JOURNAL DE MARCHE DU
 
7e REGIMENT DE CHASSEURS D'AFRIQUE

 

 


Par décision du général d’Armée Major des forces terrestres est crée à la date du 1er avril 1943, une unité de tradition venant des Chantiers de la Jeunesse Française qui prend l’appellation de 7e Régiment de Chasseurs d’Afrique. Le régiment garde la tradition des Chantiers en portant son fameux béret vert et le Lieutenant-colonel Van Hecque, ancien commissaire des "Jeunesses" en Afrique du Nord, obtient l’honneur de commander le régiment qui devient régiment de Chasseurs de Chars.
Le régiment, très animé de l’esprit de revanche, s’installe dans la province d’Alger, à Ben Chicao. Il se prépare au combat, utilisant les compétences des jeunes des Chantiers d’Afrique du Nord, renforcés par les évadés de France par l’Espagne. Le 24 juin 1943, le régiment est passé en revue sur l’aérodrome de Bouffarik par SM le roi d’Angleterre, accompagné du Général Giraud. Le 14 juillet il défile à Alger devant le Général de Gaulle. D’abord incorporé à la 1ère D.B., il devient unité de réserve générale, adapté à la 3e D.I.A. pendant les opérations de 1944-1945.

CAMPAGNE D'ITALIE

Embarqué à Arzew le 27 décembre 1943, il débarque à Naples et Brindisi le 1er janvier 1944 et rejoint la zone des combats de Venafro pour combattre au sein du Corps Expéditionnaire Français (C.E.F.). Le régiment reçoit tout d’abord une mission de tir sur le mont Marino et le village d’Aqua Fontada occupés par les Allemands et que la 3e DIA doit attaquer. Le tir est déclenché le 12 janvier à 12h00 car l’ennemi a perdu des hauteurs très importantes et plusieurs localités. Le 15, le régiment est soumis à un violent bombardement de 23 h à 6 h du matin. Le 7e R.C.A. participe à l’attaque de la 3e D.I.A. sur Cassino et le Belvédère. Des éléments à pied du régiment renforcent une attaque d’infanterie sur le Monte Marino. En février, les attaques sont reprises par les Anglais et les Américains. Le Général Juin commandant le C.E.F. inspecte les éléments du régiment stationnés au Sud de Venafro et les félicite de leur belle tenue au combat, en particulier aux cours des opérations de la prise de Marino.
Le 11 mai 1944, c’est le jour J de la grande offensive qui va amener le C.E.F. jusqu’à Sienne. Les escadrons traversent le Garigliano et début juin participent à l’offensive sur Rome. La lutte est opiniâtre, le terrain est truffé de mines anti-char et de grosses destructions ralentissent la progression. Castelfore, Esperia, Pico, Radicofani sont autant de victoires au crédit du 7e R.C.A. Finalement le régiment se regroupe à Martapuis fait mouvement sur Villa Literno. Les pertes du régiment : 7 officiers, 52 gradés et chasseurs ont été tués mais il a détruit 30 chars ennemis et fait plus de 200 prisonniers. Regroupé à Tarente le 22 juillet, il embarque le 10 août 1944 pour arriver au large des côtes françaises le 16 août 1944.

CAMPAGNE DE FRANCE

L’E.H.R., les 2e et 4e escadrons débarquent à Saint-Tropez le 17 août, le 1er escadron à Cavalaire le 21, le 3e escadron à Marseille le 20 septembre 1944. Le régiment participe à la libération de Toulon, s’infiltre par le Nord après avoir atteint le Fort de Pierredon. Les équipages progressent dans la ville enfonçant les barrages qu’ils ne peuvent détruire et le 23 août le premier char arrive place de la Liberté au cœur de la ville ouvrant la porte aux colonnes qui s’engouffrent dans Toulon. Dés lors, c’est l’occupation de la région qui est entreprise, vers Bandol, Marseille, Aix en Provence puis en septembre Bourg Saint Maurice. Il traverse le Jura et au mois d’octobre le 7e RCA se trouve dans les Vosges. Une période difficile s’ouvre devant lui, mais il a l’honneur de compter parmi les premiers éléments français pénétrant en Alsace. 

Notes du Capitaine PETIT 4e Escadron           (Source Bulletin de L'Amicale du 7e RCA 2013)

