,
- Lieutenant KREBS, Adjoint,
- Lieutenant BELLUET, commandant l’Échelon,
- S/Lieutenant DESFORGES,
- S/Lieutenant De COLOMBEL,
- Aspirant MANDAT de GRANCEY.
4ème ESCADRON :
- Capitaine GAUDET, commandant l’Escadron,
- Lieutenant BESNIER, Adjoint,
- Lieutenant HANNEZO, commandant l’Échelon,
- S/Lieutenant PITY,
- S/Lieutenant MUCCHIELLI,
- S/Lieutenant MOREAU.

10 Avril 1944.
La partie du Régiment partant en 1er échelon est arrivée hier au soir à CASABLANCA. À 07 heures du matin, les chars du 12ème Cuirs s’ébranlent en direction des L.S.T. qui les attendent dans le port. Chaque bateau embarque un mélange de véhicules appartenant à des unités diverses : il y a des 105 automoteurs, des chars légers ou moyens, des V.T.T.
Le Lieutenant BRIOT est officier T.Q.M. pour le Régiment ; il est secondé par les officiers T.Q.M. des escadrons. À 19H00, l’embarquement du matériel est terminé ; il n’y avait pas que nous : toutes les unités de la D.B. avaient envoyé leur matériel chenillé.
Le personnel n’embarquera que demain. Officiers et hommes couchent sur les quais de CASABLANCA, où nous ouvrons les premières boites de Beans.

11 Avril 1944.
09H00, le personnel embarque sous le contrôle des Américains, pour éviter les passagers clandestins.
14H00, les L.S.T., au nombre d’une vingtaine, quittent le port, le ciel est bleu, la mer est belle. Nous allons nous ancrer dans la rade.
Nous savons maintenant avec certitude que nous partons pour l’ANGLETERRE.
À 16H00, les L.S.T. lèvent l’ancre et mettent le cap à l’Ouest ; trois destroyers nous gardent.

12 Avril 1944.
Première journée en mer. Nous nous joignons à un immense convoi de 70 bâtiments, parmi lesquels un porte avions et 8 destroyers. Peut-être sommes nous plus nombreux, mais c’est là le chiffre des navires que l’on arrive à dénombrer.
La mer est bonne, le ciel est toujours bleu; la vie à bord est confortable, seule la nourriture laisse à désirer.
Les officiers et les hommes du 12ème Cuirs ne sont pas groupés sur le même bateau, mais dispersés. Sur le L.S.T. du Commandant NOIRET se trouvent le Commandant ROUVILLOIS, le Capitaine GAUDET, les Lieutenants NOËL, KREBS, LENOIR, BONAFOUS, les S/Lieutenants BONTOUX, LEVY, MUCCHIELLI, MERCIER, et l’Aspirant DELÈGUE.

13 Avril 1944.
Les hommes commencent à être dégoûtés des rations “C“. La brise se lève, la mer est agitée, les premiers malades se déclarent.

14 Avril 1944.
Forte houle, peu de monde aux repas. Beau ciel dehors. On vérifie les amarres des chars.

15 Avril 1944.
Très mauvaise mer : coups de bélier contre la coque du navire. Tiendra-t-il ? Le vent finit par tomber.

16 Avril 1944.
À 10H00, exercice d’alerte. Les hommes se refusent à se nourrir de Beans. Ils subsistent au moyen de biscuits et de chocolat.
Les officiers continuent à prendre leurs repas au carré Anglais : nourriture très médiocre et trop monotone.

17 Avril 1944.
La mer est de nouveau belle. Promenades sur le pont. Conversations pittoresques sur les sous-marins....

18 Avril 1944.
R.A.S. Exercices physiques sur le pont, douches.

19 Avril 1944.
Nous laissons le gros du convoi pour ne former qu’un détachement de L.S.T.. Nous voguons Est/Nord-Est.

20 Avril 1944.
Nous passerions au Sud de l’IRLANDE. Nous prenons les nouvelles aux SCR 193 des V.T.T. radios, mais les Anglais nous l’interdisent.

21 Avril 1944.
Nous arriverons demain. Mer calme. Nettoyage des bâtiments.

22 Avril 1944.
Arrivée à SWANSEA, Pays de GALLES. Passage très doux des écluses. Nous débarquons vers 18 ou 19 heures.

23 Avril 1944.
Accueil fort chaleureux des civils Anglais que nous pouvons approcher. Tout le monde est friand de pain et de nourriture qui ne soit pas des conserves. Les Anglais se montrent généreux.
Un détachement précurseur est envoyé à HULL, dans le YORKSHIRE de l’Est. Le Régiment s’y rendra par étapes. Toutefois, une partie du matériel prendra la voie ferrée.

24 Avril 1944.
Arrivée à NEWPORT, 17 heures après être passés par CARDIFF. Le Régiment couche dans un quartier de cavalerie.

25 Avril 1944.
Étape NEWPORT - CIRRENCESTER. Incidents mécaniques divers chez les chars moyens : radiateurs d’huile percés.

26 Avril 1944.
CIRRENCESTER - LUTTERWORTH. On fait un tour à COVENTRY pour se rendre compte des effets des bombes Allemandes et des morts de 1940. La ville est moins démolie que ne le disait la propagande nazie. Animation dans les rues.

27 Avril 1944.
De LUTTERWORTH à DONCASTER.

28 Avril 1944.
Étape DONCASTER - ANLABRY (TRANBY-CROFT) près de HULL. Nous y restons quelques jours au bivouac, très confortable. Les chars sont parqués à proximité, dans une avenue.
Parfaite organisation des gîtes d’étape Anglais où tout est prévu : garages, logements, douches, cinémas, etc.... Toute l’activité, ici, est tournée vers la guerre. Chacun se dit que le peuple Anglais est grand et qu’il mérite de vaincre.
L’Armée a droit à ce qu’il y a de mieux. Les Anglais aiment l’Armée. Leur accueil est très chaleureux pour nous autres, soldats. Sur notre passage, les maisons se sont ouvertes pour nous distribuer : café, thé, chocolat.
Nous avons été frappés par le nombre de femmes mobilisées, surtout par les land-girls.

30 Avril 1944.
Chacun fait connaissance avec HULL et ses habitants. Accueil parfait. Réception au GUILD-HULL par le Lord-Maire de HULL.

3 Mai 1944.
Nos V.T.T. sont restés à SWANSEA, aux ordres du S/Lieutenant BONTOUX, qui doit les convoyer par chemin de fer jusqu’ à HULL.

4 Mai 1944.
Les organisations francophiles se dépensent pour nous. À signaler l’activité des “Amis des Volontaires Français“ qui se chargent de trouver des familles désireuses d’accueillir, en week-end, nos Cuirassiers.

5 Mai 1944.
Le détachement du S/Lieutenant BONTOUX rejoint ce jour. Le Régiment est au complet. Reconnaissance des camps de WEST-LUTTON où nous allons bivouaquer.

8 Mai 1944.
Départ du détachement précurseur au camp de WEST-LUTTON. Il est composé du Capitaine GAUDET, du Lieutenant BRIOT, du S/Lieutenant BONTOUX et d’un certain nombre de Cuirassiers.

9 et 10 Mai 1944.
Nous sommes à HULL, tandis que le détachement de WEST-LUTTON, édifie pour nous, un très vaste et très confortable camp de toile.

11 Mai 1944.
Regroupement de tous les éléments du 12ème Cuirs, présents en ANGLETERRE, au camp de WEST-LUTTON. WEST-LUTTON surnommé “les HAUTS de HURLEVENT“, est une campagne déserte, à 40 miles au Nord de HULL.
Nous y vivons dans le voisinage du 1er Bataillon du TCHAD, commandé par le Chef de Bataillon FARRET.

12 au 19 Mai 1944.
Installation, entretien, revues, organisation. Prise d’armes pour la fête de Sainte Jeanne d’Arc.

20 au 25 Mai 1944.
Revue Américaine qui a pour but d’évaluer tout ce dont nous avons encore besoin.

31 Mai 1944.
Arrivée du détachement “B“, qui a embarqué à ORAN, après avoir bivouaqué à SIDI-BEN-OKBA. Le Lieutenant-Colonel WARABIOT reprend le commandement de l’ensemble du Régiment. Le détachement “B“ avait embarqué le 19 Mai, pour débarquer le 25 Mai à LIVERPOOL.

1er Juin 1944.
Prise d’armes pour l’ensemble du Régiment.

2 Juin 1944.
À partir d’aujourd’hui, et à tour de rôle, les escadrons utilisent les champs de tir de FORTONBALE, pour se perfectionner dans les armes individuelles. Étude des champs de mines sous la direction du Lieutenant SCHLECHT.

4 Juin 1944.
Vie active coupée de rares sorties sur HULL et YORK. Hygiène très grande du camp, nécessitant de très lourdes corvées. Trois cuisines : une pour la troupe gérée par le Capitaine GAUDET, une pour les sous-officiers gérée par le Capitaine DELAITRE, une pour les officiers gérée par le Capitaine d’ ORGEIX.
Les hommes disposent d’un foyer très vivant et très bien achalandé, monté de toutes pièces par le S/Lieutenant DESFORGES de l’Escadron NOËL.
Visites à SCARBOROUGH où nous envoyons des permissionnaires.
Contacts fréquents avec les “Amis des Volontaires Français“.

5 Juin 1944.
La nouvelle du débarquement éclate comme un coup de foudre. Tous les Français de WEST-LUTTON sont dans l’enthousiasme. Le Colonel lit au micro le - Message aux Français - prononcé ce jour par le Général De GAULLE.
Toute la journée nous restons à l’écoute aux postes de T.S.F.
La diffusion des nouvelles depuis notre arrivée, a été faite quotidiennement sous forme de bulletins diffusés par le peloton de transmissions du Régiment.

10 Juin 1944.
Inspection de l’armement par un Commandant Américain.

12 Juin 1944.
Arrivée des derniers véhicules à roues du Régiment. Ce convoi a débarqué en Mer du NORD, à MIDDLESBAROUGH le 9 Juin. Il avait contourné l’ÉCOSSE.

13 Juin 1944.
Rassemblement des officiers de la 2ème D.B. au P.C. du Général LECLERC à DALTON-HALL. Le Général De GAULLE devait venir, son voyage a été décommandé.

15 Juin 1944.
Les escadrons vont tirer à tour de rôle au champ de tir, sur but mobile, d’HORMSEN. Champ de tir très bien organisé : mess et salles confortables.
Le Général LECLERC, qui vient souvent à ces tirs, donne des primes en argent aux meilleurs tireurs.

16-17-18 Juin 1944.
Préparation des manœuvres d’Escadron et exécution.

20 Juin 1944.
Exercice de cadres. Étude d’une attaque suivie d’une exploitation.

21 Juin 1944.
Le Général LECLERC nous remet les insignes numérotées de la 2ème D.B. Le N° 1 va au premier officier Français parachuté en France. Le 2ème au Général De GAULLE, le N° 3 à lui-même ; le N° 4 à son Officier d’ordonnance, puis le reste : suivant l’ordre hiérarchique.

22-23 Juin 1944.
Manœuvres dans les escadrons.

24 Juin 1944.
Revue des chars. Ils ont plus de 1.000 miles. Les chars ont besoin d’une révision.
Départ d’officiers pour assister à une manœuvre de la Division Blindée Polonaise, à laquelle le Régiment détache quelques V.T.T. radio.
Grande amitié de ces Polonais pour la France. Ils sont pessimistes quant à l’avenir de la Pologne.

27 Juin 1944.
Le Régiment part en manœuvres sous les ordres du Capitaine d’ORGEIX.

29 et 30 Juin 1944.
Tirs au canon.

3 Juillet 1944.
À DALTON-HALL, en présence de détachements de la D.B., le Général KOENIG remet des drapeaux et étendards au 501e R.C.C., au Génie, au R.C.A.
Le même jour, visite du Prince du LUXEMBOURG au bivouac.

4 Juillet 1944.
Travaux de peintures des marques distinctives sur tous les véhicules du Régiment.

5 Juillet 1944.
Le R.M.T. nous fait une démonstration de déminage à 23 heures.

6 Juillet 1944.
Le Capitaine NOËL prend en charge la popote des officiers du 12ème Cuirs.

8 Juillet 1944.
Exercice d’embarquement d’escadron.

12 Juillet 1944.
Le Colonel WARABIOT prend le commandement, par intérim, de la Brigade de chars de la 2ème D.B.. Le Lt-Colonel NOIRET commande le Régiment.

14 Juillet 1944.
Petite cérémonie patriotique : couleurs - défilé. Les hommes travaillent tard, la nuit, au montage des derniers objets perçus : lunettes mortiers, lance-fusées, etc...

15 au 20 Juillet 1944.
Révision des 100 heures ou des 1.000 miles pour tous les chars.

21 Juillet 1944.
Ordre de départ pour la côte Sud de l’ANGLETERRE. Les chars seulement seront transportés par voie ferrée.

22 Juillet 1944.
Départ des éléments à roues à 10 heures - Étape.

23 Juillet 1944.
Arrivée à BOURNEMOUTH vers minuit ; nous logeons dans des villas réquisitionnées dans un fort joli quartier.

24 Juillet 1944.
Perception de chars de remplacement et de chars de dépannage “RECOVERY“.

26 Juillet 1944.
Arrivée du 2ème élément chenillé en gare de BOURNEMOUTH.

27 Juillet 1944.
Le S/Lieutenant PESCH prend le commandement du Peloton Mortiers à l’E.M. Le Lieutenant BONNAFOUS devient Officier de liaison. Le S/Lieutenant BUREAU est affecté au 2ème Escadron.

28 Juillet 1944.
Distribution des insignes de la D.B. à la troupe.

29 Juillet 1944.
Mouvement par la route à 14H30 pour WEYMOUTH. Bivouac très confortable, à 5 km N-E de WEYMOUTH. On nous recomplète en accessoires radio et autres.

30 Juillet 1944.
Distribution des insignes numérotés du Régiment pour les Officiers et Adjudants.

31 Juillet 1944.
Départ à 09H40, par la route. Regroupement à PORTLAND, embarquement sur L.S.T. de 13H30 à 15H30, pour le personnel et le matériel.
À 16H30, nous quittons PORTLAND pour aller grossir le nombre des L.S.T. et des L.C.T. qui se trouvent en rade.
Un Escadron d’ Appui est créé en Juillet, sous le commandement du Capitaine DA. Il comporte les pelotons suivants :
- Chars 105 :
Chef de peloton : Lieutenant BESNIER
char CHERBOURG N° 09 ( prendra le nom de PONT DE KEHL après sa destruction à Strasbourg )
char SAINT-DENIS N° 10
char SARREGUEMINES N° 11
- Chars légers :
Chef de peloton : Lieutenant De La PRESLE
char METZ N° 01
char NANCY N° 02
char COLMAR N° 03
char STRASBOURG N° 04
- Peloton Mortiers :
Chef de peloton : Lieutenant PESCHE
H.T. de Cdt : LA ROCHELLE
H.T. pièce N° 1 LA PALLICE
H.T. pièce N° 2 LA CIOTAT
H.T. pièce N° 3 LA NOUVELLE
Début Novembre 1944, un Groupe Franc commandé par l’Adjt/Chef GAILLOT s’ ajoutera au peloton Mortiers ; il sera composé de 8 cuirassiers qui seront interchangeables avec le personnel des Mortiers qui, jusqu’à cette création, effectueront des missions de type “Commando“ ou d’infanterie supplétive, en plus de leurs missions d’appui ou de harcèlement.
Après la campagne d’Alsace, l’Escadron d’Appui prendra en compte les chars Sherman dits de commandement, du P.C. du Régiment :
char MEKNES  N° 05
char FEZ N° 06
char DJEMILLA N° 07
char RABAT N° 08
Le char DJEMILLA qui sera détruit le 11 Août 1944, ne sera jamais remplacé.

III – LA NORMANDIE.

1er Août 1944.
07H15, départ en convoi des L.S.T. vers l’E. puis le S.,
16H00, en vue des côtes de FRANCE. Dans la brume, on distingue les côtes de CHERBOURG. Nous allons échouer à 2 km de cette localité. Sur une plage avec tous les autres bateaux du convoi. D.C.A. intense au S-E, lâché de ballons captifs sur nos transports.
À 23H15, pied à terre en profitant de la marée basse. Clair de lune splendide. Pas un avion Allemand dans le ciel.

2 Août 1944.
Entre 00H00 et 02H00 du matin, débarquement des chars et des voitures. Les M.P. Américains nous aiguillent vers l’intérieur. Itinéraire : ST-MARTIN - STE-MERE-L’ÉGLISE - ST-SAUVEUR-LE-VICOMTE - LA HAYE-DU-PUITS - LITHAIRE - GERVILLE. Bivouac dans les champs de GERVILLE, au milieu des cadavres d’Allemands et d’animaux en putréfaction. Réseaux inextricables de fils téléphoniques. Les combats ont dû être féroces. Trous individuels innombrables. Là-dessus, un soleil ardent. Villages et fermes en ruines.

3 Août 1944.
On fourbit les armes, les chars, les vêtements.

4 Août 1944.
Les Américains sont à RENNES. Nos SCR 193 nous tiennent au courant des combats.

5 Août 1944.
Le Régiment reçoit l’ordre de se tenir prêt à faire mouvement sans préavis.
Départ des précurseurs à 09H40 : LA HAYE-DU-PUITS - LESSAY - COUTANCES - GRANVILLE - AVRANCHES - PONTAUBAULT.

6 Août 1944.
13H00, le Régiment se déplace vers l’Est. À 21H00, bivouac à 4 km N-E de ST-JAMES, autour du château de CHASSILLY. Le Régiment se camoufle : filets, utilisation du terrain et des arbres.
À partir de notre arrivée, rondes d’avions Allemands aux alentours. Feux nourris de D.C.A.. Bruits d’explosions. La terre tremble.

7 Août 1944.
08H00, ravitaillement en essence et gas-oil. Des précurseurs partent vers LA HERVIERES, au Sud de VITRE. Préparation d’un bivouac à 10 km Sud de VITRE, sur la route VITRE - LA GUERCHE. Accueil chaleureux des Français depuis notre débarquement. Cidre et pommes.

LA MARCHE EN AVANT

8 Août 1944.
Le Régiment, en entier est stationné à 2 km au Sud de ST SENIER-DE-BEUVRON (5 km N. de ST-JAMES).
Le Régiment reçoit, dans l’après-midi, l’ordre de se tenir prêt à faire mouvement pour se porter dans la région S-O. du MANS, d’une seule étape.
L’heure de départ est fixée au 09 Août à 01H00.
Vers 23H45, l’aviation Allemande attaque le bivouac du 12ème Cuirs à plusieurs reprises avec des chapelets de grenades.
L’E.H.R. et le 1er Escadron qui se préparaient à quitter leur stationnement sont atteints :
Blessés : - au 1er Escadron:         - Lieutenant SCHLECHT   - 2 Cuirassiers
- à l’ E.H.R.:            - Lieutenant ITIÉ
                            - Lieutenant LEROY-THIÉBAULT
                            - Adjudant Chef DEMARBRE
                            - Adjudant BOUBECKEUR
                            - 3 sous-officiers
                            - 18 Brigadiers et Cuirassiers
Matériel:              - 58 roues de camions hors d’ usage
                            - des radiateurs crevés.
En raison de ces pertes, le Colonel donne au Chef d’Escadrons ROUVILLOIS, l’ordre de rester au bivouac de ST-SENIER avec l’E.H.R. qu’il remettra en ordre, et le 1er peloton du 1er Escadron (Aspirant DELÈGUE) qui lui servira de protection, et de rejoindre le plus tôt possible LE MANS avec ces éléments.
Au cours de cette remise en ordre, le bivouac est de nouveau bombardé. Tout le personnel, y compris les blessés, et tout le matériel, doivent être transportés d’urgence, de nuit, dans des champs voisins. Les officiers et gradés blessés eux-mêmes aident à ce mouvement.
L’E.H.R., en raison de ces circonstances et d’embouteillages multiples, ne pourra rejoindre le Régiment qu’à NEUVILLE, le 10 Août au matin vers 10H30. Le ravitaillement en essence qui avait été le plus atteint dans son personnel et son matériel ne parviendra donc au Régiment qu’à ce moment et retardera le mouvement vers BALLON, de certains escadrons.

9 Août 1944.
Le Régiment, moins l’E.H.R. et le 1er peloton du 1er Escadron, part de ST-SENIER à 01H00 et se porte à proximité d’AUVERS-LE-HAMON ( 13 km S-E. du MANS ) par ST-JAMES - ST-AUBIN - VITRE - COSSE-LE-VIVIEN - CHATEAU-GONTIER - SABLE.
Ce mouvement se fait dans de très bonnes conditions. Les populations de toutes les villes et villages traversés, acclament le Régiment, couvrant les voitures de fleurs, offrant en masse des rafraîchissements....
Dans ces conditions dangereuses pour l’ordre et la discipline, le Régiment se comporte parfaitement. Les unités restent en main, les hommes bien tenus.
Le Régiment arrive à AUVERS-LE-HAMON vers 16H00, retardé par de nombreux embouteillages dus aux troupes Américaines qui se dirigent vers RENNES.
Vers 18H00, le Régiment reçoit brusquement l’ordre de se porter sans délai à NEUVILLE (4 km au N-O. du MANS), de façon à s’assurer le passage de la SARTHE sur un pont construit par le Génie Américain. Il part à 19H30 par POILLE - SOULIGNE - TRANGE - ST-SATURNIN - NEUVILLE (60 km).

PREMIERS CONTACTS

10 Août 1944.
Dans un embouteillage qui ne trouve d’analogue que ceux du repli sur DUNKERQUE, de funeste mémoire, le Régiment réussit vers 03H00 à franchir le pont sur la SARTHE.
Vers 06H00, un intense bombardement aérien Américain tombe à 800 mètres en avant des positions occupées par le 2ème Escadron et le peloton Mortiers, à NEUVILLE-SUR-SARTHE.
Les derniers éléments ne parviendront à passer et à rejoindre Neuville que vers 08H00.
Tout le Régiment se prépare à entreprendre sans délai les opérations offensives en direction du Nord.
L’ordre d’opération arrive vers 07H00. Le Colonel donne immédiatement l’ordre de départ sur l’axe BALLON - LUCE - MEURCE - COULOMBIERS - BOURG-LE-ROI - CHAMPFLEUR - ALENÇON - CARROUGES.
Le Colonel NOIRET prend le commandement de l’avant-garde du G.T.D., comprenant :
- le 1er Escadron qui a touché son essence,
- le 2ème Escadron auquel on donne tout le gas-oil disponible,
- les 3ème et 4ème Escadrons, qui attendront sur place leur carburant, sous les ordres du Chef d’Escadrons ROUVILLOIS, qui a rejoint vers 07H00, laissant l’E.H.R. à quelque distance en arrière, retardé par un embouteillage.
La marche de l’avant-garde est très ralentie au début par l’encombrement de notre axe de marche. Le G.T.L. s’était engagé par erreur sur notre itinéraire, et de nombreux éléments Américains y circulaient.
L’avant-garde est renforcée par le peloton de 105 du Lieutenant BESNIER, la Compagnie GRALL, et une section du Génie.
Le Régiment se porte ainsi à BALLON, à la sortie Nord duquel est pris le premier contact, en avant des troupes Américaines qui occupaient déjà BALLON et se dirigeaient vers BEAUMONT.
Ce premier contact est pris à la fourche I.C.85 - route de LUCE, par le 1er Escadron (chars légers) vers 09H30, au milieu d’ une grande confusion créée par le mélange d’une unité Américaine et de nos éléments.
Le peloton BECKER, en tête sur l’axe, et le peloton HERLAUT sur la I.C.85, engagés par le Capitaine DELAITRE, en coopération avec la Compagnie GRALL, nettoient le secteur.
- Le M.d.L. ANDRIEUX entre, seul, dans un chemin creux tenu par des fantassins Allemands armés de mitrailleuses. Il tue un grand nombre de ceux-ci ; quelques blessés et prisonniers sont ramenés par la Compagnie GRALL.
En sortant de ce chemin pour rejoindre le Capitaine DELAITRE, il a sa tourelle immobilisée par une arme antichar lourde. Ce char reprendra le combat dans la soirée.
- Le char du Brigadier-Chef GIRONA, en panne, est dépanné par le char de l’Aspirant BECKER sous le feu de l’infanterie ennemie et d’un canon antichar.
L’avant-garde reçoit l’ordre de reprendre le mouvement en avant sur LUCE, alors que les Américains se dirigent vers BEAUMONT.
- Le 1er Escadron atteint LUCE, puis MEURCE.
- Un canon antichar est détruit par l’Aspirant HERLAUT.
- Dans ce mouvement, un char léger est détruit,
- l’Aspirant HERLAUT et un Brigadier sont tués.
L’avant-garde, le 1er Escadron en tête, poussent ensuite sur CHERANCE. Au cours de cette avance, trois chars légers sont détruits, dont le char “BORDEAUX“ du Capitaine.
Le Capitaine DELAITRE, le M.d.L.-Chef Germain DESBOIS, et trois Cuirassiers sont grièvement blessés. Le Capitaine DELAITRE et le M.d.L.-Chef DESBOIS mourront durant leur transport vers l’arrière.
L’Adjudant-Chef VANINI, avec son canon de 105, détruit un canon antichar placé au Nord du village. Le peloton BECKER n’ayant pu continuer sa mission après NOUANS, où les Américains étaient aux prises avec des chars lourds ennemis, revient sur DOUCE, d’où le Colonel l’envoie sur DOUCELLES rejoindre son escadron.
Au reçu d’un message “Flash“ annonçant que 20 “PANTHER“ se dirigeaient de DOUCELLES sur MEURCE, l’avant-garde reçoit l’ordre de se replier sur le dernier village. Le Capitaine GRALL commandant provisoirement celle-ci (Capitaine De LAITRE évacué), donne l’ordre de repli sur MEURCE. Le Capitaine DA rejoignant, prend le commandement de l’avant-garde.
Le Capitaine DA donne l’ordre de regrouper l’avant-garde à MEURCE.
Là, remise en ordre, les blessés sont évacués en direction de LUCE.
Les éléments du 1er Escadron rejoignent LUCE où le Lieutenant BOUTHÉON a reçu l’ordre de les regrouper.
Le Lieutenant BESNIER ne s’étant pas arrêté à CHERANCE, avec un char 105 et deux chars légers, n’a pas été touché par l’ordre de repli et a poussé en direction de ROUESSE-FONTAINE.
Il s’arrête en vue de la route de LA HUTTE - ST REMY-DU-PLAIN. Il fait quelques prisonniers. Son char 105, le SAINT-DENIS, est mis hors de combat par une arme antichar.
Il donne alors l’ordre de repli aux deux chars légers, dont un avait le canon éclaté. L’un de ces chars se renverse dans le fossé. L’autre se replie sur CHERANCE, où il tombe en panne d’essence. L’équipage se met en civil, camoufle le char. Ce char pourra rejoindre le lendemain son escadron après avoir été ravitaillé par le G.T.L..
L’équipage du Lieutenant BESNIER rejoindra le 11 Août le P.C. à COULOMBIERS, sauf un sous-officier et un cuirassier qui, blessés, n’ont pu suivre à pied et ont dû être fait prisonniers par les Allemands.
Le 2ème Escadron, après avoir pu faire le plein de ses véhicules, part vers 09H00 sur l’axe, en tête du gros. Dans l’après-midi, il exécute une mission sur NOUANS sans rencontrer de résistance, puis, sur ordre, revient à LUCE dont il assure la défense. Enfin il gagne MEURCE où le Régiment se regroupe, en fin de journée.
C’est dans les environs de MEURCE qu’est accomplie la première action du 2ème Escadron contre l’ennemi :
- le peloton BRIOT, dans la région Nord et N-E. de MEURCE surprend trois canons antichars lourds Allemands. Les servants, mitraillés, abandonnent les pièces et fuient dans les bois. Le char du Lieutenant BRIOT écrase les trois pièces.
Le 3ème Escadron a progressé, en réserve, de NEUVILLE à MEURCE.
À MEURCE, le 3ème Escadron (Lieutenant NOËL) est envoyé en soutien de l’avant-garde, au moment où celle-ci était arrêtée par des résistances ennemies aux abords de DOUCELLES.
- Le peloton De COLOMBEL est envoyé en reconnaissance sur VIVOIN. Il y est accueilli par deux chars “PANTHER“. L’Air Support détruit l’un des “Panther“, l’autre pris à partie par le peloton De COLOMBEL est réduit au silence.
À 20H00, le 3ème Escadron va s’installer en bivouac-garde au COUDRAY. Nuit sans incident.
Le 4ème Escadron, son plein d’essence terminé, se porte, sur ordre du Chef d’Escadrons ROUVILLOIS, vers SOULIGNE.
Dans l’après-midi, un ordre le pousse d’urgence sur LUCE, puis sur MEURCE.
Le Colonel donne, au Capitaine GAUDET, l’ordre de renforcer l’avant-garde qui a pour mission de reconnaître l’axe de marche à partir de MEURCE.
- À l’entrée de DOUCELLES, le peloton PITY est pris à partie par un char lourd ennemi. Le char de pointe est touché au train de roulement. Le peloton déborde le village par la droite, un de ses chars est immobilisé par deux coups au but (un mort, deux blessés). Le peloton détruit le char ennemi.
- Le peloton MUCCHIELLI déborde par la gauche et détruit un autre char lourd aux lisières Sud de DOUCELLES.
L’ennemi, en fuite, est dispersé par les tirs de nos chars.
Le village de DOUCELLES est nettoyé, en particulier l’église et le cimetière.
Le premier prisonnier de l’Escadron est fait.
L’avance reprend sur CONGE-LES-GUERETS qui est vide et sur LE COUDRAY, où les pelotons MUCCHIELLI et PITY s’emparent, sur ordre, des ponts sur la rivière au Nord du Coudray. L’Escadron s’y installe défensivement pour la nuit.
- Une contre-attaque d’auto-mitrailleuses, venant sans doute miner le pont, est anéantie par le peloton MUCCHIELLI qui détruit deux auto-mitrailleuses chargées de mines.
Le P.C. avancé du Régiment a suivi la progression immédiatement en arrière de l’avant-garde. Il termine la journée à MEURCE où il passe la nuit.
Au cours de la nuit du 10 au 11 Août, le ravitaillement des éléments du Régiment est assuré dans de bonnes conditions, malgré de grosses difficultés venant de la situation initiale de l’E.H.R. du Régiment, faisant suite au bombardement de la nuit du 8 et des déplacements sur routes très encombrées des 9 et 10 Août.
La nuit du 10 au 11 Août est très agitée. L’ensemble du G.T.D. est fatigué ; la Compagnie SAN MARCELLI, à DOUCELLES, s’annonce, au cours de celle-ci, comme détruite.
Le Commandant du G.T.D. voudrait rester sur place le lendemain pour remise en ordre du G.T. Sa mission serait alors donnée au G.T.V. qui nous suit.
Le Colonel commandant le 12ème Cuirassiers donne cependant ordre à son avant-garde, le 11 Août dès 06H00, de reprendre la marche sur Alençon. Cette initiative donnera les plus heureux effets le lendemain.

Bilan de la journée du 10

1er Escadron :

 

Pertes :

 

 

 Tués

 

Matériel détruit

 

Cne DELAITRE

1 Jeep

 

Aspirant HERLAUT

4 chars légers : BORDEAUX   - NICE - ALGER -   LYON

Blessés

1 Brigadier

 

 

1 sous-officier

 

 

3 cuirassiers

 

Gains:

 

 

Prisonniers

1 officier

1 canon antichar lourd

 

7 hommes

1 ambulance blindée récupérée

Tués:

50

 

2ème Escadron

 

Pertes:        

 

Néant

Gains:

 

3 canons antichars

3ème Escadron

 

Pertes:        

 

Néant

Gains :

 

1 char “Panther“

4ème Escadron

 

Pertes:

 

 