10 août 1944 :
En mer, sur le "Fort Gaspéreau", le Cne nous réunit devant une carte du sud de la France où des flèches indiquent notre prochaine invasion de la côte méditerranéenne.
16 août :
Nous longeons la Corse de nuit et filons vers Saint-Tropez. Les nouvelles sont bonnes, je classe les cartes du Cne, dans le half-track "Dunkerque". A 16h dans le golfe de Saint-Tropez, pas de bruit de combat et au crépuscule nous touchons le fond à 150 m de la plage que le Génie aménage. A tribord, une usine, un fortin, 100 m derrière une passerelle relie la terre à un ponton, plus loin une passerelle détruite. Nous touchons terre entre les deux. Saint-Tropez s'étend dans une crique dominée par une forêt de pins. Paysage charmant, je n'ai encore aperçu aucun civil, sauf une fille à vélo sur la route le long du rivage. Les allemands se sont repliés sur Toulon, mais après avoir jeté l'ancre sept avions boches apparaissent et larguent bombes et grenades. La DCA réagit, deux avions sont abattus, aucun navire n’est touché. Nous craignons une autre attaque, les cibles ne manquent pas, des bateaux dans la baie par centaine.
17 août :
Nous dégageons les cales. Le Slt de Rochambeau et sa jeep "Dulcinée" touchent la terre de France. L'après-midi une cale est déchargée. Les véhicules sont arrimés aux filins et treuillés dans une barge qui, une fois chargée fonce vers la plage, abat l’avant, et les véhicules s'élancent dans 50 cm d'eau sur la rive aménagée par le Génie. Tout se déroule bien, sauf un orage et la foudre touchant une dizaine de saucisses qui s’enflamment. Jusqu'à minuit 4 alertes aériennes, pas d’avion.
18-19 août :
Déchargement de la deuxième cale. Je surveille le débarquement et "Dunkerque" roule déjà. Les rotations de la barge sont lentes, mais les nouvelles sont bonnes. Le front de la 3e DIA va en demi-cercle de Cannes à Toulon et on accélère la mise à terre d'unités pour occuper le terrain. Dans la matinée le Cne rejoint l’escadron et à 12h je pars le rejoindre dans le half-track "Dupleix" avec le bouc "Pico", récupéré au cours des combats. Emotion intense, enfin la France ! Mes pensées vont vers ma famille… A l’escadron, près de Cogolin, je peux fouler le sol de ma chère Patrie et recueillir un peu de terre pour la répandre sur la tombe de ma mère au retour à Alger. En lisière de bois le cantonnement s'organise, tente vite montée, lit de camp installé. (Ce lit a une histoire. Au départ de Brindisi, une partie du pont et une cale sont affectés aux troupes françaises. A bord, des américains convoient du matériel sur GMC, dont des lits de camp. Notre Intendance ne met pas à notre disposition ce "meuble" de confort répandu chez nos alliés. Un cavalier débrouillard découvre par où l'équipage passe pour les visites de sécurité et repère l'itinéraire allant à nos engins. Il pense emprunter un lit de camp et m'en parle. Au débarquement nous opérons le transfert de propriété). Le Cne m’envoie à Grimaud pour faire du pain avec notre farine. Je trouve une boulangerie : "Bonjour, pourriez-vous faire du pain pour mon unité ?" Air ahuri : "Impossible, je n'ai pas de farine". "Je la fournis". Marché conclu, je récupère la farine, la livre au boulanger, qui s’extasie devant la belle farine! Je récupère le pain le 19, un bon pain fabriqué en France. Une première distribution a lieu. Quel plaisir en croquant ce pain ! Le reste, évalué à une semaine, est mis dans un GMC. Je descends ensuite dans une vigne en contrebas et cueille les premiers raisins savourés en France. Mais les chars débarquent, à 12h le Cne m'appelle, nous partirons bientôt.
20 août :
9h30 départ de Grimaud, au compteur de "Dunkerque" 2.650 miles, Pujet-Ville, Les Mayons, Gonfaron, Pignans, Carnoules, Rocbaron, Signes, Le Camp. Les équipages souffrent de conjonctivite, une équipe sanitaire diagnostique une irritation par la poussière de bauxite. Lavage d'yeux, collyre, nous repartons. 18h30, Brulat, libéré depuis 14h, nous y passons la nuit. 2.707 miles au compteur.
21 août:
5h30 départ, 6h à Beausset avec les 2e et 3e Spahis. Passage par les gorges d'Ollioules, minées. A Ste Anne nous contournons par un chemin au pied de la Barre des Aiguilles face au fort du Pipaudon et retour sur la route. C'est là qu’est tué le Mdl Magnien, originaire de Toulon, premier mort de l'escadron en France. Il chantait souvent "Mon petit cabanon" et n'aura pas la joie de revoir sa ville natale. Nous atteignons Broussan, le col du Corps de Garde, les Pomets, sous des tirs d'artillerie et d'armes automatiques, dont "Dunkerque" porte les traces. Les boches tiennent solidement les forts. Les blessés et les morts sont nombreux, dont Simoni du 3e peloton. Les allemands ont même tiré sur les prisonniers, tuant un des leurs et un tirailleur qui les convoyait. Journée terrible ! Vivement que Toulon tombe. Il vaut mieux la montagne que ces forts, d'où l'ennemi cartonne. Nous passons la nuit aux Pomets.
22 août :