Tués

1 cuirassier

1 char détruit   VILLERS-BRETONNEUX

Blessés        

3 cuirassiers

1 char endommagé CHARLEVILLE

Gains:

prisonniers rameutés par la compagnie de soutien d’avant-garde

2 chars PzKw IV

2 auto-mitrailleuses

VI - ALENCON

11 Août 1944.
À partir du 11 Août 1944, le G.T.D. est fractionné en deux sous-groupements :
- 1°: sur l’axe MEURCE - VIVOIN - LA HUTTE - ALENÇON, le bataillon FARET moins les compagnies GRALL et SAN MARCELLI, renforcé du 2ème Escadron (Capitaine d’ORGEIX), du 3ème Escadron du R.B.F.M. moins un peloton, le tout sous les ordres du Chef de Bataillon FARET.
- 2°: sur l’axe CHERANCE - ROUESSE-FONTAINE - BOURG-LE-ROI - CHAMPFLEUR - ALENÇON, le reste du G.T.D. aux ordres du Lt-Colonel NOIRET.
Le Capitaine commandant le 2ème Escadron reçoit l’ordre de détacher un de ses pelotons avec un élément dépendant du Commandant FARET et opérant à l’Ouest de l’axe.
Le reste du 2ème Escadron, sous les ordres du Capitaine d’ ORGEIX, reçoit d’autre part la mission de constituer l’avant-garde du Sous-Groupement FARET, les éléments de reconnaissance de ce sous-groupement ayant été éprouvés par des attaques aériennes.
Le peloton PÉRIER est envoyé en pointe. Il réduit de nombreux éléments d’infanterie ennemis dans le village de La Hutte et progresse au-delà. De nombreux éléments d’infanterie, ainsi dépassés et désorganisés, viendront se rendre aux unités d’infanterie amies qui suivent la progression des chars.
Le peloton PÉRIER continue sa marche en avant et dans la ligne droite située entre La Hutte et La Route tombe sur de nombreux canons antichars Allemands.
Un très violent combat a lieu, au cours duquel le peloton PLUSQUELLEC est engagé en renfort.
La progression des pelotons PÉRIER et PLUSQUELLEC est finalement bloquée par une très dure résistance antichar et chars ennemis, placés dans un terrain défavorable à l’attaque des chars (impossibilité de sortir de la route).
Trois chars du peloton PÉRIER et deux chars du peloton PLUSQUELLEC, dont les chars de ces deux chefs de peloton, sont détruits. Un quatrième char du peloton PÉRIER reviendra en flamme jusqu’à La Hutte, et le feu ne pouvant être éteint, brûlera entièrement.
L’ennemi a perdu de nombreux tués et blessés, et au moins un char, aux lisières de FYE.
Il convient, ici, de signaler quelques actes de courage remarquables :
- Près de LA HUTTE, le Cuirassier LOUVET, conducteur d’un char, alors que son char venait d’être percé par 2 coups de canon et que le tireur venait d’être décapité à son poste de combat, que les autres membres de l’équipage étaient blessés, lui-même blessé, et que les quatre chars voisins brûlaient, a trouvé la force de faire demi-tour, de ramener son char toujours en flamme à un kilomètre en arrière, après avoir aidé tout l’équipage blessé à sortir du char.
LOUVET n’a consenti à se faire évacuer que lorsque toutes les tentatives faites pour éteindre l’incendie de son char et de le sauver se furent révélées vaines.
- Moins spectaculaire, mais aussi méritoire, fut le cran montré par les blessés des chars brûlés au Nord de LA HUTTE, parmi lesquels il faut citer le M.d.L. GUILLOT, les cuirassiers MOLLINIER, SAINT-MARTIN, RAVON, qui avant leur évacuation, tinrent à fournir tous les renseignements qu’ils avaient pu obtenir sur l’emplacement des canons et chars ennemis qui venaient de mettre hors de combat les chars de leurs pelotons.
- Enfin c’est le M.d.L. MATHIEU et son équipage, qui, seuls survivants de leur peloton, après les combats de la matinée, repartent dès l’après-midi comme premier char, en avant de tout autre élément, pour attaquer les armes ennemies qui venaient de détruire 6 chars de leur Escadron.
Le Capitaine d’ORGEIX réunit les restes des pelotons PÉRIER et PLUSQUELLEC, les renforce d’un char de commandement, et en forme un peloton aux ordres du S/Lieutenant BUREAU.
Dans l’après-midi, le Capitaine d’ORGEIX reçoit l’ordre de réduire ces armes antichars et de continuer la progression. L’opération est menée par le peloton BUREAU qui exécute une manœuvre de débordement par l’Est de la route, dans un terrain très difficile, où l’on doit à plusieurs reprises, faire précéder les chars par des membres des équipages à pied ; le village de LA ROUTE est pris.
De nombreux prisonniers sont faits (22 se rendent à l’instant, 15 se rendent à l’Infanterie qui n’a pu rejoindre les chars qu’une demi-heure plus tard).
Les chars poursuivent l’ennemi jusqu’à ARCONNAY. Là, l’Escadron reçoit l’ordre de se regrouper pour la nuit à LE PONT-OSSEAU.
Pendant la journée, le peloton BRIOT (détachement Ouest) a également exécuté un travail d’avant-garde et a rencontré de grandes difficultés de terrain. Deux de ses chars resteront embourbés jusqu’au lendemain. Il a détruit dans la journée 2 canons antichars et provoqué la reddition de quelques prisonniers. Il participe à la prise du village de FRESNAY.
Le 3ème Escadron, sur ordre du Colonel, s’installe en garde vers l’Est, le S-E. et le N. à COULOMBIERS. Installation terminée à 09H30.
Le peloton De COLOMBEL étant allé reconnaître CHERANCE, ce village se révèle tenu par de l’infanterie et des canons antichars.
À 12H15, le Lieutenant NOËL reçoit l’ordre de se mettre aux ordres du Chef d’Escadrons ROUVILLOIS pour attaquer BOURG-LE-ROI.
Pour cette attaque, le Chef d’ Escadron ROUVILLOIS dispose :
- de l’Escadron NOËL,
- d’un peloton de T.D.,
- de la Compagnie SAN MARCELLI.
Attaque mise en place entre LA HUTTE, d’où le 2ème Escadron ne peut encore déboucher, et ROUESSE-FONTAINE, où le 4ème Escadron est fixé.
Après avoir traversé le BOIS DU CHATEAU (2 km E. de LA HUTTE ), le 3ème Escadron s’installe sur sa base de départ aux lisières N. des bois, en vue de son objectif : BOURG-LE-ROI.
Le peloton KREBS est en tête, et doit contourner le village par l’ Ouest.
Un jeune résistant : Mr VERNIER, boulanger à BOURG-LE-ROI, monte sur l’arrière du char du Lieutenant KREBS, donnant au fur et à mesure de la progression, des indications permettant de faire tomber la défense Allemande, en débordant celle-ci par un itinéraire non défendu par le Commandement Allemand, en raison des difficultés du terrain qu’il présente.
Le peloton DESFORGES surveille l’entrée de BOURG-LE-ROI pendant que le peloton KREBS se jette sur les lisières N.E. du village et les nettoie.
Le peloton De COLOMBEL, une fois le large débordement des pelotons KREBS et DESFORGES bien amorcé, doit attaquer LE PITON, S.E. de BOURG-LE-ROI, fortement défendu.
Le peloton KREBS pénètre dans BOURG-LE-ROI et provoque un départ précipité des Allemands pris à revers ; il poursuit ceux-ci au delà des lisières N.E. du village.
Le peloton De COLOMBEL arrive à proximité du PITON qui lui est désigné comme objectif. Il est accueilli par des coups de 88 qui percent une des poulies de tension de son char. Le peloton poursuit sa progression en tirant, le canon de 88 est détruit.
La progression a duré une heure, Bourg-le-Roi est pris.
Des prisonniers sont faits.
La Compagnie SAN MARCELLI qui ne s’est pas rendue compte du départ des chars de son détachement, à l’attaque, est restée en arrière ; elle rejoint BOURG-LE-ROI, prend possession des nombreux prisonniers faits, et complète le nettoyage du village.
Vers 17H30, le détachement ROUVILLOIS reçoit la mission de repartir en avant sur CHERISE et CHAMPFLEUR.
Le 3ème Escadron du Lieutenant NOËL est en tête.
Le peloton KREBS est envoyé sur CHERISE que, 20 minutes après, il signale vide.
Le 3ème Escadron reprend sa progression, peloton DESFORGES sur l’axe, suivi d’une section d’Infanterie.
Le peloton De COLOMBEL est en soutien.
Le peloton KREBS arrive en vue de CHAMPFLEUR vers 18H30, et progresse le long du remblai de la voie ferrée.
Le peloton DESFORGES tourne CHAMPFLEUR largement par l’Ouest, et coupe la retraite aux éléments d’infanterie portée ennemis qui évacuent le village.
Il détruit un camion et une auto-mitrailleuse et deux véhicules de transport de troupe de “Panzer Grenadiere“.
Le char du Lieutenant KREBS pénètre dans CHAMPFLEUR. Le char de soutien de son peloton, atteint par un coup au but, prend feu.
Le Lieutenant NOËL ayant localisé le départ des coups de canon ennemis, ouvre le feu à 100 mètres.
Un deuxième char de soutien du peloton KREBS, atteint, prend feu.
Le peloton De COLOMBEL, sur ordre du Lieutenant NOËL, se porte en soutien du peloton KREBS. L’appui de l’Air Support, qui avait été demandé, ne peut être obtenu en temps voulu. L’Artillerie ouvre le feu, neutralise l’infanterie, et arrête les renforts blindés de l’ennemi dont l’arrivée était signalée par le Lieutenant KREBS.
Deux “Panzer IV“ sont détruits par le char du Lieutenant KREBS.
Vers 19H30, le Lieutenant KREBS signale CHAMPFLEUR évacué par l’ennemi.
Le peloton DESFORGES pénètre également dans CHAMPFLEUR, par l’Ouest et par le Nord.
L’Escadron NOËL s’installe vers 23H00, en bivouac-garde, à 1 km N.O. du village, sur la route d’Alençon.
Le fait d’ arme suivant, survenu au cours de l’attaque de CHAMPFLEUR, mérite d’ être raconté :
- Les cuirassiers CILLIERES, ARCHIAVELLIS, BOUCHARD, PERSHON, conducteurs et aides conducteurs des chars BLOIS et BRANTÔME, sortant de leurs chars en feu, se précipitent dans des trous à proximité de leurs chars. Ils y trouvent des fantassins Allemands camouflés.
Le cuirassier PERSHON les interpelle en allemand, BOUCHARD les menace de son pistolet. 7 Allemands sont pris avec leurs armes dont 2 mitrailleuses légères. Après l’action le cuirassier BOUCHARD s’apercevra qu’il n’y avait pas de chargeur dans son pistolet.......
L’avant-garde, le 4ème Escadron en premier échelon, avait repris à 06H00 le mouvement sur COULOMBIERS.
À la sortie N. de COULOMBIERS, le peloton MUCCHIELLI subit le tir d’un char lourd Allemand (2 coups au but, 1 mort, 2 blessés). Un deuxième char est détruit, le chef de char est tué.
Le char ennemi est mis hors de combat.
Le peloton MOREAU est envoyé en reconnaissance vers le N., puis vers l’O. de ROUESSE-FONTAINE. Au cours de cette reconnaissance, en terrain très dangereux pour des chars, il a 3 chars mis hors de combat.
Un char lourd ennemi, placé à l’O. de ROUESSE-FONTAINE, est détruit.
Sur demande du Capitaine DA, commandant l’avant-garde, la Batterie DEMARLES déclenche un tir sur la région où a été située la défense ennemie.
L’Air Support est demandé par le Colonel commandant le 12ème Cuirassiers, et fait merveille.
Après cette préparation, l’avant-garde attaque ROUESSE-FONTAINE, 4ème Escadron en tête, suivi de la Compagnie GRALL. L’attaque pénètre sans résistance dans le village.
Des prisonniers sont faits en grand nombre.
Liaison est prise avec un peloton du 12ème R.C.A. qui est à l’Est de ROUESSE-FONTAINE.
Le 4ème Escadron reste au repos quelques heures à ROUESSE-FONTAINE, et rejoint le Gros, à CHAMPFLEUR, vers 19H00.
Une avant-garde, sous les ordres du Capitaine DA, comprenant le 4ème Escadron en premier échelon, et la Compagnie GRALL, reçoit la mission de progresser en nettoyant le terrain compris entre la voie ferrée allant de CHAMPFLEUR à ALENÇON, et la route du VIEUX BOURG.
À la nuit tombante, il détruit une pièce de 88 aux lisières de SAINT-GILLES et occupe SAINT-GILLES et SAINT-PATERNE.
Le Colonel commandant le 12ème Cuirassiers décide de les y maintenir pour s’assurer au plus tôt des ponts d’ALENÇON. Après avoir pris contact avec la population civile, il charge le Capitaine DA de préparer l’opération.
Le peloton sanitaire du 12ème Cuirassiers, sous les ordres du Médecin Capitaine BRES et du Médecin S/Lieutenant LEVY, se porte à ROUESSE-FONTAINE où, sous le feu d’éléments ennemis restant encore dans ce village incomplètement nettoyé, il effectue le brancardage des blessés de l’avant-garde, et en particulier du 4ème Escadron, leur donne les premiers soins, et les évacue vers l’arrière.
Le P.C. avancé a suivi toute la journée les opérations au plus près de l’attaque des chars sur l’axe COULOMBIERS - BOURG-LE-ROI - CHAMPFLEUR - route d’ALENÇON.
Vers 23H30, le Colonel reçoit, du Général commandant la 2ème D.B., l’ordre de s’ assurer des ponts d’ALENÇON, sur la SARTHE.
L’occupation de ces ponts doit être faite par un détachement comprenant, dans l’ordre de marche, la Compagnie GRALL, le P.C. avancé, un peloton de T.D., le 4ème Escadron.
Les pleins d’essence, indispensables après une journée aussi mouvementée, ne seront terminés que le lendemain vers 01H00, après que le P.C. principal ait rejoint CHAMPFLEUR.
D’autre part, le Colonel doit attendre des guides civils qui lui sont annoncés par le Capitaine DA, guides nécessaires pour saisir les ponts d’ALENÇON de nuit.
Le Colonel cherche enfin à s’assurer la contribution de l’Air Support et de l’Artillerie, au cas où : au jour, il aurait pour garder les ponts, à résister à une forte pression ennemie.
N’ayant pu obtenir satisfaction, le Colonel décide de se rapprocher d’ALENÇON et pousse son P.C. avancé et le peloton de T.D. à SAINT-PATERNE.
Peu d’instant avant de quitter le stationnement situé à côté du passage à niveau O. de CHAMPFLEUR, les éléments étant déjà rassemblés, prêts au départ, un tir de mortiers ennemi atteint, après plusieurs coups, un camion qui éclaire le bivouac assez mal disposé.
Le Capitaine JOUITOU, se rendant compte du danger de cette situation, d’autant plus qu’il avait pris sur lui d’adjoindre au P.C. avant du Régiment un camion d’essence et un camion de gas-oil, afin de permettre le cas échéant, un ravitaillement partiel du détachement DA le 12 Août au matin, porta vivement ce détachement hors du bivouac, l’arrêtant à 1,5 km de là, pour le regrouper avec le peloton de T.D. qui attendait à cet emplacement.
L’ensemble ainsi formé, se porte à SAINT-PATERNE après avoir subit un nouveau tir de mortiers, heureusement sans résultat.
A SAINT-PATERNE, le Capitaine DA rend compte au Colonel NOIRET que : de l’avis des personnes civiles bien informées, le mieux était d’occuper les ponts d’ALENÇON au petit jour ; que, d’autre part, les guides civils qui doivent guider le détachement jusqu’aux ponts, sont partis en reconnaissance vers ALENÇON et viendront prendre le détachement à 05H45.
Le Colonel décide en conséquence, d’attendre ces guides et de repartir à 05H45. Tout est mis en ordre et préparé dans ce sens.
Le P.C. principal arrive vers 23H00 à BOURG-LE-ROI, où il reçoit l’ordre de rejoindre le P.C. avant à l’O. de CHAMPFLEUR, où il arrive vers minuit, guidé par l’Adjudant MATHIEU.

Bilan de la journée du 11

1er Escadron :

 

Pertes :

 

 

Tués

 

Matériel détruit

Blessés

2 cuirassiers

 

Gains:

 

 

Prisonniers

30

 

2ème Escadron

 

Pertes:        

 

 

Tués

S/Lt PLUSQUELLEC

6 chars M 4 A2   DIJON -   COMPIEGNE - REIMS - CHARTRES - PAIMPOL -   BREST

 

1 sous-officier

 

 

5 Brigadiers

et Cuirassiers

 

Blessés

S/Lieutenant PÉRIER

 

 

2 sous-officiers

 

 

10 Brigadiers

et Cuirassiers

 

Disparus

2 sous-officiers 7 Brigadiers et Cuirassiers présumés brûlés dans les chars.

Gains:

 

 

Prisonniers

2 sous-officiers et 27 hommes

1 Pz IV - 10 véhicules légers - 3 canons antichars lourds

3ème Escadron

 

Pertes :  

 

Néant

Tués

4 cuirassiers

2 chars M 4 A2 détruits   BLOIS - BRANTOME

Blessés

Aspirant POOLE

3 sous-officiers

1 Brigadier

3 chars M 4 A2 endommagés

Gains :

 

                          

Prisonniers

4 sous-officiers

50 hommes

3 Pz IV, 2 auto-mitrailleuses, 2 canons de 88, 10 véhicules divers

4ème Escadron

 

Pertes:

 

 

Tués

3 cuirassiers

5 chars M 4 A2 détruits   ABBEVILLE - DUNKERQUE   - LUNEVILLE - MONTCORNET - AMIENS

Blessés        

S/Lt MOREAU

6 Brigadiers

et cuirassiers

 

Gains:

 

5 Pz IV, 2 auto-mitrailleuses, 1 canon automoteur de 88, 2 pièces antichars

Prisonniers

50

 

12 Août 1944.
Vers 04H30, le Général commandant la 2ème D.B. donne l’ordre de se porter, sans délai, sur les ponts d’ALENÇON.
Le Colonel NOIRET donne des ordres en conséquence et le détachement se porte sur Alençon à 04H50, dans l’ordre : Compagnie GRALL, P.C. avant du 12ème Cuirs, peloton T.D., Escadron GAUDET.
Le détachement entre dans ALENÇON sans incident, les troupes Allemandes sont en fuite.
Les deux ponts donnant passage sur la SARTHE vers le N., sont occupés par des chars, des T.D. et de l’infanterie munie de canons antichars.
Des T.D. et des chars sont également poussés aux sorties de la ville en direction de l’E., vers MAMERS, où des renseignements annoncent la ruée d’un fort détachement de chars Allemands sur Alençon.
Dès l’arrivée du Gros du sous-groupement NOIRET, le nettoyage et la défense de la ville sont organisés :
Le 1er Escadron: pendant la matinée, exécute des opérations de nettoyage. Le M.d.L. ROSOLI est blessé par une rafale de mitraillette tirée d’une fenêtre.
À 18H00, tout le 1er Escadron est regroupé.
Le 2ème Escadron : regroupé, continue sa mission sur SAINT-GERMAIN-DE-CORBETS qu’il atteint sans difficulté.
L’Escadron quitte le Sous-Groupement FARET et rejoint le Régiment à ALENÇON.
Le 3ème Escadron : fait mouvement de CHAMPFLEUR à ALENÇON où il est chargé de la défense du secteur E. et S.E. de la ville.
Le 4ème Escadron : entré dans ALENÇON vers 06H00, est employé à garder les issues de la ville en attendant le reste du Régiment :
- peloton PITY : route de MAMERS et du MANS, jusqu’à l’arrivée du 3ème Escadron.
- peloton MUCCHIELLI : route de CARROUGES
- Char 105 : route de BRETAGNE
Dans la matinée, plusieurs véhicules Allemands se présentent et sont détruits. Le char de commandement du Colonel (Adjudant-Chef PAQUIN) détruit un camion et un side-car.
Le P.C. avant s’installe à courte distance du front d’intérêt majeur. Pendant la nuit, 2 grosses bombes encadrent le P.C., à 2 maisons près, maisons écrasées jusqu’au sol. Le S/Lieutenant BONTOUX est blessé légèrement.
Le P.C. principal arrive à CHAMPFLEUR vers minuit. Il est soumis à des tirs de mortiers effectués sur le bivouac du passage à niveau E. du village, où il se trouve. Le Capitaine ROUSSEL qui commande le P.C. principal, l’Adjudant-Chef GUÉRAND et l’Adjudant GALLIOT font disperser les véhicules et remettent le bivouac en ordre.
Vers 06H00, il reprend son mouvement sur ALENÇON où il arrive vers 08H00. Il s’installe dans le parc de la Mairie. Pendant la nuit du 12 au 13, il subit un violent bombardement au cours duquel des bombes incendiaires mettent le feu à deux chars de commandement. À coup d’extincteurs, le personnel arrêtera le début d’incendie malgré le bombardement qui continue.  

Bilan de la journée du 12

1er Escadron :

 

Pertes :

 

 

Tués

 

Matériel détruit

Blessés

 

 

Gains:

 

 

Prisonniers

   

2ème Escadron

R.A.S

3ème Escadron

R.A.S.

4ème Escadron

 

Gains:

   

Prisonniers

1 officier, 7 hommes, 3 hommes tués

1 camion d’ essence, 1 V.T.T. radio, 2 voitures légères

P.C. avancé

 

 

Pertes

 

 

Blessés

S/Lt BONTOUX

 

Gains

 

1 camion transport de troupes, 1 side-car

P.C. principal

 

R.A.S.

VII - VERS ARGENTAN

13 Août 1944.
Le Groupement DIO ( G.T.D.) quitte Alençon vers 09H00, sur CARROUGES - DOUCE - ARGENTAN.
Il est précédé par une avant-garde commandée par le Chef d’Escadrons ROUVILLOIS.
Composition de l’avant-garde : 1er Escadron, Compagnie GRALL, une section du Génie, 1 peloton de T.D., la Batterie DEMARLES, le 4ème Escadron en soutien.
Le reste du 12ème Cuirassiers suit dans le Gros du Groupement Tactique.
L’avant-garde progresse, le 1er Escadron en tête - peloton BECKER en pointe. Le char du M.d.L. ESCAITH est atteint par un coup de canon tiré par une auto-mitrailleuse alliée. L’aide conducteur blessé est évacué.
Le peloton BECKER reçoit l’ordre de se porter, avec la Compagnie GRALL sur CIRAL, par la I.C.1. Il fait sauter un camion de munitions et fait de nombreux prisonniers, en coopération avec l’Infanterie.
Le peloton DELÈGUE est chargé de nettoyer le village de LA BOUCHERIE et de ses alentours immédiats. Il y fait de nombreux prisonniers dont 1 officier, et mitraille le matériel. Le nettoyage est achevé par l’Infanterie.
Vers 22H00, le peloton BECKER sera envoyé à la sortie de Carrouges, sur la route d’Argentan, en protection de Carrouges que nous aurons occupé.
Le reste de l’Escadron sera placé, avec le Régiment, en halte-garde à 1 km de Carrouges, sur la route de Sées.
Le 2ème Escadron faisant partie du Gros arrive à Carrouges.
Le 3ème Escadron faisant partie du Gros arrive à Carrouges. Au cours de ce déplacement, le Cuirassier KLING, conducteur du char du Lieutenant De COLOMBEL, est blessé au flanc par un coup de feu isolé et est évacué.
L’Aspirant MANDAT De GRANCEY, faisant en jeep une reconnaissance aux environs de l’axe de marche, fait 2 prisonniers.
Le 4ème Escadron fait partie de l’avant-garde.
- Le peloton PITY détruit 3 véhicules chenillés et 2 voitures légères à La Lacelle, et y fait quelques prisonniers. À l’entrée de Ciral, il détruit un 105 auto-moteur et 2 camions.
- Le peloton MUCCHIELLI, allant de Ciral sur Gandelain, détruit plusieurs véhicules. Il partage avec l’Infanterie la capture de nombreux prisonniers, confiés à cette dernière.
Entre Saint-Martin et Carrouges, panique Allemande complète. Les destructions de véhicules sont nombreuses.
À Carrouges, la résistance est plus forte. L’Escadron se déploie. Le village est enlevé rapidement et de nombreux véhicules sont encore détruits. Un Lt-Colonel de parachutistes Allemand est fait prisonnier.
À 14H00, le G.T.D. reçoit l’ordre de pousser sur Mortrée. Le Colonel commandant le 12ème Cuirassiers suggère d’y aller par deux itinéraires :
- 1 - Le Mesnil-Scelleur - La Bellière - Mortrée
- 2 - La Lande-de-Goult - St Hilaire-la-Gérard
Le Commandant ROUVILLOIS reçoit alors l’ordre de prendre l’itinéraire - 1 - avec le 3ème Escadron et la Compagnie SAN MARCELLI, accompagné par une Batterie d’Artillerie.
Le Colonel prend personnellement le commandement du 2ème Escadron et de la Compagnie PERCEVAL, sur l’itinéraire - 2 -. Le reste du G.T. le suivra sur cet itinéraire.
Des éléments du G.T. LANGLADE (G.T.L.) se trouvent également sur cet itinéraire, se mélangeant aux éléments du G.T.D.
Le 2ème Escadron, premier élément du sous-groupement NOIRET, progresse quelques kilomètres et arrive au contact de canons antichars et de chars lourds Allemands.
Il reçoit l’ordre de se regrouper au carrefour 1500 m. E. de Carrouges, où il s’installe en surveillance pour couvrir le bivouac du Régiment et Carrouges face à l’Est. Il y passera la nuit.
Le 3ème Escadron arrivant à Carrouges est placé sous les ordres du Chef d’Escadrons ROUVILLOIS. Il reçoit l’ordre de se porter à Le Mesnil-Scelleur.
Le peloton DESFORGES part en avant sur l’axe avec une section d’infanterie en soutien. Il serre au plus près de l’aviation d’assaut Américaine. Une coopération remarquable est réalisée avec celle-ci.
L’Escadron précédé des avions d’assaut, avance, mettant le feu partout, terrorisant l’ennemi. Il arrive ainsi à Le Mesnil-Scelleur.
Trois camions de munitions sont détruits ainsi que les canons qu’ils tractaient.
Un Tank Destroyer saute, atteint par un char lourd ennemi.
Le peloton DESFORGES a un char atteint, le M.d.L.-Chef AUPIN est tué. L’appui de l’Air Support est demandé.
Une patrouille d’ infanterie à pied, envoyée en avant, ne peut localiser les canons ennemis. Cependant un char Pz IV, aperçu dans une haie, est détruit ainsi qu’un camion de munitions.
L’ennemi est affolé. En avançant, 2 Pz IV sont trouvés en état de marche : l’un le moteur en marche, l’autre un obus coincé dans la culasse. Le Lieutenant NOËL fait incendier ces chars.
L’action du 3ème Escadron a jeté l’ennemi dans un désarroi total, qui a permis aux troupes d’accompagnement de recueillir un nombreux matériel et de faire de nombreux prisonniers, rôle impossible à réaliser par les équipages de chars.
La nuit étant arrivée, le Chef d’Escadrons ROUVILLOIS ayant reçu un ordre de rejoindre Carrouges avec son détachement, replie tous les éléments sous ses ordres, dont le 3ème Escadron, sur ce village.
Le 3ème Escadron rejoint le bivouac du 12ème Cuirassiers à 1,5 km à l’Est de Carrouges où il passera la nuit.
Le P.C. avant a suivi toute la journée, immédiatement en arrière des chars de l’avant-garde ; il rejoint le bivouac Est de Carrouges, avec le 2ème Escadron, pour y passer la nuit.
Le Capitaine De TARAGON et le S/Lieutenant MERCIER ont fait prisonniers 1 Lt-Colonel chef de bureau de la 116ème Panzer, 4 agents de liaison Allemands, et récupéré des documents importants sur l’organisation et les mouvements de la 116ème Panzer.
Le P.C. principal quitte Alençon par l’itinéraire donné : Carrouges - Argentan. Arrivé à Carrouges, il continue sur la route d’Argentan que la presque totalité du G.T.D. a quitté, pour l’itinéraire - 2 - du Sous-Groupement NOIRET.
Vers 18H00, étant à 1500 m de Carrouges, la voiture de tête (V.T.T. radio sur lequel l’Adjudant GALLIOT occupe la place du tireur) est prise sous le feu de plusieurs armes automatiques ennemies, installées à la lisière d’un bois situé à l’Est de la route.
Le V.T.T. ouvre le feu et augmente l’allure. Le reste de la colonne ne suit pas. Revenu vers l’arrière pour chercher les véhicules qui n’ont pas compris le signe de suivre, le V.T.T. prend sous son feu un groupe d’Allemands et fait 10 prisonniers.
Le mouvement est repris sous la protection du V.T.T. et des chars de commandement répartis dans la colonne.
Arrivés à Le Mesnil-Scelleur, nouvel incident. S’étant mis en garde de tout côté, le P.C. principal reçoit l’ordre de faire demi-tour vers Carrouges. Il arrive à Carrouges vers 20H00, et rejoint le bivouac du Régiment.

BILAN DE LA JOURNÉE DU 13
1er Escadron :
Pertes : Blessés : 1
Gains :         Prisonniers : 1 officier, 3 sous-officiers, 50 hommes     Tués: 60
Matériels : 20 véhicules divers détruits
2ème Escadron :
Rien à signaler
3ème Escadron :
Pertes : Tués : 1 sous-officier   Blessés : 1 Cuirassier
Matériel : 1 char détruit, CHOLET : poulie folle arrachée, ramené et versé au salvage,
1 char endommagé ANGERS: radiateurs crevés, rejoint 3 jours après.
Gains :         Prisonniers : 3 officiers, 9 sous-officiers, 338 hommes         Tués : 100 hommes
Matériel détruit : 1 Pz IV, 1 canon de 105 tracté, 3 auto-canons, 50 véhicules divers
4ème Escadron :
Gains :   Matériel détruit :        1 Pz IV, 1 canon 105 tracté, 2 canons de 88, 3 voitures liaison dont 1 radio, 2 camions essence, 20 véhicules divers.
P.C. avant :
Gains : Prisonniers : 1 Lt-Colonel, 5 hommes
P.C. principal :
Gains :         Prisonniers : 10 hommes

14 Août 1944.
Au cours de la journée, reconnaissance offensive des 1er et 4ème Escadrons sur Ste Marguerite et St Sauveur, qui donnent de nombreux prisonniers.
Dans la soirée, le 3ème Escadron qui stationne maintenant au S.E. de Carrouges, provoque la reddition d’unités constituées Allemandes : Bataillon et Compagnies, avec leurs officiers.

BILAN DE LA JOURNÉE DU 14

1er Escadron :
Gains :         Prisonniers : 5 hommes
2ème Escadron :
Rien à signaler
3ème Escadron :
Gains : Prisonniers : 1 Chef de Bataillon, 1 Capitaine, 2 Lieutenants, 220 hommes
4ème Escadron :
Gains :         Prisonniers : 60 hommes

15 Août 1944.
Le G.T.D. doit se porter à Boucé pour y constituer un point d’appui et tenir principalement les routes du N. et de l’O.
Les mouvements s’effectuent sous la protection d’une avant-garde commandée par le Colonel NOIRET.
Le Gros est aux ordres du Chef d’Escadrons ROUVILLOIS.
Dès l’arrivée à Boucé, vers 11H00, le Colonel entreprend : avec le Capitaine DA, le 1er Escadron et l’Escadron TROQUEREAU du 1er R.M.S.M., une reconnaissance sur Chantelou, au S. de Joué-du-Plain, où sont signalés des ennemis.
Un char du 1er Escadron est détruit à l’ O. de Joué-du-Plain. Des prisonniers sont faits.
Le Chef d’Escadrons ROUVILLOIS, qui stationne avec les 2ème et 3ème Escadrons sur la route Vieux-Pont, monte un coup de main sur Vieux-Pont brillamment conduit par le Lieutenant BRIOT.
- 1 char Pz IV est détruit,
- 8 canons antichars détruits,
- plusieurs véhicules divers détruits,
- de nombreux prisonniers sont faits.
Au 1er Escadron, le peloton BECKER effectue une patrouille sur Chantelou, au cours de laquelle un char léger est détruit.
L’après-midi, une patrouille envoyée en Half-Track, pour essayer de rechercher l’équipage du char perdu devant Chantelou, et qui n’a pas rejoint, parvient, sous le feu de nombreuses armes automatiques et d’une arme lourde, au char qui brûle. Elle ne retrouve pas l’ équipage ; celui-ci rejoindra le lendemain.
Le 1er Escadron est regroupé au carrefour de La Forge qu’il garde le 15 et la nuit du 15 au 16 Août.

BILAN DE LA JOURNÉE DU 15
1er Escadron :
Pertes :   Disparu : 1 équipage de char
Matériel : 1 char léger détruit   PAU
Gains :         Prisonniers : 13 hommes
2ème Escadron :
Pertes :         Blessés : quelques blessés légers par mines
Gains :         Prisonniers : 2 Capitaines, 2 Lieutenants, 12 hommes
Matériel détruit : 1 Pz IV, 8 auto-canons, 40 véhicules divers
3ème et 4ème Escadrons, P.C. avant et principal :
Rien à signaler

16 Août 1944.
Stationnement à Boucé.
Réception de nombreux matériels de remplacement.
Le P.C. avant fait des prisonniers : 1 sous-officier et 12 hommes.

17 Août 1944.
Le 12ème Cuirassiers fait mouvement, de la région de Boucé, dans la région O. de Fleuré.
Au cours de ce déplacement, une formation d’avions Allemands de 12 appareils environ, attaque la colonne.
Le Cuirassier CASTILLE du P.C. principal, grièvement blessé, est évacué. Trois camions du P.C. principal sont atteints.
Le radiateur du camion bureau, percé de 2 balles, doit être changé ; un camion essence, percé, ne prend pas feu.

18 Août 1944.
Stationnement à l’Ouest de Fleuré, remise en état du matériel. Perception de matériels de remplacement.

19 Août 1944.
Stationnement à l’Ouest de Fleuré.
Le Lieutenant LENOIR prend le commandement du 1er Escadron.
Le S/Lieutenant MERCIER passe de l’État-Major au 1er Escadron et le S/Lieutenant BECKER passe du 1er Escadron à l’État-major, où il prend le commandement du Groupe des Orienteurs Observateurs.
Rien à signaler au détachement du Commandant ROUVILLOIS.
Le Capitaine SCHRIMPF, après avoir pris liaison au P.C. du Régiment de gauche Américain, prend contact vers 10H00, avec une patrouille Américaine au pont de Fligny détruit. Il reçoit une salve de mitrailleuse d’un char embossé au N. du pont de Fligny.
Vers 15H00, le Capitaine SCHRIMPF, après avoir pris liaison au P.C. du Régiment Américain de gauche, se porte en jeep au pont de Fligny, y laisse sa voiture et part à pied. Son conducteur rentre seul vers 18H00, au P.C. du Commandant FARRET, disant que peu après le départ de son Capitaine, il a entendu un tir d’armes automatiques.
Une patrouille est envoyée vers Juvigny, pour prendre contact avec les Américains. Le Chef de Bataillon Américain interdit à la patrouille d’aller vers le pont de Fligny, la région étant bombardée par l’Artillerie Américaine.

BILAN DE LA JOURNÉE DU 19
Pertes :           Disparu : Capitaine SCHRIMPF              Gains : Néant

20 Août 1944.
À 07H00, alerte. Un groupe important d’éléments blindés Allemands sont signalés contre-attaquant au Sud d’Argentan. Le Colonel NOIRET alerte les 2ème et 3ème Escadrons qui reçoivent l’ordre de se tenir prêts à contre-attaquer, suivant les axes que le Colonel leur a fixé précédemment sur le terrain : l’un vers le N.-N.O., l’autre vers le N.-N.E.
Vers 08H00, fin d’alerte, ces renseignements s’étant révélés erronés.
Dans la matinée, perception de 6 chars légers. Arrivée d’un renfort comprenant : le Capitaine De BIEVILLE et 20 engagés venant de la région de Vannes.
À 20H00, ordre est donné par le G.T.D. de regrouper les unités du Régiment et du 3ème Escadron du R.B.F.M. dans la région de Tanques (stationnement actuel).
En conséquence, un message radio est envoyé à 22H05 au Chef d’Escadrons ROUVILLOIS, qui se trouve à Mauvaisville, afin qu’il rejoigne le lendemain matin, avec tous les éléments du 12ème Cuirassiers, le bivouac actuel.
- Détachement du Commandant ROUVILLOIS -
À 13H30, liaison est prise à Mauvaisville N., avec le Capitaine commandant la Compagnie Américaine qui s’est rabattue sur le Sud, après avoir nettoyé Argentan. Liaison prise avec le Commandant de Compagnie du Génie Américain qui domine la route de Mauvaisville - Argentan et l’artère principale d’Argentan.
À 17H00, une patrouille envoyée vers le pont de Fligny, retrouve à 100 mètres N. de ce pont, le corps du Capitaine SCHRIMPF. Il est inhumé à St Martin-des-Champs.
Le peloton PITY et la moitié du peloton MUCCHIELLI, sont replacés en réserve, dans la région de St Martin-des-Champs.

BILAN DE LA JOURNÉE DU 20
Pertes :         Tué : Capitaine SCHRIMPF
Gains :         Capitaine De BIEVILLE et 20 engagés.

21 Août 1944.
À 10H45, le Chef d’Escadrons ROUVILLOIS, rentre avec tous ses éléments, au bivouac.
Durant cette journée, arrive un renfort de 8 engagés volontaires.
Journée employée à l’entretien du matériel, lavage des effets et remise d’effets aux engagés dernièrement incorporés.
- Détachement ROUVILLOIS -
Le Chef d’Escadrons ROUVILLOIS reçoit l’ordre de rejoindre son Régiment, avec l’Escadron GAUDET et l’Escadron d’Appui.
Ordre exécuté à 09H00.

BILAN DE LA JOURNÉE DU 21
Pertes :         Néant
Gains : 8 engagés volontaires

22 Août 1944.
Journée qui se passe au bivouac (région de Tanques). Au cours de laquelle arrive un renfort de 3 hommes et de 2 engagés volontaires.

BILAN DE LA JOURNÉE DU 22
Pertes :         Blessés : 1 Cuirassier de l’E.H.R.
                  EVASAN : 1 Cuirassier du 3ème Escadron
Gains : - 3 hommes de renfort   - 2 engagés volontaires

DIRECTION : PARIS

23 Août 1944.
À 01H25, arrive au G.T.D. l’ordre de se tenir prêt à partir, ce jour, pour une longue étape, à partir de 08H00.
À 08H15, un ordre préparatoire de mouvement arrive émanant du G.T.D., nous donnant le dispositif à adopter pour cette étape : Itinéraire du mouvement, l’ordre dans lequel les unités se déplaceront.
Le Groupement NOIRET va se porter dans la région de St Cyr, par l’itinéraire suivant : Tanques - Mortrée - (P.I.) - Sées - Mortagne - Longny - Les Menus - Digny - Châteauneuf-en-Thimerais - Maintenon - Épernon - Rambouillet - Saint-Cyr.
dans l’ ordre : G.T.L. - Q.G. - G.T.D. - F.T.A..
À 11H25, le G.T.D. fait savoir que le départ aura lieu vers 16H30.
À 12H50, le Colonel NOIRET donne les ordres suivants :
Le G.T.D. se portera dans la région de St Cyr en vue d’ opérations.
- I. Itinéraire pour le Régiment :
Carrefour 500 m. du N. de Tanques - Fleuré - Fleuriel - St Christophel - Jajolet - Mortrée.
- II. Point initial du Régiment :
Carrefour 500m. au N. de Tanques,
Heure de passage de la tête du 1er Escadron au point initial du Régiment : 16H30.
Point initial du G.T.D.: carrefour N 158 et I.C.19, sur la route de Mortrée.
Heure de passage de la tête du 1er Escadron, au point initial du G.T.D.: 16H45.
- III. Formation de la colonne :
1er Escadron - 2ème Escadron - P.C. avant - 3ème Escadron - 4ème Escadron - le R.B.F.M. - les T.C..
Le Régiment suit le 5e/R.M.S.M. et la C.C.R., il précède le 3ème R.A.C..
- IV. Distances: entre véhicules : 50 mètres
                          “   rames   : 500 mètres
                          “   éléments : 3 kilomètres
- V. Haltes : 10 minutes toutes les deux heures impaires (de l’heure impaire moins 10 minutes à l’heure impaire).
Grand’halte de deux heures (en principe) pour ravitaillement en carburant avant Maintenon.
Étant donné la confusion qui risque de se produire, du fait des haltes non prévues, la grand’halte au cours de laquelle se fera le ravitaillement en essence, sera confirmée par le Colonel commandant le G.T.D. (par radio).
Au reçu de cet ordre :
1 - Les véhicules serreront à 5 mètres, les rames à 100 mètres, les éléments à 300 mètres.
2 - Les T.C. des corps feront immédiatement l’échange des bidons pleins contre des bidons vides.
3 - Les camions de carburant des T.C. vides, se regrouperont par corps sur les bas côtés de la route et se feront doubler au départ la colonne par tous les autres éléments du G.T.D.
4 - Le Commandant VALLAUX rassemblera par la suite ses camions et leur fera faire leur plein, soit auprès des sections de ravitaillement divisionnaires, soit au centre de ravitaillement en essence de l’ Armée (La Hutte).
Radio : Écoute permanente du réseau de commandement du G.T.D. pendant tout le mouvement.
VII. Éclairage des véhicules : Néant, sauf pour les véhicules de liaison ayant à doubler la colonne.
VIII. Dépannage : Au cours du mouvement, par le commandant de l’E.R.3. Les véhicules en panne pourront rejoindre leurs unités à la grand’halte, avant Maintenon, sous réserve qu’aucun véhicule ne double la colonne en marche.
Service sanitaire : Le commandant de la 2/13ème Médicale, détachera une voiture sanitaire en queue de colonne du G.T.D. (derrière l’ E.R.3).
Vitesse moyenne : De jour, 35 km en 2 heures, haltes comprises.
                            De nuit, 25 km en 2 heures, haltes comprises.
                            La nuit est comptée de 22H00 à 06H00.
Jalonnement : Itinéraire jalonné à partir de Mortrée, par les soins de la Division.
                  Itinéraire jalonné par le peloton des Orienteurs du Régiment : du bivouac de Tanques à Mortrée.
XII. Serre file général du G.T.D. : Capitaine BERGER
       Serre file du Régiment : Capitaine LETELLIER
XIII. Itinéraire des T.C. : En raison de leur emplacement actuel, les T.C. rejoindront directement le Point Initial du G.T.D. par la route Nationale 158, de façon que la tête des T.C. se présente au P.I. du G.T.D. à 17H40.

BILAN DE LA JOURNÉE DU 23
Gains :          Néant
Pertes :     Matériel : - Char M 4 A2 75 CHINON, 3ème Escadron, panne mécanique pendant mouvement du 23 au 24 Août.
                             - Char M 4 A3 76 DJEMILA II, 2ème Escadron, panne mécanique pendant mouvement du 23 au 24 Août.

24 Août 1944.
À 01H30, le Régiment reçoit du G.T.D. l’ordre de s’arrêter en raison de :
1° - La difficulté de continuer la marche par nuit complètement obscure, tout feu éteint,
2° - la nécessité de regrouper les éléments,
3° - la nécessité de faire le ravitaillement en essence.
Par suite d’une erreur d’itinéraire du Service du ravitaillement en essence, un plein partiel, seul, peut être fait avec les camions de carburant de précaution du P.C. principal.
À 06H45, le Colonel NOiRET reçoit l’ordre d’ envoyer à Longjumeau le 2ème Escadron, seul escadron de chars moyens, dont les pleins ont pu être à peu près réalisés.
À 07H15, le reste du Régiment se porte sur l’axe de marche jusqu’à Le Buissonnet, où les véhicules s’arrêtent pour faire leur plein.
Le Groupement ROUVILLOIS est formé, comprenant entre autres : le 2ème Escadron et une Compagnie d’infanterie.
À 12H45, un incident arrête le Groupement ROUVILLOIS à la sortie de Sceaux-les-Chartreux.
Vers 13H00, un détachement sous les ordres du Commandant FARRET, exécute une opération de nettoyage aux lisières N./O. de Sceaux-les-Chartreux.
Le S/Lieutenant LEVY fait 3 prisonniers dans Sceaux-les-Chartreux, et les remet entre les mains des F.F.I. qui l’accompagnaient.
À 13H25, le S/Lieutenant BESNIER, avec les 105 et les Mortiers, est mis à la disposition du Commandant ROUVILLOIS à Champlan (2 km N. de Sceaux-les-Chartreux).
À 13H30, une écoute de la VTT radio, apprend, par une conversation intérieure au 2ème Escadron, que cet escadron est à la sortie N. de Longjumeau.
À 13H35, le Lieutenant BESNIER, qui était allé faire une reconnaissance individuelle, part pour Champlan 10 minutes après.
À 14H10, un char du 1er Escadron est arrivé dans la région de Sceaux.
À 14H20, son Altesse le Prince de Luxembourg, rend visite au Colonel NOIRET, à son P.C. de Sceaux-les-Chartreux.
Le Capitaine JOUITOU l’accompagne jusqu’ au Colonel.
Le Colonel DIO, à 14H20, donne l’ordre au Capitaine d’ORGEIX de stopper sur place et de reprendre la liaison avec le Groupement ROUVILLOIS, qui se trouve à Champlan.
À 14H43, son Altesse le Prince de Luxembourg quitte le Colonel NOIRET, après avoir porté un toast à la libération de nos pays respectifs.
À 15H45, le Commandant ROUVILLOIS, interrogé par radio sur un bruit de combat entendu dans la direction de Palaiseau, répond : “c’ est une résistance ennemie que je suis en train de réduire.”
À 16H35, le G.T.D. demande : “précisez positions actuellement occupées.”
À 16H37, réponse du Colonel : “Champlan, avec le Commandant ROUVILLOIS.”
À 20H00, le G.T.D., resté en réserve à Sceaux-les-Chartreux, est prêt à se porter en avant sur nouvel ordre.
À 20H20, bivouaquons à Sceaux-les-Chartreux, Château-des-Sources, prêts à faire mouvement.
Le détachement ROUVILLOIS, comprenant :
- 1 escadron de chars moyens,
- 1 escadron de Spahis,
part à 08H00 de Rambouillet, arrive sans incident à Longjumeau.
Il reçoit l’ordre de s’établir en lisière au N. de Champlan.
Quelques obus au passage de Longjumeau.
Le détachement a, à midi, la composition suivante :
- Escadron d’ORGEIX,
- Compagnie BOUSSION,
- Escadron d’Appui, moins les chars légers,
- Escadron T.D., moins un peloton.
II - Escarmouches
Le Commandant ROUVILLOIS donne l’ordre, au Capitaine BONNET, tenant avec ses T.D. les lisières N./O. et N. de Champlan, d’effectuer des reconnaissances vers la côte 136.
À la suite d’ infiltrations remarquablement menées par l’E. et l’O., le Capitaine BONNET s’empare, avec deux patrouilles de six hommes, de la croupe 136 en ramenant 30 prisonniers.
Les canons de 105 de l’Escadron d’ Appui, et un T.D., détruisent deux armes antichars et plusieurs véhicules au N. de 136.
Une patrouille de la Compagnie BOUSSION ramène 17 prisonniers.
A noter l’aide apportée par les F.F.I.

BILAN DE LA JOURNÉE DU 24
GAINS :         Prisonniers : 50 hommes
PERTES :         Néant

25 Août 1944.
Départ de Sceaux-les-Cartreux à 06H30, après avoir fait les pleins dans la nuit, dans les conditions suivantes :
1 - Un sous-groupement aux ordres du Commandant ROUVILLOIS, comprenant :
- 2ème Escadron du 12ème Cuirs (d’ORGEIX)
- 1 Compagnie du R.M.T.,
- 1 section de la 13/2e Génie,
- Batterie De MARLES ( 3 pièces de 105)
- 1 peloton du 5e/RMSM,
- Adjudant-Chef DENOCQ et son char,
- V.T.T. VERNANTES,
- 1 motocycliste.
2 - Un sous-groupement aux ordres du Colonel NOIRET, prêt à se porter en direction de Wissous et Rungis, comprenant :
- 4ème Escadron du 12ème Cuirs (GAUDET),
- 2ème Compagnie du R.M.T. (PERCEVAL),
- 2 sections de la 13/2e Génie,
- Batterie MAGNA (3 pièces de 105),
- 1 peloton du 5e/RMSM,
- 3 chars légers de commandement,
- 1 char moyen de commandement,
- 1 VTT radio,
- Capitaine JOUITOU en jeep,
- Capitaine De BIEVILLE en jeep,
- S/Lieutenant BECKER en jeep,
- Adjudant DESPLANQUES en jeep.
Le Colonel commandant le G.T.D., avec un état-major réduit, commande directement les deux sous-groupements ci-dessus, et la section de reconnaissance du Ier/R.M.T..
Le reste des éléments du G.T.D. (moins T.C. - E.R.3 - Compagnie médicale) se tiendra prêt à faire mouvement à partir de 07H00, aux ordres du Lt-Colonel chef d’ État-Major du G.T.D., dans l’ ordre suivant :                 
- Groupe d’artillerie,
- Reste du R.M.T. et armes lourdes,
- Motos,
- Reste du 12ème Cuirassiers et T.D.,
- Reste Compagnie du Génie,
- C.C.R./ R.M.T.,
- 2ème Batterie de F.T.A..
T.C. et E.R.3 et Compagnie médicale feront mouvement sur ordre ultérieur.
La mission du Colonel NOIRET et du Commandant ROUVILLOIS ne comporte pas l’utilisation des canons de 57 qui feront mouvement avec le reste de leur corps.
Chacun des sous-groupements disposera d’un Half-Track muni d’un SCR 193 qui seront fournis par le 12ème Cuirs, et d’un motocycliste.
Les deux 193 travailleront sur la longueur d’onde du réseau de commandement et seront à l’écoute permanente du poste du Colonel commandant le G.T.D..
À 07H30, le Capitaine ROUSSEL se rend auprès du Lt-Colonel chef d’État-Major du G.T.D. pour prendre ses ordres.
- à 08H10, passage à Wissous,
- à 08H30, arrivée à Rungis.
À 09H15, le Colonel NOIRET reçoit l’ordre suivant, du Général LECLERC commandant la D.B.:
“Après avoir passé la Porte d’Orléans, derrière le Sous-Groupement ROUVILLOIS chargé d’exploiter en direction de la Gare Montparnasse, et de la Concorde, vous tournerez à gauche, par les Boulevards extérieurs, et remonterez la Seine par la Rive Gauche jusqu’au Champ de Mars.
“Une fois arrivé au Champ de Mars, vous règlerez la résistance éventuelle de l’École Militaire et enverrez prendre liaison immédiatement à la Gare Montparnasse qui sera le P.C. de la Division.
“Le G.T.D. a dépassé le Pont de Sèvres à 08H45 et exploite la Rive Droite.”
À 09H45, le Colonel NOIRET reçoit l’ordre suivant du G.T.D. : “Portez-vous immédiatement à la Croix de Berny où vous recevrez des ordres.”
A 09H50, le Sous-Groupement NOIRET part de Rungis pour arriver à la Croix de Berny à 10H15, qu’il quitte à 10H28.
PORTE d’ORLÉANS - 10H58
Le Sous-Groupement NOIRET passe à Bourg-la-Reine à 10H37 - Cachan à 10H43 - Bagneux (N 20) à 10H53 - Arcueil à 10H55 - Porte d’ Orléans à 10H58 - Porte de Versailles à 11H04 - Viaduc d’Auteuil à 11H15 (quelques coups de feu isolés, déblaiement d’une barricade avec l’aide de civils) - Quai de Javel à 11H20 - Boulevard de Grenelle à 11H37, et arrive à la Tour Eiffel à 11H58.
Le Drapeau est hissé sur la Tour Eiffel à 12H13 sous la protection du Sous-Groupement du Colonel NOIRET.
Il entreprend, avec le Capitaine GAUDET, le nettoyage du Champ de Mars et l’attaque de l’École Militaire.
À 12H20, le Colonel NOIRET envoie au Colonel commandant le G.T.D. le message suivant :
“J’occupe les Ponts de Grenelle, d’Iéna et de l’Alma. Je nettoie l’École Militaire.”
À 16H30, le Colonel NOIRET donne l’ordre ci-dessous à tous les éléments de son Sous-Groupement :
“Le Sous-Groupement se porte sur le Luxembourg. Rassemblement Avenue de Suffren, la tête à hauteur de l’Avenue de La Motte-Piquet.
Ordre : GAUDET - Spahis - P.C. - Génie - Batterie MAGNA - Compagnie PERCEVAL - Compagnie F.F.I. FARGEON.”
Pendant la durée du rassemblement, le Capitaine GAUDET recevra la reddition des Allemands du Ministère du Travail et les confiera aux Pompiers de Dupleix.
Le Colonel O’ NEIL assurera la garde des ponts de Seine, du Pont de Passy inclus, au Pont de la Concorde inclus. Il cherchera la liaison avec les Américains vers le Pont de Solferino et le Pont Royal.
Le mouvement est stoppé à 18H00 par ordre téléphonique du 3ème Bureau de la D.B., demandant d’ attendre le résultat des pourparlers de reddition avant l’attaque.
Le Sous-Groupement NOIRET arrive à l’École Militaire à 19H00, où il s’installe.
Le Colonel occupe la Salle des Maréchaux.
Le Sous-Groupement ROUVILLOIS est à 08H30 à Wissous, où il reçoit l’ordre de se porter immédiatement à la Croix de Berny. En cours de route le général LECLERC donne personnellement l’ordre au Commandant ROUVILLOIS :
“D’atteindre au plus vite la Porte d’Orléans.” Aucun incident sur le parcours.
Le bond suivant : fixé à la Gare Montparnasse, est atteint sans incident par le Boulevard d’Orléans - le Boulevard Raspail - le Boulevard de Montparnasse.
À Montparnasse, les renseignements sont les suivants : École Militaire tenue - Invalides tenus - (Place Adam, La Tour Maubourg) Quai d’Orsay et Chambre des Députés fortement tenus. Le Sous-Groupement ROUVILLOIS gagne l’Église St François Xavier en franchissant une double barricade au carrefour Sèvres-Montparnasse.
À St François Xavier, le Commandant laisse en flanc-garde offensive le détachement BRIOT (1 peloton de chars, 1 section d’ infanterie ) face à l’École Militaire et aux Invalides.
Le gros poursuit sur le Boulevard des Invalides. Le Commandant ROUVILLOIS donne l’ordre au détachement BUREAU (1 peloton de chars, 1 section d’infanterie) d’attaquer la Gare des Invalides et le Quai d’Orsay. Un char brûle, 5 tués, 15 blessés.
À 11H30, le peloton CUMENAL est rallié Boulevard des Invalides. Le Capitaine d’ORGEIX reçoit l’ordre, avec 1 peloton de chars (CUMENAL) - 1 section d’infanterie (BUISSE) et 1 section du Génie armée de pétards incendiaires, d’attaquer la Chambre des Députés par le Boulevard St Germain. Deux chars sont gravement atteints : 1 par roquette dans la transmission avant, 1 par obus dans le moteur : 4 tués, 21 blessés.
Une patrouille sous les ordres du Capitaine CULOZ (officier d’active en disponibilité, actuellement à la Direction du Métro), dans le métro, de la station Chambre des Députés à la station Concorde, donne ordre aux F.F.I. d’assurer une permanence à tous les blockhaus neutralisés.
Le feu est mis à la Chambre des Députés. Les pièces d’Artillerie ne pouvant tirer en tir direct sans risque d’avoir des points d’impacts au N. et au S. du P.A., ordre est donné de mettre une pièce en batterie à l’extrémité Sud de la Rue de Bourgogne pour faire du tir direct.
À 16H00, l’ordre annonçant la capitulation du Gouverneur Militaire Allemand et la cessation d’opérations offensives coûteuses.
Le tir de 105 n’est pas effectué, ordre est donné au Capitaine d’ORGEIX et au groupement DJAMBEKOFF de se maintenir en surveillance sur le secteur d’ attaque.
Vers 18H00, le peloton d’escorte de Spahis du Général De GAULLE arrivant Rue de Bourgogne et entendant tirer, se déploie face au N. et attaque la Chambre des Députés par la Rue de Bourgogne. Il reçoit l’ordre de cesser son action pour ne pas entraver l’action des parlementaires chargés d’obtenir la capitulation.
À 18H30, la garnison de la Chambre des Députés et du Quai d’ Orsay capitule : 565 prisonniers dont 5 officiers.
Le Commandant ROUVILLOIS rallie l’École Militaire.

L’ÉLÉPHANT BLANC et l’ÉCOLE MILITAIRE

Compte-rendu du Capitaine GAUDET au sujet des opérations menées par son Escadron le 25.08.1944 : Prise de l’École Militaire.
Le Vendredi 25 Août 1944 vers 11H00, le 4ème Escadron du 12ème Cuirassiers arrive en tête du Sous-Groupement sous les ordres du Colonel NOIRET à la Croix de Berny.
Depuis le matin, il a avec lui 1 peloton d’auto-mitrailleuses du RMSM. Il reçoit l’ordre de gagner le plus rapidement possible, par la Porte d’Orléans et les boulevards extérieurs : la Tour Eiffel - le Champ de Mars - l’École Militaire.
Le Capitaine réunit les chefs de pelotons, leur communique les ordres, les renseignements, file rapidement de char en char, provoquant des explosions de joie..... à l’annonce de cet objectif inattendu et si magnifique. On ne peut s’imaginer un point de direction éloigné plus net. Pour cette fois, on n’utilisera pas les compas.
Une auto-mitrailleuse prend la tête, suivie par GORILLON I, la jeep de commandement ; derrière la masse des “Éléphants“ suit à 2200 tours/min. Nous arrivons sur les quais, quelques barricades ralentissent à peine notre marche, elles sont écrasées par les chars de tête et nous voici à 100 mètres de la Tour. Un civil (un Russe, qui jouera d’ailleurs un grand rôle dans l’affaire) nous donne des précisions sur les organisations ennemies. Les ordres d’attaque suivent aussitôt. Les voici :
- Le peloton HANNEZO est chargé de l’attaque frontale de l’École Militaire, en nettoyant préalablement les piliers de la Tour et les bosquets du Champ de Mars.
- Le peloton du RMSM est scindé pour la protection des flancs.
- Les pelotons PITY et MUCCHIELLI protègent l’ensemble de l’opération en deux échelons.
Vers 12H30, les premiers chars pénètrent sous la Tour, tournent autour des piliers, et mettent en fuite dans les locaux des gardiens, quelques Allemands. Ceux-ci sont appréhendés et placés sur la jeep du Capitaine. Les chars, pendant ce temps, progressent en vue des bâtiments de l’ École Militaire.
Ils sont salués par des feux nourris partant des blockhaus et des fenêtres. Ils répondent aussitôt et l’Escadron tout entier se déploie face au bâtiment ; il commence un feu de salve sur toutes les meurtrières. L’ennemi cesse le feu. Le Capitaine GAUDET, qui n’a pas d’ infanterie à sa disposition, ordonne à quelques équipages de pousser quelques reconnaissances à pied, mais le feu ennemi reprend aussitôt.
Le Capitaine réclame de l’infanterie pour mener à son terme ce combat de rues. Une section du Génie et deux sections de F.F.I. du maquis de l’Eure (Colonel O’ NEIL) lui sont accordées.
En attendant l’arrivée de ce renfort, les reconnaissances du terrain d’engagement sont poussées à fond. Un civil qui connaît le quartier, vient au Capitaine, et lui signale que l’on peut gagner l’immeuble dominant l’École, en passant par toutes les caves dont il a pris l’initiative de percer les parois. Il a encore sur l’épaule la lourde pioche avec laquelle il a défoncé les parois.
Un blockhaus qui prend d’enfilade la Rue du Bourbonnais gène la suite des opérations. Le char 105 de l’Escadron, commandé par le Lieutenant ROGEZ est chargé de le détruire. Gêné par la fumée pour son observation, le Lieutenant ROGEZ s’approche et sort légèrement sa tête de la tourelle. Un tireur d’élite, sans doute niché dans le corps de garde, lui fracasse la mâchoire d’une balle bien ajustée. ROGEZ, sans perdre son calme, sort de son char et vient vers nous, la mâchoire ensanglantée ; il nous indique la fenêtre d’où il a été tiré. Une voiture de Spahis règle la question, le feu cesse.
Les renseignements semblent cependant indiquer que l’affaire sera dure. L’École est tenue par 200 Allemands décidés à la résistance. Une reconnaissance détaillée s’impose avant l’attaque. Le Capitaine, précédé du civil qui a percé les caves, s’engage avec le spahis De ROMANÉE, dans un véritable labyrinthe d’où nous débouchons dans l’immeuble qui domine l’aile gauche de l’École, sur l’Avenue de La Motte-Piquet.
Les locataires sont en émoi : un homme a été blessé par les tirs ennemis. Nous montons au 5ème étage et nous observons la cour intérieure et les bâtiments, par les volets entr’ouverts. L’imprudence d’un civil qui a poussé un volet nous vaut une chaude alerte. Les balles sifflent à nos oreilles.
Les chefs de pelotons et de chars, convoqués par le Capitaine, reçoivent un ordre d’attaque original du haut du 5ème étage. Il y a le Lieutenant HANNEZO et les M.d.L.-Chefs LESEIGNEUR et BOUTET.
Nous repartons par les caves et peu après l’attaque part. Le peloton démarre en colonne, le char NANCY III tire sur la grille 3 coups de 75 et l’abat de ses chenilles. La tourelle est immobilisée par la grille qui s’ abat. Le NANCY III pris au piège, doit céder la place au MONTCORNET.
Deux F.F.I. surgissent de la gauche. Le Lieutenant HANNEZO leur demande de les dégager. Ils bondissent sur le char, et après des efforts surhumains, mettent à terre la lourde grille.
La marche reprend dans la cour intérieure. Un feu invraisemblable jaillit des chars. Le MONCORNET détruit un canon et plusieurs véhicules entourés d’Allemands.
Pendant ce temps, le Capitaine De BIEVILLE donne des ordres au peloton PITY qui a détruit un blockhaus sur l’aile droite et continue à protéger l’opération, appuyé par deux sections de F.F.I..
La section du Génie, les deux sections de F.F.I., le groupe de commandement du 4ème Escadron, sautent au commandement du Capitaine, sur l’aile gauche des bâtiments. Le nettoyage intérieur commence à coups de grenades et de pistolets.
Le Capitaine De BIEVILLE, chargé des liaisons entre l’escadron et le Colonel, nous annonce la mort de son père, fusillé par les Allemands 8 jours avant. Aux côtés du Capitaine GAUDET, le Capitaine De BIEVILLE se lance vers les bâtiments. Les cadavres boches jonchent le sol. Le meurtre est bien vengé !
Pendant ce temps, les chars tirent de l’intérieur, et liant leur action à celle absolument magnifique des F.F.I. et de la section du Génie, viennent à bout de la résistance Allemande.
Deux officiers sortent avec le drapeau blanc et demandent l’officier commandant les chars. Ils offrent la reddition du Commandement Militaire de l’École. Celle-ci est acceptée par le Lieutenant HANNEZO, commandant le peloton de chars.
Le Commandant de l’École : Major NEUMANN, son État-Major et 150 Allemands sont conduits sur le Champ de Mars. Le lynchage par la foule est difficilement évité.
Le Capitaine commandant l’ensemble chars-infanterie, reçoit la reddition à l’intérieur du kiosque à musique, au milieu des cris invraisemblables d’une foule déchaînée.
Il est obligé de faire venir les chars et de faire monter les Allemands sur le toit des tourelles pour les évacuer. Les lourds mastodontes, avec leur chargement oscillant de tenues feldgrau, traversent une dernière fois le Champ de Mars, conduisant leurs prisonniers vers la captivité.

BILAN DE LA JOURNÉE DU 25
GAINS : Prisonniers : 10 officiers, 600 hommes
Tués : 150 hommes
PERTES : Tués : 9 Blessés : 36
Matériel : 2 M 4 A2 détruits   3 chars M 4 A2 endommagés

26 Août 1944.
Le Régiment en entier est à l’École Militaire.
À 10H00, le Colonel envoie deux patrouilles blindées dans Paris. Ces deux patrouilles rentreront à l’École Militaire à 11H15, n’ayant rien à signaler.
À partir de midi, préparatifs pour le défilé en l’honneur du Général De GAULLE, Président du Gouvernement Provisoire de la France.
À 15H00, défilé aux Champs Élysées et retour à l’ École Militaire à 16H00.

BILAN DE LA JOURNÉE DU 26
GAINS : Prisonniers : 300 hommes
Matériel : 1 canon de 88
PERTES : Blessés : 1 cuirassier des T.C.       Décédé : 1 cuirassier du 3ème Escadron

Le BOURGET et BLANC-MESNIL

27 Août 1944.
Suivant les ordres donnés pendant la nuit par le Colonel commandant le G.T.D., de l’École Polytechnique, le Régiment forme 2 des sous-groupements du Colonel DIO :
- Axe Porte de la Villette – Aubervilliers :
- Colonel NOIRET avec son P.C. avant,
- Capitaine GAUDET et le 4ème Escadron,
- 1 Peloton de Spahis,
- la Compagnie BOUSSION,
- la Batterie MAGNA.
- Axe Porte de Pantin – Bobigny :
- Commandant ROUVILLOIS avec son P.C.,
- Capitaine d’ ORGEIX et le 2ème Escadron,
- la Compagnie PERCEVAL,
- 1/2 Batterie d’Artillerie (Capitaine WATSON)
À 07H45, nous partons de l’École Militaire dans de bonnes conditions :
Itinéraire prévu : Concorde - Madeleine - Rue Tronchet - Bd Haussmann - Rue Lafayette - Rue des Flandres - Porte de la Villette - Route de Soissons.
À 09H20, nous sommes à la Courneuve.
À 09H40, le détachement arrive à Bobigny. Entre 10H00 et 10H30, le Colonel NOIRET reçoit, venant des F.F.I. et d’éléments civils, les renseignements suivants :
“À Pont-Iblon, quelques éléments d’infanterie, probablement quelques mines à Blanc-Mesnil et à Vieux-Mesnil, un peu d’infanterie et 5 ou 6 gros chars à Stains, quelques éléments d’infanterie et des mines le long de la voie ferrée et de la route allant à Gonesse. Vers Vauderland 60 à 70 chars ennemis.”
Vers 10H50, le Colonel NOIRET reçoit, du Colonel commandant le G.T.D. l’ordre suivant :
“Éclairé par le 5e/RMSM moins un peloton, progresser en direction du Bourget - Dugny. Vous emparer Aérodrome du Bourget. Vous établir lisière N. aérodrome. Renseigner et rendre compte.
FARRET nettoie sur votre gauche et doit prendre Dugny.
ROUVILLOIS se porte dans région Station du Bourget pour flanc-garder, en direction du Blanc-Mesnil - Aulnay-sous-Bois, la prise du Bourget. Un observateur d’Artillerie est mis à votre disposition.”
En conséquence, le Colonel NOIRET décide de pousser l’Escadron GAUDET par la Route Nationale N 17 jusqu’au terrain d’aviation du Bourget, et de le déployer sur ce terrain d’aviation, de façon à l’occuper et à en flanc-garder les lisières Nord. Le gros du détachement NOIRET suivant derrière.
En raison des renseignements qu’il a sur Blanc-Mesnil, le Colonel engage le Commandant ROUVILLOIS à se mettre en flanc-garde en direction du Blanc-Mesnil et d’Aulnay-sous-Bois, sans dépasser la voie ferrée allant de la Courneuve à Sevran.
À 11H25, après avis du G.T.D., le Colonel NOIRET décide de faire progresser les chars au Nord du ruisseau La Morée, de façon à occuper le terrain d’aviation que des renseignements civils peu précis signalent s’étendre du Bourget au N. de ce ruisseau.
Dans cette opération offensive, le Colonel demande au Commandant ROUVILLOIS d’appuyer ce mouvement en prenant sous ses feux le Blanc-Mesnil.
À 11H36, le Colonel NOIRET reçoit le message suivant du Capitaine TROQUEREAU :
“Suis au contact infanterie ennemie - éléments de tête ont atteint la rivière - ennemi à 400 mètres au Nord et à gauche de la Route Nationale N 17.”
À 11H50, le Commandant ROUVILLOIS envoie au Colonel NOIRET le message suivant :
“Je me porte au Nord de Drancy pour vous flanc-garder vers Blanc-Mesnil - Aulnay-sous-Bois.
Dispositif : 1 détachement à défilement de tourelles sur le plateau entre Drancy - Blanc-Mesnil, 1 détachement en réserve au Nord de Drancy (à l’Est de la Station du Bourget).”
À 13H20, le Colonel NOIRET reçoit du Commandant ROUVILLOIS :
“Suis à château d’ eau, sur Route Drancy - Blanc-Mesnil, au carrefour 800 mètres Sud de l’église du Vieux-Mesnil. Cet observatoire me donne des vues jusqu’à Gonesse - Le Thilay - Roissy.
Blanc-Mesnil est occupé par 250 hommes, 3 véhicules chenillés, 5 chars. Calme absolu. Je n’ai vu aucun mouvement de Aulnay-sous-Bois sur Blanc-Mesnil.”
À 14H50, le Colonel NOIRET décide de porter des éléments d’infanterie dans le petit ravin à 1 km à l’Est de la Route Nationale, à hauteur de Pont-Iblon. Mouvement appuyé par des chars qui se retireront ensuite en arrière de La Morée.
À 14H55, le P.C. avant se porte jusqu’à hauteur du terrain d’aviation du Bourget.
À 16H20, le terrain d’aviation du Bourget, complètement dégagé de l’ennemi, est pris.
À 16H55, le Commandant ROUVILLOIS fait connaître au Colonel NOIRET, que son attaque sur Blanc-Mesnil est en cours.
À 17H10, le Vieux-Mesnil est pris par le Commandant Rouvillois ; vers 17H15, le Capitaine GAUDET et nos éléments de reconnaissance entreprennent une opération dans le but d’occuper la crête située au N. de La Morée.
Ce but sera atteint et à 18H00 le Colonel NOIRET envoie le message suivant au G.T.D. :
“Occupons mouvement terrain au Nord de la rivière La Morée, entre Dugny et Blanc-Mesnil. Nettoyage en cours, le village du Blanc-Mesnil est entièrement occupé. Nombreux prisonniers.”
À 08H45, le Sous-Groupement ROUVILLOIS est en place Porte de Pantin.
À 09H30, il arrive au carrefour de Bobigny et tombe en garde.
Liaison est prise avec le Maire du Blanc-Mesnil, qui donne les renseignements suivants :
“ Blanc-Mesnil est inoccupé ; Blanc-Mesnil-Vieux, à 800 mètres au N., est occupé par des Allemands qui ont avec eux : environ 200 otages.”
Le G.T.D. donne l’ordre au Commandant ROUVILLOIS de s’installer en flanc-garde du Sous-Groupement NOIRET, qui doit s’emparer de l’aérodrome du Bourget.
Le Commandant ROUVILLOIS, en fonction de cet ordre et des renseignements du Maire du Blanc-Mesnil, décide d’occuper Blanc-Mesnil-Neuf.
À 12H00, le dispositif du Sous-Groupement ROUVILLOIS est le suivant :
- le peloton de chars BRIOT et une section d’ infanterie à l’ Est du Blanc-Mesnil,
- un peloton de chars et le P.C. à Blanc-Mesnil-Neuf
- le reste du détachement entre Blanc-Mesnil et Drancy.
Les chars du peloton BRIOT exécutent des tirs sur des camions Allemands.
À 16H00, quelques salves d’artillerie sur Blanc-Mesnil-Vieux précèdent l’attaque sur le village menée par le peloton de chars CUMENAL, 20 F.F.I. sur les plages arrières des chars, et 100 F.F.I. à pied.
À 18H00, le village, qui avait été rapidement atteint, est nettoyé.
Bilan du sous-groupement :
F.F.I.: 10 tués, 20 blessés
12e Cuirs : Adjudant DESPLANQUES blessé
Ier/R.M.T. : Caporal TERMINI blessé
Prisonniers : 1 officier, 96 hommes              Matériel: 1 Pz IV brûlé
Dispositif à 20H00 :
- Blanc-Mesnil-Vieux: 1 peloton de chars, 1 section d’ infanterie.
- Lisières Est de Blanc-Mesnil : 1 groupe de chars, 2 sections d’ infanterie, P.C. du Capitaine PERCEVAL.
Il est trouvé sur le terrain une grande quantité de matériels (roquettes, grenades magnétiques, mortiers). 

BILAN DE LA JOURNÉE DU 27
GAINS : Prisonniers : 800
Tués : 400
Matériel : 2 chars Pz IV détruits
PERTES : Tués : 7 du 4ème Escadron
Blessés : 12
Matériel : le char M 4 A2 SAINT-WAAST du 2ème Escadron.

28 Août 1944.
Vers 02H30, cette nuit, un violent tir de 105 est déclenché à l’Ouest et au Nord de la position occupée par le Sous-Groupement NOIRET (arrivées à 200 m. à peine de nos éléments de 1ère ligne).
Ce tir, attribué d’abord à l’Artillerie ou à des mortiers ennemis, coïncide avec un tir de l’Artillerie de la Division.
Un message radio est aussitôt envoyé au G.T.D. pour faire cesser le tir.
Un officier de liaison, auquel se joint un officier de l’Artillerie rattaché au Sous-Groupement NOIRET (Lieutenant JUIF) se portent vers les pièces et arrêtent le tir qui sera repris dès le retour du Lieutenant JUIF du P.C. du Colonel NOIRET, d’où il corrige les erreurs de pointage.
Vers 10H00, sur ordre du Général LECLERC commandant la Division, le Colonel NOIRET envoie une patrouille uniquement blindée, très appuyée par le feu des Destroyers, avec interdiction d’occuper le terrain sur les points suivants :
- Roissy-en-France - Vandherland - Gonesse.
À 13H00, le Commandant ROUVILLOIS envoie au Colonel commandant le G.T.D. et au Colonel NOIRET, le message suivant :
“Je borde au Nord la route de Gonesse - Aulnay-sous-Bois, à cheval sur le carrefour Nord-Est et Blanc-Mesnil.”
À 13H10, le Colonel NOIRET envoie au Colonel commandant le G.T.D. le message suivant :
“Patrouille blindée sur Roissy-en-France - Vaudherland - Gonesse est rentrée ; R.A.S. si ce n’est quelques projectiles de mortiers qu’elle a reçus aux lisières Nord-Ouest de Gonesse.”  

BILAN DE LA JOURNÉE DU 28
GAINS :         Néant
PERTES :       Tués : 1 cuirassier au P.C. avant 

29 Août 1944.
Vers 08H30, le Colonel NOIRET envoie une patrouille blindée sur Gonesse, qui rend compte vers 11H00, que Gonesse est libre d’ennemis.
À 09H50, le Commandant ROUVILLOIS rend compte au Colonel NOIRET des évènements de la nuit, par le message radio suivant :
“R.A.S., ai remis au jour mes patrouilles sur la crête, aux mêmes emplacements qu’hier.”
À 11H00, une écoute radio du réseau intérieur du 1er Escadron, apprend qu’une colonne Américaine de la valeur d’un bataillon, progresse entre Aulnay-sous-Bois et Blanc-Mesnil.
À 11H10, l’Aspirant LEMAÎTRE, envoyé en liaison par le Commandant ROUVILLOIS, rend compte au Colonel qu’une unité Américaine de l’importance d’ un bataillon progresse sur l’itinéraire suivant :
Clichy - Aulnay-sous-Bois - Blanc-Mesnil - Route Nationale 17 - La Patte d’ Oie - Roissy-en-France. Cette unité est flanc-gardée d’une division Américaine ayant pour axe de marche : Villepinte - Le Mesnil-Amelot - Damartin-en-Goele.
À 12H10, arrive du P.C. du Colonel NOIRET, le Commandant des F.F.I. du secteur Nord de Paris, pour constituer un poste de surveillance à Gonesse.
Gonesse étant entièrement libre, cette personnalité s’y rend et à son retour vers 15H00, rend compte qu’il a trouvé dans ce village : une section de F.F.I. entièrement constituée, sous les ordres du Commissaire de Police, et qui assure la surveillance de ce point.
À 16H30, un officier de la Compagnie PERCEVAL, envoyé en patrouille à Gonesse, rend compte qu’il a trouvé Gonesse libre, mais qu’il a aperçu à quelques distances des lisières Nord : une patrouille Allemande de quelques fantassins, et en arrière de celle-ci : un groupe d’ une quinzaine de fantassins et un obusier d’ infanterie.
Ces renseignements, complétés par des renseignements civils, portent cet élément ennemi à environ 100 ou 150 hommes à pied.
Le Colonel NOIRET demande au Colonel commandant le G.T.D. de faire exécuter un tir d’artillerie sur cette troupe. Tir exécuté vers 18H45.
Au cours de la journée, des éléments Américains assez importants, dont des chars, dépassent nos positions de La Morée.
À la suite de cette avance, le Colonel décide de faire exécuter, dans les unités du Régiment, les remises en état du matériel, le recomplètement des pleins, et la réorganisation du personnel, nécessaires.
Vers 19H00, tous les éléments Américains se replient sans explication en direction de Paris, sauf quelques éléments d’infanterie à pied, tenant les lisières du terrain d’aviation du Bourget.
En conséquence, le Colonel NOIRET fait reprendre les mesures de précaution :
- 1 compagnie en alerte à gauche et à droite de la Nationale 17,
- 1 escadron de chars prêt à intervenir en cas de nécessité,
- 1 peloton de mortiers prêt à exécuter les tirs préparés en avant de nos lignes.

BILAN DE LA JOURNÉE DU 29
GAINS : Néant
PERTES : Évacués sanitaire: 3 hommes du 4ème Escadron.

30 Août 1944.
Nuit sans incident.
Vers 09H00, le matin du 30, des éléments de l’armée Américaine, dont des chars, de l’artillerie automotrice, traversent nos lignes vers la N 17, et se portent en direction du Nord.
En conséquence, nos unités, sauf de légers éléments laissés en surveillance, reprennent les travaux de remise en état et d’entretien du matériel, de recomplètement et de réorganisation du personnel, de l’habillement, etc...

BILAN DE LA JOURNÉE DU 30
GAINS et PERTES :             Néant

31 Août 1944.
Cette journée est consacrée à :
- la remise en état du matériel,
- le recomplètement en personnel,
- la réorganisation.