Un PC, 3e Tirailleurs, 3e Spahis et 7e R.C.A. s’installent entre Les Pomets et les Quatre Chemins, "Dunkerque" à 50 m pour faciliter les liaisons. Au compteur 2 720 milles, 113 km depuis Cogolin. Un obus éclate à 10 m, un deuxième passe au dessus et explose sur un talus voisin. "Vitiello, lâche le frein et avance". "Dunkerque" fait quelques mètres, un troisième obus explose où nous étions. Je gare mon blindé derrière un muret et prévient le Cne du changement. Les officiers, plongés dans l'examen d'une carte, n’ont pas réalisé la proximité des coups. Vers 9h les tirs cessent, Toulon est pratiquement encerclé, il ne reste aux boches que la route côtière vers Marseille ou peut-être par Ollioules.
23 août :
L'artillerie allemande tire toute la journée. Le Ltn René, 1er peloton, encerclé en ville avec un TD au canon HS et un char des spahis en panne d'essence, est dégagé par des blindés de la colonne Brossette. Après l’incident le Ltn René et le Mdl Ambrosini plantent un drapeau français sur les ruines de la Préfecture maritime et s’installent à 100 m en point d'appui, soutenus par les civils. Puis des AM de la colonne Brossette ont mitraillé et incendié l'arsenal. Plus d'une centaine de boches se sont rendus.
24 août :
10h30, le groupe de commandement est encore au P.C. entre Les Pomets et Quatre Chemins. Le Cne est parti avec le scout-car de l'infanterie et deux TD pour rejoindre le Ltn René et "coiffer" les résistances du secteur. Gêné par des antichars de 37, des mitrailleuses lourdes et des mortiers, il contourne pour rejoindre la Préfecture Maritime. J'apprends que le fort Ste-Catherine s’est rendu, que Paris, Marseille, Bordeaux, sont libérés. Bloqués à Toulon nous risquons de ne pas participer à la libération de la France. Patience !
25-28 août :
Nous sommes relevés par la D.I.M., sortons de Toulon par les gorges d'Ollioules pour Le Brulat. Pour la deuxième fois les habitants nous reçoivent chaleureusement. Dans la soirée je vais au Beausset avec des camarades boire un pastis. Le 27 nous quittons Le Brulat pour Aubagne et Allauch où nous bivouaquons. Accueil toujours sympathique. Le 28 je déjeune et soupe chez le facteur des Quatre Saisons à 300 m du bivouac. Le facteur a été emprisonné pendant cinq mois pour détention de tracts.
29 août :
Défilé à Marseille. En attendant la revue, face à la Chambre de commerce, près de l'endroit où Alexandre 1er et Barthou furent assassinés, je vois passer mon cousin Albert Cor qui a quitté Alger le 25 avec la mission financière. Nous bavardons un moment et le Cne m'autorise à passer l'après-midi à Marseille où nous convenons de nous retrouver à 15h au Splendid-Hôtel. Albert y dispose d'une chambre. (Aspirant au 1er régiment de Zouaves, il est affecté à la Mission financière du théâtre d'opérations Sud pour diffuser les instructions du gouvernement aux établissements financiers des régions libérées). Le défilé terminé je pars à la recherche d’amis de mes parents rue Albrand, mais ils seraient à Allauch, coïncidence ! A 15h je rejoins Albert. Nous passons l'après-midi et dînons dans un cercle militaire. A 21h30 je rentre à Allauch en stop.
30 août - 2 septembre :
Je retrouve les amis à Allauch. Retour à l'escadron pour le départ. Dans la soirée nous arrivons à Gréasque. Le 31, match de foot contre l'équipe du village, le soir bal sur la place. Départ de Gréasque le 1er septembre, vers Aix-en-Provence, nous remontons la Durance, traversons sur un pont de bateaux à Ste-Madeleine, puis Manosque, Sisteron, Serres et Aspres dans la nuit. La progression reprend le 2. Vers 15h, l’escadron longe le village du Gua, 20 km sud de Grenoble, après Pont de Claix, contourne Grenoble vers Saint-Pierre d'Albigny, où nous arrivons à la nuit noire, sous une pluie battante. Nous trouvons asile dans un ancien collège religieux.
3 septembre :
L’escadron moins le 1er peloton, plus un peloton de reconnaissance du 1er escadron, est intégré à la colonne du Lcl Goutard du 3e RTA. Objectif col de la Faucille. Derrière nous Le Bourget nous acclame alors que la colonne avance vers le tunnel du Chat, dont l’accès paraît libre, mais que peut cacher sa gueule noire ? Quelques minutes d'observation, nous nous engageons avec un brin d'appréhension. Il ne faudrait pas qu'il soit miné, que l'ennemi nous réserve un mauvais sort à la sortie. Le passage s'effectue sans problème, les boches se sont retirés. A Yenne, Lucey, Rives, Rochefort, enthousiasme partout. 13h40, nous sommes près d'un pont à 7 km au Nord de Rochefort, et à 62 km de Genève.
4 septembre :
La colonne reconnaît Culoz, Béon, Artemare, Don, Fitignieu, Lompnieu, Hotonnes, le col de Richemont, Billiat, Arlod et Bellegarde, sous des tonnerres d'applaudissements. A Bellegarde un cortège s'approche de nous, en tête une femme cheveux rasés, une mèche avec un ruban rouge sur le crâne, est poussée sous les quolibets de la foule. La malheureuse paie pour avoir un peu trop "fréquenté" les boches ! Nous rejoignons Longeray, Collonges, Logras et Gex, 40 km nord-est de Bellegarde, où nous passons la nuit dans une école. L'approvisionnement en essence n'a pas suivi, une partie de la colonne est bloquée à Gex.