BILAN DE LA JOURNÉE DU 31
GAINS et PERTES :                    Néant 

1er Septembre 1944.
Le P.C. du Colonel NOIRET est installé au Bourget (extrémité Nord du terrain d’ aviation, sur la N 17).
Cette journée est consacrée à la réorganisation et au recomplètement en hommes et en matériels.

2 Septembre 1944.
À 16H30, le Régiment se rend à Blanc-Mesnil-Vieux (P.C. du Colonel : Rue du Plateau N° 6) où nous recevons un accueil des plus enthousiaste de la part de la population qui avait été libérée des Allemands par le Commandant ROUVILLOIS. 

3 Septembre 1944.
Journée sans incident, consacrée à l’instruction des recrues et à la préparation du matériel.

4 Septembre 1944.
Le Régiment est toujours stationné à Blanc-Mesnil-Vieux.
À 23H30, le Capitaine JOUITOU nous quitte pour se rendre à l’E.M. du Général LECLERC, où il est désigné pour remplir de nouvelles fonctions.
Le Lieutenant LIBERSART, nouvellement affecté au Régiment, le remplacera dans ses fonctions d’Adjoint au Colonel.

5 Septembre 1944.
Journée consacrée à : l’instruction, perception de matériel, réorganisation du Régiment.
Le S/Lieutenant GARNIER, affecté au Régiment, est placé à l’E.M., et prend ses fonctions d’Adjoint au Commandant ROUVILLOIS.

6 Septembre 1944.
Journée sans incident.

7 Septembre 1944.
Le Capitaine d’ ALENCON, nouvellement arrivé au Régiment, prend les fonctions d’Adjoint au Colonel à compter de ce jour.
Le Lieutenant LIBERSART est désigné comme adjoint au Capitaine ROUSSEL, commandant le P.C. principal.
À 21H30, le Capitaine De BIEVILLE, officier de liaison, quitte le P.C. pour se rendre au G.T.D. (terrain d’aviation du Bourget), le Colonel DIO commandant le G.T.D. ayant demandé au Colonel NOIRET de lui envoyer un officier de liaison en jeep.
Vers 23H45, le Capitaine De BIEVILLE est de retour au P.C. du Colonel NOIRET, porteur de l’ordre de mouvement, qui doit avoir lieu le lendemain matin.

APPENDICE

Rapport du G.T.V. au 2ème Bureau de la D.B.
Un officier du G.T.V. envoyé ce matin, avec un Major Allemand, pour négocier la reddition des Allemands défendant le Pont de Flandres, a trouvé ce pont abandonné, intact, par les Allemands.
Cet officier, poussant plus loin, est arrivé à la lisière Sud du terrain d’aviation du Bourget.
Devant Dugny, par l’ intermédiaire du Major Allemand, contact a été pris avec les Allemands. 
Ceux-ci ont déclaré que :
a) le Général Von SCHOLTITZ n’avait pas qualité pour leur donner des ordres parce qu’il était prisonnier, et que, normalement, il ne les commandait pas.
b) Ils constituaient le Front Nord de Paris, front cohérent, relié à ses chefs situés plus au Nord, et qu’ils étaient décidés à s’opposer à toute tentative faite par la garnison Française de Paris, de progresser en direction du Nord.
c) Ils ne tireraient pas sur la population civile si la population civile ne les attaquait pas.
Conclusions :
Nous nous trouvons en face d’une ligne de résistance organisée passant en gros par :
le Nord de Saint-Denis - Dugny - le terrain du Bourget - et de là, orientée E.- N.E.
Au cas où le Commandement Français aurait eu l’intention de monter une opération contre cette ligne de résistance, il serait nécessaire de le faire dans le cadre d’une opération de Division avec Air Support.
Renseignements sur l’ennemi à Dugny :
- 77ème Régiment d’Infanterie (Wehrmacht) très décidé à se battre,
- armes anti-chars formant un dispositif assez serré,
- terrain très organisé,
- quelques chars autour du Bourget.
Il s’ agit d’une opération sérieuse à monter.
Des reconnaissances complémentaires seront fournies à l’E.M. de la 2ème D.B. dans la soirée du 26 Août.
Signé : BILLOTTE ( Cdt le G.T.V.)
Ces reconnaissances ont été fournies à 19H30 au Commandant REPITON, elles donnaient la ligne constituant le front Nord, depuis Montmorency jusqu’à Aulnay-sous-Bois : Sud de Montmorency - Sud de Pierrefitte - Stains - Dugny - Sud du terrain du Bourget - N. de Blanc-Mesnil - Aulnay-sous-Bois.
- 2 positions fortement tenues : Pierrefitte - Montmorency, et Dugny.
- Les autres positions tenues avec peu de troupe et quelques véhicules blindés.

Compte-rendu des opérations menées par le 3ème Escadron le 25 Août 1944 au LUXEMBOURG.
Le 25 Août à 11H00, le Capitaine NOËL est appelé au P.C. principal, où il reçoit les ordres suivants, du Capitaine ROUSSEL :
“Le 3ème Escadron, suivi du 1er Escadron et du P.C. principal, se rendra aux Jardins du Luxembourg et s’ y installera.”
À 12H30, l’ Escadron se porte vers Paris par Longjumeau et la Porte d’ Orléans, les chars de commandement en tête, suivis des 2ème, 1er, et 3ème pelotons, allure 22 Miles.
L’Escadron franchit la Porte d’Orléans, la Place Denfert-Rochereau, arrive au carrefour du Bd Montparnasse et du Bd Saint-Michel, toujours dans la même formation, et, est accueilli à ce moment par des feux d’armes automatiques venant du Sénat.
Un dispositif de combat est aussitôt pris. 2ème peloton KREBS, une patrouille en surveillance sur le Luxembourg. Trois chars sur le Bd Montparnasse, en direction de la Gare. Le 1er peloton DESFORGES Bd de Port-Royal, en surveillance vers l’Est. 3ème peloton De COLOMBEL en réserve.
Il est 14H30. Des coups d’ armes automatiques partent d’un peu partout : Bd Saint-Michel, Jardins du Luxembourg, Lycée Montaigne et École de Pharmacie. À 800 mètres de là, un char ami est abandonné en plein milieu du Bd Saint-Michel.
Je décide d’envoyer une patrouille de deux chars, commandée par le S/Lieutenant De COLOMBEL, pour reconnaître les abords du Luxembourg, pendant que le Lieutenant KREBS poussera une reconnaissance Rue d’Assas et démolira un blockhaus signalé occupé (renseignement F.F.I.).
La patrouille De COLOMBEL part et arrive bientôt au contact d’ éléments ennemis installés dans les Jardins du Luxembourg. Les mitrailleuses entrent en action, puis, plusieurs coups d’ antichars partent du Luxembourg. Le char BOURG-le-ROI du S/Lieutenant De COLOMBEL est touché, avec un début d’ incendie qui est maîtrisé.
Le deuxième char, le CLÉRY, M.d.L. BEAUMEL, a sa plage arrière incendiée par des balles traceuses. La patrouille continue sa progression, détruisant au canon trois ou quatre blockhaus et mettant hors de combat quelques mitrailleuses ennemies.
Il est à peu près 15H30. J’ envoie le char LICORNE (canon de 76) Aspirant MANDAT De GRANCEY prendre liaison avec le S/Lieutenant De COLOMBEL, dont la radio ne fonctionne plus.
L’Aspirant De GRANCEY s’engage dans une rue sur la face Ouest du Sénat, aperçoit un char Panther, et tire un coup de 76 qui l’atteint au masque ; c’est le char qui avait tiré par derrière sur le S/Lieutenant De COLOMBEL.
Il continue, aperçoit une arme antichar (reconnue plus tard 75 antichar), tire trois explosifs, continue sa mission à la recherche de la patrouille De COLOMBEL. Il aperçoit dans les fourrés du Luxembourg un char Français abandonné, détruit un blockhaus à l’angle du Jardin du Luxembourg et se replie.
Pendant ce temps, la patrouille KREBS a descendu la Rue d’Assas, neutralisé au canon deux blockhaus, pris liaison avec un peloton de Tanks-Destroyers du R.B.F.M., et retourne se mettre en surveillance entre le Bd de Montparnasse et le Luxembourg.
À 17H00, un pli tapé à la machine, sans signature, est remis au Capitaine, donnant l’ordre de ne plus tirer. Deux coups d’ antichar arrivent à ce moment du côté du Luxembourg - Bd Saint-Michel, tirés par un char Allemand sur la patrouille De COLOMBEL qui rentre ; l’ Aspirant De GRANCEY, avec son 76, qui arrivait par derrière, tire sur ces départs qui cessent.
À 17H30, des F.F.I. et de l’ infanterie du Tchad progressent vers les grilles Sud du Luxembourg.
J’envoie l’Échelon de dépannage pour récupérer le char abandonné par l’Escadron De BOISSIEU. Des feux d’armes automatiques, venant des fenêtres du Luxembourg, empêchent un moment l’Échelon de dépannage de remplir sa mission. Les hommes sont obligés de se mettre à l’abri ; quelques rafales de mitraillettes rétablissent le calme, le char est remorqué.
Les prisonniers Allemands commencent à sortir du Luxembourg.
À ce moment, sur la Place du Luxembourg, des rafales de mitraillettes sont tirées venant du Lycée Montaigne, il y a 6 blessés civils.
Le Lieutenant KREBS est envoyé, et sur les indications d’un Commandant en retraite, va loger quelques coups de canon dans un blockhaus, à 400 mètres de là, Rue d’Assas.
À 18H30, l’affaire est terminée ; seuls des F.F.I. échangent quelques coups de fusils avec des individus non identifiés qui sont sur les toits. Je leur demande de terminer ces affaires le plus tôt possible.
Je reçois l’ordre du Capitaine ROUSSEL de m’installer Place Denfert-Rochereau - Carrefour de l’Observatoire - Bd Montparnasse et Port-Royal.
Nuit calme, R.A.S.
Le premier Escadron, sous mes ordres, s’installe Place Denfert-Rochereau.
Bilan
GAINS :
- 2 chars Panther réduits au silence, dans les Jardins du Luxembourg,
- 1 canon de 75 antichar détruit,
- 7 blockhaus,
- quelques tirailleurs Allemands hors de combat.
PERTES :
- char BOURG-le-ROI du S/Lieutenant De COLOMBEL mis hors de service, blindage moteur défoncé par 75 A.C.,
- char CLÉRY, filet de camouflage et paquetages incendiés.
Le Capitaine NOËL commandant le 3ème Escadron

28 Août 1944, à 14H00, départ en direction du Bourget.

Devant l’Hôtel de Ville, dans un tout petit square, des automoteurs de 105 du RAC, collés l’un contre l’autre, tirent comme des fous. ça semble barouder dur. Nous arrivons en bordure d’HBM, tournons à droite, les trois pièces se mettent en batterie et commencent à cracher leurs tirs....
Les obus tombent et les balles sifflent et claquent contre les murs un peu partout.... Je participe au réglage de la fin du tir depuis un appartement HBM où les carreaux tombent de temps en temps.... Balles.....
Les boches prennent quelque chose.... On en voit qui quittent les tranchées qu’ils avaient creusées et qui reculent en courant.... Deux fantassins du Tchad se font démolir devant nous par un petit obus. On nous fait avancer pour occuper le terrain : manque d’ infanterie...
……..
J’hésite à faire tirer à la mitrailleuse sur des silhouettes qui courent et se jettent à plat ventre.... La vérification aux jumelles identifie des civils, avec des femmes, emmenés en otages et que les Allemands viennent de libérer. Ils ont eu chaud et nous leur conseillons de marcher normalement.
Nous sommes heureusement relevés par des chars du 3ème Escadron qui vient d’arriver et nous retournons vers le terrain d’aviation. Des morts partout, ceux du ... Escadron sont allongés les uns contre les autres, encadrés par des visages fermés.
Dans la nuit, orage, contre-attaque boche, barrage d’ artillerie, quelle nuit..... Nerveusement je n’en peux plus.....
Brigadier Roger LOISON Peloton Mortiers de l’Escadron d’appui du 12ème Cuirassiers.

 

COMBATS AUTOUR DE VITTEL.

11 Septembre 1944.
Le G.T.D. est cantonné dans la région de Villars-en-Azois - Cunfin - Fontette.
À _H.00, le Commandant ROUVILLOIS reçoit le commandement d’un Sous-Groupement composé des unités suivantes :
- 1 escadron de chars légers : 1er Escadron du 12ème Cuirs, Lieutenant LENOIR,
- 1 peloton de chars de 105   : Escadron d’appui du 12ème Cuirs, Lieutenant BESNIER,
- 1 compagnie d’infanterie     : 3ème Compagnie du Ier/R.M.T., Capitaine JOUBERT,
- 1 batterie d’artillerie : 1ère Batterie du 3e R.A.C., Capitaine DUBOIS.
Le Sous-Groupement sera rattaché au G.T.V. et fera mouvement vers l’Est, dès l’aube du 12 Septembre.

12 Septembre 1944.
Passage de la colonne au point initial : carrefour de la R.N. et du G.C.,
Itinéraire : Clairvaux - Juzennecourt - Pont de Bologne - Andelot - St-Blin - Chalvraines - Bourmont - Vrécourt - Bulgnéville.
À Bourmont, une section d’infanterie est laissée en flanc-garde vers le Sud.
Arrivée à Bulgnéville vers 12H00, la colonne s’arrête sur la G.C.17 avant l’entrée du village.
Le Sous-Groupement reçoit la mission de tenir Bulgnéville - La Croix-St-Nicolas - Auzainvilliers.
Dispositif adopté :
- Croix-St-Nicolas : 1 peloton de chars légers, 1 section d’infanterie,
- Auzainvilliers : 2 sections d’infanterie, 1 peloton de chars légers,
- Bulgnéville (lisières S.O.): batterie d’artillerie et chars de 105,
- 1 peloton de chars légers.
Vers 14H00, le G.T.V., dont le P.C. est à Contrexéville, donne au sous-groupement mission de progresser sur l’axe St-Remiremont - Houécourt - Viocourt - Attignéville. Au delà de ce dernier village se trouvent, sans doute, les éléments de la 79ème D.I./U.S.
Effectifs engagés : deux 105 d’artillerie,
1 peloton de chars légers,
2 chars de 105,
1/2 section d’infanterie,
15 F.F.I. de Bulgnéville,
1 peloton de Spahis et une section du Génie sont envoyés en renfort.
À Houécourt, le Sous-Groupement se heurte à une forte résistance (infanterie munie d’armes antichars).
Au court de l’attaque, le détachement est renforcé par un peloton de chars moyens et une section d’infanterie.
Les derniers ennemis se rendent vers 19H00.
Prisonniers : 70
Armes détruites : un 75 anti-chars, 2 anti-chars légers.
Pertes du sous-groupement: 4 officiers et 7 hommes blessés.
Les unités engagées passent la nuit à Houécourt.

13 Septembre 1944.
Reconnaissance à l’Est et à l’Ouest sur la N 66.
Châtenois (Ouest de Houécourt) est occupé par les Américains.
À La Neuveville-s/s-Châtenois, 30 Allemands se rendent à l’aube (patrouille BESNIER).
Les Américains qui comptaient attaquer La Neuveville vers 08H00, après bombardement d’artillerie, sont prévenus que le village est libre.
La cité ouvrière et Gironcourt-sur-Vraines sont libres.
Des agents de liaison Américains annoncent que le G.C.3 de Vouxey à Removille et le G.C.13 (Rainville) sont contrôlés par la 79ème D.I./U.S.A.
La progression vers Attigneville devient inutile.
Le sous-groupement reçoit du G.T.V. la mission de relever le Sous-Groupement CANTAREL, au S./E. de Bulgnéville.
Articulation du sous-groupement :
- Houécourt : 1 peloton de chars légers en liaison avec les Américains,
- Dombrot-le-Sec : - P.C.,
- 1 peloton de chars légers,
- 1 peloton du R.M.S.M.,
- 1 section d’infanterie,
- 1 char 105,
- la batterie d’artillerie (lisière N. du village),
- Lignéville : - 1 section d’infanterie (P.C. compagnie),
- Bulgnéville : - 1 peloton de chars légers (P.C. chars légers),
- 1 section d’infanterie,
- 1 char 105 (indisponible).

14 Septembre 1944.
Les Américains contrôlent définitivement la N 66 : Neufchâteau à Mirecourt.
Le sous-groupement abandonne Houécourt et occupe Vittel avec les éléments suivants :
- peloton de chars légers (MERCIER) retiré d’Houécourt,
- 1 section d’infanterie venant de Bulgnéville.
Le sous-groupement “R“ assure ainsi la protection du P.C. de Contrexéville, à Dombrot-le-Sec - Lignéville - Vittel.
1 peloton de chars est envoyé de Bulgnéville à Lignéville.
Dans la nuit du 14 au 15, des éléments Allemands venant des bois S.E. de Lignéville, cherchent à entrer dans ce village pour s’y ravitailler. Un fantassin Français est blessé, les Allemands abandonnent des armes individuelles.

15 Septembre 1944.
Le peloton du R.M.S.M. est remis à la disposition de son unité.
L’articulation du sous-groupement est la suivante :
Dombrot-le-Sec : - 1 peloton de chars légers,
- 1 section d’infanterie,
- 2 chars 105,
- la batterie d’artillerie (lisière N. du village),
Lignéville : - 1 section d’infanterie,
- 1 peloton de chars légers,
Vittel : - 1 section d’infanterie,
- 1 peloton de chars légers.
Le Général commandant le G.T.V. transporte son P.C. de Contrexéville à Hymont.
Dans la journée, des éléments de la 1ère D.B. française venant du Sud, prennent contact à Dombrot-le-Sec avec le sous-groupement.
À 22H00, le Général commandant le G.T.V. donne l’ordre d’amener le sous-groupement dans la région de Vaubexy - Bazegney - Derbamont, entre Dompaire tenu par le G.T.L. et Regney - Bettegney-St-Brice, tenu par le Sous-Groupement CANTAREL.
Le Sous-Groupement de La HORIE est alors à Nomexy avec des reconnaissances vers Châtel-sur-Moselle.
La 79ème D.I./U.S. tient Charmes.

16 Septembre 1944.
Le P.C. du G.T.V. se transporte à Gugney-aux-Aulx.
Le sous-groupement fait mouvement de minuit à 06H00 du matin, dans une obscurité totale, sous la pluie, et sur des routes difficiles, par l’itinéraire suivant : Vittel - Remoncourt - Hymont.
Le 4ème Escadron arrive le soir à Bazegney et y passe la nuit.
La mission est la suivante : Surveiller les sorties N.O. d’Épinal, en particulier les clairières de Bouzemont et de Circourt.
Dispositif adopté :
Derbamont: - P.C.,
- la compagnie d’infanterie moins 2 sections,
- 1 peloton de chars légers,
- chars 105,
- la batterie d’artillerie (N. du village),
Bazegney : - 1 peloton de chars légers (P.C. LENOIR)
- 1 section d’infanterie,
Vaubexy : - 1 peloton de chars légers,
- 1 section d’infanterie (P.C. JOUBERT).

17 Septembre 1944.
Relève du 1er Escadron (LENOIR) par le 4ème Escadron (GAUDET).
Les chars 105 rejoignent le G.T.D. en même temps que l’Escadron LENOIR.
Articulation du sous-groupement :
Derbamont: - 1 peloton de chars moyens (P.C. ROUVILLOIS),
- 1 section d’infanterie,
- la batterie d’artillerie,
Bazegney : - 2 pelotons de chars moyens (P.C. GAUDET),
- 1 section d’infanterie,
Vaubexy : - 1 section d’infanterie (P.C. JOUBERT).
Appuis de feux : Groupe Tranic (1 groupe 155 Américain plus 1 batterie), 1 groupe de 155 Américain.
Activité: une patrouille composée de 3 chars moyens, 1 half-track d’infanterie, reconnaît Circourt et Mazeley.
R.A.S.

18 Septembre 1944.
Le Sous-Groupement de La HORIE ayant reçu l’ordre d’abandonner Châtel-sur-Moselle, est replié à Jorxey.
Le Sous-Groupement ROUVILLOIS, dans l’après-midi, vient se placer face à la Moselle, au Sud de Nomexy, en liaison avec le Sous-Groupement CANTAREL qui tient le G.C.10 et Bettegney-St-Brice.
Dispositif adopté :
Mazeley : - P.C.,
- Escadron GAUDET moins 2 pelotons,
- 1 section d’infanterie,
Carrefour observatoire : (1500 m S.O. de Mazeley)
- 1 peloton de chars,
- 1 section d’infanterie,
Frizon : - Compagnie JOUBERT moins 2 sections,
- 1 peloton de chars,
Circourt : - la batterie d’artillerie aux lisières S.E.
Le sous-groupement s’appuie à sa droite sur le G.T.L., au carrefour du G.X.6 et du G.C.39, tenu par des éléments du R.M.S.M.

VALLOIS - MOYEN - VATHIMÉNIL

19 Septembre 1944.
Le Sous-Groupement ROUVILLOIS est remis à la disposition du G.T.D. Il reçoit en renfort un peloton de chars légers (DELSIGNE) et un peloton de Spahis.
Le G.T.D. fait mouvement de Vittel vers le N.E., articulé en 2 sous-groupements :
- le Sous-Groupement NOIRET, dont l’axe général est Châtel-sur-Moselle - Gerbéviller,
- le Sous-Groupement ROUVILLOIS, dont l’axe de marche est : Châtel-sur-Moselle - Moriville - Rehaincourt - Haillainville - Essey-la-Côte - Giriviller - Seranville - Vallois - Moyen - Vathiménil.
Traversée de la Moselle à Nomexy - Châtel sans incident, sous un tir d’interdiction.
Vers 10H00, à Moriville, forte résistance d’éléments ennemis. Le village attaqué à l’Ouest, au S.O. et au Sud par un peloton de Spahis, 2 pelotons de chars et une section d’infanterie est pris vers 11H00.
Pendant cette attaque, le détachement JOUBERT est lancé sur Rehaincourt (1 peloton de chars et 1 section). Le village, entièrement brûlé par les Allemands, est libre.
Progression sans résistance jusqu’à l’Est de Serainville.
1 peloton de T.D. du R.B.F.M. est mis à la disposition du sous-groupement. Il assure la flanc-garde vers l’Est.
À Vallois, vers 17H00, des éléments ennemis tentent de défendre le passage de la Mortagne, le pont-route est détruit. Le viaduc saute au moment de l’attaque. Après un bref engagement, les fantassins Allemands essaient de se replier à l’Ouest de la rivière, vers la N 44 et les bois. Pris à parti par l’infanterie et le peloton HANNEZO, en position sur une croupe à l’Est de Vallois, ils subissent des pertes sensibles.
Tués : 20
Prisonniers : ?
Matériels détruits : - nombreuses voitures de liaison et motocyclettes,
- 1 canon de 88.
Le sous-groupement continue sa progression vers Moyen :
- le peloton de Spahis suit la rive gauche de la Mortagne,
- 2 pelotons de chars moyens passent au gué de Vallois et suivent la rive droite,
- le peloton de T.D., en position sur la croupe au N. de Vallois, se tient prêt à les appuyer de ses feux.
Moyen n’est pas défendu. Les éléments arrivent par la rive gauche, franchissant le vieux pont qui n’est pas détruit.
À 19H00, seulement le char moyen RABAT saute à l’entrée du pont, sur deux mines, que les éléments légers et 3 T.D. n’avaient pas déclenchées. 3 autres mines sont découvertes à proximité.
Un peloton de chars moyens (PRUNET) et 1 section d’infanterie poussent jusqu’à Vathiménil qui est occupé sans combat vers 20H00.
Dispositif le 19 au soir :
Vallois : - 1 peloton de chars moyens (HANNEZO),
- 1 section d’infanterie (P.C. JOUBERT),
Moyen : - 1 peloton de chars moyens (P.C. ROUVILLOIS),
- 1 peloton de chars légers (DELÈGUE),
- 1 peloton du R.M.S.M. (de BONNEVAL),
- 1 section d’infanterie,
- 1 peloton T.D. qui détruit dans la nuit 2 voitures touristes et fait 6 prisonniers,
- la batterie d’artillerie,
Vathiménil: - 1 peloton de chars moyens,
- 1 section d’infanterie,
dans la nuit, ce P.A. détruit un char, 3 voitures touristes et fait plusieurs prisonniers. 

20 Septembre 1944.
La progression du G.T.D. s’arrête. Les Américains interdisent l’occupation de Gerbéviller.
Le Sous-Groupement ROUVILLOIS pousse cependant une reconnaissance :
- 1 peloton de chars moyens (HANNEZO),
- 1 section d’infanterie (DANRÉ),
au village de Flin, presque entièrement incendié par les Allemands, le pont sur la Meurthe est sauté.
La batterie d’artillerie vient occuper une position à l’Est de Moyen. Toute la nuit, des Allemands isolés sortent du Bois de Chèvremont (entre Moyen et Flin) et viennent se heurter aux feux du point d’appui de Flin.
Fréquents tirs de mortiers sur Flin.

21 Septembre 1944.
Le dispositif ne subit pas de modifications.
D’après les renseignements reçus, le Bois de la Taxonnière (N.O. de la route Moyen - Vathiménil) servirait de refuge à des éléments Allemands (chars, très nombreux fantassins, 200 voitures diverses) dont le projet primitif était de se replier par le pont de Vathiménil - Chenevières, et dont le mouvement a été bloqué par l’occupation de Vathiménil.
Une opération nettoyage montée contre ce bois avec deux escadrons de chars et 1 section d’infanterie est arrêtée dans la soirée, le XVe C.A. ayant réservé cette action à la 79ème D.I./U.S.
Dans la nuit, les Allemands réfugiés dans le bois abandonnent tout leur matériel, sans le détruire, et se replient par les gués sur la Meurthe.
Fréquents tirs de mortiers sur Flin : 2 blessés.

22 Septembre.
Le G.T.D. reçoit l’ordre de traverser la Meurthe à Flin et d’exploiter la percée. La constitution de la tête de pont est confiée au Sous-Groupement ROUVILLOIS, l’exploitation au Sous-Groupement NOIRET.
Le sous-groupement “R“ reçoit en renfort la 2ème Compagnie du Ier/R.M.T. (PERCEVAL).
D’après les renseignements fournis par les habitants et les F.F.I. de la région, il existe à Flin deux gués principaux : l’un se trouve à 20 mètres à l’Ouest du pont détruit, l’autre à 500 mètres environ plus à l’Ouest.
Pour l’attaque, le sous-groupement se porte en entier à Vathiménil et à Flin. La batterie occupe une position aux lisières N.E. du Bois de Chèvremont.
Vers 10H00, une patrouille de reconnaissance composée d’un peloton de chars moyens et d’un groupe d’infanterie, utilise le premier de ces gués.
Les chars traversent difficilement le terrain boueux qui s’étend entre Flin et la rivière.
Le MONTCORNET III, qui a réussi la traversée est immobilisé aux lisières de Ménil-Flin, par un coup de bazooka tiré à 5 mètres sur son flanc gauche. Un cuirassier est tué. Les fantassins, qui ont également atteint Ménil-Flin, se replient sur Flin.
Vers 13H00, des lisières de la forêt de Mondon, les Allemands déclenchent sur Flin un violent tir de mortier ; plusieurs maisons brûlent. Les conductrices volontaires de la Croix Rouge, font preuve d’un grand courage en évacuant, sous le feu, leur matériel menacé.
À 15H30, après une concentration d’artillerie sur le carrefour central de Ménil-Flin, l’attaque est déclenchée par le second gué, à l’aplomb du cimetière. L’infanterie passe sans difficulté, donne l’assaut au village par le S.O. et la N 57.
L’occupation est terminée vers 17H00. Les chars traversent aussitôt la Meurthe par le premier gué.
Bilan de la journée :
Pertes amies :         - 4 tués (1 Cuirassier et 3 Fantassins) - 5 blessés
- Matériel perdu : 1 char immobilisé réparé les jours suivants
Pertes ennemies : - 4 tués
- Matériel perdu : canons anti-chars et bazookas.
Vers 18H00, le Général LECLERC vient à Ménil-Flin inspecter le sous-groupement.
Dans la nuit, le Génie lance 2 ponts métalliques sur la rivière. Le sous-groupement forme point d’appui à Ménil-Flin et dans les bois Nord.

23 Septembre 1944.
À l’aube, l’ennemi déclenche de violents tirs de mortiers sur Ménil-Flin (1 artilleur tué et 3 blessés).
La manœuvre amorcée la veille se poursuit ; à partir de 06H30, le Sous-Groupement NOIRET traverse la tête de pont, se dirigeant vers Hablainville et Buriville.
Vers 09H00, le Sous-Groupement ROUVILLOIS reçoit l’ordre d’aller occuper St Clément et Laronxe, en liaison avec la 79ème D.I./U.S. qui, ayant pris Gerbeviller, avance de Fraimbois vers la Maison de Brique.
Le sous-groupement est relevé à Ménil-Flin par le Sous-Groupement MINJONNET et couvert au Nord par le Sous-Groupement QUILICHINI, l’un et l’autre aux ordres du G.T.D.
Toute la journée, à St-Clément et Laronxe, repos gêné par la pluie.

ACTIVITÉ des PATROUILLES et de l’ARTILLERIE 

24 Septembre 1944.
La pluie continue, entrave l’avance des Américains qui ne dépassent la Maison de Brique que pour de courtes reconnaissances.
Le Sous-Groupement QUILICHINI prend cependant Thiébauménil.
Le Sous-Groupement ROUVILLOIS reçoit dans la soirée l’ordre de relever, le 25, le Sous-Groupement NOIRET sur les positions qu’il occupe aux lisières Est de la forêt de Mondon.

25 Septembre 1944.
Au cours de la nuit parvient un ordre différent : se préparer à occuper Bénaménil, à y créer une tête de pont, et à exploiter la percée en direction d’Emberménil et de Xousse.
En raison de la fatigue du personnel et de l’état du terrain que la pluie continue de détremper, l’opération sur Bénaménil est limitée aux effectifs suivants :
- 1 peloton de chars moyens (HANNEZO),
- 1/2 peloton de T.D. (LACOIN),
- la Compagnie d’infanterie.
Bénaménil est occupé sans combat vers 17H00.
Les gués étant mal connus, les accès complètement découverts et l’ennemi étant maître de tous les observatoires au Nord de la Vezouze, la constitution de la tête de pont est ajournée.
Les éléments engagés constituent dans Bénaménil un centre de résistance, articulé en 2 points d’appui :
- a) 1/2 peloton de chars (HANNEZO) garde les accès Ouest et Nord du village avec 1 section d’infanterie,
- b) 2 sections d’infanterie, 1/2 peloton de T.D., 1/2 peloton de chars, défendent les accès Nord et Est,
le P.C. est au centre du village ; le Capitaine De MARLE, officier de liaison artillerie, dispose des feux de 4 Groupes.
Le reste des effectifs du sous-groupement se répartit de la manière suivante :
- 1 escadron de chars moyens (moins 1 peloton) à St-Clément,
- la Compagnie PERCEVAL à St-Clément,
- 1/2 peloton de T.D. à Chenevières,
- 1 section d’infanterie de la Compagnie PERCEVAL, en forêt de Mondon, au carrefour du dépôt de munitions.
La batterie d’artillerie est remise à la disposition du 3ème R.A.C.
Pertes : - 1 officier de l’infanterie blessé.

26 Septembre 1944.
Vers 08H00, visite du Général LECLERC, qui se déclare très satisfait de la conduite du sous-groupement.
Il n’envisage pas d’opérations au-delà de Bénaménil pour la journée en cours.
Le personnel reste à l’abri dans les maisons et les caves, en raison des tirs de mortiers que l’ennemi exécute presque sans arrêt à partir des ravins situés derrière Domjevin.
Pertes : - 2 blessés.

27 Septembre 1944.
En liaison avec la 79ème D.I./U.S., qui doit nettoyer les lisières Sud-Est de la forêt de Parroy, de Marainviller à Laneuveville-aux-Bois, le Chef d’Escadrons ROUVILLOIS reçoit la mission de préparer l’attaque du Fort de Manonviller.
Il prend sous son commandement : outre son propre sous-groupement, le Sous-Groupement QUILICHINI.
L’appui de 8 Groupes d’Artillerie lui est également attribué.
Vers 11H00, la coordination n’ayant pu être réalisée entre l’action des unités Françaises et celles de la Division Américaine, l’opération est ajournée.
Le dispositif de la veille n’est pas modifié, cependant une section F.F.I. relève, au carrefour de la forêt de Mondon, la section de la Compagnie PERCEVAL.
Le village de Bénaménil continue à subir des tirs de harcèlement par mortiers et artillerie.
Pertes: - 2 tués, 7 blessés, 1 T.D. endommagé (radiateur crevé).

28 Septembre 1944.
Les mortiers tirant de l’Est, pris à parti par l’Artillerie, ralentissent leurs tirs.
Vers 17H15, de nouvelles pièces tirent des environs de Manonviller sur l’Ouest du village.
Pertes : - 1 Cuirassier légèrement blessé.

29 Septembre 1944.
Le front du G.T.D. reste installé sur la Vezouze et aux lisières Est de la Forêt de Mondon.
Violents tirs de mortiers et d’artillerie ennemis sur Bénaménil.
Pertes : - Néant.
Activités de patrouilles à l’Est et à l’Ouest du village jusqu’à la route de Domjevin et au Moulin de Bénaménil.

30 Septembre 1944.
De 07H00 à 08H00 du matin, ainsi que de 11H00 à 11H30, Bénaménil est pris simultanément à partie par des mortiers tirant des environs de Domjevin et une batterie de 150 tirant de la région de Baccarat.
Nouvelles rafales de mortiers vers minuit.
Pertes : - 1 Fantassin légèrement blessé.

1er Octobre 1944.
Le sous-groupement conserve le dispositif adopté le 26 Septembre :
Bénaménil : Centre de résistance articulé en 2 points d’appui.
- Accès Ouest et Nord-Ouest du village:
- 1/2 peloton de chars moyens (HANNEZO),
- 1 section d’infanterie (NABARRA).
- Accès Est et Nord-Est du village :
- 2 sections d’infanterie (Le VIANDER, LUCCHESI),
- 1/2 peloton de chars moyens,
- 1/2 peloton de T.D. (JOSSE).
Le P.C. est au centre du village.
Le Capitaine De MARLE, du 3ème R.A.C., dispose des feux de 4 Groupes.
Le reste des effectifs du sous-groupement se répartissent de la manière suivante :
- 1 escadron de chars moyens (moins 1 peloton) à St-Clément,
- 1/2 peloton de T.D. à Chenevières,
- 1 section d’infanterie (F.F.I.) en forêt de Mondon, au carrefour du dépôt de munitions.
Tirs amis : Concentration de 105 et de 155 sur Domjevin, la région Sud de Vého, et diverses organisations ennemies observées ou repérées.
Tirs ennemis : Bénaménil subit plusieurs tirs d’artillerie et de mortiers :
- de 00H00 à 01H00, 50 coups de 105 et 150,
- dans la matinée, harcèlement par mortiers pendant 1/2 heure,
- vers 14H00, concentration par artillerie et mortiers, point moyen : l’église dont le clocher s’effondre,
- Vers 16H30, 60 coups de 150, point moyen : le P.C. du sous-groupement ; les jeeps “ AVIZE et NOYON “ sont criblées d’éclats.
Pertes en personnel : Néant
À la suite de ces tirs, le Chef d’Escadrons commandant le sous-groupement, décide d’évacuer vers Laronxe et St-Clément, la population de Bénaménil, qui vit depuis une semaine entassée dans les caves du village.

2 Octobre 1944.
L’évacuation des civils a lieu au petit jour. La colonne, composée de chariots et de piétons gagne Laronxe par le chemin des Terres Rouges.
Tirs amis : Concentration d’artillerie sur plusieurs points repérés.
Activités de patrouilles : De Bénaménil vers la Vezouze, reconnaissance de gués et des abords de Fréménil.
Tirs ennemis: à 13H00 : 50 coups de 150, point moyen : le P.C.
Le S/Lieutenant POINSOT du 3ème R.A.C., officier de Transmissions du sous-groupement est grièvement blessé.

3 Octobre 1944.
Activités : - Patrouilles vers N.O. et N.E.
- Le peloton de chars moyens (Lt HANNEZO du 4e Escadron) est relevé par le peloton BOBY du même escadron. La relève a lieu à la nuit tombante sans incidents.
Tirs amis : à 18H00, violente concentration d’artillerie sur Domjevin.

4 Octobre 1944.
Activité d’artillerie de part et d’autre.
Les caves de Bénaménil offrent une protection satisfaisante, les tirs ennemis restent sans effet.
Vers 20H00, une patrouille d’infanterie conduite par le S/Lieutenant NABARRA est envoyée vers le N.O. du village pour reconnaître le dispositif Allemand aux abords du moulin (207 - 982). Le S/Lieutenant NABARRA ayant traversé le bras Sud de la Vezouze accompagné d’un seul homme, fait prisonnier un sous-officier ennemi qui effectuait une ronde, et le ramène sur la rive gauche de la rivière par une passerelle à demi détruite, et malgré les tirs du groupe ennemi alerté.