5 septembre :
Les chars sont vers le col de la Faucille. Au village nous trouvons du pain à volonté. Hier et ce matin, repas au restaurant : œufs, jambon, bœuf, pommes de terre, tomates, fromages. Gex est un joli village, calme, reposant, le soleil brille, le coin est vraiment délicieux. 12h30, l'essence arrive, les pleins faits nous démarrons. 19h nous sommes au hameau des Pontets, près de Mouthe. Après la Chaux-Neuve, nous prenons le GC 46 par Le Crouzet, Boujeons, Remoray, Les Granges. Quelques instants d’arrêt au milieu d'une foule en liesse, puis nous continuons jusqu'à Oye et Pallet pour la nuit.
6 septembre :
6h30 départ vers Pontarlier, en tête 2 TD, sur lesquels sont juchés des tirailleurs, ¨Dunkerque et la jeep du Cne. Peu après, arrêtés en observation, un agriculteur nous renseigne, puis court vers un bâtiment et revient en roulant une meule de gruyère qu’il partage entre les véhicules. Au dernier point d'observation nous voyons une sentinelle sur le pont de la voie ferrée. Nous fonçons, le boche déguerpit. Après le pont nous essuyons les premiers tirs. La libération de Pontarlier commence. Par La Planée, Ste-Colombe, les Granges, Narboz, la colonne surprend l'ennemi, fonce sur la gare de Pontarlier et l'occupe. (En 1991 j’ai retrouvé l'hôtel du Pont aux Granges où fut pris en photo le groupe de commandement le 4 septembre 1944. Je montre la photo à une jeune femme qui appelle son mari, Mr Robbe. "Comment avez-vous eu cette photo ?" "Je ne me souviens plus, mais je suis sur le half-track". Mr Robbe s'éclipse et revient avec un dossier qui retrace l'histoire de l'hôtel. On y trouve la même photo. Il va chercher son père, cafetier en 1944, qui ne se souvient plus comment la photo lui est parvenue. Nous évoquons les souvenirs et Mr Robbe précise que dans la soirée un état-major s'était réuni pour monter l'opération du lendemain. 47 ans après j'appris où et comment avait été choisi l'itinéraire). Les mitrailleuses crépitent, nos TD lâchent leurs bordées, ça cogne dur. Pontarlier serait surtout tenu par des cosaques. Nous faisons 19 prisonniers. Vers 9h j'avance le half-track de 300 m contre la gare, puis je rejoins l'hôtel de ville. "Dunkerque" s'embosse devant l'entrée, la population arrive, le half-track est pris d'assaut, je désarme les mitrailleuses pour éviter l’accident. Tout le monde nous saute au cou. Que d'embrassades! Nous sommes pris en photo et laissons nos adresses. Verrons-nous ces photos ? Je ne sais plus où donner de la tête. Quelle joie ! Les pompiers jouent "Au Drapeau", la Marseillaise sort des poitrines. Le crépitement des mitrailleuses au centre ville ne semble pas faire peur à la population. Mais je dois retourner à la gare, avec un essaim d'enfants et de jeunes filles qui ne veulent plus quitter le blindé. 12h30, nous sommes plus tranquilles, la plupart des gens sont rentrés chez eux. Je viens de manger un peu, à l'écoute des TD qui appuient l'encerclement des casernes par les FFI. Fin d'après-midi nous quittons Pontarlier pour joindre les SAS français repoussés de Clerval par des blindés allemands. Nous passons par Nods, Eponoy, Longechaux, longeons le camp du Valdahon fortement tenu paraît-il par les boches, Bremondans, et nous installons à Pont-les-Moulins, chars en batterie à côté du pont sur le Cusancin. Nous repartons sur Clerval quand on signale une colonne de blindés remontant la route Roulans, Baume-les-Dames, Clerval. 10h50, à Crosey le Petit, 8 km sud de Clerval, nous faisons la jonction avec une soixantaine de parachutistes du régiment de mon frère Marcel. Je bondis vers trois d'entre eux qui sortent d'un bosquet. "Venez-vous d'Angleterre ?" "Oui." "Votre adresse est PO Box 244 ?" "Oui." "Connaissez-vous Marcel Petit ?" "Oui." "Est-il avec vous ?" "Non, sa section n'a pu être parachutée à cause du mauvais temps." J'apprends que mon frère a sauté en Bretagne où sa section a combattu 22 jours. (Mon frère, engagé aux FFL en 1943, a été parachuté dans la nuit du 13 au 14 août 1944 aux environs de Salornay sur Guye, entre Cluny et Montceau. Il combat ce jour là à Montceau-les-Mines, blessé en fin de matinée dans l’attaque d’un train blindé à Galuzo, évacué à l'hôpital de La Guiche, transféré à celui de Montceau-les-Mines.) Les paras, délogés de Clairval par des blindés allemands ont perdu une vingtaine de blessés et tués. A Crosey-le-Petit, nous surveillons la vallée du Doubs, la route, le chemin de fer, le canal, nos TD prêts à contrer toute attaque de blindés. 14h, nous allons à l'est de Crosey-le-Petit, au col de Ferrière, carrefour de six routes menant à Crosey-le-Grand, Clerval, Glainans, Tournedoz, Vellerot, Orve. Le peloton Sigwalt surveille le carrefour. Nous sommes couverts par de l'infanterie et des Spahis, "Dunkerque" au centre du dispositif. Après l’arrivée au col un accrochage a lieu avec une patrouille allemande appuyée par une AM récupérée par les boches qui ont revêtu les tenues US. Pétarades dans tous les coins. Le peloton Sigwalt capture l'AM… De 19 à 21h de violents tirs font cinq blessés dans nos rangs.