5 Octobre 1944.
Faible activité d’artillerie,
Patrouilles à l’Est du village : R.A.S.

6 Octobre 1944.
Les points d’appui de Ménil-Flin et du S.E. de la Forêt de Mondon, jusque là compris dans le secteur du G.T.L., doivent être confiés le 7 Octobre au G.T.D.
Le Colonel commandant le G.T.D. prend la décision de faire relever le Sous-Groupement MINJONNET par le Sous-Groupement ROUVILLOIS, et de modifier entièrement la composition de celui-ci.
Le Chef d’Escadrons ROUVILLOIS, conservant les éléments constitutifs de son P.C., reçoit le commandement des unités suivantes :
- 1 escadron de chars moyens (3ème escadron du 12e Cuirs, Capitaine NOËL),
- 1 compagnie d’infanterie (1ère compagnie du Ier/ R.M.T., Capitaine BOUSSION),
- l’escadron de protection du Q.G./ 2e D.B. (Capitaine De BOISSIEU),
- 1 compagnie du Génie (4ème compagnie du 13e Génie, Capitaine DURGOS),
- 2 groupes francs du 22ème F.T.A. (Lieutenants BRÉZINA et CHRISTOPHE, instructeur :   Lieutenant LAUNAY, adjoint du Capitaine BOUSSION).
La mise en place du sous-groupement aura lieu dans la matinée du 7 Octobre.

7 Octobre 1944.
Le Sous-Groupement ROUVILLOIS relève, à Ménil-Flin et dans la partie S.E. de la Forêt de Mondon, le Sous-Groupement MINJONNET qui est affecté au secteur de Magnières.
Le dispositif suivant est adopté :
Bouchons sorties Est de Ménil-Flin :
a) usine de la Pointerie (208-894) :
- 2 groupes d’infanterie,
b) surveillance de la route et de la voie ferrée :
- 1 peloton de chars moyens,
- 1 groupe d’infanterie
c) débouché de la route d’Hablainville (211-899) :
- 1 groupe d’infanterie.
Le Capitaine commandant la compagnie d’infanterie assure le commandement de cet ensemble. Il dispose en outre, d’une section d’infanterie au repos, par roulement, dans Ménil-Flin.
Poste dit “ Bouchon de Buriville “ ou Bouchon Nord (235-928) :
- 2 chars moyens (S/Lieutenant De COLOMBEL),
- 1/2 section d’infanterie.
Le S/Lieutenant commandant le peloton de chars assure le commandement du bouchon Nord.
Poste dit “Bouchon d’Hablainville“ ou Bouchon Sud (232-919) :
- 1 char moyen,
- 1/2 section d’infanterie (Lieutenant Mac CLENAHAM).
Le Lieutenant commandant la section d’infanterie assure le commandement du bouchon Sud.
“Bouchon de la Forêt" (220-921) :
- 1 groupe franc de F.T.A.
Ce bouchon remplace 3 petits postes antérieurs, respectivement situés en :
- 215-919
- 220-921
- 224-920
et occupés par des éléments du Génie.
“Ravin des Templiers“ entre 205-913 et la corne Est du Bois du Fays de Chenevières :
l’escadron de protection du Q.G./ 2e D.B. (Capitaine De BOISSIEU), soit :
- 1 peloton de chars légers,
- 2 pelotons d’obusiers
L’escadron détachera un élément formant point d’appui-cercle, en 206-912, pour fermer l’issue de la Tranchée Claudel.
Dispositif de la compagnie du Génie :
La Féculerie : - P.C. compagnie,
- 1 section
Flin : - 2 sections
L’une des sections de Flin assure, le jour, la protection de la rive gauche de la Meurthe, vers le Sud-Est, au moyen d’une arme automatique placée en 205-891 et servie par 3 hommes.
De nuit, le poste de garde est replié en 202-893, le long de l’église de Flin.
Village de Ménil-Flin :
- P.C. sous-groupement en 203-902,
- réserve de commandement, soit :
* le 3ème escadron du 12ème Cuirassiers, moins 2 pelotons (chars moyens),
* 1 groupe franc de F.T.A., au repos par roulement,
* 1 peloton de T.D. (enseigne de vaisseau VILLARESSE), au repos au séminaire. Bien que ne faisant pas partie du sous-groupement, se tient prêt à agir en cas de nécessité.
Observatoire d’Artillerie :
Le Capitaine MAGNAT, commandant la 3ème Batterie du 3e R.A.C., dispose d’un observatoire en 216-881, commun au 3e R.A.C. et au 40e R.A.
Mise en place :
La mise en place de ces différents éléments est terminée vers 12H00, sans incidents.
Les relèves doivent avoir lieu automatiquement tous les 4 jours.

8 Octobre 1944.
Travaux d’installation et reconnaissances diverses.
Le Chef d’Escadrons commandant le sous-groupement, prend la décision de faire poser :
- un barrage de mines antichars à la sortie Est de Ménil-Flin, perpendiculaire à la voie ferrée, à la grand route et à la Meurthe,
- un barrage de mines anti-personnels à 200 mètres au Nord-Est et au Sud-Ouest de la lisière du bouchon Nord.
de faire construire :
- à 100 mètres Est des bâtiments de la Pointerie, un ouvrage en rondins pour armes d’infanterie.

9 Octobre 1944.
Le Lieutenant-Colonel commandant le 12ème Cuirassiers, décide d’affecter au sous-groupement, par roulement, 1 sous-officier et 10 hommes pris sur les éléments sédentaires de son P.C.
Le premier détachement constitué en vertu de cette décision, se présente à 09H00 au P.C. de Ménil-Flin, et, est dirigé sur le bouchon de Buriville.
Une section du Génie effectue la pose des mines antichars à la sortie Est de Ménil-Flin.
Vers 22H00, une patrouille ennemie, forte de 9 hommes environ, venant d’Hablainville, pénêtre dans la forêt et parvient aux abords du bouchon Sud, sans en soupçonner l’existence : le char BOURG-LA-REINE fait feu de toutes ses armes.
Pertes ennemies : 1 tué, 1 blessé grave, 2 prisonniers, le reste de la patrouille se disperse.

10 Octobre.
La section du Génie commandée par l’Aspirant RACCAH effectue, de 19H00 le 9 Octobre à 06H00 du matin le 10, la pose du barrage anti-personnels, devant le bouchon Nord. L’intervention, vers 20H00, dans une obscurité totale, d’une patrouille ennemie sortant de la forêt, retarde de plusieurs heures le début du travail. L’opération est cependant reprise vers minuit, et terminée avant le jour, suivant les ordres reçus, malgré l’explosion de plusieurs mines ayant entraîné la mort de 2 sapeurs.
Une autre section termine le barrage antichars aux sorties Est de Ménil-Flin et le complète d’un barrage anti-personnels, dans l’île de la Pointerie.
Les services de renseignements signalent l’arrivée à Baccarat, d’environ 50 chars ennemis. Pour parer à une contre-attaque éventuelle, le G.T.D. élabore un plan de défense.
(mise sur pied d’un sous-groupement renforcé, composé des Sous-Groupements QUILICHINI et ROUVILLOIS, et commandé par le Chef d’Escadrons ROUVILLOIS).

11 Octobre 1944.
Le Colonel commandant le G.T.D. renforce le sous-groupement d’un peloton de chars légers, pris par roulement, au 1er Escadron du 12ème Cuirs.
En vertu de cette décision, le peloton CRUSE relève, aux bouchons Nord et Sud, le peloton De COLOMBEL.
En même temps, la section HÉLIOT relève la section Mac CLENAHAM.
Le Génie continue l’aménagement des bouchons (abattis et réseaux barbelés) et la construction du blockhaus.
Des patrouilles d’infanterie reconnaissent la tranchée Claudel et le ravin des Templiers.
Pertes ennemies : 1 déserteur pris au bouchon Nord.

12 Octobre 1944.
Une patrouille ennemie pénètre, par le ravin des Templiers, jusqu’aux abords de la position occupée par l’Escadron de Protection. Elle se retire sans engagement.
Pertes ennemies : 1 prisonnier évadé, venant de Grenoble, est pris à Ménil-Flin.

13 Octobre 1944.
Activité de patrouilles.

14 Octobre 1944.
Activité de patrouilles.

15 Octobre 1944.
Relève du peloton CRUSE par le peloton MERCIER.
Relève de la section HÉLIOT par la section COUTEAU.

16 Octobre 1944.
Activité de patrouilles
Tirs ennemis de 105 et 150 sur Ménil-Flin.
À 14H00, l’Escadron de Protection exécute un tir sur un abri ennemi en 247-911.

17 Octobre 1944.
Activité de patrouilles.
Tirs ennemis de 105 et 150 sur Ménil-Flin.

18 Octobre 1944.
Activité de patrouilles.
Quelques tirs ennemis autour du bouchon de Buriville et aux lisières Ouest de Ménil-Flin.

19 Octobre 1944.
Relève du peloton MERCIER par le peloton DELÈGUE.
Relève de la section COUTEAU par la section Mac CLENAHAM.
À 18H30, tirs d’artillerie ennemie à 300 mètres Ouest du pont de Flin.

20 Octobre 1944.
À 18H30, tirs d’artillerie ennemie (30 coups de 150) sur Flin et Ménil-Flin.
La compagnie du Génie GERMAIN relève la compagnie DURCOS, reçoit les mêmes missions et adopte le même dispositif.
Une patrouille d’infanterie est envoyée à la Ferme du Haut-de-la-Garde. Elle la trouve inoccupée.
Le Chef d’Escadrons commandant le sous-groupement, prend la décision de placer dans la matinée du 21, un bouchon près de la Ferme du Haut-de-la-Garde, vers 238-906, afin d’interdire l’entrée du Bois de Martin-Boucart par la route d’Hablainville - Ménil-Flin, et de contrôler les observatoires et installations ennemis placés sur la crête, au Signal : vers 247-911.
L’opération projetée doit comporter 4 temps :
1er temps :         09H00 - Occupation de la Ferme du Haut-de-la-Garde par un groupe franc de F.T.A., nettoyage de la corne du Bois en 238-912 par une patrouille venant du bouchon Sud, aux ordres du Lieutenant Mac CLENAHAM, après un tir effectué par les obusiers de la section de protection.
2e temps :         11H00 - L’observatoire Allemand et le barrage de mines en 245-910 ayant été soumis, de 08H30 à 11H00, à des tirs de harcèlement, nettoyage de toute la crête du Signal par les effectifs suivants :
- 2 groupes francs des F.T.A.,
- 1 groupe de chars moyens (KREBS).
3e temps :         12H00 - Reconnaissance de la crête en direction du Nord, de 245-910 à 247-935, par les effectifs suivants :
- 1/2 section d’infanterie,
- 1 groupe de chars moyens.
- Le détachement mixte utilisé pour la 2ème phase, assurant pendant ce temps la flanc-garde vers l’Est et le Sud-Est.
4e temps : Repli de tous les éléments sur Ménil-Flin, à l’exception d’un groupe de F.T.A., destiné à constituer un bouchon en 238-906.

21 Octobre 1944.
À 09H00 du matin, les F.T.A. occupent sans résistance la Ferme du Haut-de-la-Garde, la section Mac CLENAHAM nettoie les bois en 247-907 et 238-912.
À 11H00 environ, les groupes de F.T.A., protégés par le 1/2 peloton de chars moyens, progressent jusqu’aux objectifs fixés: boqueteau en 246-907 et crête du Signal. Mais le terrain en direction du Nord ne se prêtant pas aux évolutions de chars à cause des pluies récentes, la 3ème partie de l’opération est ajournée, les groupes F.T.A. sont repliés vers 12H30 sur la Ferme de la Garde, sans subir aucune perte, malgré quelques tirs d’armes automatiques ennemis.
Un nouveau bouchon est aussitôt constitué à l’emplacement prévu et doté des effectifs suivants :
- 1 groupe franc F.T.A.,
- 2 chars légers amenés de Ménil-Flin.
La mise en place est terminée vers 14H00. Une section du Génie commence aussitôt la construction d’abris en superstructure.

22 Octobre 1944.
À tous les bouchons, le Génie pousse la construction d’abris en terre ou en superstructure.
Un détachement d’infanterie reconnaît les lisières Sud-Est des Hauts-Bois. En 242-896, il constate la présence d’un groupe d’Allemands occupés à des travaux de défense légère. La ferme en 244-895 paraît occupée.

23 Octobre 1944.
Le Général LECLERC inspecte les divers points d’appui du sous-groupement. Il prend la décision de rappeler à son Q.G. l’Escadron de Protection du Capitaine De BOISSIEU, et de le remplacer par la C.A. du R.M.T.
Le Capitaine LAVERGNE commandant cette unité, vient à Ménil-Flin dans l’après-midi, effectuer les reconnaissances de position et de cantonnement.
Aux bouchons Nord et Sud, le peloton DELÈGUE est relevé par le peloton CRUSE, la section Mac CLENAHAM par la section HÉLIOT.
À 20H15, une patrouille Allemande se heurte, au débouché Ouest de la tranchée Claudel, au bouchon tenu par le S/Lieutenant KRIEGER, de l’Escadron de Protection. Elle se retire après quelques coups de feu, sans résultat.

24 Octobre 1944.
Activité de patrouilles.
La C.A. relève l’Escadron de Protection.
À Ménil-Flin, le 2ème Escadron du 12ème Cuirs vient relever le 3ème Escadron et adopte le même dispositif :
- 1 peloton au bouchon Est du village,
- 2 pelotons au repos.
À 18H30, tirs d’artillerie ennemis (30 coups de 105) sur le carrefour central de Ménil-Flin.
Pertes en personnel : - 1 tué (R.B.F.M.),
- 3 blessés légers (2 du R.B.F.M., 1 de la compagnie du Génie).

25 Octobre 1944.
Activité de patrouilles.
Le Général met à la disposition du sous-groupement 1 peloton de sa garde (S/Lieutenant GUIBE).
Ce détachement se présente à Ménil-Flin vers 12H00 et effectue aussitôt une patrouille aux lisières Sud-Est des Hauts-Bois.

26 Octobre 1944.
Le Colonel commandant le G.T.D. décide de regrouper :
- à Ménil-Flin, la 1ère Cie du R.M.T. (Capitaine BOUSSION),
- à St-Clément, la 2ème Cie du R.M.T. (Capitaine JOUBERT),
- à Bénaménil, la 3ème Cie du R.M.T. (Capitaine PERCEVAL).
En conséquence :
- une section de la 4ème Cie (ancienne compagnie F.F.I. BONHOMME) est affectée aux bouchons Nord et Sud, pour y remplacer la section de la 1ère Cie,
- le peloton GUIBE est affecté au bouchon de la Garde, où il devra être ultérieurement relevé par d’autres éléments du Q.G.,
- les groupes francs des F.T.A., conservant à Ménil-Flin leurs cantonnements de repos, sont mis à la disposition du Sous-Groupement QUILICHINI, pour tenir le bouchon de la route Chenevières - Bénaménil.
Quelques tirs d’artillerie ennemis aux lisières Est de Ménil-Flin.
L’Artillerie amie exécute des tirs de harcèlement.

27 Octobre 1944.
Les relèves s’effectuent suivant le plan prévu. En outre, le peloton MERCIER relève le peloton CRUSE aux bouchons Nord et Sud.
Un jeune Russe, pris à Kharkov en 1942 par les Allemands et amené en Lorraine comme travailleur civil, s’étant évadé d’Azerailles le 25 au soir, se présente aux avant-postes de Flin vers 07H00 du matin. Il fournit aussitôt des renseignements nouveaux et précis sur les défenses Allemandes dans toute la région. 

28 Octobre 1944.
Activité de patrouilles. Reconnaissance du layon en 233-907 permettant d’attaquer les lisières Nord-Ouest d’Azerailles, par les Hauts-Bois.
Le Génie Américain commence la construction d’une route empierrée, utilisant un chemin préexistant, de 203-937 à 225-926, et destinée à des opérations prochaines.

29 Octobre 1944.
Le Génie Américain poursuit ses travaux.
De nombreuses batteries (105, 155 et calibres supérieurs) de l’A.D./2e D.B. et de l’artillerie du XVe Corps, viennent prendre position à l’Est et à l’Ouest du ravin des Templiers, de part et d’autre des emplacements de la C.A. du R.M.T., qui est en surveillance vers le Nord-Est, l’Est et le Sud-Est.

LA PRISE DE BACCARAT

30 Octobre 1944.
En vue de l’attaque qui doit avoir lieu le 31, vers Herbeviller, Montigny et Baccarat, le G.T.D. adopte le dispositif suivant :
Sous-Groupement ROUVILLOIS
Composition : - 1 escadron de chars moyens (2e/12e Cuirs, d’ORGEIX),
- 1 peloton de chars légers (1er/12e Cuirs, CRUSE),
- 1 compagnie d’infanterie (1re Cie du Ier/R.M.T., BOUSSION),
- 2 pelotons de T.D. (JOSSE et VILLARESSE, aux ordres du Lt de Vaisseau BONNET),
- 1 section du Génie (De La BROUSSE).
Moyens de commandement: du Chef d’Escadrons commandant le sous-groupement :
- 1 char moyen (MEKNES),
- 1 char léger (STRASBOURG),
- 1 V.T.T. (VERNANTES).
Le peloton de chars légers (MERCIER), en surveillance en trois bouchons dans la forêt, sera remis, sa mission terminée, à la disposition du Sous-Groupement NOIRET.
Position d’attente : Les cantonnements habituels de Ménil-Flin.
Mission : S’emparer de Gélacourt, en négligeant Hablainville, et en faisant diversion sur Azerailles. Tenter ensuite de pousser jusqu’à Baccarat.
Itinéraire de départ : Route de Ménil-Flin à Hablainville, jusqu’à la Ferme du Haut-de-la-Garde.
Point Initial : Carrefour 208-896.
Dans la soirée, le Q.G. du Général s’installe au séminaire de Ménil-Flin, et dans les maisons voisines.
Vers 13H00, un détachement de 20 hommes environ, chargé par le Q.G. de monter une ligne téléphonique entre le bouchon de la gare et Ménil-Flin, se heurte à des abattis sur la route d’Hablainville, vers 217-907.
Le chef d’équipe décide de faire demi-tour et fait mettre pied-à-terre à son personnel qui est aussitôt attaqué par une patrouille Allemande en embuscade. Le détachement se retire vers Ménil-Flin, par les bois, sans abandonner un blessé grave, mais laissant aux mains des Allemands un half-track et une jeep, qu’une reconnaissance amie ultérieure retrouvera brûlée.
Malgré cet incident, il semble que les préparatifs de l’attaque restent ignorés de l’ennemi.
Aucune réaction de l’artillerie ne se manifeste dans la soirée.
L’heure H (passage au point initial) est fixée pour les éléments de tête du Sous-Groupement ROUVILLOIS, à 08H10, le 31 Octobre.
Vers 00H00, le Commandant REPITON du 2ème Bureau de le Division, présente au P.C. du sous-groupement, une jeune fille des F.F.I. de Baccarat, Mademoiselle Marcelle CUNY, qui fournit aussitôt de précieux renseignements, et ne cessera d’en donner pendant toute l’opération du lendemain.

31 Octobre 1944.
Au petit jour, des éléments de la 2ème compagnie du Génie (DURGOS et GERMAIN), procèdent à l’enlèvement des barrages de mines connus, aux sorties Est de Ménil-Flin, autour des bouchons Nord et Sud de la Garde.
À 08H10, l’avant-garde du sous-groupement (peloton BRIOT, section Mac CLENAHAM), aux ordres du Capitaine BOUSSION, passe au point initial et s’engage sur la route d’Hablainville.
À 08H15 le P.C. du sous-groupement s’engage à son tour sur la route. Le char moyen MEKNES gêné à la hauteur du passage à niveau par un half-track, monte sur le talus de la route et déclenche une mine anti-chars inconnue ; déchenillé, il doit être abandonné. Le Commandant ROUVILLOIS monte sur le char léger STRASBOURG.
L’embouteillage créé par cet incident retarde l’écoulement du détachement du Capitaine CRUSE (pelotons de T.D. JOSSE et VILLARESSE, peloton de chars légers CRUSE, peloton de chars moyens SAVARY, section DJAMBEKOFF) puis du détachement d’ORGEIX (peloton PERIER, section HÉLIOT).
1er temps : Prise de la crête 346 - diversion sur Azerailles.
À 09H00, un peloton de chars est déployé en soutien de part et d’autre du Bois de l’Observatoire (au delà de la Ferme du Haut-de-la-Garde).
Le peloton BRIOT, portant quelques fantassins sur ses chars, détruit une arme anti-chars et atteint sans perte la côte 346.
Il est suivi par les détachements BONNET et d’ORGEIX.
30% des half-tracks s’embourbent dans les thalwegs.
Le détachement BOUSSION se dirige sur Azerailles, tandis que le détachement BONNET s’établit en surveillance en direction de Gélacourt. Un T.D. est mis hors de combat par une arme antichars qui est aussitôt détruite.
2ème temps: Prise de Gélacourt.
De 10H00 à 10H30, tirs de neutralisation effectués par le 3ème R.A.C. et le char 105 de l’Escadron d’ORGEIX, sur les boqueteaux situés entre la côte 346 et la côte 314.
À 10H30, le détachement BONNET, rejoint par ses fantassins à pied, les prend sur ses chars, attaque en direction de la côte 314, l’atteint, et s’empare sans incident du village de Gélacourt.
L’ennemi abandonne, vers 265-877, une arme antichars intacte.
Le détachement BOUSSION et le détachement d’ORGEIX rejoignent la côte 314.
Une section d’infanterie, aux ordres du Capitaine d’ORGEIX, assure la flanc-garde vers le Nord-Est.
Tirs d’artillerie entre le carrefour 307 et la côte 314. Il y a 4 blessés au R.M.T.
3ème temps : Prise de la crête 324, au N.E. de l’Hôpital Militaire de Baccarat.
Itinéraire prévu : Sentier Nord-Sud jusqu’en 263-870, route de Baccarat jusqu’au Bois des Aulnées, clairière vers Sud - Sud-Est, jusqu’à la crête 324.
Le détachement BONNET (renforcé du peloton PERIER) se porte en avant vers 14H30. Un peloton en soutien appuie sa progression ; le char moyen SOISSONS est incendié à très courte distance par un 88 embusqué en 263-857, à proximité de la route. Le canon de 88 est aussitôt mis hors de combat, mais la progression est arrêtée.
Vers 15H00, le 40ème R.A., aux ordres du Capitaine PLANTAGENET, observateur, exécute plusieurs tirs “massue“ sur les bois situés immédiatement au Sud de la position d’attente (le sous-groupement étant dilué derrière les boqueteaux d’un thalweg entre 265-865 et 264-861).
Le peloton SAVARY neutralise en quelques coups de canon des emplacements d’armes ennemies signalés dans la ferme de Criviller.
À 16H00, le commandant du sous-groupement décide de reprendre la progression. Couverts sur leur flanc gauche par des fantassins qui progressent, les pelotons SAVARY et BRIOT se déploient dans les clairières et atteignent sans subir de perte la crête 324.
Une section d’infanterie, aux ordres du Capitaine d’ORGEIX, reste jusqu’à 16H30 sur la position de départ en 264-861, prête à repousser une contre-attaque éventuelle venant de la ferme de Criviller.
4ème temps : Attaque de Baccarat.
Après reconnaissance par patrouilles d’infanterie, des lisières des bois jusqu’aux premières maisons de Baccarat, le commandant du sous-groupement décide de faire passer les chars par le chemin qui, partant de la côte 324, coupe la route de Gélacourt à l’angle Sud de l’Hôpital Militaire.
Cette manœuvre a pour but d’éviter les routes signalées comme minées. Elle est retardée par l’absence des sapeurs, qui, obligés d’abandonner leur half-track enlisé, rejoignent à pied au plus vite.
À 16H45, le détachement KREBS (un peloton de chars moyens et fantassins sur les chars), venant de Merviller, détruit la barricade en 267-849 et fait 15 prisonniers. Son char de tête ayant dépassé la voie ferrée est détruit en 264-847 par un canon antichars, placé en 265-844. Bien que le char soit en feu, le tireur ouvre le feu et fait prendre la fuite aux servants de cette arme.
La section DJAMBEKOFF, du détachement BONNET, se porte de la lisière des bois aux premières maisons de Baccarat qu’il nettoie. Elle fait une trentaine de prisonniers.
Le Commandant ROUVILLOIS prend sous ses ordres le détachement KREBS. Il lui donne l’ordre de nettoyer la partie de Baccarat située entre la voie ferrée et la route, jusqu’au pont sur la Meurthe.
La section Mac CLENAHAM atteint le pont vers 18H30. Le pont est miné, le système d’allumage en place. Le Lieutenant Mac CLENAHAM abat l’officier Allemand chargé de la destruction, et capture le groupe qui l’accompagnait ; Sur les indications d’un sapeur Allemand, il détruit le dispositif de mise de feu, sauvant ainsi, non seulement le pont, mais tout un quartier de Baccarat, que l’explosion aurait détruit.
La section DJAMBEKOFF, soutenue par le feu de plusieurs chars, reçoit l’ordre de nettoyer la partie de Baccarat située au Nord du carrefour 265-848. Il prend à revers les fantassins Allemands installés dans des tranchées et capture environ 60 hommes sans subir de perte.
La section HÉLIOT nettoie la partie de Baccarat située au Nord de la voie ferrée et doit s’installer défensivement dans la caserne de la Garde Mobile.
Dispositif adopté le 31 Octobre au soir :
- 1 section d’infanterie, 1 peloton de T.D. à la caserne de la Garde (Lt de Vaisseau BONNET),
- 1 escadron de chars, 1 section d’infanterie à l’Hôpital Militaire (Capitaine BOUSSION),
- 1 peloton de chars, 2 sections d’infanterie au carrefour du pont,
- le P.C. et 1 peloton de T.D. au carrefour en 265-848.
Bilan de la journée :
Pertes amies : 2 tués (12ème Cuirs), 7 blessés, 1 T.D. et 2 chars moyens détruits ou endommagés.
Pertes ennemies : Nombreux tués, une centaine de prisonniers, 1 canon de 88 et 4 canons antichars détruits.

1er Novembre 1944.
Vers 09H00, le détachement KREBS est envoyé en reconnaissance du Foubourg de St-Wolfegant, où il s’installe.
À la même heure, un détachement aux ordres du Capitaine d’ORGEIX (pelotons BRIOT et SAVARY , section DJAMBEKOFF) nettoie toute l’île de Baccarat, puis franchit à gué, en aval du pont sauté dans la nuit.
Peu après, un chemin de roulement est lancé par une section du Génie, sur les débris de ce pont.
La section Mac CLENAHAM et le peloton PERIER (aux ordres du Capitaine BOUSSION) gardent le grand pont.
Le 5ème Escadron du R.M.S.M. (Capitaine TROQUEREAU), mis à la disposition du sous-groupement, s’installe à la Cristallerie.
Le Commandant ROUVILLOIS décide, vers 11H00, de faire reconnaître Bertrichamps avec 2 pelotons de Spahis (De BONNEVAL) ; ils traversent le village vers 11H30, et y signalent 2 chars ennemis camouflés.
Vers 14H00, le Lt de Vaisseau BONNET reçoit mission d’occuper Bertrichamps avec 2 pelotons de T.D., 1 peloton de chars légers (CRUSE) et une section d’infanterie (HÉLIOT). Le peloton de T.D. (JOSSE), chargé d’aborder le village par le Nord, se heurte à des abattis sur la route de Veney et doit faire demi-tour.
Mais le reste du détachement, abordant Bertrichamps par la grand’route, s’en empare vers 16H00.
Pertes amies: 1 tué, 1 T.D. hors de combat.
Pertes ennemies: 1 canon P.A.K. intact, 30 prisonniers.

2 Novembre 1944.
Tirs d’artillerie ennemis sur Bertrichamps : R.A.S.
La route de Rambervillers étant dégagée, la liaison est prise vers Ste-Barbe, avec des éléments du 117e Cavalry Squadron Américain.
Le Capitaine d’ORGEIX reçoit mission de reconnaître Veney avec 1 peloton de chars moyens et la section d’infanterie, et de revenir, si possible, par Bertrichamps.
À 3 km de Baccarat environ, ce détachement se heurte à deux séries successives d’abattis. Les chars doivent faire demi-tour. L’infanterie progresse seule jusqu’à Veney, totalement abandonné par l’ennemi, et rentre à Baccarat par le même itinéraire.

3 Novembre 1944.
Vers 01H00 du matin, des officiers Américains du 117e Cavalry Squadron s’étant présentés au G.T.D., un officier de liaison du sous-groupement va prendre contact avec eux, et leur fait reconnaître de nuit les emplacements des différents points d’appui, qu’ils devront éventuellement occuper.
La journée se passe sans incident.

4 Novembre 1944.
À 10H00, le détachement BONNET, relevé par des éléments Américains, quitte Bertrichamps. Les chars et la section d’infanterie sont remis à la disposition de leurs unités. Les T.D. vont assurer la protection du Q.G., qui s’installe à la Caserne de la Garde Mobile.
Toute la journée, des unités Américaines venant surtout de Rambervillers, arrivent à Baccarat, pour y relever le G.T.D. qui doit partir au repos dans la journée du lendemain.

5 Novembre 1944.
À 11H30, la Municipalité de Baccarat et la Direction de la Cristallerie, offrent un vin d’honneur au Général LECLERC, au Lt-Colonel VESINET, au Commandant ROUVILLOIS, et à quelques officiers et hommes, choisis parmi ceux qui ont le plus contribué à la libération de la ville.
Accueilli par l’Abbé STUTZMANN, curé de Domèvre, chef de 2 sections de résistance, et par le Maire de Baccarat, le Général leur répond en une brève allocution. Il lit les citations à l’ordre de la 2ème D.B. accordées à Mademoiselle Marcelle CUNY et à l’Abbé STUTZMANN.
À 15H00, les compagnies d’infanterie et du Génie, l’Escadron du R.M.S.M., ayant été remises à la disposition de leurs régiments, le 2ème Escadron et le P.C. du sous-groupement quittent Baccarat pour Magnières, où doivent séjourner tous les éléments réunis du 12ème Cuirassiers.

APPENDICE.

COMPTE-RENDU des OPÉRATIONS du 3e ESCADRON DÉTACHÉ au SOUS-GROUPEMENT QUILICHINI
(par le Capitaine NOËL)

L’escadron fait partie du Sous-Groupement QUILICHINI, dont les missions successives sont : de prendre Azerailles et la partie Nord-Est, de se porter sur Brouville et Merviller, et pousser une forte reconnaissance blindée sur Baccarat.

31 Octobre 1944.
1er temps: Prise d’Azerailles.
2 actions de diversion et un effort principal doivent avoir lieu à 08H30.
1° - Peloton De COLOMBEL, aux ordres du Lieutenant DEURE avec 2 groupes du Génie, une section d’infanterie, doit aborder Azerailles, par la voie ferrée et la route.
Au départ, un char moyen du Sous-Groupement ROUVILLOIS saute sur une mine et bloque le passage. Le S/Lieutenant De COLOMBEL décide, d’accord avec le Lieutenant DEURE, de foncer sur l’axe.
Une patrouille de 2 chars (FERRANDIS et GARCIA), suivie du S/Lieutenant De COLOMBEL, plus une V.T.T., plus un char moyen, progresse lentement vers Azerailles, le Génie détectant les mines.
À 09H00, le détachement se trouve arrêté par des barricades. Le S/Lieutenant De COLOMBEL et l’Aspirant commandant le groupe du Génie, procèdent à la reconnaissance, protégés par le feu des chars. Les barricades étant minées, un char est attelé avec un cable, recule et, l’obstacle explose. Le peloton reprend sa progression et tombe sur un ponceau détruit, le contourne à travers champs vers la droite, détruit au passage un blockhaus (H.M.G.) L’ennemi fuit vers la Filature.
Le char du S/Lieutenant De COLOMBEL suivi du CLERY fonce vers la filature. Les deux autres chars sont enlisés (pas de crampons). Devant le pont, le S/Lieutenant met pied-à-terre ; le pont est miné et défendu par une mitrailleuse.....abandonnée !
Une ficelle aboutit au pont, à un fourneau ; la traction a cassé la ficelle, mais le dispositif n’a pas sauté. Le LICORNE et le CLERY franchissent le pont et arrosent la Filature d’obus explosifs. Pendant ce temps, les 2 chars enlisés se dépannent.
Je rallie le peloton et lui donne l’ordre de se porter derrière son détachement, qui part en direction de Brouville.
Pendant ce temps avait lieu l’action suivante : je ne suis pas au courant de l’action du détachement LEROY (2ème diversion), sinon que les chars légers ont été obligés de retourner à Ménil-Flin pour entrer dans Azerailles.
Détachement NOËL comprenant :
- 1 peloton de chars moyens - DESFORGES,
- 1 peloton de T.D. - De SIVRY (Lt LACOIN),
- 1 section du Génie - CHEVALIER,
- 1 section d’infanterie - LUCCHESI,
- le peloton de commandement de l’escadron : 2 chars moyens et un 105.
Mission : Se porter par tout chemin sur Ménil-Flin - Hablainville, à la lisière Sud-Est de la Forêt de Mondon, en déboucher à 08H30, et foncer sur Azerailles par la route.
Le détachement débouche de la forêt vers 09H00, à cause d’embouteillages; l’ordre est indiqué plus haut; la section LUCCHESI ayant une partie de son personnel, ainsi que le Lieutenant sur les chars du peloton DESFORGES.
Le groupe De BRIEY - BRETON se porte vers la sortie Sud-Est du village, empêchant la fuite des boches ; le groupe DESFORGES pénètre dans le village détruisant quelques blockhaus, et couvrant la progression de l’infanterie qui nettoie et ramasse les prisonniers. L’action a duré une quarantaine de minutes. Liaison radio excellente, a permis la coopération De COLOMBEL et DESFORGES.
J’envoie un T.D. et une A.M. détruire un véhicule suspect sur la voie ferrée, en direction de Gélacourt ; ils en profitent pour arroser copieusement une cinquantaine de boches qui sont dans le bois 1 km Sud d’Azerailles.
Sur ordre du Commandant QUILICHINI, le mouvement reprend vers Brouville, peloton DESFORGES en tête, avec section LUCCHESI ; puis la section du Génie CHEVALIER, les chars de commandement, le peloton De COLOMBEL remis à ma disposition avec une section d’infanterie et le Lieutenant DEURE, et enfin le peloton KREBS.
Au voisinage de la côte 346, le Lieutenant De La PRESLE, adjoint au Capitaine commandant le 3ème Escadron, profite d’un arrêt de la colonne pour faire, avec l’aide d’un groupe du Génie, 23 prisonniers dont un S/Lieutenant, avec l’armement correspondant.
Progression stoppée en 346 par colonne ROUVILLOIS qui défile vers Gélacourt, puis par Groupement Tactique GUILLEBON qui se porte sur Brouville.
Le peloton DESFORGES subit un violent bombardement d’artillerie, entre le carrefour et Brouville, de 11H00 à 13H00 environ.
Je vais prendre liaison avec le Colonel De GUILLEBON, qui me demande de ne pas amorcer de mouvement avant qu’il n’ai quitté Brouville et Merviller. J’avertis DESFORGES d’avoir à se porter sur Merviller dès que possible, et de s’y installer défensivement.
Le Commandant QUILICHINI, mis au courant de la situation, constitue une colonne aux ordres du Capitaine JOUBERT, comprenant :
- le peloton KREBS en tête, avec une section d’infanterie en appui,
- 1 section du Génie,
- 1 section de mortiers de 75.
Le détachement démarre vers 15H30, dépasse DESFORGES à Merviller et se porte sur Creviller, qui est atteint sans difficulté. Patrouille Adjudant-Chef DESPLANQUES en tête BLOIS II 76 mm, le mouvement reprend vers Baccarat, à travers un défilé bordé d’arbres. À la sortie de ce défilé: une barricade solide, démolie en 10 coups de 76 par le BLOIS II. Quatre prisonniers sont faits, puis 40 Allemands sortent d’une maison et se rendent à l’Adjudant-Chef DESPLANQUES et aux 6 hommes du Tchad placés sur son char.
Suivi par le CHAMPFLEUR du Brigadier-Chef BOFF, la progression reprend, passe sous le pont du chemin de fer et pénètre dans la rue principale de Baccarat. Au bout de 50 mètres, le BLOIS II est touché par un coup de 75 qui ricoche sur la chenille et pénètre par dessous dans le char, tuant le conducteur - Cuirassier DUFRECHOU -, blessant légèrement les occupants et mettant le feu au char.
Le tireur, Brigadier-Chef COSQUER, ayant vu le départ du coup, partant de l’angle d’une maison à 400 mètres, tire deux coups de 76 qui mettent en fuite les servants de la pièce.
Le CHAMPFLEUR se recule en position de tir. Le Lieutenant KREBS, resté au pont en observation, n’arrive pas à prendre liaison avec le Capitaine JOUBERT, commandant le détachement ; par contre, il prend contact avec le Commandant ROUVILLOIS, dont le sous-groupement est arrêté devant Baccarat.
Ce dernier décide d’envoyer en avant les sections LUCCHESI et Mac CLENAHAM. Celles-ci progressent dans la rue principale, trouvant la pièce A.C. abandonnée, capturant quelques boches.
Puis la section Mac CLENAHAM progresse jusqu’au pont sur la Meurthe, tuant au passage l’officier du Génie chargé de faire sauter le pont... qui ne sautera pas.
Elle s’installe en point d’appui dans l’école, avec les 3 chars restant du peloton KREBS, face au pont et face à la route de St-Dié.
Nuit calme malgré tirs d’artillerie. À 08H30, reprise de la progression, section Mac CLENAHAM, peloton KREBS jusqu’au delà du passage à niveau Sud-Est de Baccarat. Pas de résistance. Un point d’appui est installé aux ordres du Lieutenant KREBS.
Pendant ce temps, le Capitaine NOËL se portait sur Merviller, où il récupérait le peloton DESFORGES et installait la défense de Merviller. Deux chars, de la patrouille VINCENT du peloton De COLOMBEL, partaient de Merviller aux ordres du Capitaine LAVERGNE, avec une section d’infanterie, un groupe du Génie et la C.A. sur la Ferme de Grammont, où ils s’installaient en point d’appui.
Violent bombardement par “trains bleus“, Lieutenant DESFORGES blessé légèrement à la tête. R.A.S.
Prisonniers faits : Une centaine, sans compter ceux faits par l’action KREBS.
Pertes amies : Cuirassier DUFRECHOU tué.
Blessés : Brigadier LORENZI, Lieutenant DESFORGES, Adj./Chef DESPLANQUES, Brigadier-Chef COSQUER, Cuirassier CASABIANCA, Cuirassier CHÉLIL.
Matériels :          char 76 BLOIS II détruit
char recovery BUCEPHALE II chenille coupée par mine, récupéré, R.A.S.
camion GMC GIEN radiateur et réservoir essence crevés, récupéré
moto G. et R. réservoir crevé, récupérée.
Gains matériels : 2 canons A.C. de 75, 1 canon de 150, 3 V.T.T., 1 V.L., 1 camion, fusils, pistolets, mitraillettes, mitrailleuses, bazookas.
Pont de Baccarat et de Azerailles.
signé: NOËL

L’ATTAQUE DE MANONVILLIER PAR LE 3ème ESCADRON

25 Septembre 1944.
Ordre d’attaque reçu à 13H30.
Mission : Franchir la Vezouze devant Manonvillier, établir une tête de pont, s’emparer de Manonvillier, pousser jusqu’au Fort de Manonvillier et s’y établir avec tout le sous-groupement.
L’attaque doit être menée par :
- 1 peloton de chars (peloton KREBS),
- 1 section d’infanterie (section DJAMBEKOFF),
- 1 peloton de Destroyers (LACOIN).
Une section d’infanterie doit en même temps franchir la Vezouze devant Thiébauménil, et avancer directement jusqu’au Fort. L’opération d’aviation qui devait préparer cette attaque n’a pu avoir lieu en raison du temps pluvieux depuis trois jours.
Le Capitaine NOËL, à qui cette opération délicate était confiée, fit remarquer que les chars ne pourraient quitter la route en raison du terrain mou et que la pluie les empêchait pratiquement de tirer avec précision. Un gros soutien d’artillerie était en revanche promis.
Départ des chars et des Destroyers à 14H00. La section DJAMBEKOFF progresse à pied jusque devant le pont de Manonvillier.
Le Capitaine NOËL se rend au carrefour 600 mètres S.O. du village. Les fantassins, en arrivant devant la Vezouze, sont violemment pris à partie par des mitrailleuses placées dans les premières maisons, à 100 mètres du pont, et sont cloués au sol.
Un agent de liaison, vient alors ordonner au peloton de chars d’arriver au plus vite, pendant que les Destroyers resteront en protection près du carrefour.
Le peloton KREBS s’avance en colonne sur la route, les chars à 150 mètres. Le char BRIVE du Lieutenant KREBS s’avance jusqu’à 50 mètres du pont et tire sur les maisons du village, guidé par le Lieutenant DJAMBEKOFF. La résistance cesse pratiquement dans les premières maisons.
Le char BAIGNES est à 150 mètres derrière lui. Le Lieutenant DJAMBEKOFF demande au Lieutenant KREBS de tirer sur le clocher et sur les maisons à l’Est du village. Ce tir ne peut être exécuté de la route ; le Lieutenant KREBS ordonne au char BAIGNES de s’écarter de la route de 50 mètres pour tirer sur ces objectifs.
Le char BAIGNES s’embourbe dans un ruisseau paraissant minime ; il exécute les tirs demandés.
Le Capitaine NOËL demande le dépannage (Recovery) ; il ordonne au Lieutenant KREBS d’avancer jusqu’au pont pour voir si les chars peuvent passer : soit sur le pont, soit à gué. Réponse négative du Lieutenant KREBS.
Le Recovery est à ce moment, sur le point de retirer le char BAIGNES, quand des coups d’antichars partent de la droite. Le BAIGNES, touché à la tourelle, brûle; le Maréchal des logis ALLIÈS, les Cuirassiers AUTON et MOREL sont tués, les Cuirassiers DICHIER et CÉSARI s’échappent. Le Capitaine NOËL est blessé d’une balle au bras, à proximité du char détruit.
Le Recovery est percé de 9 coups sur la route, ainsi que le half-track de dépannage et la jeep du Lieutenant d’Échelon (2 tués et 3 blessés). Le Capitaine NOËL a pu faire replier les 3 chars en arrière sur la route. Ceux-ci exécutent des tirs sur le village et les crêtes qui le dominent, malgré la pluie torrentielle. L’artillerie amie et ennemie s’abat sur la région voisine du pont.
Seuls, le char BRIVE et la section DJAMBEKOFF restent aux abords immédiats du pont. La route est coupée derrière eux par les véhicules détruits.
Cette situation se prolonge pendant 1 heure 1/2 environ. Un groupe de 4 ou 5 Allemands, apparemment munis d’un bazooka, revient dans la première maison du village. Il est dissocié d’un coup de 75. Vers 17H00 l’ordre suivant est transmis par radio, par le Commandant QUILICHINI : “Ordre impératif. Vous replier prudemment, protégés par tirs d’artillerie“. L’ordre est transmis avec retard.
Le repli s’exécute sous un tir violent d’artillerie ennemie. L’Artillerie amie, qui a tiré déjà longtemps, affaiblit son tir au moment même du repli ; des fantassins regagnent le bois, le char BRIVE recule sur la route, vire dans les champs, tente trois fois, en vain, de retirer un half-track, reprend la route, échappe de peu à un obus anti-char qui ricoche sur la tourelle d’un Destroyer.
À ce moment, 2 chars sont embourbés sur le bord de la route sur laquelle l’ennemi dirige un tir d’explosifs et de perforants. Ils sont dépannés par les Destroyers pendant que le Lieutenant KREBS exécute un tir de fumigènes sur la crête du Fort. Les chars et Destroyers se reforment sur la route nationale et regagnent Thiébauménil.
Pertes de l’Escadron :
- Char moyen BAIGNES                < M.d.L. ALLIÈS tué,             <   char détruit
- Char Recovery BUCEPHALE        < Cuirassier ANTON tué,         < char détruit
- Half-Track RUFFEC (Dépan.)     < Cuirassier MOREL tué,         < HT endommagé
-Jeep VENDÔME                       <   Capitaine NOËL blessé,
Brigadier FADY blessé et évacué,
Brigadier BRAQUET blessé et évacué,
Cuirassier BAVAY blessé et évacué.
Un half-track de l’infanterie et un de la liaison d’artillerie restaient sur le terrain.
Pertes Section DJAMBEKOFF :             2 tués, 10 blessés.
L’autre section d’infanterie avait entre temps progressé vers la crête du Fort, l’avait atteinte un moment, mais avait dû se replier devant des forces très supérieures.
La nuit, tirs de harcèlement de l’artillerie ennemie.

PREPARATIFS POUR STRASBOURG

L’éventualité d'une opération vers Saverne et l’Alsace, reçoit confirmation pendant le séjour du Régiment à Magnières, par l’ordre de la 2e D.B. N° 183.3 du 10 Novembre 1944.
Cette opération est envisagée comme action d'appui au profit des 44e et 79e D.I. Américaines au début de leur attaque, et comme action d'exploitation jusqu’à Saverne et au delà.

11 Novembre 1944.
Pour ces opérations, un sous-groupement est constitué aux ordres du Commandant DIDELOT, son P.C. est fixé ce jour et comprend :
- Capitaine d'ALENCON, Adjoint
- Lieutenant LIBERSAT, Renseignements
- Ss/Lieutenant CORAP, Liaisons
- Adjudant/Chef BIGOU, Transmissions
- Capitaine KERGUELEN, Médecin
Les chars de commandement sont :
AMIENS II - FEZ – NANCY - METZ

12 Novembre 1944.
Dans la matinée, la division envoie son ordre préparatoire d'opérations N° 189/3 fixant la mission de pénétration de la D.B. engagée dans la brèche que doit ouvrir le XVème Corps.
Le G.T.D. reçoit la mission de se porter, après un arrêt dans la région d'Avricourt, vers la région de Saverne, par les itinéraires A et B (axes non impératifs) avec le maximum de carburant et de vivres.
Itinéraire A : Gondrexange - Herzting - Carrefour 425-116 - Barchain - Kerprich - Langatte - Oberstzinzel - Flauwiller - Schalbach - Metting - Berling - Pfalzweyel - Dossenheim - Vallée de la Zinsel.
Itinéraire B : lgney - Habmutz - St Georges - Lorquin - Xouaxange - Sortie Ouest de Dannelbourg - Sarraltroff - Lixheim - Mittelbronn - Sarrebourg - Saverne.
Par son ordre N° 376/3, le G.T.D. constitue les sous-groupements et détache un officier de liaison auprès de la 44e D.l. US, pour suivre l’évolution de son attaque.
Composition du sous-groupement :
- 1 escadron de chars moyens - Capitaine GAUDET
- 1 Cie de fusiliers (2e compagnie du R.M.T.) Capitaine PERCEVAL
- 5e escadron du R.M.S.M. moins 2 pelotons, Capitaine TROQUEBEAU
- 3e escadron du R.B.F.M. moins 2 pelotons, Capitaine BONNET
- 2e Cie du 3e Génie moins 1 section
- 1 peloton de chars légers, S/Lt MERCIER
- le peloton de protection de la CCR du R.M.T. _
- le I/3e R.A.C., Capitaine DEMARLE.
En fin de journée, le G.T.D. donne l'ordre 379/3 :
“Le Sous-Groupement DIDELOT est groupement réservé et doit se tenir prêt à engager la poursuite, soit derrière le Sous-Groupement ROUVILLOIS, soit derrière le Sous-Groupement FOSSE."

13 Novembre 1944.
Le G.T.D. donne l'ordre de mouvement N° 381/3 :
Le mouvement prévu a pour but de mettre les unités jusque là groupées par Régiments, dans leur zone d'attente et prêtes à être engagées.
Leur stationnement est à la date du 13 Novembre :
- Escadron GAUDET et P.C. S/Gpt - Magnières - St Pierremont
- Compagnie PERCEVAL - Xanferwiller
- Section protection CCR - Moyen
- Peloton de chars légers - St Pierremont
- 5e/RMSM - Doncière
- 3e/RBFM - Baccarat
- 13/2e Génie - Vallois
- 1/3e RAC - région Vaxainville

14 Novembre 1944.
Aucun évènement pour le sous-groupement.
L'officier de liaison, détaché à la 44e DI US, signale que la progression américaine ne va que très lentement en raison du mauvais temps.

15 Novembre 1944.
Un élément de l'Emergency est affecté au sous-groupement.
L'ordre pour les transmissions es donné aux différents éléments du sous-groupement.
On apprend que les Américains ont pris Leintrey et Remoncourt.

16 Novembre 1944.
L' avance de la 44e DI US, en direction d'Avricourt, est lente. La 79e DI progresse plus aisément et prend Harbouey ; la 2e D.B. donne son ordre N° 198/3 et se prépare à agir en direction de Harbouey - St Polf, maintenant un groupement tactique ( G.T.D.) à agir en direction du Nord-Est.

17 Novembre 1944.
Vers 12H30, on apprend la prise de Badonwillers par le Sous-Groupement La HORIE.
Le Commandant DIDELOT, apprenant la mise en route très prochaine de son sous-groupement, fixe dans la journée sa constitution détaillée et son articulation.
Ayant la charge d' un certain nombre d'éléments venant des autres sous-groupements, il constitue, aux ordres du Capitaine TROQUEREAU, un élément arrière comprenant les échelons des escadrons et les services non combattants.
Répartition des moyens :
A - Éléments combattants :
1 - Avant-garde :
aux ordres du Capitaine GAUDET :
- Peloton de chars moyens BOBY,
- Section MARSON,
- P.C. 4e Escadron,
- 1 groupe du Génie.
2 - P.C. Avant du sous-groupement
3 - Détachement PRUNET avec :
- Peloton de chars moyens PRUNET,
- Section BRIOT,
- 1 groupe du Génie.
4 - Groupement des P.C. aux ordres du Lt de Vaisseau BONNET :
- PC Arrière sous-groupement,
- PC G.T.D.
- PC 3e R.A.C.
- PC 3e/RBFM.
Protection de ce détachement aux ordres du Lt De SIVHY, avec une A.M. et quatre T.D.
5 - Détachement PERCEVAL avec :
- 1 peloton de chars moyens DEMANNEVILLE,
- 1 section Infanterie LEHAUT,
- 1 groupe du Génie,
- Échelon Escadron GAUDET.
6 - Batterie d' artillerie aux ordres du Capitaine DEMARLE.
B - Éléments non combattants : le tout aux ordres du Capitaine TROQUEREAU,
comprenant :
- PC 5e/RMSM,
- 1 peloton chars légers MERCIER,
- Section protection CCR SAINT SIMON,
- Les échelons aux ordres du Ss/Lieutenant BONNEVAL :
- 1 peloton du RMSM,
- Échelon du 1er escadron,
- Échelon du Génie,
- Échelon du RBFM,
- Échelon du RMSM,
- Échelon du 3e RAC.
- Service sanitaire du RBFM,
- Emergency aux ordres du Lieutenant BENOZZI.
Il ressort de cette répartition, que seuls les détachements GAUDET, PRUNET et PERCEVAL, sont considérés comme détachements combattants.
A 20H00, arrive l’ordre de la division 206/3, prévoyant le mouvement du GTD en tout 50 véhicules pour la matinée du 18. Le G.T.D. envoie en même temps son ordre 383/3.
Les unités du sous-groupement sont alertées à partir de 20H30.

APPENDICE

RÔLE DU 2ème ESCADRON DANS LA BATAILLE DES VOSGES ET DE STRASBOURG

Le pont de Xouaxange a été trouvé libre et non détruit en fin de matinée. Le Sous-Groupement QUILICHINI en a aussitôt commencé le franchissement en direction de Beling.
À midi, le Sous-Groupement ROUVILLOIS commence également le passage. Le Colonel ROUVILLOIS donne ordre au détachement COMPAGNON, de partir sur Homing, devant lequel les américains sont encore arrêtés, et de reprendre là, son axe Barchain - Kerprich - Langatte - Haut Clocher - Delving – Ubergestigel ; il retrouvera probablement des éléments dans Haut Clocher, venus de Bobling.
Le reste du sous-groupement suit le détachement, débouche aussitôt en direction de Heming en longeant la voie ferrée, avec quelques difficultés en raison de l’inondation.
À l'arrivée au carrefour de Heming, le char SOISSONS II, récemment perçu en très mauvais état mécanique, tombe en panne. Le Peloton PERRIER se trouve réduit à trois chars.
Le char PARIS II (Chef De CARGOUET) passe char de tête.
Aussitôt après le nettoyage de la partie Est de Heming où il fait quelques prisonniers, pour gagner du temps le détachement ne reconnaît pas Heming, parce que l'on voit les américains franchir par la station Marchin qui est trouvée vidée. Le château d'Aberville est reconnu par la patrouille de tête (Aspirant AZINIÈRES, chars FYE et PARIS II).
Le détachement reprend la progression, il est accueilli par un feu d' artillerie, de mortiers, au débouché du Bois de Noussard, sur Kerprich aux Bois.
Le détachement s'empare rapidement du village, le nettoyage rapidement mené et achevé par la patrouille de queue, permet de faire une trentaine de prisonniers, avec un oberfeldwebel, qui servaient deux mortiers de 81 et des armes automatiques.
Avant la fin même du nettoyage, la progression reprend en direction de Langatte en dépit de quelques obus reçus au débouché du village et vers la 294.
À l'entrée dans Langatte, la patrouille de tête surprend, en plein mouvement sur la route, une batterie hippomobile allemande de 150, ainsi qu'un convoi hippomobile. Le tout est mis en déroute et les servants tentent de s'enfuir à pied vers le bois à 1500 m au Nord.
Par dessus le village et la vallée, la patrouille de queue les mitraille et les tire à obus explosifs ; quelques allemands tentent de se défendre dans le village dont un nettoyage un peu plus poussé devra être fait ; ce sera la mission du peloton de mortiers et de la patrouille de queue, alors que la tête du détachement reprendra la progression.
Juste à ce moment une mitrailleuse allemande se met à tirer d' une maison près du carrefour central du village. Le nettoyage permet de mettre la main sur une soixantaine de prisonniers laissés à la garde de quelques cuirassiers du peloton de mortiers et, surtout, un nombreux matériel :
- 4 pièces de la batterie d' artillerie
- 4 mortiers en position dans la partie Ouest du village
- nombreuses voitures et chevaux.
Le détachement repart, tirant comme au lapin sur les allemands fuyant de Langatte et de Haut Clocher vers le Lekwald et le Beiwald. Le détachement entre par l'Ouest dans Haut Clocher en même temps qu'arrive du Sud, le détachement BRIOT.
Un char commandé par le maréchal des logis BIDAUD, et axé vers le bois au Nord de Haut Clocher, stoppe une colonne d'artillerie lourde et fait 20 prisonniers, tandis que le S/Lieutenant COQUELET nettoie le reste du village.
Un prisonnier est fait dans un dépôt d'essence allemand qu'il devait détruire. Le détachement reprend sa marche des l’arrivée des américains, qui prennent à leur compte les prisonniers.
Le Colonel ROUVILLOIS donne l’ordre au détachement COMPAGNON de foncer immédiatement sur Dolving et de s'emparer à tout prix par surprise du pont sur la Sarre d'Oberstinzel, puis de s'emparer ensuite, si on en a le temps avant la fin du jour, du carrefour de Rauwillers. Le détachement LENOIR suit immédiatement, il est 15H00.
Dolving est atteint sans encombre et le village reconnu est nettoyé rapidement, une dizaine de prisonniers. Le détachement se présente alors devant la Sarre, au Moulin de Sarreck. Le pont n'est pas sauté, le Lieutenant LUCCHESI avec une patrouille à pied, va immédiatement reconnaître le village de Oberstinzel.
Pendant que le groupement du Génie du détachement LENOIR reconnaît le pont et coupe sa mise à feu, le pont est franchi sans encombre et Oberstinzel traversé, est salué par un grand enthousiasme par la population. Quelques prisonniers.
La marche reprend rapide en direction de Hellerig où est mis en déroute un convoi hippo allemand marchant tranquillement sur la route en direction de Rauwillers. Pendant que les éléments de tête du détachement (patrouilles AZINIÈRES et PERRIER, section LUCCHESI) nettoient le village et dégagent la route des nombreux véhicules qui l’encombrent, le peloton de mortiers LECORNU et la patrouille de queue BALLESTER, mitraillent les fuyards allemands courant vers Geberval ; il y a une quarantaine de prisonniers dont un officier.
La progression reprend sur Rauwillers, par le chemin de terre Geberval, ce dernier est très encombré de véhicules hippo et auto qui ralentissent la marche et obligent à quitter la piste, aussi quelques H.T. s'embourbent.
Les éléments de tête se présentent devant Rauwillers (S/Lieutenant PERRIER et Lieutenant LUCCHESI), alors que le détachement est coupé derrière le char du capitaine par H.T. du Génie embourbé à 1200m. d'Hellering, Rauwillers est cependant occupé.
Une mésaventure manque de se produire : le feu ayant été ouvert entre les éléments de queue du détachement COMPAGNON débouchant de Geberval dans la demi-obscurité et les éléments de tête du détachement LENOIR (passés par Kirrberg). Ce feu est heureusement immédiatement arrêté grâce à la liaison rapidement prise entre les deux détachements.
À Rauwillers, les allemands sont complètement surpris. Les deux chefs de détachement décident l’occupation du village pour la nuit : issues Est et Sud au détachement COMPAGNON, issues Ouest et Nord au détachement LENOIR. Le Colonel ROUVILLOIS arrive immédiatement.
Dans l’obscurité, de nombreux allemands surpris sont faits prisonniers, toute la soirée et toute la nuit des voitures allemandes viendront se faire démolir sur les bouchons placés aux issues. Les allemands ignorent la main mise par nous sur ce carrefour important, à la tombée du jour, ainsi que notre passage de la Sarre.
L'organisation du détachement COMPAGNON est la suivante :
- carrefour Est : Peloton PERRIER et Section LUCCHESI,
- carrefour Sud : char 105 du Peloton PERRIER, Peloton mortiers LECORNU.
Celle du détachement LENOIR est la suivante :
- patrouille OLLERO sur la route de Hirschland,
- patrouille SALAUN sur la route de Kirrberg.
Le détachement BRIOT, après avoir occupé et nettoyé Haut Clocher, tient le passage de Dolving. La nuit est assez calme. Il faut signaler quelques coups de téléphone provenant des postes allemands de la région, ignorants que nous sommes à Rauwillers et la prise de quelques voitures allemandes, en particulier à 23H00, une jeep américaine occupée par deux allemands venant de Kirrberg est arrêtée dans le village (parce qu'elle marche tous feux allumés) par l’Aspirant AZINIERES.Le Colonel, pensant le passage prévu des Vosges par Zinsel solidement tenu, prévoit de pousser, le lendemain matin à l’aube, un élément au carrefour de Siewiller et des reconnaissances à Lhor et Bust, en vue éventuellement, de tenter le passage par La Petite Pierre.
Le détachement LENOIR, augmenté du 105 BESNIER, prélevé sur le détachement COMPAGNON, partira en tête pour permettre au détachement COMPAGNON de faire le ravitaillement nécessaire, munitions surtout.
Le bilan de la journée pour l’escadron s'établit par la seule perte de la jeep ORGEIX par l’artillerie à Kirrberg et par la capture pour l’ensemble du sous-groupement de 300 prisonniers, de nombreux véhicules et de pièces d'artillerie, particulièrement à Langatte et Haut Clocher.
La Sarre a été franchie par un pont qui permettra le lendemain le passage de tout le G.T.D. Le premier village alsacien “Rauwillers“ est libre.

20 Novembre 1944.
À 07H30, le détachement LENOIR part pour Schalbach. La patrouille OLLERO (chars DIEPPE et BAYEUX) en tête, le village de Lixheim est atteint et reconnu. À la fin du nettoyage près du carrefour Est du village, le Chef OLLERO a sa tourelle traversée et est tué net d'une balle à la tête.
Il est fait une cinquantaine de prisonniers dans le village. Le détachement reprend sa progression en direction de Bourscheid où, il est encore fait une cinquantaine de prisonniers.
Schalbach est atteint vers 09H00 ; au carrefour après le ruisseau de l’Eller, le S/Lieutenant CORAP, descendu à terre au cours du nettoyage, est tué d'une balle au cœur, tirée à 20 mètres.
Le détachement s'établit à Schalbach après avoir tué une trentaine d'allemands.
Durant ce temps, le détachement BRIOT parvenu à Rauwillers vers 8H00, quitte ce village vers 9H00, et prend l’itinéraire direct de Schalbach, suivi par le PC du Colonel. Il arrive à Schalbach sans incident derrière le détachement LENOIR.
Le Père FEUGEREU, aumônier du Génie, fait placer les corps du Chef OLLERO et du S/Lieutenant CORAP à la Mairie.
Le détachement LENOIR reprend alors la progression sur Veckerswiller et Siewiller, où il arrive vers 10H30.
La patrouille de tête est alors composée des chars DIEPPE et NORMANDIE à Siewiller, le Brigadier HILLIEN passe chef de char sur le BAYEUX et le Brigadier NIKEL sur le St LOT.
À Siewiller, quelques véhicules allemands sont détruits dont un camion avec une arme antichars par le NORMANDIE. Le Brigadier HILLIEN est blessé par un conducteur de side-car allemand qu'il venait d'arrêter.
Il est fait environ 80 prisonniers. Le détachement LENOIR reste jusqu'à 16H15 à Siewiller, il pousse alors jusqu'à Lohr qu'il tient durant la nuit.
Pendant ce temps, le détachement COMPAGNON (Peloton PERRIER) attend à Rauwillers le ravitaillement jusqu'à midi. Le Sous-Groupement DIDELOT ayant alors rejoint, il quitte Rauwillers sans avoir été ravitaillé, il dépasse le détachement LENOIR à Siewiller et va à Petersbach déjà atteint par le détachement JOSSE (TD, sans éléments de l’escadron). Il passe alors en tête, il est 15H30.
Le Colonel ROUVILLOIS lui donne l'ordre d'occuper La Petite Pierre avant la nuit ; une reconnaissance de JOSSE rencontre une résistance, avec armes automatiques, au carrefour de la Maison Forestière, 1500 m avant La Petite Pierre. Le détachement COMPAGNON se heurte à cette résistance vers 16H00.
Le char PARIS II, char de tête, est immobilisé par bazooka sans perte de personnel.
La Section LUCCHESI s'engage à pied avec l’appui feu des chars. Le carrefour est pris.
La progression reprend, mais retombe à nouveau sur une résistance d'infanterie, enterrée et disposant de bazookas ; après une sérieuse résistance, la position est enlevée, laissant sur le terrain une dizaine de prisonniers, une douzaine de tués et une quinzaine de blessés.
La progression peut alors reprendre avec un appui d'artillerie fusant sur La Petite Pierre. La Petite Pierre est atteinte et nettoyée en dépit d'une résistance assez sérieuse, dans la partie Sud du village surtout, et vers la Redoute.
Il est fait une cinquantaine de prisonniers dont plusieurs officiers.
L'occupation de La Petite Pierre est organisée pour la nuit. Le détachement COMPAGNON tient le bouchon Sud sur la route de Saverne.
Pendant ce temps, le détachement BRIOT est venu occuper pour la nuit Petersbach.
Pour l'escadron. la journée se chiffre par la perte du S/Lieutenant CORAP et du Chef OLLERO tués et du Brigadier HILLIEN blessé.
Au détachement LENOlR, par la perte du char PARIS II qui a pu être remorqué jusqu'à La Petite Pierre.
Au détachement COMPAGNON, le char SOISSONS II qui avait rejoint à Rauwillers, reste cette fois à Schalbach, en panne définitivement, où son équipage veillera les corps des tués de l’escadron.
Nous sommes maintenant sur le versant des Vosges descendant vers l’Alsace.
Pour le 22, l’intention du Colonel est :
- après avoir fait sauter le bouchon de la Ferme des Juifs, indiqué sur une carte trouvée sur un officier allemand dans le Sud du village,
- de foncer sur Weiterswiller, et de là, mettre la main sur le carrefour de Dettwiller et sur le pont du canal au Sud de Steinbourg.

22 Novembre 1944.
À 08H30, le détachement COMPAGNON débouche de La Petite Pierre, précédé par un peloton de spahis jusqu'à Weiterswiller sans rencontrer aucune résistance, mais en remarquant des traces fraîches de chenilles sur les chemins afférents la grande route.
Weiterswiller traversé, nettoyé, la progression reprend en direction de Neuwiller. La progression se révélant impossible par la route, la Section LUCCHESI tente de déborder par la gauche dans le bois de Niedermaler. Le peloton de mortiers et le Peloton PERRIER l'appuient de leurs feux.
Le peloton de mortiers LECORNU réussit un tir ajusté sur les pièces d'artillerie de campagne allemandes. Un des H.T. mortiers s'embourbe.
Le Lieutenant PERRlER essaie de le faire tirer, opération difficile en raison du feu ennemi. Le chargeur ESPOSITO, descendu pour accrocher le câble de remorque, est blessé mortellement par un éclat d'obus et emmené sur Weiterswiller. La progression peut alors reprendre, la résistance ayant été largement débordée par le détachement LENOIR.
Le détachement BHIOT, reçoit l’ordre de se reporter à La Petite Pierre à 08H30 ; dès l’arrivée à La Petite Pierre, il va falloir suivre le sous-groupement sur l'axe Petite Pierre - Weiterswiller.
La mission suivante lui est confiée : déboucher largement la position de Saverne, couper la route de Saverne à Strasbourg et s'emparer des ponts sur le canal de la Marne au Rhin à Dettwiller ; itinéraire de marche : Weiterswiller, Bouxwiller, Riedheim, Lantzheim, Gottesheim, Dettwiller.
Ce mouvement s'effectue avec grande rapidité. Débuté à 09H30, il sera terminé à midi ; l’ennemi a été rencontré à Bouxwiller, Prinzheim, Gottesheim et Dettwiller. Son attitude révèle une surprise totale (colonnes interceptées, résistances insuffisantes mises en place).
Le résultat obtenu est le suivant :
un nombreux matériel automobile et hippomobile est anéanti ou capturé, 800 prisonniers sont totalisés en fin de journée, les tués ennemis et blessés sont nombreux mais difficiles à évaluer.
Un char ami : le CAEN, est resté embourbé à Prinzheim, avec les embrayages hors service.
Devant Dettwilier, le cuirassier CARRASCO est blessé au ventre. La liaison est prise avec le Colonel ROUVILLOIS à 12H30.
Le PC du détachement est à la Rathaus.
Jusqu'à Dettwiller, l’organisation du détachement était la suivante :
- une patrouille d'axe, chef de patrouille : COQUELET avec le DJEMILA char de tête, et le CAEN.
- 2 H.T. d'infanterie, dont celui du S/Lieutenant NABARHA, muni de radio, et un char 105 ILE DE SEIN.
Le lendemain matin à 07H45, le détachement part en avant-garde sur Strasbourg. Axe de marche : Dettwiller - Hochtelden - Schwindratzheim - Mommenheim - Brumath - Vendenheim - Schiltigheim – Strasbourg ; la progression s'effectue encore plus rapidement que la veille : 30 km sont parcourus en 2 heures.
La résistance ennemie manifeste l’état de confusion d'une troupe mal renseignée :
- les éléments légers à Hochfelden - Mommenheim, où le char de tête fait sauter une mine sans dommage ;
- Brumath où les ponts sont trouvés inoccupés et où une colonne ennemie s'enfuit vers Haguenau, sont dépassés ou anéantis sans que la colonne marque le moindre arrêt.
La résistance s'intensifie à partir du carrefour de la transversale Mommenheim - Reichstett, sur le petit pont de la Souffelden, des tranchées plus ou moins occupées serpentent à droite et à gauche de l’axe. La crête dominant le fort est légèrement occupée ; des tirs de 105 (ILE DE SEIN et ORAN), des tirs de mitrailleuses, créent chez l'ennemi un désir général de repli, qui ne tarde pas à se manifester par une colonne mixte hippomobile qui s'enfuit vers l’Est par Souffelweyersheim.
Elle est prise à partie par nos feux conjugués (canons de 75, mitrailleuses) ; deux fantassins blessés, un autre est tué.
La marche en avant est immédiatement reprise, l'arrêt a duré un quart d'heure. Le gros de l'avant-garde n'a pas eu le temps de s'engager.
Jusqu'à Schiltigheim, la colonne passe sans s' arrêter au milieu d'allemands s'aplatissant dans les fossés, dans les trous creusés le long des bas côtés de la route, ou même contrefaisant les morts.
Les chars tirent en marchant de Schiltigheim à Strasbourg, aucun incident. Le premier pont sur un bras de l'Ill est franchi, non sauté ; puis c'est la traversée de la ville sous la direction d'un civil, qui amène la colonne droit au Rhin et au Pont de Kehl.
Les chars tombent sur toute une circulation ennemie (camions de troupes, voitures d'officiers, soldats à pied). Sur les trottoirs, tout ce monde manifeste un ahurissement général. Il faut aller vite. Les mitrailleuses agissent, de temps en temps un coup de 75 ajusté, sanctionne la fuite d'un véhicule dont le chauffeur n'a pas compris, ou peut-être, désire de ne pas comprendre.
Le half-track et les chars de tête arrivent au pont sur le Petit Rhin ; la patrouille d'axe, le gros du détachement, un moment très étendus en profondeur, rejoignent.
Il est 10H15. Une colonne de plus de 200 véhicules ennemis, un grand nombre d'ambulances remplies de représentant indemnes des diverses armes de la Wehrmacht est contrainte de faire demi-tour sous les balles du char DJEMILA.
Le tireur BALEYTE stoppe toute la circulation sur la voie ferrée en éventrant une locomotive d'un coup de son 75.
Le pont sur le Petit Rhin ne peut être franchi, son axe est défendu par un canon antichars difficile à atteindre.
Le détachement LENOIR rejoint vers 11H30. Un tir de canon automoteur de 105 est déclenché sur la région au delà du Petit Rhin, la progression ne pourra être reprise que vers 3 heures de l’après-midi, lorsque les autres détachements du Sous-Groupement ROUVILLOIS entament une poussée concomitante vers le Pont de Kehl.
Une première réaction de l'ennemi s'était fait sentir par un essai de mise en batterie sur le flanc gauche et Nord de la colonne, de 7 canons antichars ; les servants sont dispersés par le feu de nos chars.
Le chef du char PAIMPOL, Maréchal des Logis SALAÜN, avait le premier, dépisté l'activité ennemie et, avec sang froid, déclenché un feu violent.
L'organisation de l’avant garde était la suivante :
patrouille de tête, dans l’ordre :
- char EVREUX, M.d.L. GELIS,
- half-track d'infanterie du S/Lieutenant NABARRA,
- char DJEMILA du S/Lieutenant COQUELET,
- le deuxième half-track d'infanterie.
Derrière la patrouille de tête, le char LISIEUX du Lieutenant BRIOT, commandant l'avant garde, puis le gros du détachement comprenant les half-tracks restants de la section d'infanterie entre-mêlés avec les chars ROUEN - ORAN - CHERBOURG – St DENIS II – ILE DE SEIN qui avaient quitté le détachement au cours de la traversée de la ville.
À 3 heures de l'après-midi, le détachement reçoit l'ordre de continuer sa progression vers le Rhin, rendue désormais possible par la destruction, à coups de mortiers, de l'arme antichars défendant le Petit Rhin.
Le but de la mission est de refouler l'ennemi au delà du fleuve, tout en portant assistance au détachement COMPAGNON en pointe, et sévèrement accroché par des tirailleurs armés de bazookas, et qui défendent le terrain maison par maison.
Une patrouille mixte char-infanterie est portée en avant avec pour point à atteindre :
le premier carrefour après la voie ferrée.
Cette patrouille est commandée par le Lieutenant BESNIER, elle comprend dans l’ordre :
- char BAYEUX, M.d.L. De CARGOUET,
- char CHERBOURG (105), M.d.L.-Chef ZIMMER,
- char MEKNES, M.d.L. GALLEN,
- char SAINT DENIS II, M.d.L. BOUILLOT,
- 2 half-tracks infanterie, S/Lieutenant NABARRA.
La réaction ennemie est vive, d'autant plus que l'idée de chacun est d'atteindre le Rhin.
Le Maréchal des Logis De CARGOUET, dépassant son premier objectif, tombe frappé d'une balle en pleine tête ; le char 105 CHERBOURG le dépasse suivi immédiatement du char MEKNES, et c' est à 50 m du Pont de Kehl que le char CHERBOURG prendra feu sous les coups de nombreux bazookas ; l’équipage est blessé, le chef de char M.d.L. ZIMMER est tué.
Le MEKNES sera également touché, mais pourra être récupéré par la suite ; deux membres de l'équipage sont blessés dont le chef de char.
Voyons maintenant l'action des détachements COMPAGNON et LENOIR.
Le 22 Novembre, après la chute de la résistance, le détachement LENOIR et le détachement COMPAGNON se retrouvent dans Neuwiller. Le détachement LENOIR passe en tête.
L'Adjudant chef WEISS a été dans la nuit affecté à l’escadron, il a rejoint le Peloton CORAP à l’aube à Lhor, et en a pris le commandement.
Le Chef De CARGOUET, rendu disponible par la destruction du PARIS II, remplace le Chef OLLERO sur le BAYEUX, et passe ainsi chef de patrouille de tête du peloton.
La progression reprend en direction de Dossenheim (traversé rapidement) puis de Steinbourg ; de légères résistances devant Steinbourg sont culbutées.
Steinbourg traversé, la déroute est mise dans un important convoi automobile par la patrouille de tête (DIEPPE et BAYEUX). Le pont du canal trouvé libre, est passé. La lisière des bois de la Faisanderie est nettoyée, et vers 11H15, le BAYEUX (Chef De CARGOUET) au carrefour de l’auberge, prend contact avec les chars du 12e R.C.A. venant du Sud (Sous-Groupement MASSU).
Toute l’après-midi le détachement LENOIR occupe ce carrefour, puis vers 15H30, rejoint Dettwiller où se trouve le détachement BRIOT et en occupe la partie Sud durant la nuit.
Pendant ce temps, le détachement COMPAGNON longe le canal en direction de Saverne, la route étant complètement bouleversée par les bombardements d'aviation américaine sur l'usine de Zornhoff.
Il vient alors occuper le canal de Steinbourg. Les Allemands refluent de toutes parts.
L'ensemble du sous-groupement fait alors près de 500 prisonniers.
Vers 17H00, le détachement COMPAGNON part sur Dettwiller et Wilwisheim.
Le bilan de la journée du 22 s'établit ainsi :
- perte des cuirassiers : ESPOSITO tué, CARASCO blessé par une balle au ventre.
- Le char NORMANDIE resté embourbé près de Obersoultzbach sera dépanné dans la nuit par le Recovery de l'escadron. Durant ce dépannage, quatre voitures allemandes seront détruites et les occupants tués par l’équipe de dépannage.
- Le char CAEN reste en panne d'embrayage à Prinzheim.
- Le Char RENNES II reste en panne de moteur à Steinbourg.
Le 23 Novembre, jusqu'à 09H30, heure de l’entrée à Strasbourg, les détachements LENOIR et COMPAGNON suivent la charge du détachement BRIOT. Le détachement LENOIR est engagé derrière le détachement BRlOT en direction du Pont de Kehl où il détruit six canons antichars, comme il est relaté plus haut, puis vers 16H00, il vient se placer en protection du pont du Petit Rhin, prés du Bassin du Commerce.
Pendant ce temps, il faut signaler pour le Peloton WEISS, la part prise par le char BAYEUX de la patrouille BESNIER, en direction du Pont de Kehl, où le Chef De CARGOUET est tué.
Le détachement COMPAGNON, à l’entrée dans Strasbourg, est dirigé sur la Kommandantur où une patrouille (LUCCHESI-PERRIER ), avec deux half-tracks et les deux chars restant au Peloton PERRIER, effectuent un nettoyage difficile dans les rues avoisinantes.
Le chef de détachement reçoit alors par radio, l’ordre du Colonel ROUVILLOIS, de venir plein pot sans se laisser arrêter par les tirs ennemis au pont du Petit Rhin près du Bassin du Commerce, ce qui est fait.
Il reçoit alors mission d'atteindre le pont sous la voie ferrée à l'extrémité du Bassin de l'industrie. Le nettoyage de la rue est fait, le pont atteint est passé en dépit d'une vive résistance ; c'est alors que les deux armes antichars qui arrêtent le détachement BRIOT, changent d'objectif et prennent à partie les véhicules de queue du détachement.
Deux actions sont alors menées : l’une par le Pont de Kehl, par la Section LUCCHESI et les 3 chars restants du détachement dont le PARIS qui vient d'être marqué sans dommage de 3 impacts antichars, l'autre contre les armes antichars par le peloton de mortiers.
La première consiste au nettoyage de la Place et de la rue qui mène au pont, qui est approchée à 100 m, en dépit d'une très vive résistance de l’ennemi au bazooka et à la grenade.
La Section LUCCHESI a 2 tués et 7 blessés. Le peloton de mortiers de l’Aspirant LECORNU neutralise par un tir rapidement ajusté 2 armes antichars.
Le Colonel ROUVILLOIS essaie alors de prendre liaison avec le Lieutenant BRIOT, avec une patrouille à pied des mortiers ; cette patrouille est repoussée par les servants des armes antichars détruites.
Elle en tue une dizaine et a elle-même : un tué (M.d.L. RIVALLlN) et deux blessés (le M.d.L. ROTH et 1 cuirassier).
La patrouille PERRIER-LUCCHESI cesse alors toute progression et tient seulement le pont ; peu après, la patrouille BESNIER vient prendre liaison au pont, puis retournera en arrière du pont du Canal Vauban pour la nuit.
- Le détachement BRIOT est au pont du Bassin Vauban.
- Le détachement LENOIR au pont du Petit Rhin (Nord).
- Le détachement COMPAGNON prend point d'appui fermé au passage inférieur de la voie ferrée.
Toute la nuit, les patrouilles allemandes circuleront entre ces trois bouchons et viendront les inquiéter : en particulier une tentative de bazooka sur un char du Peloton WEISS.
Le bilan de la journée est le suivant :
- Strasbourg évacué, une quantité innombrable de prisonniers faits. Le nettoyage de la ville non terminé, une caserne résiste encore en interceptant nos communications.
- L'escadron a perdu le Chef De CARGOUET, et le Brigadier chef BALEYTE est blessé.
- Le peloton de mortiers a un tué et deux blessés.
- Les 105 ont un tué et un char brûlé (le CHERBOURG).
Le 24 Novembre : Le détachement BRIOT, vers 10H00, pousse en direction de la voie ferrée, qu'il ne peut atteindre en raison d' une très violente résistance de tirailleurs ennemis, en nombre très supérieur à l'infanterie dont lui-même dispose, tirailleurs que le détachement COMPAGNON prend à partie par derrière, avec carabines et mitrailleuses.
Vers 14H00, LENOIR effectue un nettoyage entre COMPAGNON et BRIOT, et prend ensuite sa place.
À 18H30, coup de main allemand combiné sur COMPAGNON et BRIOT avec bazooka, violemment repoussé. Un blessé chez COMPAGNON, un half-track brûlé chez BRIOT.
Le 25 Novembre : Même situation, activité de patrouille, nécessitée surtout chez COMPAGNON et BRIOT, d'une très grande vigilance, provoquant une très sérieuse tension d'esprit.
La Section LUCCHESI est relevée par une section du Bataillon MASSU, et envoyée à 500m. au Nord de la Rhinau, ainsi que les trois chars du détachement relevés sans incident.
Le 26 Novembre : Nuit difficile, vers 23H00, alerte de patrouille allemande. Dans l'après-midi, vers 15H00 prise d'armes Place Kléber, station toute la journée.
Le 27 Novembre : Même situation, la fatigue s'accroît particulièrement au peloton de mortiers qui n'a pas été relevé. Les nuits sont très fatigantes, deux coups de main allemands avec des grenades à 12H30 et à 14H30 (1 blessé à la section du IIe/RMT par balle). Les journées se passent à faire des cartons, au Mauser, sur des allemands isolés à l’entrée du Pont de Kehl, à envoyer quelques coups de mortiers sur des allemands que l’on voit par dessous la voie ferrée, circulant sur la place en face.
Le 28 Novembre : À cinq heures du matin, le sous-groupement est relevé par un bataillon de D.l. US.