7-8 septembre :
Le matin, une reconnaissance bute contre un abattis sur la route de Glainans 1500 m devant nous et signale le bruit d’un moteur de char, plus bas à l'entrée de Glainans. Le Cne me demande de dégager le barrage à l'aide du treuil du half-track et me fait couvrir par une section FFI. Après m'être assuré que les troncs ne sont pas minés ou piégés, je les tire avec le treuil. La route dégagée, j'entends toujours le moteur du char allemand ; caché par un masque d'arbres, il nous a ignorés. Rejoignant nos positions, débouchant du tournant surveillé par notre première ligne, j'ai la surprise de voir au milieu de la route un canon antichar des tirailleurs et son servant se précipiter à son poste de tir. Heureusement, un gradé stoppe son élan en même temps que je me dresse pour me faire reconnaître. La pièce vient juste d'arriver et son tireur n'a pas été avisé de notre présence en avant du poste. Voir une gueule de canon vous confondre avec un ennemi, ça fait un drôle d'effet ! 14h10 il fait mauvais temps, une impression de jour qui s'achève, pas de luminosité. Le peloton de Rochambeau part, accompagné du scout-car "d'Assas", à bord duquel monte le SLt Laflèche, et s’engage sur la route de Glainans avec des éléments du 4e RTT et du 3e Spahis. 16h, un char léger des spahis est démoli à l'entrée de Glainans. (Au cours de l’accrochage, l'aspirant Seguin, père de Philippe Seguin député-maire d'Epinal et président de l'Assemblée Nationale, et l'adjudant Meyer, sont tués.) L'après-midi se termine par une violente contre-attaque allemande, 2 Cies appuyées par au moins un canon antichar de 37 jusqu’à moins de 200 m du carrefour. Après une préparation d'artillerie l'infanterie allemande se lance à l'assaut. Les boches approchent jusqu'à 30 m de nos mitrailleuses qui les clouent sur place, malgré deux attaques successives. Un obus de 37 atteint le scout-car des spahis, qui tirait à la mitrailleuse lourde, et lui crève les pneus avant. Un véhicule sanitaire allemand venu relever morts et blessés est abandonné à la suite de notre tir d'arrêt. La nuit du 7 au 8 est relativement calme à part quelques tirs d'armes automatiques, par des patrouilles. Tôt le matin, on retrouve le corps d’un officier allemand à 30 m d'une de nos mitrailleuses. (En 1991, de retour sur les lieux, je découvre une tombe allemande près de l'endroit occupé par "Dunkerque" le 7-9-1944. Je lis : Werner PAARSCH - 10-4-1922 / 7-9-1944). Le 8 midi, le Cne me replie de 300 m en contrebas de la route de Crosey. Avec Vitiello nous creusons pour nous abriter le plus possible en cas de nouveaux tirs d'artillerie. Mais à 16h nouvelle mission, les éléments du 4e escadron quittent le col de Ferrière, s'engagent en colonne, 100 m entre les véhicules, sur la route de Valonne. Nous sommes accueillis par des tirs de mortiers : deux blessés et la colonne est coupée. Le Ltn de Rochambeau, deux de ses chars et moi-même qui étions en queue, font demi-tour vers Vellerot. Le Cne organise alors une couverture au sud de Valonne et donne l'ordre de passer coûte que coûte. Dans Valonne, à vive allure, nous voyons une jeep retournée et un homme allongé dans le fossé. Le Cne rejoint. Le MdL Pouget et un cavalier manquent à l'appel. Aussitôt un TD repart à Valonne pour les récupérer. Pouget se plaint de contusions internes. Pas d’évacuation sanitaire possible, il est installé dans le char. La marche reprend par Champ-du-Moulin, Peseux, Froidevaux, Chatillon, et par nuit noire Saint-Hippolyte. Installation face au pont sur le Dessoubre. Une grand-mère et ses deux petites filles nous accueillent dans l'hôtel-restaurant Faivre, avec une bonne soupe et des conserves réchauffées. A minuit nous prenons un peu de repos dans la salle du restaurant.
9-10 septembre :
8h, prêts à partir, nous attendons. 11h ordre de s'installer sur place. Le peloton Sigwalt est engagé vers Tournedoz en appui d'un escadron de reconnaissance du RICM de la 9e DIM, le peloton de Rochambeau est indisponible, ses chars en réparation. Confirmation qu'à Pontarlier, le peloton de Rochambeau a fait 100 prisonniers, et le peloton Sigwalt 30. Le 10, pendant que le P.H.R. reste à Saint-Hippolyte, le peloton Sigwalt poursuit avec les éléments du R.I.C.M. vers Lanthenans, Hyemondans, attaque le village de Goux et y détruit un canon antichar de 37.
11 septembre :
Un peloton participe à l'attaque vers Villars-sur-Ecot ; le TD Duguesclin est touché par un automoteur de 105, le chef de char Lutz, l'aide tireur Zumbil, le radio Stenger sont carbonisés. Le TD de Pasqual participe à une reconnaissance vers de Dambelin et Goux. Nous apprenons le décès du MdL Pouget. Nous étions ensemble en primaire à l'école rue Négrier à Alger. 20h le peloton René rejoint St-Hippolyte. 13 septembre: nous quittons Saint-Hippolyte pour Saint-Julien. Le régiment se regroupe vers Le Russey, 18 km sud, il fait mauvais temps. Le 15 je vais à Charquemont, 7 km de Saint-Julien, installer un poste 608 sur le half-track "Dumbo" du 3e peloton. Nous révisons le matériel qui a souffert depuis le débarquement.
30 septembre :
Départ vers Sainte-Marie-en-Chaux, 4 km sud-ouest de Luxeuil, par Baume-les-Dames, Villersexel, Lure, Saint-Germain. Nuit au hameau Les Bas. A Sainte-Marie-en-Chaux nous sommes chez l'habitant à trois dans une pièce, mon lit de camp confortablement équipé d'édredon et duvet.
7-10 octobre :
Le 7 les sous-officiers et brigadiers chefs du P.H.R. fêtent un anniversaire ; bon gueuleton, gâteaux, champagne. Le 8, mouvement en direction de Luxeuil, Lure, Villersexel, Melecey et Villargent en fin d'après-midi sous une pluie battante. Un peloton TD est installé en bouchon AC depuis hier. Un puits est près de la route devant une ferme. Je saisis une nourrice, tourne la roue pour faire monter l'eau, quand la fermière m'engueule avec hargne, prétendant que je vais casser sa pompe et veut m'interdire de prendre de l'eau. Je réponds: "Madame, j'ai besoin d'eau, je me servirai, que ça plaise ou non." Elle rentre chez elle en maugréant. Le Cne revient des emplacements des TD, me demande d'installer le PHR au centre du village et de mettre le personnel à l'abri des intempéries. Le bâtiment devant nous comprend une grange, une écurie et l'habitation de la fermière en colère. Je frappe à sa porte, elle ouvre. Poliment je lui demande de permettre à mes hommes de passer la nuit dans la grange. Elle rétorque: "Je n'ai pas de grange, je n'ai pas de place". A travers la porte entrouverte j'observe que la grange comporte un plancher à trois mètres environ du sol. Je dis : "Madame, vous avez de la place dans la grange, je vais y loger une dizaine d'hommes". Réponse: "Les allemands se conduisaient mieux. Je vous interdis d'occuper ma grange. Je ne veux pas qu'en fumant on mette le feu". Je lui affirme que personne ne fumera. Elle tente alors de me pousser dehors. C'en est trop, je pointe ma mitraillette désarmée et lui ordonne de rejoindre sa cuisine. C'est la première fois en France qu'un pareil accueil nous est réservé. Installés à côté du foin dont l'odeur masque un peu celle de l'étable, nous sommes mieux que dehors. La drôle de bonne femme va, vient, observe, se rend compte que nous respectons ses biens et paraît se calmer. Notre groupe de protection occupe les barrages coupant la route d'Héricourt. Les boches seraient à un peu plus de 5 km et des éléments clairsemés nous couvrent. Il pleut.
18 octobre :
Le 3e escadron, Soudieux, relève le 4e qui se replie à Autrey-Le-Vay, 6 km ouest de Villargent. Le PC du régiment est à Esprels. Mon réseau radio ne pose pas de problème, mais les blindés nécessitent entretien et réparations. Hier, une note a été lue concernant les permissions pour la France. Pour l'Afrique du Nord rien n'est encore prévu. Le 31 octobre l'escadron quitte Autrey-le-Vay à 14h, traverse Lure, Luxeuil, Plombières, Remiremont et arrive à Bamont-sous-Saulxures. Nous cantonnons dans une filature, les balles de coton pour matelas. Il fait très froid, je grelotte toute la nuit. Le 1er novembre 2 TD sont engagés vers Cornimont, à l'affût d'un Ferdinand qui bombarde nos lignes. Derrière, l'artillerie n’arrête pas de travailler.
2 novembre :
Je vais à Cornimont installer une ligne téléphonique entre le P.C. d'un chef de bataillon des tirailleurs et la position du 1er Peloton TD. Le secteur, harcelé par l'artillerie allemande, il faut découvrir un cheminement avec un minimum de risques pour la ligne, moi-même et le cavalier qui m'aide. Le 3, avec "Dunkerque" j'accompagne le Cne au col de Cornimont pour régler un tir.
5 novembre :
Le Ltn René vient me chercher en jeep pour réparer la ligne téléphonique coupée par des éclats pendant la nuit. La réparation est effectuée alors que je suis pris au milieu de plusieurs "arrivées" qui m'impressionnent moins que la conduite "à tombeau ouvert" du Ltn qui me ramène à Bamont. Cornimont est régulièrement "arrosé", de nombreuses maisons sont détruites, particulièrement près du pont sur la Moselotte. Le 4e escadron ne reçoit pas de mission d'envergure. Nous attendons.
16 novembre :
14h nous quittons Bamont. Je monte à bord d'un dodge. "Dunkerque" a cassé une chenille et rejoindra après réparation. 15h l’escadron arrive à Dommartin-les-Remiremont pour quelques jours de repos.
21 novembre :
10h30 nous quittons Dommartin pour Rupt-sur-Moselle où le capitaine organise son P.C. Le 1er peloton s'avance sur la route du Thillot jusqu'aux avant-postes. L'attaque prévue pour midi est reportée car des opérations sont prévues sur les cols des Vosges pour pénétrer en Alsace. Le 7e R.C.A. serait réparti en appui des unités sur un front sud, de Gérardmer au Ballon d'Alsace. Nuit à Rupt-sur-Moselle.
26 novembre :