Bilan des journées du 19 au 27 Novembre 1944 :

Date

Tués

Blessés

Evacués sanitaires

Chars détruits
Véhicules indisp

Observations

20.11

 

 

 

Jeep ORGEIX

 

 

Chef OLLERO

 

 

 

Char BAYEUX
balle dans la tête

 

S/Lt CORAP

 

 

 

Char St-LO
balle dans le cœur
enterrés à Weiterswiller

21.11

 

Brig.HILLlEN

 

CHAR SOISSONS II indisponible

 

 

 

 

 

CHAR PARIS II détruit

 

22.11

cuir. ESPOSITO

 

 

 

éclat d' obus enterré Weiterswiller

 

 

cuir. CARASCO

 

 

balle dans le ventre

 

 

 

 

CAEN embrayage
RENNES II moteur

 

23.11

MdL De CARGOUET

 

 

 

Char BAYEUX
balle dans la tête enterré Wescherviller

 

MdL ZlMMER

B/C BALEYTE cuir.RICHARD
Cuir. RIERA

 

CHERBOURG détruit

 

 

 

 

 

ILE DE SEIN indisponible

 

 

MdL RIVALLIN

MdL ROTH

 

 

enterré Wescherviller

27.11

 

 

 

cuir MAILHERS
cuir DANGLET

 

 

OBENHEIM - BOOFZHEIM - FRIESENHEIM.

27 Novembre 1944.
Le brouillard gêne l'observation. Des patrouilles agressives sont signalées à 12H30 et 14H00.
La Division étant relevée à Strasbourg par des unités Américaines, plusieurs officiers américains viennent dans l'après-midi au Port du Rhin, reconnaître les positions.
La 2e Division Blindée reçoit mission d' attaquer vers le Sud en direction de Neuf-Brisach et de Colmar. L’axe théorique du Sous-Groupement ROUVILLOIS, remis à la disposition du G.T.D., passera par Fegersheim, Schaeffersheim, Westhouse, Benfeld.
Le sous-groupement reste composé des mêmes unités, à l’exception de la 4e Compagnie, mise à la disposition du Sous-Groupement DIDELOT, de la Batterie DUBOIS remise à la disposition de l'A.D., et de la Section LETAILLEUR qui fait retour au Sous-Groupement MASSU.

28 Novembre 1944.
De 06 heures à 07H30, relève par des troupes américaines. À 08H00, le sous-groupement fait mouvement vers le Sud.
Arrêt de 10H00 à 13H00 sur la route de Colmar, dans la partie Sud d'Illkirch-Graffenstaden.
À 13H00, le sous-groupement reçoit mission d’aller occuper Hindisheim et Limersheim qui ont été conquis la veille par l'Escadron DA du RMSM, et le pont de Fegersheim étant coupé, la colonne doit passer par Geispolsheim et Bläsheim, elle est retardée à 1 Km Nord de Hindisheim par des abattis.
À 17H00, le dispositif suivant est réalisé :
- Hindisheim : P.C. du sous›groupement
Détachement COMPAGNON
Détachement BRIOT.
- Limersheim : Détachement LENOIR
Détachement JOSSE.

29 Novembre 1944.
Les éléments cantonnés à Hindisheim se portent à Nordhouse.
Les éléments du point d’appui de Limersheim se portent à Schaeffersheim.
Le Colonel commandant le G.T.D., en raison des résistances et des destructions rencontrées en direction de Benfeld, décide de faire passer le Sous-Groupement ROUVILLOIS sur l'axe du Sous-Groupement QUILICHINI, entre le Rhin et le canal, le G.T.V. devant ultérieurement prendre à son compte l'attaque de Benfeld.

30 Novembre 1944.
Le sous-groupement en entier fait mouvement par Fegersheim (dérivation sur la voie ferrée), Illkich, Eschau.
À Plobsheim, où se trouve le P.C. du G.T.D., arrêt de 09H00 à 10H00.
À 10H00, le sous-groupement reçoit l’ordre de dépasser le Sous-Groupement QUILICHINI et Boofzheim, avec ses moyens renforcés du Détachement NOËL.
1° - Attaque d'Obenheim :
Plan d’attaque : - Détachement NOËL, par la grand'route Gerstheim - Obenheim.
- Détachement BRIOT, renforcé de la Section LUCCHESI, par le chemin de terre coupant la Lachterbach, à l'Est de la grand'route.
La section LUCCHESI atteint les lisières Est du village d'Obenheim vers 14H00.
Le détachement NOËL atteint les lisières Nord vers 14H30, le nettoyage est terminé vers 15H00.
Pertes amies : - 1 char moyen détruit au pont de la Weil par projectile anti-char tiré du village.
Pertes ennemies : - 2 Panthers, 1 H.T.
Le détachement NOËL est aussitôt envoyé en reconnaissance vers le pont du Canal à l’Ouest d'Obenheim.
Il le trouve intact et l'occupe.
2° - Attaque de Boofzheim :
Plan d’attaque 2 - Détachement BRIOT : grand'route Obenheim - Boofzheim.
- Détachement LENOlR : Daubensand et lisières Sud de Riedwald.
- Détachement COMPAGNON : chemin de terre du moulin au bois de Riedelsmatt.
Départ de l’attaque 2 15H00.
Le détachement BRIOT détruit deux canons d'assaut embossés à 1 km Nord de Boofzheim. Mais il subit un violent tir d'arrêt et doit arrêter sa progression à la nuit.
Le détachement LENOIR ne peut atteindre Daubensand, le pont sur la Wurmsgraben étant détruit, il se replie sur Obenheim.
Le détachement COMPAGNON ne peut progresser en raison de l'état du chemin.
Pertes amies : - 1 tué (12e Cuirassiers)
- 8 blessés (5 du 12e Cuirassiers dont 2 officiers, et 3 du RMT)
- 1 char moyen et 1 char 105 récupérables.
Pertes ennemies : - 2 canons d'assaut détruits.

1er Décembre 1944.
Nuit calme.
La 2ème compagnie du Ier/RMT (Capitaine PERCEVAL) est mise sous les ordres du Colonel ROUVILLOIS.
Prise de Boofzheim :
Plan d'attaque : - Détachement LENOIR, route d'Obenheim à Boofzheim.
- Détachement PERCEVAL (la 2ème compagnie renforcée de 3 chars COMPAGNON en accompagnement immédiat), chemin de terre par les trois côtes 155.
Départ de l'attaque : 08H00.
L’infanterie du Détachement PERCEVAL atteint à 09H15 les lisières Est du village. Les chars sont arrêtés par des barrages de mines. Il parvient à Boofzheim où il est immobilisé par trois coups de 75 tirés par un Panther.
Le détachement LENOIR atteint les lisières Nord vers 10H00.
Le nettoyage du village est terminé à 10H30. Le reste du sous-groupement rejoint aussitôt.
Vers 12H00, violente réaction d'artillerie ennemie.
Pertes amies : - 6 tués (4 du 12e Cuirassiers dont 3 officiers, 1 du RMT, 1 du Génie)
- 13 blessés (6 du 12e Cuirassiers, 3 du RMT,2 du RBFM, 2 du Génie)
- 2 chars dont 1 irrécupérable : ILE DE SEIN
Pertes ennemies : Nombreux tués et blessés - 70 prisonniers dont 4 officiers.
Le village était défendu par 4 Panzer IV, 2 auto-canons et 200 hommes.
Le brouillard s'étant épaissi vers 14H00, le Colonel prend la décision de remettre au lendemain l’attaque de Friesenheim.

2 Décembre 1944.
Vers minuit, le détachement LENOIR formant point d'appui aux lisières Sud du village, subit une contre-attaque d’Infanterie allemande montée sur Half-tracks, venant de Friesenheim.
Violente réaction des chars, des TD et des armes automatiques de la section LEVIANDIER.
Pertes amies : Néant
Pertes ennemies : 13 H.T. incendiés - nombreux morts et blessés.
L'ennemi très éprouvé se replie vers 01H00.
Prise de Friesenheim :
Plan d'attaque : - Détachement PERCEVAL (Section LEHOT, 1 groupe du génie) et Détachement LENOIR en accompagnement immédiat, route de Boofzheim - Friesenheim.
- Détachement MARSON (sections MARSON et BRIAULT 1 groupe du Génie, à pied, le long du Grenzgraben.
Départ de l’attaque : 08H00.
Les deux détachements se heurtent, à 500 mètres Sud de Boofzheim, à des barrages de mines. La progression ne peut reprendre que vers 10H00, après déminage par le Génie.
À 10H30, l'avance est de nouveau stoppée par les feux de chars et de canons d'assaut embossés dans les boqueteaux de Holzplatzchen et Maydlach. L'infanterie ne progresse que de 400 mètres en 3 heures. Un canon d'assaut allemand est cependant détruit par un TD vers 11H00.
Le Colonel ROUVILLOlS, blessé à la jambe droite par un éclat de mine, reprend le commandement de l'action au bout d'une heure.
À 13H00, le détachement LENOIR reprend la progression et pénètre dans le village. Le détachement PERCEVAL nettoie les lisières Nord. Le détachement MARSON atteint les lisières Est.
Le nettoyage définitif est retardé par les manœuvres d'un canon d'assaut ennemi qui se replie de court sans qu'il soit possible de l’approcher et ne sera détruit qu'à 16H00 par un TD, à 500 mètres au Sud du village.
À 17H00, le sous-groupement en entier occupe Friesenheim.
- Détachement LENOIR aux lisières Sud, face à Diebolsheim
- Détachement BRIOT aux lisières Sud-Est
- Détachements PERCEVAL et COMPAGNON aux lisières Nord et Nord-Est
- P.C. sortie Nord du village, route de Boofzheim.
Pertes amies : - 5 tués (4 du RMT, 1 du Génie)
- 36 blessés (1 du 12e Cuirassiers, 28 du RMT, 7 du Génie, 1 du Service de Santé )
- 1 TD légèrement touché.
Pertes ennemies : - 2 canons d' assaut - 2 canons de 88 - 1 obusier de 150 - 1 obusier de 75 - 1 mortier de 50
- Nombreux morts et blessés
128 prisonniers dont 1 officier.
Toute la nuit, violente réaction d'artillerie ennemie sur Friesenheim.

8 Décembre 1944.
Le sous-groupement ayant eu, au cours des trois derniers jours 12 tués et 57 blessés, la progression vers Diebolsheim est ajournée.
Violents tirs d'artillerie et de mortiers ennemis sur Friesenheim.

4 Décembre 1944.
Entre 06H00 et 07H00, violents tirs ennemis sur le village.
Dans la matinée, le Sous-Groupement ROUVILLOIS est relevé à Friesenheim par le Sous-Groupement DIDELOT et vient au repos à Boofzheim où il adopte le dispositif suivant :
- route de Friesenheim détachement BRIOT
- route de Rhinau détachement COMPAGNON
- partie Nord-Est du village détachement PERCEVAL
- sortie Nord P.C. et Service de Santé
- route de Herbsheim détachements LENOIR et JOSSE.

5 Décembre 1944.
Le Colonel ROUVILLOIS étant obligé de séjourner quelque temps a Strasbourg pour y soigner sa blessure, le Commandant FOSSE prend le commandement du sous-groupement.
Le village de Rhinau est occupé par le détachement KREBS qui passe aux ordres du sous-groupement FOSSE.

6 Décembre 1944.
Rien a signaler.

7 Décembre 1944.
Quelques tirs ennemis.
À l’E.H.R. stationné à Eschau, le maréchal-des-logis JAMES, chef de poste radio de la V.T.T. TROYES, abat avec la mitrailleuse de 50, un avion allemand Messerschmitt 109, qui attaquait le cantonnement en rase mottes.

8 Décembre 1944.
Rien à signaler.

9 Décembre 1944.
Tirs assez violents d’artillerie ennemie.
Pertes amies : 1 cuirassier tué.

10 Décembre 1944.
Rien à signaler.

11 Décembre 1944.
Rien à signaler.

12 au 19 Décembre 1944.
Le Régiment, du moins pour la partie qui compose le Sous-Groupement ROUVILLOIS, cantonne à Boofzheim. Le village reste soumis aux tirs de l’artillerie allemande, qu'ils viennent du Sud ou de l’Est.
Cette période se passe en patrouilles nombreuses. Le Sous-Groupement DIDELOT, avec le 4ème Escadron, tient Friesenheim. Des éléments du régiment sont à Rhinau, tandis que certains autres sont à Obenheim avec l’E.M. du G.T.D.
Tous ces endroits sont vulnérables ; les obus ne cessent de dégringoler sur les villages qui s'effondrent peu à peu.
Le Lieutenant-Colonel ROUVILLOIS est en traitement à Strasbourg. Sa jambe blessée par une mine exige du repos. Le Chef de Bataillon FOSSE a pris le commandement de son sous-groupement.
Le Sous-Lieutenant BELLAN est affecté au régiment et passe au 2ème Escadron. Un tour de permission est créé : on va se détendre pour 24 ou 48 heures à Strasbourg où se trouve le P.C. Principal du régiment, aux ordres du Lieutenant LEROY-THÉBAUT, dont le P.C. est à l’Hôtel de Paris.

20 Décembre 1944.
Des ordres arrivent en vue d'une opération sur Diebolsheim. Le Sous-Groupement FOSSE doit partir de Friesenheim. Il dispose d'un bataillon de parachutistes de la 1ère Armée Française.
Ce bataillon s'avère excellent ; il se tire à merveille des missions de patrouilles qui lui sont confiées. Une opération est prévue sur Diebolsheim à travers les champs de mines allemands.
Les escadrons de chars non engagés serviront d’appoint d'artillerie. Les chefs de char étudient les procédés de tir indirect, d'emploi des niveaux et de mise en direction.

21 Décembre 1944.
Derniers préparatifs pour une attaque sur Diebolsheim.

22 Décembre 1944.
L’opération prévue sur Diebolsheim est annulée. Le bataillon de parachutistes ayant été retiré du groupement tactique.

23 Décembre 1944.
Le 12e Cuirassiers se porte à Gerstheim pour en assurer la défense. Toutefois, le 3ème Escadron du régiment reste à Obenheim, à la disposition du G.T.
Le P.C. est dans un moulin en bordure du village, du côté du Rhin.
Le 4ème Escadron tient Friesenheim.

24 Décembre 1944.
Noël à Gerstheim. Le régiment est sous le commandement du Commandant DIDELOT. Le Chef d'Escadrons De PERSON est affecté au 12e Cuirassiers.
On réveillonne au P.C. en compagnie des Marinettes.
Confection d'un arbre de Noël, distribution de colis aux hommes, pour lesquels le Lieutenant De LA PRESLE dit les chansons les plus cocasses de son répertoire.
À 16H30, on avait entendu la messe de minuit dans l’église de Gerstheim.
Le Général De GAULLE serait à Erstein.

25 Décembre 1944.
Patrouilles sur le Rhin, le secteur est calme.

26 Décembre 1944.
Rien à signaler.

27 Décembre 1944.
L'Escadron COMPAGNON va occuper Erstein jusqu'ici tenu par le Q.G. du Général LECLERC qui a pris ses quartiers à Obernai.
Le Sous-Groupement DIDELOT est toujours à Gerstheim avec les 1er et 2ème escadrons ; le 3ème escadron est à Friesenheim avec le Commandant QUILICHINI, le 4ème est à Obenheim aux ordres du G.T.D.

28 et 29 Décembre 1944.
Mauvaises nouvelles à la radio. Les Allemands ont lancé une grande offensive dans les Ardennes et progressent rapidement.

31 Décembre 1944.
Le Commandant DIDELOT reçoit l’ordre de s’apprêter à effectuer un mouvement important vers le 2 Janvier.
Ordres de mouvement sur Nordhouse pour l’ensemble du sous-groupement.

INTERMÈDE EN LORRAINE.

1er Janvier 1945.
Exécution du mouvement sur Nordhouse. Une attaque allemande a été lancée cette nuit entre Sarreguemines et Bitche. Nous allons par là. Nous laissons à la 1ère D.F.L., pauvre et mal équipée, la garde du secteur que nous occupions.

2 Janvier 1945.
09H00, le Sous-Groupement DIDELOT, compose des détachements COMPAGNON, LEROY et MARCO, exécute son mouvement sous les ordres du Commandant DIDELOT :
Strasbourg - Saverne - Phalsbourg - Fenetrange.
À Phalsbourg, le G.T. est aiguillé sur Ottwiller; en route nous croisons des éléments du 117ème Cavalry Squadron qui semblent se replier.
Les divers détachements occupent les emplacements suivants :
- COMPAGNON Struth et Ottwiller (où se trouve le P.C.)
- LEROY Tiffenbach
- MARCO Petersbach
Depuis le 25 Décembre, nous sommes encombrés par des stagiaires d'État-Major (Commandants, Capitaines et Lieutenants) que nous semons en route.
Le 2ème Escadron effectue des reconnaissances, en liaison avec les Américains, à Weislingen - Volksberg - La Petite Pierre. Les Américains semblent subir de sérieux échecs.

4 Janvier 1945.
Reconnaissances lointaines dans le secteur. Le G.T.L. est plus au Nord, à Gros Rederching. Le 3ème Escadron est cantonné à Ottwiller et Bust.

7 au 8 Janvier 1945.
Le P.C. est à Durstel où se trouve l'Escadron LENOIR. Vie dans la neige.
Tir au canon du 501e (qui s'exerce).
Le 3ème Escadron est cantonné à Zilling.
Le G.T.D. est à Asswiller.

8 Janvier 1945.
À partir de midi, mouvement par Durstel et Drulingen. Nous nous portons à Wintersbourg. Le P.C. du G.T.D. est à Lixheim; le 2ème Escadron à Zilling, le 3ème Escadron à Vescheim.

9 Janvier 1945.
Nous apprenons que les villages d'Alsace que nous avons quittés ont été repris par les boches qui seraient au Pont de Sand.

10 Janvier 1945.
Organisation de la vie à Wintersbourg et autres lieux rapprochés, dans lesquels sont cantonnés tous les escadrons du Régiment.

11 et 12 Janvier 1945.
Tir de l’Escadron d'E.M. et des autres escadrons à Wintersbourg.
Vie monotone de repos.

13 Janvier 1945.
Incendie à Wintersbourg occasionné par un char du 2ème Escadron.

16 Janvier 1945.
Le 3ème Escadron va cantonner à Hérange.

17 Janvier 1945.
Préavis d'avoir à faire mouvement sous peu.
L'E.M. et le 2ème Escadron vont cantonner à Brouwiller.
L'Escadron d'appui est à Lixheim.
Le 1er Escadron est à St Jean Kourtzerode.

18 et 19 Janvier 1945.
Vie calme et monotone dans la neige.

LIBÉRATION DE L' ALSACE

20 Janvier 1945.
Le régiment reçoit l’ordre de faire mouvement vers l’Alsace. Le départ a lieu vers 19H30. Nuit très froide. Neige sur toute les routes : verglas.
La route Phalsbourg - Saverne s'avère très mauvaise. Embouteillage à la sortie de Mittelbronn, où des convois américains se mêlent à nous.
Nous franchissons à nouveau les Vosges par la D.36 et la I.C.132. Bivouac à Ittenheim, à quelques kilomètres de Strasbourg.
Arrivée à 01H00 du matin.

21 Janvier 1945.
Le 3ème Escadron va à Wiwersheim.

22 Janvier 1945.
Le P.C. se déplace sur Westhouse.
Le 2ème Escadron cantonne à Truchtersheim, aux ordres du Commandant QUILICHINI.

25 Janvier 1945.
Le 3ème Escadron va à Kertzfeld.

26 Janvier 1945.
Le 2ème Escadron a pour mission de s'emparer de Rossfeld, en utilisant l’Ile d'Huttenheim. Neige, mines, boue et artillerie allemande font échec à ce projet.

27 Janvier 1945.
Le 2ème Escadron est cantonné à Stotzheim.
Le 3ème Escadron est à Gertwiller.
Le 4ème Escadron est à Westhouse, ainsi que le 1er Escadron et le P.C.

28 Janvier 1945.
Mouvement du 2ème Escadron prévu sur Mittelbergheim.

31 Janvier 1945.
Opérations entre Ill et Rhin, exécutées par les 2ème et 3ème Escadrons.
Le 2ème Escadron restera à Sand, tandis que le 3ème, aux ordres du Commandant FOSSE, se portera jusqu'à Rossfeld et Obenheim.

1er Février 1945.
Bond du 3ème Escadron sur Boofzheim.
Le Colonel ROUVILLOIS reprend le commandement du Régiment.

2 Février 1945.
Départ du 2ème Escadron pour Mittelbergheim.

5 Février 1945.
Les 2ème et 3ème Escadrons cantonnent à Bichoffsheim.
Le P.C. du Régiment, avec le 1er Escadron, se transporte à Niedernai.
Le 4ème Escadron, l'E.H.R. et l’Atelier occupent Meistratzheim.

12 Février 1945.
Prise d'armes à Niedernai en présence du Général LECLERC, dont le P.C. est à Obernai.
L'Alsace est entièrement libérée.
Le Colonel ROUVILLOIS reçoit la rosette. Les Capitaines BRIOT et GAUDET sont faits Chevaliers, ainsi que les Lieutenants KREBS et DESFORGES.
Le Général LECLERC nous affirme que nous participerons à la campagne d'Allemagne.
Pluie et boue.

13 Février 1945.
Le Lieutenant DESFORGES quitte le Régiment pour l’École Inter-armes de Saumur.

14 et 15 Février 1945.
Rien à signaler.

REGROUPEMENT EN LORRAINE

16 Février 1945.
Mouvement vers la Lorraine pour le régiment regroupé : Ittenheim - Dabo - Lutzelbourg - Phalsbourg - Lixheim - Fénétrange - Albertdorff - Dieuze.
À Dieuze, P.C. du Régiment et de l'Escadron d'appui.
Le 2ème Escadron cantonne à l'Indre-Basse.
Le 3ème Escadron va à Vic-sur-Seille le lendemain.

17 Février 1945.
Dieuze, ville en ruines et pillée.
Le P.C. s'installe dans la caserne des Gardes Mobiles où tout est sans dessus dessous.

18 Février 1945.
Le 2ème Escadron cantonne à Vic-sur-Seille.

20 Février 1945.
Le 2ème Escadron occupe l'Indre-Basse et l'Indre-Haute, tandis que le 3ème va à Guezelling.

25 Février 1945.
Le 3ème Escadron va cantonner à Lhor. On apprend que la D.B. ira au repos en Touraine.

28 Février 1945.
Départ des véhicules à roues. Les chars partiront par voie ferrée. Itinéraire à effectuer en trois étapes.

29 Février 1945.
Embarquement des chars par chemin de fer à Sarrebourg.

1er Mars 1945.
Installation du 12e Cuirassiers à Loches (Indre et Loire) pour l'EM., les 1er, 2e et 3e Escadrons. L’E.H.R. et le 4e Escadron sont à Ligueil. Une école d’élèves aspirants est ouverte par le Régiment à Cussey. Elle est aux ordres des Sous-Lieutenants ROBY et COQUELET.

5 Mars 1945.
Ce séjour à Loches, dans un coin idéal de la Touraine, aura été excellent pour tous les hommes et pour le matériel. Il est coupé de prises d'armes d'escadron avec remise de décorations.
Les civils sont très accueillants et sympathiques. Les distractions sont nombreuses. Le ravitaillement est excellent. Le Vin Surtout. Enfin, les hommes couchent dans des lits. Possibilité de s'adonner aux sports : football. Rencontre de l'équipe régimentaire avec celles de Loches et de Tours.

16 Mars 1945.
Le Capitaine NOËL fait une conférence aux officiers du Régiment sur les enseignements tirés de la campagne de France.

17-18-19-20 Mars 1945.
Tirs à toutes les armes au camp du Ruchard.

26 Mars 1945.
Théâtre aux Armées. Camp du Ruchard.

28 Mars 1945.
Prise d'armes du G.T.D. sur le stade de Loches. Le Général LECLERC nous passe en revue.
Présence de Michèle ALFA qui est faite marraine de l'Escadron d'État-Major.

05 Avril 1945.
Une note du Colonel prévoit un déplacement pour le Régiment, vers Saintes et Cognac.

ROYAN

06 avril 1945.
Le Capitaine NOËL quitte le Régiment et passe le commandement de son escadron au Lieutenant KREBS.
Le Régiment commence à faire mouvement en direction de Cognac et Saintes. Il est mis à la disposition du Général De LARMINAT, Commandant les FORCES de l'Atlantique.
Les éléments chenillés et non chenillés vont embarquer à Villedieu-les-Poètes.
Le Capitaine CAVAILLÉ qui vient d' être affecté au Regiment est chef de chantier.

07 Avril 1945.
Le Régiment, pour ce qui concerne les véhicules à roues, met la dernière main à ses préparatifs de départ.

08 Avril 1945.
A partir de 07 heures : départ par rame : 4 rames
- LENOIR et BRIOT
- BESNIER ET KREBS
- GAUDET et la moitié de l'E.H.R.
- l'Atelier et la 2e moitié de l'E.H.R.
Itinéraire : La Haye - Descartes - Dangé - Helle-Aulnay - G.C.21 - Charbonnieres - Matha - Prignac - Migron.
La dislocation s'effectue vers 18h30 à Migron. Le P.C. du Régiment et l'Escadron d'E.M. vont s’installer à Burie. Le 3e Escadron s'installe à St-Césaire, le 2e est à La Chapelle-des-Pots. le 3e est à Sainte-Césaire, le 4e est à St-Bris-des-Bois, l'E-H.R. à ……, l'Atelier est à Burie avec le P.C.

Ordre de bataille du Régiment pour les opérations de Royan :

- Lt-Colonel ROUVILLOIS commandant le 12e Cuirassiers
- Commandant De PERSON commandant en second
- Commandant MARION
- Capitaines CAVAILLÉ et BELVALETTE
- Capitaine BIZOT
- Médecin Capitaine BRES
- Lieutenant LIBERSART
- Sous-lieutenants GARNIER et LEQUELLEC
- Aspirant BREZILLON

Escadron d’Etat-Major
- Lieutenant BESNIER commandant l’Escadron
- Lieutenant BONTOUX commandant les Transmissions
- Médecin-Lieutenant JOLLY
- Lieutenant De La PRESLE chef du peloton des chars de commandement
- Sous-lieutenant LEMAITRE Chef des 105
- Médecin-Auxiliaire MOREÀU
- Adjudant-chef GAILLOT chef du Corps Franc
- Adjudant-chef MARTIN chef des mortiers

1er Escadron de chars légers
- Capitaine LENOIR commandant l’Escadron
- Sous-lieutenant BOUGET
- Sous-lieutenant CRUSE
- Sous-lieutenant DELÈGUE

2e Escadron de chars moyens
- Lieutenant BRIOT commandent l’Escadron
- Lieutenant SAVARY
- Sous-lieutenants BELLAN et COQUELET
- Sous-lieutenant WEISS
- Sous-lieutenant MATHIEU

3e Escadron de chars moyens
- Lieutenant KREBS commandant l'Escadron
- Sous-Iieutenants POOLE et KERHUEL
- Sous-lieutenant De BRIEY
- Aspirant CLAVEL
- Lieutenant BELLUET
- Sous-lieutenant MERCIER

4e Escadron de chars moyens
- Capitaine GAUDET commandant l'Escadron
- Capitaine BOZZO, adjoint
- Lieutenant De MANEVILLE
- Sous-lieutenant LESEIGNEUR
- Sous-lieutenant BOBY
- Sous-lieutenant BARBE

Atelier
- Lieutenant BOUTHEON
- Adjudant-chef CARRASCOSA

E.H.R.
- Lieutenant COLLARD commandant l’Escadron
- Lieutenant FANTOU, Essences
- Lieutenant MARENGHI, Détails
- Lieutenant ITIE, Vivres
- Sous-lieutenant MUNIER, Essences
- Adjudant-chef! DEMARBRE. Munitions

09 Avril 1945.
Installation du P.C. et des escadrons d'une façon confortable. On croirait à nous voir, que nous allons effectuer un nouveau séjour de longue durée.

10 Avril 1945.
Reconnaissances vers Saintes et Cognac. Le Colonel entre en rapport avec le Commandant de la D.A.T. à Cognac. On prend liaison avec les Commandants d'unités ou de services.