7h départ de "Dunkerque" pour le fort de Rupt pour recevoir les ordres. Les pelotons doivent être engagés vers le Thillot et le col de Bussang, Les combats à venir risquent d'être rudes. Le peloton René a déjà été accroché sur l'axe Rupt, Ramonchamp, Le Thillot. Le TD "Dompteur" saute sur mine le 21, le MdL Ambrosini chef du TD "Débrouillard" est tué le 22 au soir à Ramonchamp. Le 24 le MdL Baudinière et un cavalier sont blessés. Aujourd'hui un obus de 155 frappe le char "Diabolique" ; la mitrailleuse est HS, le MdL Bazin est légèrement blessé.
26 novembre :
Le Cne rejoint à 9h30 le fort de Rupt et m'apprend que le 1er peloton est bloqué par des tranchées interdisant de forcer les défenses allemandes du Thillot. Nous contournons par le sud. Le Cne prend le commandement de 3 chars légers M 5 du 3e Spahis, du half-track PC, et de quelques éléments à pied de protection. La colonne s'engage sur les crêtes, col de La Fourche, col des Croix, Château-Lambert, un M 5 en tête, puis "Dunkerque", jusqu'à une maison forestière où la piste descend vers St-Maurice à travers la forêt. Le Cne Guth décide de s'engager malgré un dévers abrupt. Le premier char passe ; dans ses traces Vitiello réussit à laisser glisser "Dunkerque". Les deux autres chars légers ne parviennent pas à suivre et rebroussent chemin. La protection à pied nous accompagne pour une descente acrobatique, au pas, sous la futaie. Il ne faudrait pas être surpris au détour d'un talweg mais l'ennemi ne se manifeste pas. 14h nous sortons de la lisière et entrons dans St-Maurice/Moselle à la surprise des habitants qui nous voient déboucher de la montagne quand ils pensaient nous accueillir sur la route du Thillot. Les allemands viennent de se replier vers le col de Bussang. Le peloton René piétine devant Le Thillot en raison des obstructions. Nous avalons quelques "beans" en attendant des renforts. Le 1er peloton rejoint et, par la rive gauche de la Moselle, nous fonçons vers Bussang. Trois TD s'embourbent, il en reste un pour accompagner le M 5 et "Dunkerque" qui reçoivent un accueil chaleureux à l’arrivée en ville à 17h30. Le P.C. du 4e escadron s'organise près de la gare. Mme Robert Antoine nous ouvre sa maison. Sans nouvelle de son fils au maquis depuis six mois, elle nous accueille comme une mère. Nous rencontrons Jeannette Come qui s'offre d'être la marraine de "Dunkerque". Très vite le gros des troupes arrive. Les artilleurs s'installent près de la gare et avant la nuit tirent sur le col.
29 novembre :
Depuis ce matin le col et le Drumont sont tenus par nos troupes, mais le tunnel résiste. Je loge chez Mme Robert Antoine. Par crainte des bombardements elle est dans sa cave et me laisse sa chambre, ce qui me permet de dormir sous les édredons, lorsque j'en ai le temps.
1er décembre :
Des éléments de l’escadron entrent en Alsace par le col de Bussang où le Génie travaille pour ouvrir une piste car le tunnel a sauté. J'attends l'ordre de quitter Bussang. Jeannette assiste à notre départ et me voyant mettre mon journal à jour, y trace ces lignes : "Les quelques derniers moments que nous passons ensemble avant que le Dunkerque passe la frontière des Vosges pour chasser le boche, qui oppresse encore l'Alsace si souvent meurtrie, resteront impérissables dans mon souvenir et seront toujours unis à mes pensées les plus sacrées, car ces instants depuis le 26 novembre 1944 à 10h30 sont les plus beaux que ma jeunesse aient vécus jusqu'à présent. 1-12-1944 Jeannette." 16h nous partons au col, nous sommes refoulés, les travaux ne sont pas terminés. Nous revenons à Bussang, des airs de musique nous parviennent, l’équipage va vers la place du village avec Jeannette. Au milieu de la population la musique des Tirailleurs offre un concert. "l'Alsace et la Lorraine", "les Africains", sont repris en chœur dans l'enthousiasme général. La soirée se termine gentiment chez Mme Antoine avec notre "marraine" Jeannette. A minuit trente je suis couché.
2 décembre :
7h30, je franchis le col par une piste ouverte par le génie au-dessus du tunnel, obstrué aux extrémités. je suis en Alsace, à 8h à Urbes. Des éléments à pied et le 2e peloton de TD m'y ont précédé hier.
4 décembre : Je vais en jeep au 3e peloton, entré en Alsace le 26 par l'axe sud du 4e escadron, pour réparer deux postes radio. Itinéraire : Mollau, Husseren-Wesserling, Mitzach, près de St-Amarin, occupé par des français au contact des allemands. Secteur relativement calme sauf quelques minens. Peu avant Mitzach j'ai essuyé une rafale de mitrailleuse. L'après-midi je descends à St-Maurice pour mettre au point mon matériel de réserve. Au retour on m'annonce que je vais partir à Cherchell. Le Cne confirme et ajoute : "Le colonel m'a chargé de vous dire que si vous renonciez à partir il vous nommerait dès demain adjudant". Après un instant je réponds : "Je suivrai mon sort. Je suis désigné pour être élève-officier, je préfère ne pas sortir de la route tracée par le destin qui m'offre le bonheur de voir bientôt mon fils."