11 Avril 1945.
Nous recevons l'ordre d'opérations suivant :

ORDRE D’OPERATIONS :
Conquête des avants-postes du réduit de Royan.
I° - Renseignements sur l’ennemi.
II° - But de l’opération :
S'emparer par surprise de la ligne générale : La Tremblade - Brie - La Tourne-Piche - Pouyaud - Médis - Toussauge (ce dernier point exclus), en portant l’effort sur le bastion de Medis.
L'opération sera couverte, au Nord par la Brigade Oleron qui occupera Le Breuil, et au Sud, par l’action du Groupement Sud qui s’emparera ultérieurement de Toussauge.
III° - Idée de manœuvre :
S'emparer du bastion de Medis par des actions de rabattement conjuguées, venant du Sud.
IV° - Zone d’action :
- Limite Sud : carrefour de La Planche - La Piauderie - carrefour 500 m. S.O. de la Cabane Rouge - La Grande Gorge - Baunant (tous ces points au Groupement Nord).
- Limite Nord : La Crèche - Le Pas - La Fuie - Saujon (tous ces points au Groupement Nord).
V° - Moyens :
a) Infanterie et Chars :
- 3e Bataillon du 4e Zouaves, appuyé par un escadron de chars du 12e Cuirassiers (Escadron GAUDET)
- 4e B.P.T.N.A. appuyé par un escadron de chars du 12e Cuirassiers (Escadron KREBS).
- 1er Bataillon du 50e R.I.
b) Artillerie :
- 2 groupes de 105 de la 2e D.B.(1/3e RAC et 1/40e RANA)
- 1 groupe de 75 {9/20e RA)
- C.C.l. du 4e Zouave
- 1 groupe de 155 C.
c) Génie :
- 2 sections de la compagnie 13/1 (2e DB)
- 1 compagnie du 1/151e
d) Eléments réservés :
- 2e Bataillon du 4e Zouaves
- 1 escadron de TD ( Fusiliers Marins)
VI° - Missions des Unités :
1 – Infanterie et chars :
a) – 3e Bataillon du 4e appuyé par l’Escadron GAUDET. progressent sur l'axe : gare de Saujon - La Verdonnerie - Le Pourceau, s'emparer de Médis en le débordant par le Sud.
Il se couvrira face à Toussauge, en s'établissant solidement dans la région de La Piauderie.
Le 131e R.I. disposant du 1er R.S.M. est en mesure d'agir par ses feux, dans la région de Toussauge - Demande à adresser au Colonel commandant le Groupement.
b) – 6e P.T.N.A., appuyé par l'Escadron KREBS - progressant sur l’axe Riberoy (Saujon) - Les Bonshommes - La Rigaudière - Pouyaud, appuiera la prise de Médis en amorçant le débordement
de cette localité par le Nord. Il s'emparera du groupe de fermes de La Rigaudiere - Robert-les-Renesmes, en prenant ces résistances à revers.
Il se couvrira face au Nord vers Les Renesmes pour appuyer l'action du 1/50e R.I. sur Brie.
c) – 1/50eI. couvrira au Nord les actions précédentes en s’emparant de Brie qui sera débordé par le Nord.
Base de départ :
- Infanterie : Ligne générale Vertin - lisières Est des bois Nord et Sud des Elies.
- Chars : Les chars avec leurs compagnies d' accompagnement, quitteront leur bivouac pour rejoindre la base de départ au début de la préparation d'artillerie.
Objectif à tenir en fin d'opération :
- Ligne de Crête Brie - Les Renesmes - Pouyaud - Puyraveau, et route Médis - Toussauge.
- Cette ligne devra être tenue sans esprit de recul, avec le souci d'un large échelonnement en profondeur, pour pallier les réactions de l'artillerie ennemie.
- Toutes les unités devront s'enterrer dans le minimum de temps.
- Toute circulation aux vues de l'ennemi sera strictement interdite.
- Le déminage, notamment des routes et de leurs abords, sera entrepris sans délai.
- Dès la position conquise, les chars se rallieront en un 1er bond, dans la région de Chaillonnais.
Limite entre les bataillons :
- Entre 1/50e R.I. et 6e B.P.T.N.A. ; Les Marles - Les Renesmes - Les Bonshommes - Chaillonnais (ces points inclus au 6e B.P.T.N.A.).
- Entre 6e B.P.T.N.A. et 3e bataillon du 4e Zouaves : Puyraveau - La Motte - Les Elies (ces points inclus au 6e B.P.T.N.A.).
2 – Artillerie :
a) - Préparation de 15 minutes appliquée sur les résistances connues. Cette préparation sera complétée par des tirs de mortiers d' infanterie.
b) - Appui de l’attaque : mêmes tirs maintenus jusqu’à la demande d’allonger le tir par les Chefs de Bataillons d'Infanterie. Ces tirs seront alors reportés à l’Ouest de la ligne de crête Les
Marles - Pouyaud - Medis - Toussauge.
- Ci-joint calque des Tirs.
3 - Génie :
- Les sections de la Compagnie 13e/1 progresseront avec les escadrons de chars auxquels elles sont adaptées pour assurer le déminage.
- La Compagnie 1/151e assurera le déminage sur les axes Saujon - Media - Pompierre - Rangear - Bruzearangear - La Cabane Rouge et le rétablissement de ces itinéraires.
4 - Eléments Réservés :
- 2e bataillon du 4e Zouaves, renforcé d'un peloton de T.D. stationnera à partir de H+1 dans la région de Vertin, prêt à intervenir sur l’axe La Tremblade - Petit Aubat.
- 2 pelotons de T.D. alertés dans leurs bivouacs, prêts à faire mouvement des l'heure H.
VII° - La prise de positions d'avant-postes sera suivie, à bref délai, de l'attaque du réduit qui sera Soumis à une préparation d’artillerie, dès l'enlèvement de la ligne des observations.
- Les mortiers de 81, de la totalité des unités d'infanterie du Groupement, seront poussés en avant Pour participer à cette préparation.
- 1er Bataillon du 4e Zouaves. région de La Plauderie
- 3e Bataillon du 4e Zouaves, région de Médis
- 2e Bataillon du 4e Zouaves, région de Le Clousit
- 6e Bataillon du 4e Zouaves. région de La Rigaudière
- 1/50e R.I., région Est de Brie.
Les objectifs seront indiqués dans un ordre ultérieur.
Déplacement d'artillerie à régler par les soins du Commandant du Groupement d’appui direct.
VIII° - P.C. :
Groupement Nord : - initialement La Pallud
                             - ultérieurement Chaillonnais (1 km S.O. gare de Saujon).
Les Chefs de Bataillon se déplaceront sur leur axe d'attaque.
P.C. en fin d’attaque : - 3e Bataillon 4e Zouaves : Chez Girard
                                 - 6e B.P.T.N.A. : Moquesouris
                                -1/50e R.I. : Région 500m. Est de Brie.

13 Avril 1945.
Mouvement du Régiment qui va sa porter dans la région de Royan. Le P.C. s’installe à Balenzac. Les escadrons de chars prennent leurs quartiers aux environs.
Nouvel ordre d’opérations :

ORDRE D'OPERATIONS N° 3
(2e phase de l’Opération "INDÉPENDANCE")
1 - La conquête du réduit de Royan sera suivie, dans les délais les plus rapides, du nettoyage de la presqu’île d'Arvert, en vue d’empêcher l’ennemi de se rétablir dans le réduit de La Coubre, ou de se replier sur Oléron par la côte d'Arvert.
Mission de la Division : Pointer par tous les itinéraires vers la Pointe de La Coubre, pour y forcer toute résistance ou en prendre le contact. Nettoyer l’ensemble de la zone.
Zone d'action de la Division : Zone située dans l’angle :
Voie ferrée Saujon - La Tremblade - Pte de La Coubre - Église de La Tremblade - Montravail - La Bouverie (tous ces points inclus).
Simultanément, la Brigade OLÉRON, franchissant La Seudre vers La Tremblade et si nécessaire en amont, se portera rapidement sur les plages d’embarquement du Banc de Ronce de la Pte d’Arvert et de la côte d'Arvert, et filera à travers la Forêt de La Coubre au Nord et à l'Ouest de la limite ci-dessus, pour atteindre au plus tôt le réduit de La Coubre.
I - Idée de manœuvre :
Agissant le plus rapidement possible sur les axes :
- Vaux-sur-Mer - Pte de La Coubre (en masquant et neutralisant éventuellement l’Auture).
- Fontbedeau - Etaules - La Tremblade.
S'emparer des batteries côtières de la Pte de La Coubre et du Pavillon.
Donner la main à la Brigade OLERON, et, éventuellement, l’aider à atteindre la Pointe d’Arvert.
II – Dispositif initial :
Il sera constitué pour l’opération, deux groupements aux ordres :
- Groupement Ouest : du Lt-Colonel ROUVILLOIS
- Groupement Est : du Lt-Colonel VERDIER
Composition des groupements :
Groupement Ouest : Moyens radio du 12e Régiment de Cuirassiers
Blindés : - 3 escadrons de chars (12e Cuirassiers moins un escadron de chars moyens)
   - 1 escadron de TD (3e Escadron du R.B.F.M.)
   - 2 pelotons de H.T. du 1er R.S.M.
Infanterie : - 3 bataillons prélevés sur le Groupement GRANGER, à désigner par le Colonel GRANGER.
Génie : - 13e/1 moins deux sections.
Artillerie : - 1 groupe de 105 de l' A.D./2e D.B. (1°).
               - 1 compagnie médicale : compagnie du 13e/2
Groupement Est : (2) Moyens radio du G.T.L.
Blindés : - 12e Régiment de Cuirassiers moins 1 escadron laissé à la disposition du Colonel ADELINE.
             - 4ème Escadron du R.B.F.M. moins 1 peloton laissé à la disposition du Colonel ADELlNE.
             - 2 Pelotons de H.T. du 1er R.S.M.
Infanterie : - 3 bataillons dont 1/56e R.I. et en principe, les 2 et 3/151e R.I.
Génie : - 1 section de la 13/1e (section de reconnaissance) (3)
Artillerie : - 1 groupe de 105 de l'A.D./2e D.B. (40e R.A.N.A.).
Limite entre les 2 groupements :
       St-Sulpice-de-Royan - Le Graillet - au groupement Est
       St-Augustin - au groupement Ouest
       Les Mathes - Groupe de Dire au groupement Est.
Réserve de Division :
       - 1er R.S.M. (moins l’escadron de H.T.)
       - 1 escadron de chars moyens du 12e Cuirassiers
       - 1 bataillon d'infanterie à prélever sur le Groupement du Colonel ADELINE (moyens de transport à prévoir).
Artillerie d’A.E. :
- 1 groupe de 155 C. de l’A.D.10
- Artillerie de Corps et le reste de l’Artillerie GIRONDE, aux ordres de l’Artillerie de Corps, seront déployés au Nord de la Seudre, en mesure d'intervenir :
- au profit de la Brigade OLÉRON – 1ère urgence
- de la Division GIRONDE (groupements Est et Ouest). 2ème urgence.
Mission de Groupements :
- Groupement Ouest - S'emparer le plus rapidement possible des batteries de la Pte de La Coubre et du Pavillon.
- Nettoyer la zone boisée s'étendant à l'Ouest de la ligne générale : Champagnole - St-Augustin - Les Mathes.
Objectif à atteindre : Pte de La Coubre - La Bouverie - Les Étaiens.
- Groupement Est : - Donner le plus rapidement possible la main à la Brigade OLERON.
- éventuellement, l'aider à franchir la Seudre et à atteindre la Pte d'Arvert.
Objectif à atteindre : Dirée - lisières Sud de La Tremblade     éventuellement : Pte d' Arvert.
DATE DE DECLENCHEMENT DE L’OPERATION :
* En principe à D+2 au lever du jour.
* Peut être avancée à D+1 au cas où O1 serait enlevé rapidement.
* De toutes manières, dès l’enlèvement de O1, des reconnaissances appuyées par l’artillerie seront poussées (à l’initiative des Commandants des Groupements Est et Ouest), sur les axes fixés, en vue de prendre le contact des résistances ennemies et d’effectuer s'il y a lieu, des passages à travers les réseaux et champs de mines.
* A partir du débouché de l’attaque, liberté complète d'horaire à chaque groupement.
Groupe d'A.E. : Devra être en mesure de renforcer de ses feux les tirs d’appui directs :
         - du Groupement Est : 1ère urgence
         - du Groupement Ouest : 2ème urgence.
Réserves de Division : Se tiendront prêtes à intervenir en cas de résistances sérieuses au profit de l’un ou l’autre des deux groupements.
- Axe de déplacement : route Royan - St-Augustin - Les Mathes
Liaisons : Axe de déplacement des Groupements.
Groupement Ouest : Vaux-sur-Mer - St-Palais - Pte de la Coubre.
Groupement Est : Saujon – Breullet - Étaules - La Tremblade.
P.C. initiaux : - Groupement Est : Petit Aubat (1 km N.O. de Brie)
                   - Groupement Ouest : Vaux-sur-Mer.
Le maintien de l'occupation du réduit de Royan et le regroupement éventuel des éléments disponibles de la Division, seront l' objet d' ordres ultérieurs.

14 Avril 1945.
Nuit calme. Le matin, attaque d’aviation de grand style, des vagues de centaines de bombardiers déversent des tonnes de bombes sur Royan et la presqu’île d'Arvert. La mission du détachement d'attaque est la suivante :
1° attaque des avants-postes
2° rupture de la ligne principale de résistance
3° exploitation et capture de Royan.
A 6H40, les 3e et 4e Escadrons sont engagés.
- Le 3e Escadron occupe Les Bonshommes, Les Rehesmes, Moquesouris, Kemeuil, poursuit la progression. occupe Pouyaud et pousse jusqu'à Puyraveau.
- Le 4e Escadron se bat pour Médis.
À 12H30, Brie est pris par le Peloton De BRIEY (3e Esc.).
- Le 3e Escadron bivouaque au Sud-Ouest de Les Bonshommes, les fantassins l'ont relevé et occupent le terrain.
Le P.C. du Colonel s'installe pour la nuit, dans les champs, aux environs de Brie.

15 Avril 1945.
Jusqu'à midi, intense bombardement aérien.
Le sous-groupement en 1er échelon (2e Escadron de chars, 1 peloton cle TD, Artillerie, Infanterie et Génie) se déploie dans la plaine au Nord de Pousseau.
Une bataille s'engage sans qu'une décision soit obtenue.
Le P.C. du Colonel a été successivement aux Élies où il a manqué flamber, un avion ayant, par méprise, laissé tomber sur nous des bombes incendiaires, puis à La Renaudière.
Le Commandant De PERSON est tué ; le Lieutenant LENOIR est blessé à l’observatoire de La Renaudière. Le Général LECLERC, qui était présent, et le Colonel ROUVILL0l5 sont indemnes.
Le 3e Escadron est appelé à la rescousse, les TD ayant épuisé leurs munitions.
Il est 17H00. Les zouaves restent cloués au sol, malgré les efforts du Capitaine BIZOT pour les entraîner à l'assaut.
Des chars du 3e Escadron sautent sur des mines.
Bilan : - 1 char détruit (ARGENTON)
           - 30 fantassins hors de combat
           - 200 prisonniers capturés
A 20H19, le Sous-Lieutenant De BRIEY reçoit l’ordre de prendre Maine-Arnaud et de s'installer en défensive face au Sud.
Durant tout l’après-midi, les chars 105 de l'Escadron d'État-Major ont fait merveille sur les blockhaus allemands.
À 20H30, le P.C. s'installe au Pousseau.
- Royan a été atteint à 18H00 par le Capitaine GAUDET.
- Le Sous-Lieutenant De BREY fonce sur Maine-Arnaud. Le CLERY, char de tête du Maréchal-des-Logis GARCIA, détruit plusieurs canons anti-chars.
- Le P.C. quitte Le Pousseau, et marche dans l’axe du 3e Escadron. Il atteint Maine-Arnaud par une nuit noire, et s'y installe. Le 3e Escadron (Peloton De BRIEY) poursuit au delà de Maine-Arnaud.
À 22H00, le char SAINT-CHAMOND II (3e Esc) du Brigadier-Chef De La BOULAYE atteint Royan et est arrêté au centre de la ville par les destructions. Il prend contact avec une patrouille de zouaves. La progression est stoppée. Liaison radio est prise avec l’Escadron GAUDET, entré dans la ville par le Sud-Est.

16 Avril 1945.
L'aviation bombarde à nouveau la Grande Côte au Nord-Ouest de Royan et la forêt domaniale de La Palmyre. Le P.C. stationne à Maine-Arnaud, cependant le Colonel et certains membres de son état-major sont partis dans le sillage du 2e Escadron, qui a pour mission de s'emparer des Mathes. Vers midi le reste du P.C. et l’Escadron d'État-Major se déplacent vers Beaulieu.
La V.T.T. LA ROCHELLE du Corps Franc de l’Adjudant-Chef GAILLIOT saute sur une mine.
- Le 2e Escadron s' empare de Vaux-sur-Mer puis de Beaulieu.
- Le 3e Escadron se porte sur La Palud et l’atteint à 15H30.
- Le 2e Escadron poursuit bon train sa progression - Laffont et Charosson sont pris.
- Le Colonel est dans l’axe du 2e Escadron qui marche en direction de Saint-Augustin.
Installation du P.C. à Saint-Augustin, tandis que l’Escadron BRIOT pousse jusqu'aux Mathes, qu'il occupe après avoir enlevé et nettoyé La Passe.
- Le 3e Escadron, pendant ce temps, est aux prises avec de sérieuses difficultés.
Le Sous-Lieutenant POOLE qui avait progressé à partir de La Palud, est stoppé par le tir très nourri des batteries côtières installées entre le Fort Mon Fre et le Feu de La Falaise. POOLE se déploie sur l'aérodrome au Sud-Ouest de La Palud, mais les mines arrêtent sa progression.
Les TD appuient l’Escadron KREBS en tirant sur de gros ouvrages.
Malheureusement, certains d'entre eux sautent sur des mines. Pour évacuer les blessés des TD, le Lieutenant KREBS est obligé de demander l’appui de l’Infanterie.
À 20H30. KREBS reçoit le Capitaine BELVALETTE qui lui remet un message à communiquer à l’Officier Allemand, commandant la résistance, en vue de sa reddition.
Le Sous-Lieutenant KERHUEL est envoyé en plénipotentiaire. L'Officier de Marine Allemand, commandant le bastion, refuse catégoriquement de se rendre. Un armistice est conclu jusqu'à 01H30.
Le Sous-Lieutenant KERHUEL rend compte au Lieutenant KREBS et signale que les dégâts causés aux allemands sont sérieux : blockhaus brûlés, pièces hors de combat, tués et blessés.
A 21H00, l’escadron se replie et va s'installer à Saint-Augustin.

17 Avril 1945.
Le 3e Escadron quitte la zone des combats et s'installe à Saint-Césaire. C'est aujourd’hui qu'est prévue l’offensive contre les Forts de La Coubre. Ci-dessous, ordre d’opération :
ORDRE GÉNÉRAL D'OPÉRATIONS pour la journée du 17 Avril 1945
I - Renseignements sur l’ennemi :
Le 16, en fin de journée, la Division occupe l’ensemble de la partie Nord-Est de la presqu'île d'Arvert. Elle est en voie d'occuper la rive Nord face à Oléron.
Il semble que l’ennemi ait pu regrouper une partie de ses éléments et constituer des îlots de résistances sérieux :
- sur la live Sud de la Pte de La Goubre dans ouvrages S 13 - S 11 - S 9, où il peut y avoir 800 à 1000 hommes.
- à l’Auture et à la Grande Côte.
- dans la région de Pontaillac, où serait l’Amiral MICHAELES.
II - Ces îlots de résistance seront réduits progressivement les uns après les autres, en commençant par le Nord.
Tous les éléments de feu disponibles seront groupés à cet effet, à savoir :
- A.D. : 1 groupe de 155 C.
           1 groupe de 105.
- A.L.C.A. : 1 groupe de 155 C U.S., type Howitzer.
               au moins 1 groupe de 155 longs U.S..
             le groupe de 203.
- Engins MENUEL : Reliquats disponibles sous les ordres du Lieutenant DESAINT.
Tous ces éléments devront être prêts à entrer en action à partir de 09H00 sur l’ensemble des ouvrages S 13 - S 11 - S 9.

III - Le Colonel ROUVILLOIS prendra, dès le reçu du présent ordre, le commandement de son groupement et du Groupement du Lieutenant-Colonel VERDIER.
Il laissera sur l’axe Breuillet - Arvert - La Tremblade, les éléments nécessaires à l’occupation et au nettoyage de la zone anciennement attribuée au groupement du Lieutenant-Colonel VERDIER.
Avec le reste des éléments placés sous ses ordres, il aura pour mission :
- dans la matinée : 1) de prendre Contact dans la partie Nord de la Forêt de La Coubre, avec des éléments de la Brigade OLÉRON, chargés d' occuper la rive Nord de la presqu'île.
                            2) de nettoyer les résistances isolées de la Forêt de La Coubre, au Nord du réduit de la Pointe de La Coubre (notamment ouvrages de la Maison Forestière de Pavillon.)
- à 14H00 : attaquer le réduit de La Coubre.
La préparation de cette attaque comportera :
1) des tirs de destruction des casemates à effectuer par le groupe de 203.
2] des tirs de harcèlement d'artillerie (calibre égal ou intérieur au 155).
3) des tirs de bombes "MENUEL ".
Tirs à exécuter dès 09H00 ou sinon, au fur et à mesure de la mise en place des pièces.
4) une intervention massive de la Tactical Air Force qui prendra fin à midi.
5) une intervention de bombardiers en piqué qui prendra fin à 15H00.
6) un tir de neutralisation aussi dense que possible, de 20 minutes, comportant 5 mn de tir à cadence rapide. 10 mn à cadence lente. 5 mn à cadence rapide. et qui aura lieu de 13H40 à 14H00.
IV - Le but de l’attaque est d’obtenir la reddition de la garnison. En cas de réaction trop vive de l’ennemi, l’infanterie s'établira à distance de sécurité des tirs d'artillerie, soit à 600 mètres du réseau de champs de mines extérieur du réduit, de façon à bloquer complètement la garnison et à la harceler de ses tirs.
V - Un P.C. avancé de la Division fonctionnera à partir de 10H00 au Maine-Arnaud.
- Une ligne téléphonique est tendue entre Saint-Augustin et La Résinerie, puis elle est poussée jusqu'à La Mélanie, aux environs de quoi le Colonel a l’intention de transporter son P.C. avancé. Il donne les ordres suivants :
ORDRE - Journée du 17 Avril
I- intention : Après la concentration artillerie et bombardement en pique (en serrant au plus près de la préparation d'artillerie et bombardement en piqué), et avec appui de base de feux de chars, par un groupement de 3 détachements Nord-Sud et un groupement Est-Ouest : attaquer le réduit de La Coubre.
Heure de débouché : 15 Heures 00.
II - Répartition des moyens et missions :
a) Groupement Nord : aux ordres du Commandant MARlON (attaque Nord-Sud par 3 détachements)
- Détachement Ouest : ligne forestière : Cdt GOVYS
- 1 Bataillon de Destroyers T.E.
- 1 compagnie du Bataillon GOVYS
- 1 escouade du Génie/2e D.B.
- Détachement Central : Départ 500 m. Est ligne forestière
- 1 peloton de T.D.
- 1 compagnie du Bataillon GOVYS
- 1 escouade du Génie/2e D.B. aux ordres du Lieutenant de Vaisseau MOREAU.
- Détachement Est : sur route 1.500 m. Est ligne forestière
- 1 peloton de chars 105
- la compagnie de Zouaves
- 1 escouade du Génie/2e D.B. aux ordres du Capitaine commandant la compagnie.
- Réserves à la Maison Forestière au Pavillon :
- Escadron DETURBET
- 2 escouades de déminage-sapeurs.
- P.C. : MARION : axe central
- Artillerie : liaison : Capitaine GEVET.
- Base de feu : PARCEVÀUX - Manchon 28.1 et manchons définis par Courbe 20.
- Base de départ : Tranchée de feu Sud de 27.2
- Neutralisation par explosifs et fumigènes de S. 9 à S. 11
- Mise en place - marche parallèle au détachement DETURBET
- sur les tranchées de feu parallèles à l’axe Est.
b) Groupement Est : aux ordres du Commandant CHATEAU-RENAUD. Capitaine JUIF adjoint.
   Axe : voie ferrée
- Artilleur de liaison : Capitaine JUIF
- Moyens : Bataillon moins 1 compagnie, plus 2 escouades
- Déminage : Génie
- Base de départ : carrefour 400 m. Sud-Ouest 15.6
- Appμi d’artillerie :
1° - concentration jusqu'à H
2° - fumigènes nourris sur les 3 axes à 100 m. du champ de mines de H à H+45 (mélange d’explosifs et de fumigènes de H a H+20).
3° - de H+45 à H+1 tir fumigènes sur ouvrages côtes (H+45 à H+50 mélange d' explosifs).
P.C. ROUVILLOIS : à partir de 14H00 cote 12.7 à 1500 m. Ouest de La Résinerie.
Il s' agit de taire tomber les Forts de La Coubre sans pertes inutiles, ni supplémentaires. Les chars 105 du Lieutenant BESNIER sont mis a la disposition du Capitaine CAVAILLÉ. À partir de 15H00, le P.C. du Colonel est installe à 800 m. S.O. de La Mélanie.
Après-midi silencieux.
En réalité des pourparlers ont lieu avec les Allemands, par l’intermédiaire de l'aspirant NACU-BHEZILLON pour les amener à capituler.
19H00, tout le P.C. se déplace pour passer la nuit aux Mathes. Un armistice a été conclu avec les Allemands. lls donneront une réponse demain à 07H00, faute de quoi, le combat reprendra.
Les détachements CAVAILLÉ et MARION restent toute la nuit sur leurs positions.
Allégresse aux Mathes.

18 Avril 1945.
Reddition de la garnison allemande des Forts de La Coubre. Une haie dite d’honneur est formée sur le passage de l'ennemi qui va se rendre. Participant a cette cérémonie. des détachements de toutes les unités qui ont contribué à faire capituler l'ennemi.
Le Général De LARMINAT est présent. Les Allemands passent en colonnes, alignés devant nous et notre matériel. Les Officiers allemands saluent à l’Hitlérienne. Il règne un grand silence.
Vers 10H30, visite des fortifications, de la côte, pilotés par des Officiers allemands. Il y a des marins anglais dans le groupe des visiteurs. L'aviation a littéralement bouleversé le terrain.
À 13H00, retour sur Burie. Le Régiment est de nouveau regroupé dans les cantonnements.
La nouvelle circule, que nous partons pour l’Allemagne. Des G.T. voisins ont déjà amorcé leur mouvement.
Comme toujours, le matériel chenillé part en chemin de fer par Saintes ; le matériel à roues partirait par la route.

19 Avril 1945.
Obsèques solennelles du Commandant De PERSON, en présence de sa femme venue d'Angleterre, en l’Abbaye de St-André de Sablonceaux.

20 Avril 1945.
À Burie, dans l’église, absoute en mémoire du Commandant De PERSON. Grand concours d'autorités civiles et militaires.

21 Avril 1945.
Obsèques en l’église de La Chapelle-des-Pots, du Sous-Lieutenant MATHIEU et du Cuirassier MALHERBE du 2e Escadron, tués au cours des opérations de Royan.
Inhumation au cimetière militaire du F.C.M. 4.

22 Avril 1945.
Aux Mathes, le Général De GAULLE passe en revue les troupes ayant participé aux opérations de Royan.
Remise de décorations. Le Sous-Lieutenant MERCIER du 3e Escadron, grièvement blessé, reçoit la Légion d’Honneur à l'hôpital de Saintes, des mains du Général De LARMINAT.
Visite des blessés du Régiment au F.C.M. 4 :
- Capitaine LENOIR
- Brigadier-Chef PONS.

 

 ORDRE DE BATAILLE DU 12e REGIMENT DE CUIRASSIERS

 

ETAT MAJOR :

 

 

M 3 A3

01

420595

METZ

 

 

M 3 A3

02

420590

NANCY

 

 

M 5 A1

02

 

NANCY II

 

 

M 3 A3

03

420591

COLMAR

 

 

M 3 A3

04

420594

STRASBOURG

 

 

M 5 A1

04

 

STRASBOURG II

 

 

M 4 A1

05

 

EPERLAY

 

 

M 4 A2

06

420934

FEZ

 

 

M 4 A2

07

420936

DJEMILLA

 

 

M 4 A3

07

95071

DJEMILLA II

   

M 4 A2

08

420933

RABAT

 

 

M 4 A3

08

 

RABAT II

   

M 4 A2

09

420942

MEKNES

 

détruit au Pont de Kehl le 23 11 1944

M 4 A1

09

 

MEKNES II

 

 

M 4 A3

 

 

PAQUIN

 

 

M 4 A3 105mm

 

 

St DENIS

 

détruit le 10 08 1944

M 4 A3 105mm

 

 

St DENIS II

 

 

M 4 105mm

 

1001033

St DENIS III

 

 

M 4 A3 105mm

 

90110

SARREGUEMINES

 

 

M 4 A3 105mm

  96918

SARREGEMINRES II

   

M 4 A3 105mm

 

 

CHERBOURG

 

détruit au Pont de Kehl le 23 11 1944

M 4 A3 105mm

 

 

PONT DE KEHL

 

 

1er ESCADRON DE COMBAT :

 

 

M 3 A3

12

420740

BORDEAUX

 

détruit le 10 08 1944

M 5 A1

12

 

BORDEAUX II

 

 

M 3 A3

17

420462

GRENOBLE

 

 

M 5 A1

17

96355

HOUECOURT-MADELON

 

 

M 3 A3

 

421069

LA MOUSSON

 

 

M 4 A3 105mm

 

96030

ORAN

 

 

1er PELOTON :

 

 

 

M 3 A3

2

420461

SAINT ETIENNE

 

Réformé le 15 08 1944

M 5 A1

2

95433

SAINT ETIENNE II

   

M 5 A1

3

95437

ALBI

   

M 3 A3

4

420446

MARSEILLE

   

M 3 A3

5

420452

CONSTANTINE

   

M 5 A1

5

95435

CONSTANTINE II

   

M 3 A3

6

420464

ORANGE

 

 

M 5 A1

 

96354

ORANGE II

 

 

M 3 A3

 

420686

ROCAMADOUR

 

 

2ème PELOTON :

 

 

 

M 3 A3

7

420589

TARBES

 

Réformé le 01 11 1944 

M 5 A1

7

96006

LUCE

 

 

M 3 A3

8

420689

PAU

 

détruit le 15 08 1944

M 5 A1

8

95083

SAINT-AIME

 

 

M 3 A3

9

420444

UZES

 

Réformé le 01 11 1944 

M 5 A1

9

96029

GIRONCOURT

 

détruit le 7 12 1944

M 5 A1

9

 

FRIESENHEIM

 

 

M 3 A3

10

420442

FOIX

 

 

M 5 A1

10

96005

CHERANCE

 

 

M 3 A3

11

420449

EL GOLEA

 

Réformé le 10 11 1944  

M 5 A1

11

 

MONSWEILLER

 

 

M 5 A1

13

96028

NICE 2

 

 

3ème PELOTON :

 

 

 

M 3 A3

12

420682

ALGER

 

Réformé le 10 08 1944  

M 5 A1

 

95084

ALGER II

 

 

M 3 A3

13

420687

NICE

 

détruit le 10 08 1944

M 5 A1

 

95431

LIMOGES

 

détruit le 23 09 1944

M 5 A1

   

LIMOGES II

 

Réformé le 20 11 1944 

M 5 A1

 

 

DAUBENSAND

 

 

M 3 A3

14

420593

ISTRES

 

 

M 5 A1

14

95434

ISTRES II

 

 

M 5 A1

 

L1001330

BERTRICHAMPS

 

 

M 3 A3

15

420477

LYON

 

 

M 5 A1

15

95085

LYON II

 

 

M 5 A1

15

 

LYON III

 

 

M 3 A3

16

420465

HYERES

 

Réformé le 25 09 1944  

M 5 A1

 

 

LARONXE

 

 Réformé le 25 11 1944 

2ème ESCADRON DE COMBAT :

 

 

M 4 A2

18

420771

PARIS

 

 

M 4 A2

 

96015

PARIS II

 

Détruit le 22/11/1944

M 4 A2

19

420835

SAINT-CYR

 

 

M 4 105mm

 

90543

ILE DE SEIN

 

détruit le 01 12 1944

1er PELOTON :

 

 

 

M 4 A2

20

420833

LISIEUX

 

détruit le 14 04 1945

M 4 A1

 

 

VIEUX-PONT

 

 

M 4 A2

21

420819

DIEPPE

 

 

M 4 A2

22

420897

ROUEN

 

 

M 4 A2

23

420923

CAEN

 

 

M 4 A2

24

420898

EVREUX

 

 

M 4 C 105mm

 

90110

SARREGUEMINES

 

détruit le 20 12 1944

M 4 A3 105mm

 

96918

SARREGUEMINES II

 

 

2ème PELOTON :

 

 

M 4 A2

25

420902

COMPIEGNE

 

détruit le 11 08 1944

M 4 A2

26

420906

CHARTRES

 

détruit le 11 08 1944

M 4 A3 76mm

26

95082

FYE

 

 

M 4 A2

27

420900

DIJON

 

détruit le 11 08 1944

M 4 A2

28

420895

REIMS

 

détruit le 11 08 1944

M 4 A3

28

96045

REIMS II

 

détruit le 01 12 1944

M 4 A3

28

 

REIMS III

 

 

M 4 A2

29

420918

SOISSONS

 

détruit le 30 10 1944

M 4 A3

29

96035

SOISSONS II

 

 

M 4 A2

 

420917

LORIENT

   

3ème PELOTON :

 

 

 

M 4 105mm

 

95073

CHERBOURG

 

 

M 4 A2

30

420977

NORMANDIE

 

 

M 4 A2

31

420784

PAIMPOL

 

détruit le 11 08 1944

M 4 A.

31

96008

PAIMPOL II

 

 

M 4 A2

32

420899

BREST

 

détruit le 11 08 1944

M 4 A2

33

420916

RENNES

 

détruit le 25 08 1944

M 4 A?

33

95440

RENNES II

 

 

M 4 A2

34

420896

QUIMPER

 

détruit à Paris le 25 08 1944

M 4 A2

 

420932

St WAAST

 

détruit le 27 08 1944

M 4 A3

 

96016

St LO

 

 

M 4 A2

 

420975

BAYEUX

 

 

3ème ESCADRON DE COMBAT :

 

M 4 A2

50

420758

DURTAL

 

 

M 4 A2

51

420806

SAUMUR

 

détruit le 22 09 1944

M 4 A3

 

 

RABAT II

 

 

M 4 A2

 

 

CARENTAN

 

 

M 4 A3 105mm

 

 

CENTAURE

 

 

1er PELOTON :

 

 

 

M 4 A2

35

420849

AMBOISE

 

 

M 4 A2

36

420790

ANGOULEME

 

 

M 4 A2

37

420894

AUBUSSON

 

 

M 4 A1

37

 

AUBUSSON II

 

 

M 4 A2

38

420846

ANGERS

 

 

M 4 A2

39

420845

ARGENTON

 

détruit le 14 04 1945

M 4 A1

39

 

ARGENTON II

 

 

2ème PELOTON :

 

 

 

M 4 A2

40

420847

BRIVE-LA-GAILLARDE

 

 

M 4 A2

41

420893

BRANTOME

 

détruit le 11 08 1944

M 4 A3

41

 

BRANTOME II

 

 

M 4 A2

42

420908

BLOIS

 

détruit le 11 08 1944

M 4 A2

42

 

CHAMPFLEUR

 

détruit le 22 09 1944

M 4 A3

42

 

CHAMPFLEUR II

 

 

M 4 A2

43

420922

BAIGNES

 

détruit le 25 09 1944

M 4 A3

43

 

BAIGNES II

 

 

M 4 A2

44

420848

BOURGES

 

détruit à Champfleur le 11 08 1944

M 4 A3

44

 

BOURGES II

 

 

3ème PELOTON :

 

 

 

M 4 A2

45

420910

CLERY

 

 

M 4 A2

46

420843

CHINON

 

réformé le 15 08 1944

M 4 A3

46

96012

BOURG-LA-REINE

 

détruit à Phalsbourg le 21 11 1944

M 4 A1

46

 

BOURG-LA-REINE II

 

 

M 4 A2

47

420901

CHOLET

 

détruit à Bourg le Roi le 13 08 1944

M 4 A.

47

 

BOURG-LE-ROI

 

détruit à Paris le 24 08 1944

M 4 A.

47

 

BOURG-LE-ROI II

 

 

M 4 A2

48

420913

SAINT-CHAMOND

 

détruit le 29 11 1944

M 4 A3

48

 

SAINT-CHAMOND II

 

 

M 4 A2

49

420841

CHAMBORD

 

détruit le 11 08 1944

M 4 A3

49

 

CHAMBORD II

 

 

M 4 A3 76mm

 

 

LICORNE

 

 

4ème ESCADRON DE COMBAT :

 

 

M 4 A2

52

420789

VERDUN III

 

détruit le 28 11 1944

M 4 A1

52

 

VERDUN IV

 

 

M 4 A2

53

420805

NANCY III

 

 

M 4 A3 105mm

 

 

COUTANCES

 

 

1er PELOTON :

 

 

 

M 4 A2

54

420903

VILLERS-BRETONNEUX

 

détruit le 11 08 1944

M 4 A3

54

 

CARROUGES

 

 

M 4 A2

55

420788

BERRY-AU-BAC

 

 

M 4 A2

56

420939

CHARLEVILLE

 

 

M 4 A2

57

420907

LILLE

 

 

M 4 A2

58

420948

VITRY-LE-FRANCOIS

 

détruit le 28 11 1944

M 4 c

 

 

WISSEMBOURG

 

 

2ème PELOTON :

 

 

 

M 4 A2

59

420905

BELFORT III

 

détruit le ?

M 4 A1

59

 

BELFORT IV

 

 

M 4 A2

60

420947

GERARDMER

 

 

M 4 A2

61

420912

BESANCON

 

 

M 4 A2

62

420927

RETHEL

 

 

M 4 A2

63

420944

ABBEVILLE

 

détruit le 11 08 1944

M 4 A1

63

 

ABBEVILLE II

 

 

3ème PELOTON

 

 

 

M 4 A2

64

420831

AMIENS II

 

 

M 4 A2

65

420915

LUNEVILLE

 

détruit le 11 08 1944

M 4 A1

65

 

LUNEVILLE II

 

 

M 4 A2

66

420904

MONCORNET

 

détruit le 11 08 1944

M 4 A3

 

 

MONCORNET II

 

 

M 4 A2

67

420926

DUNKERQUE

 

détruit le 11 08 1944

M 4 A2

67

 

DUNKERQUE II

 

 

M 4 A1

67

 

DUNKERQUE III

 

 

M 4 A2

68

420607

BACCARAT

 

 

M 4 A1

 

 

OSTHOUSE