  



ORDRE DE BATAILLE
 
 

7ème REGIMENT 

DE CHASSEURS D'AFRIQUE

ETAT MAJOR
ESCADRON HORS RANG

1er ESCADRON

2ème ESCADRON

 

Cne PLANES de CASTAIGNE

1er PELOTON :

-

M 10

BEN-HUR 430549 MdL AVARGES

M 10

BIZERTE - MdL COURTOIS puis MdL GRIMA

M 10

BOURNAZEL - Adj BARRET

M 10

BUGEAUD - MdL MAILLARD

2ème PELOTON

S-Lt RINVET puis Adj DAUREL puis Lt NICOLAS

M 10

BEAUJOLAIS MdL LOPEZ

M 10

BACCHUS Bier COOK
M 10 BORDEAUX MdL CROS

M 10

BOURGOGNE 437034 MdL BERGER

M 10

BOURGOGNE II

3ème PELOTON

S-Lt LEMAIGNAN

M 10

BOUSILLEUR MdL SICART puis Lt COIRRE

M 10

BAROUDEUR 439659 Bier GAILLARD puis MdL VIOLON

M 10

BATAILLEUR MdL GIBERT

M 10

BAGARREUR Bier TISSOT
 

3ème ESCADRON

1er PELOTON :

S-Lt FRACHON

M 10

CAMBRONNE - -

M 10

CLEMENCEAU - -

M 10

CHANZY - -

M 10

COLBERT - -

2ème PELOTON

- S-Lt EMIG
M 10 COURAGE - -
M 10 COURROUX - -
M 10 CALME - -
M 10 COLERE 432638 -

3ème PELOTON

S-Lt LABITTE puis SLt FRACHON

M 10

CHATEAU-CHINON - -

M 10

CHENONCEAUX - -

M 10

CHAMBORD - S-Lt MAGNE

M 10

CLERY - Asp DURVICQ
     

4ème ESCADRON

Cne GUTH

1er PELOTON

Lt RENE
M 10 DUGUESCLIN - -
M 10 DURACUIRE - -
M 10 DAMOCLES - -
M 10 DEMON 432637 MdL CAIZERGUES

2ème PELOTON

S-Lt CHAMARD
M 10 DANTESQUE - Bier BORGNIET
M 10 DIABOLIQUE - -
M 10 DOMPTEUR - MdL LECOMTE
M 10 DEBROUILLARD - -

3ème PELOTON

S-Lt de ROCHAMBEAU

M 10

DIPLODOCUS - "PICO"

M 10

DINOSAURE - -

M 10

DRAGON 466388 -

M 10

DIB - -